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Mona de Pracontal (Traducteur)
EAN : 9782743607111
332 pages
Payot et Rivages (21/10/2000)
4.11/5   514 notes
Résumé :
ll n'est pas un seul PDG qui n'ait commenté publiquement la vague de compressions de personnel qui balaie l'Amérique sans l'expliquer par une variation sur la même idée: "la fin justifie les moyens."
Burke Devore, cadre supérieur au chômage, décide d'appliquer la méthode dans son propre intérêt. Déterminé à retrouver son statut social et à recréer des liens familiaux qui se désagrègent, il bascule dans la logique absurde de la loi du plus fort. Il est prêt à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
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Un chômeur tueur malgré lui
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Choisi par @des_livres_et_des_mousses dans le cadre du challenge Pioche dans ma PAL de juillet.
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Louons déjà la chance que ce roman soit classé dans la section des "classiques" de Flammarion. Un bon point !
L'auteur est un des chefs de file du genre littéraire né dans les années 30 aux USA, le roman noir. Lié au contexte social de l'époque, celui de la violence urbaine.
Ici, le récit est fortement ancré dans le réel. Un roman engagé de par sa prise de position politique et économique. Un regard lucide et pessimiste sur le monde du travail entraperçu à travers notre héros, Burke, devenu chômeur suite au dégraissage massif de son entreprise.
Avec une féroce et brillante analyse, Burke considère les conséquences du chômage comme une fatalité qu'il va devoir renverser par des actes immoraux : éliminer ses potentiels concurrents. Comment? Les tuer pardi !
*
Burke devient un monstre sanguinaire. Dr Jekyll devient Mr Hyde. Une véritable métamorphose passe sous nos yeux ébahis. Au fur et à mesure de ses crimes de plus en plus violents, il éprouvera de moins en moins de remords. Presque comme si sa propre folie était un dédoublement de personnalité. (avec quelques rares moments de lucidité où il se rend bien compte de l'absurdité de la situation). Mais en tant que chef de famille, il est OBLIGE de récupérer ce poste de cadre.
*
A travers son personnage, l'auteur veut dénoncer la société actuelle (les années 90 ici) qui repose sur un nouveau "code moral", selon lequel la fin justifie les moyens".
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Jubilatoire dans l'intrigue (voir comment Burke procède), immoral au possible (notre héros finira par gagner puisqu'il aura le poste tant convoité).
J'ai attendu longtemps que le couperet tombe sur ce meurtrier. Je vous avoue d'une petite voix que j'ai été tentée par éprouver de l'empathie pour lui mais finalement ces scènes de sauvagerie ont eu raison de mon dégout. Ouf! Mais il m'a invité à m'interroger sur cette société brutale qui écrase tout sur son passage. Les plus forts gagnent...
IL est clair que le lecteur se doit de réagir, c'est trop amoral!
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Au ton corrosif et cynique mais également hypnotique, je me suis laissée prendre dans les filets du "politiquement incorrect". Laissez-vous embarquer dans ce thriller original
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Estomaquée, groggy, sonnée, tel est mon état à la dernière page de le couperet. Il y a des livres comme ça, dès qu'on lit les premières pages, on sait que l'on va aimer, on plonge tout de suite dans l'ambiance, dans l'histoire, le livre nous apprivoise. Comment faire passer mon sentiment sans rien en révéler, difficile ! Disons simplement que l'écriture de Donald Westlake est tout simplement magistrale, sans détour, sans faux semblant, limpide. Il m'a embarquée dans cette horrible histoire et s'est totalement joué de moi. Je me suis surprise à trembler, non pas pour "les C.V." de Burke, mais pour Burke lui-même, me prenant à espérer qu'il conduise à bien sa mission, puis m'arrêtant, interdite "euh non là ça va pas, tu ne peux pas penser ça". C'est que notre morale est bien élastique parfois et c'est là la grande démonstration de ce livre. Encore une fois l'instinct de survie guide l'homme dans les tréfonds et lui justifie tout.
Fabuleux. Ce pourrait être un thriller, le meilleur que j'aie jamais lu, fabuleusement cruel, fabuleusement vrai, hypnotique. En le lisant je suis devenue la conductrice qui passe devant l'accident mortel, le lapin dans les phares, scotchée !
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Délocalisation, job perdu et comment payer la maison, les études des gosses, les frais médicaux, si ce n'est en éliminant le gars dont on convoite le job et tous les concurrents trop dangereux, soit une petite dizaine de meurtres.

L'écriture de Westlake est toujours aussi fluide mais, lu pendant mes insomnies, j'ai modérément apprécié la redondance des meurtres, la noirceur glaçante, le stress, l'angoisse.
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Burke Devore entre en guérilla. Licencié, pris dans le feu du chômage qui s'éternise, rongeant lentement son statut social, sa vie de famille, son couple, insinuant dans son cerveau le germe du "Tué avant d'être tué". Burke Devore ne veut pas être tué par le système, par le dérèglement financier et industriel, par la déchéance de celles et ceux qui glissent lentement dans les eaux glaciales de la précarité sociale. Devore veut toujours tenir la barre de son destin. Cadre supérieur spécialisé, arc-bouté sur son métier, son savoir, son expérience, ce qui lui tient lieu d'identité, il veut sauver "sa peau". Il prend donc la décision d'éliminer ses concurrents. Comme on rédigerait une procédure technique, il élabore ses meurtres. Organisation, entrainement, repérage, exécution.
Livre caustique, cynique, amoral, sans parti-pris, radiographie d'une époque, d'un cerveau humain. Westlake ne demande pas que l'on s'apitoie sur Burke Devore, ni qu'on le comprenne. Il expose des faits, un état d'esprit, sa belle écriture nous prend par la main et nous entraîne dans le périple "fou" de cet homme qui sonne l'hallali. c'est lui le chasseur, lui qui a été chassé. Ses "ennemis" sont en somme des hommes comme lui. Ses doubles. "Il ne peut y en avoir qu'un" et ce sera lui Burke Devore a ce poste de dirigeant chez Arcadia (cette entreprise qui a un nom de pays imaginaire). Il supprime ses concurrents potentiels et en final l'homme qui est à "son poste". Cet emploi qui lui revient de droit. Car ici, c'est bien de droit qu'il s'agit. le droit de vivre, le droit d'exister, le droit de se défendre, le droit de prendre son dû de quelque façon que ce soit. Devore s'estime dans "son droit". Même si la culpabilité l'effleure, si la difficulté l'épouvante, si les regrets le tenaillent. En bon professionnel qu'il est, il s'est fixé des objectifs et il les tient tous. Tant pis pour les dommages collatéraux. L'humain, cette "variable" sur le baromètre du monde du travail, devient un bras exterminateur dans le livre de Westlake. Cette histoire d'une "réaction extrême" cristallise l'ombre de l'inconscient. Qui est Burke Devore ?
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Le couperet, c'est l'histoire d'un type, « marié-deux-enfants », qui était cadre dans l'industrie de la papeterie et s'est retrouvé au chômage suite à des mesures de restructuration qui ont entraîné des « petites coupes » dans le personnel de son entreprise. Rien de bien méchant, diront certains. Si seulement…

Nombreux sont ceux qui se retrouvent au chômage : licenciements, ruptures conventionnelles, difficultés à trouver un premier emploi après les études, etc. C'est souvent quelque chose de très difficile à vivre, surtout après des années de bons et loyaux services, car on a parfois l'impression de finir en marge de la société. C'est ce qui arrive à Burke Devore. Mais que font les gens à qui cela arrive ? Ils craquent peut-être, tombent parfois en dépression, finissent souvent par se relever et partir à la recherche d'un autre job. B.D., lui, pète un plomb et va tuer des gens. Heureusement que tout le monde ne craque pas comme lui car il y aurait un paquet de tueurs en série dans les rues et il ne resterait plus grand monde sur cette planète. Quoique, peut-être que comme ça, plus personne ne se retrouverait au chômage. Pôle Emploi n'aurait finalement plus qu'à fermer boutique.

« Nous sommes trop nombreux dans l'arène, et il faut que je me fasse à l'idée que je ne serai jamais le premier choix de personne. Si ce n'était qu'une question de boulot, de connaissances et d'expérience, de capacité et de compétence, d'enthousiasme et d'efficacité, pas de problème. Mais nous sommes trop nombreux à courir après trop peu d'emplois, et il y a d'autres gars dans l'arène qui ont tout autant d'expérience, d'enthousiasme et de compétence que moi […] ». C'est en ces mots que Burke Devore explique sa décision de ne pas se laisser aller à la dépression et d'entraîner sa famille dans sa chute, mais de finalement jouer le jeu de notre société et de pratiquer la loi du plus fort. Pourrait-on juger cet homme ? Il commet l'irréparable mais il le fait pour continuer à vivre et pour subvenir aux besoins de sa famille. Il illustre parfaitement l'adage qui dit que « la fin justifie les moyens », même si on parle ici de moyens très particuliers… Donald Westlake, en faisant de son personnage principal le narrateur du récit, nous permet de suivre ses pensées et ses états d'âme et de constater ainsi qu'il n'est pas un personnage dénué d'empathie et qu'il a parfaitement conscience de ses actes. Mais il n'a « pas le choix ». Et finalement, ce n'est pas Burke Devore qui est détestable, c'est bien cette société qui a créé ce système où l'individu n'a finalement que peu de valeur face au profit… Quel intérêt pour eux de savoir si untel aura de quoi se loger et se nourrir, loger et nourrir sa famille tant que l'argent arrive toujours dans les poches des dirigeants et des actionnaires ? C'est le vrai propos de ce roman noir et c'est terrifiant.
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Chaque époque et chaque nation ont leur propre morale, leur propre code de valeurs, en fonction de ce que les gens estiment être important. Il y a eu des époques et des lieux où l’honneur était considéré comme la qualité le plus sacrée, et d'autres qui ne se préoccupaient que de la beauté. Le Siècle des Lumières célébrait la raison comme la plus élevée des valeurs, et certains peuples - les Italiens, les Irlandais - ont toujours trouvé que la sensibilité, l'émotion, les sentiments, étaient ce qui comptait le plus. Aux premiers temps de l'Amérique, l'exaltation du travail était notre plus grande expression de moralité, puis il y eut une période où les valeurs à la propriété furent estimées au-delà de tout. Mais un autre changement s'est produit récemment. Aujourd'hui, notre code moral repose sur l'idée que la fin justifie les moyens.
Il fut une époque où c'était considéré comme malhonnête, l'idée que la fin justifie les moyens. Mais cette époque est révolue. Nous seulement nous y croyons, mais nous le disons. Nos chefs de gouvernement justifient toujours leurs actions en invoquant leurs buts.
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"[...]
- Elle travaillait à l'hôpital. Technicienne en radiologie. Ça faisait onze ans qu'elle y était.
- Ah.
- Ils se sont fait racheter par une grosse compagnie médicale de l'Ohio, et il y a des compressions. Avec tous les problèmes du coût de la santé, vous savez ?"
Marrant, je ne pense pas aux hôpitaux comme étant des institutions commerciales, qu'on achète et qu'on vend, qui appartiennent à des sociétés. Pourtant c'est le cas, bien sûr. Je pense à eux comme à des églises ou des casernes de pompiers, mais ce ne sont que des magasins, en fin de compte.
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Le couperet (Donald Westlake)


J’ai appris l’existence des « Clearances » à la fac. J’aimais les cours d’histoire, parce que ce n’étaient que des histoires et j’étais donc bon dans cette matière, ce qui remontait l’ensemble de ma moyenne. Une année, un autre type et moi avons fait un dossier trimestriel sur les « Clearances », et au cours de ce travail, mon partenaire a cherché le mot dans l’Oxford English Dictionary, le gros. J’ai tellement adoré la définition que je ne l’ai jamais oubliée, et après m’être fait virer, lors d’une de mes journées de légitime recherche en bibliothèque, je l’ai à nouveau cherchée, pour être sûr d’avoir la formulation exacte. Je l’ai copiée sur cette fiche de dix par quinze, et je l’ai mise au mur ici, devant moi. Clearance. 2 spécialt. Le dégagement (de terrain) par enlèvement des bois, vieilles maisons, habitants, etc. Vous ne verrez jamais preuve plus claire que l’histoire est écrite par les gagnants. Rendez-vous compte : entre les habitants et les « etc. », à peine une virgule. Ce sont les descendants de ces propriétaires qui font les dégagements de terrain qu’on appelle aujourd’hui des compressions de personnel. Les véritables descendants parfois, les descendants spirituels toujours. Vous aimez ce bureau auquel vous êtes assis ? Vous dites que vous vous êtes dévoué à l’entreprise, que vous lui avez donné votre vie, vos meilleurs efforts, et vous pensez que l’entreprise vous doit quelque chose en retour ? Vous dites que la seule chose que vous souhaitiez vraiment, c’est rester à votre bureau ? Eh bien, ce n’est pas votre bureau. Dégagez la place. Le propriétaire s’est rendu compte qu’il pouvait gagner plus d’argent en vous remplaçant par un autre mouton.
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"Certes, la vieille superstition selon laquelle les romans sont "pernicieux" a disparu d'Angleterre, mais il en demeure quelques traces dans un certain regard oblique dirigé vers toute histoire refusant d'admettre qu'elle n'est plus ou moins qu'une plaisanterie.
Le roman même le plus facétieux sent plus ou moins peser la réprobation dirigée jadis contre la frivolité littéraire : la facétie ne réussit pas toujours à passer pour de l'orthodoxie.
Tout en ayant honte de le dire, les lecteurs attendent toujours d'une œuvre - qui, après tout, n'est que du "feindre", qu'elle soit à quelque degré apologétique, renonçant ainsi à l'ambitieux désir de reproduire vraiment la vie....
(extrait d'un texte signé Henry James et inséré, en guise d'introduction, en début de l'édition parue à "Rivages/Noir" en 2000)
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Ce sont toutes des sociétés anonymes, et c'est le besoin de rendement des actionnaires qui les pousse, toutes autant qu'elles sont. Pas le produit, pas la compétence, certainement pas la réputation de l'entreprise. Les actionnaires ne s'intéressent à rien d'autre que le rendement, et cela les conduit à soutenir des cadres de direction formés à leur image, des hommes (et des femmes aussi, dernièrement) qui gèrent des entreprises dont ils se moquent éperdument, dirigent des effectifs dont la réalité humaine ne leur vient jamais à l'esprit, prennent des décisions non pas en fonction de ce qui est bon pour la compagnie, le personnel, le produit ou encore (ah !) le client, ni même pour le bien de la société de façon plus générale, mais seulement en fonction du bénéfice apporté aux actionnaires.
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Videos de Donald E. Westlake (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Donald E. Westlake
En plein coeur du Haut-Jura, un tueur à gage prend la soutane comme couverture. Les locaux n'ont qu'à bien se tenir... Un pur polar dans les codes du genre, entre la série Fargo des frères Coen et les romans de Donald Westlake, mais à la sauce française avec Jacky Schwartzmann au scénario et Sylvain Vallée au dessin ! En librairie : https://www.dargaud.com/bd/habemus-bastard/habemus-bastard-letre-necessaire-bda5407350
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