AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,15

sur 119 notes
5
9 avis
4
10 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Le mariage comme ascenseur social .
Dans les années 1870, quatre jeunes charmantes et très riches Américaines quittent Saratoga pour Londres en vue de faire leur entrée dans le grand monde britannique et aussi contracter mariage avec quelque Lord qui leur assurera un destin à la hauteur de leurs ambitions . Les beaux partis n'y manquent pas .
Mais dur, dur de devenir brusquement une Lady anglaise et de se plier aux règles rigides de cette caste de privilégiés à cheval sur les respect des traditions. Comment survivre dans ce milieu inhospitalier ?
Le scandale est vite arrivé ! Et le conte de fées peut virer au drame ! Surtout pour la jeune Nan devenue duchesse de Tintagel, qui souffre du poids des conventions sociales, contrairement à sa soeur facilement rentrée dans le moule .
C'est surtout Nan qui représentera ces « boucanières », ces femmes au comportement désordonné ( comme les définit le Littré ) au mode de vie so chocking !

Un roman vivant, alerte, plein de surprises et délicieusement suranné , aux personnages variés et finement analysés .
L'américaine Edith Warton présente ici une belle étude de moeurs sur la société du Nouveau Monde dont sont issues ses héroïnes et celle de l'Ancien Monde dont elles deviennent membre : un monde codé, hiérarchisé sur lequel elle jette un regard décapant .
Commenter  J’apprécie          10
L'histoire se déroule dans les années 1870 et tourne autour de cinq jeunes riches et ambitieuses Américaines qui, rejetées par la vieille élite new-yorkaise (parce que leurs parents sont de nouveaux riches), s'en vont chercher à Londres la position sociale à laquelle leurs mères et elles-mêmes rêvent.

Il s'agit du tout dernier roman d'Edith Wharton et, bien qu'inachevé, il fut publié tel quel en 1938, un an après la mort de l'auteur. En 1993, une certaine Marion Mainwaring l'a achevé en se basant sur des notes laissées par Edith Wharton. Cette nouvelle version (qui est celle qui nous intéresse ici) comprend quarante-et-un chapitres, soit douze de plus que la version publiée en 1938 (et, pour autant que j'ai tout compris, six de plus que les trente-cinq initialement prévus par Edith Wharton !) En outre, d'après quelques articles trouvés sur Internet, il semblerait que Marion Mainwaring ait également quelque peu retouché le texte existant.

C'est un roman pour le moins curieux et, puisqu'il est resté inachevé à la mort de l'auteur, on ne peut bien évidemment s'empêcher de se demander si les vingt-neuf premiers chapitres correspondent exactement à ce que souhaitait Wharton ou si nous n'avons pas plutôt entre les mains un premier ou deuxième jet que l'auteur aurait significativement modifié si elle avait vécu quelques années de plus. Wharton étant connue pour avoir été un auteur exigeant qui retravaillait en profondeur ses manuscrits avant leur publication, il est permis de penser que les chapitres qu'elle a laissés sur son bureau étaient plus un bon brouillon qu'un produit parfaitement fini.
Les Boucanières se distinguent des autres romans et nouvelles de l'auteur par une fin plus heureuse (est-ce là un choix de Mainwaring ou ce que souhaitait vraiment Wharton ?), des personnages moins fouillés (c'est peut-être le meilleur indice que le texte laissé par Wharton était loin d'être définitif) et un ton souvent plus pétillant. En raison de cette dernière caractéristique, on a d'ailleurs parfois l'impression d'avoir entre les mains le roman d'une Jane Austen qui aurait vécu à la fin du 19ème siècle ou au début du 20ème. Cette légèreté et cette pétulance inédites sont certes rafraîchissantes, mais il est néanmoins surprenant, sinon un peu déroutant, de se retrouver face à une oeuvre d'Edith Wharton qui, malgré son thème très jamesien de la confrontation entre Américains et Européens et bien que l'intrigue gagne en mélancolie et en profondeur au fil des chapitres, évoque à maintes reprises plus Austen qu'Henry James (ce dernier est probablement l'auteur qui, ordinairement, se rapproche le plus d'Edith Wharton.)

Je dois cependant concéder que, malgré la surprise et un vague sentiment de désorientation, j'ai passé un assez bon moment de lecture. Mais peut-être suis-je trop bon public, ou trop indulgent avec les romans plutôt bien écrits dont l'action se situe dans la fascinante Angleterre du 19ème siècle… Quoi qu'il en soit, j'aurais préféré que les éditions Plon rééditent le roman inachevé (avec, en annexe, le synopsis des six derniers chapitres envisagés par Edith Wharton) plutôt que cette version composite dont nous n'avons aucun moyen de savoir jusqu'à quel point elle est conforme aux intentions finales de l'auteur.
J'aurais également préféré que Plon fasse preuve d'un peu plus de retenue dans l'avant-propos et sur la quatrième de couverture : Les Boucanières ne sont ni « la grande oeuvre », ni le roman « le plus riche et le plus sophistiqué de Mrs Wharton », ni encore moins « son chef-d'oeuvre ». Il est dans l'oeuvre de cet écrivain exceptionnel bien d'autres titres indéniablement plus aboutis.
Commenter  J’apprécie          10
« Les Boucanières » est le dernier roman écrit par Edith Wharton, laissé inachevé à sa mort, à l'âge de 75 ans en 1937. Elle en avait écrit à peu près les trois quarts et avait prévu seulement trois chapitres supplémentaires pour atteindre la conclusion (ce qui constituait un volume de 300 pages « élaboré, revu et corrigé par l'auteur »). C'est Marion Mainwaring, spécialiste de Wharton, qui a achevé le roman à partir du synopsis et des notes de Wharton.
« Les Boucanières » se déroule dans les années 1870 et traite d'un sujet à la mode à l'époque, les mariages de jeunes beautés américaines ambitieuses avec des aristocrates anglais.
Le roman débute à Saratoga mais se déroule essentiellement en Angleterre.
Trois familles américaines nouvellement riches n'arrivent pas à pénétrer la haute société new-yorkaise et à faire inviter leurs filles en âge de convoler aux soirées et bals qu'elle organise (à New York il est socialement inacceptables de côtoyer de nouveaux riches). Après une série de camouflets et grâce à une gouvernante anglo-italienne énergique, Miss Testvalley, cousine germaine du peintre et poète Dante Gabriel Rossetti (et véritable héroïne du roman), les cinq « boucanières » vont s'expatrier et rapidement prendre d'assaut les hautes sphères de la société anglaise.
Les deux jeunes filles les plus âgées des familles St. Georges et Elmsworth ont toutes deux dans leur viseur Lord Seadown, l'aîné d'une famille d'aristocrate anglais qui héritera du titre de marquis et qu'elles approchent grâce au mariage précipité de Conchita Closson (mi-américaine, mi-brésilienne) avec le cadet, rencontré à Saratoga alors que Miss Testvalley vient de rejoindre la famille St. Georges, engagée pour être la gouvernante d'Annabelle (Nan), encore trop jeune pour songer à se marier.
Cette intrigue résolue, le roman va se concentrer sur Nan, jeune fille charmante, sensible et à la beauté plus discrète que son aînée mais au charme certain, lorsque sa route lui fait croiser celle du duc de Tintagel.

« Les Boucanières » est un roman très intéressant que j'ai dévoré mais que j'ai trouvé un peu inégal. Mais il est sous bien des aspects (condition de la femme, description de l'Angleterre, de la société anglaise et plus précisément de l'aristocratie etc) absolument passionnant même si on devine très vite ce qu'il va advenir de Nan. le roman inachevé a été publié tel quel aux États-Uniq en 1938. Mais je n'ai trouvé en français que la version achevée par Mainwaring.
Commenter  J’apprécie          10
L'écriture est maitrisée et maniée avec élégance. La maturité et l'aisance de l'autrice se ressentent tout au long des pages. Cependant à aucun moment je me suis sentie ébahie ni par les mots, ni par le sujet de l'oeuvre. Mais plutôt profondément désolée et noyée par un flot d'insensibilités, peut-être par cette trop longue mise en place qui couvre une bonne moitié du roman et qui m'a empêché de totalement m'immerger.
Il me faudra le relire ce roman car je ne souhaite pas rester sur cette fin à son sujet.
Commenter  J’apprécie          30
Edith Wharton fait partie des auteures dont j'apprécie la plume mais dont je ressors parfois assez mitigé de mes lectures. Seul Plein Été m'a grandement convaincu et bien que vivement recommandé par Justine, je n'aurais sauté le pas ni découvert Les Boucanières sans la plaisante compagnie de ma fidèle acolyte, Tachan.

C'est pourquoi et avant tout je tiens et me dois de la remercier car, sans cette dernière, je serais passé à côté d'un cran cru, signant l'oeuvre la plus sophistiquée et aboutie d'Edith Wharton. L'auteure signe une fresque des plus savoureuse à découvrir et à parcourir. En s'appuyant sur sa fine et habile plume, celle-ci dévoile une peinture des plus salée et sarcastique de l'aristocratie et de ses succulents déboires. Dans sa première moitié, je me suis régalé des différences de cultures entre l'Ancien et le Nouveau Monde immergeant aux moeurs pourtant pas si lointaines que cela. La romancière y inscrit une véritable critique et y apporte une vision bien avant-gardiste, se construisant sur le long terme.
En ce sens, j'ai été sensible à l'évolution de sa prose raisonnant en une éloquente et moderne tonalité permettant au lecteur de se délecter avec malice et intérêt de son oeuvre. Comme à l'accoutumé, Les Boucanières se révèle intelligemment établi et surtout profondément développé. Bien des thèmes seront abordés au cours de cette fresque et nul doute que certains ont dû faire grincé des dents lors de sa parution et c'est là, tout le talent et le génie d'Edith Wharton.

À travers de magistraux et détaillés portraits, cette dernière se joue autant de ses lecteurs que de son infinie inspiration que se veut être la bourgeoisie. Bien qu'au préalable assez peu attachantes, j'ai suivi avec intérêt la venue de ces étonnantes et singulières américaines à la recherche d'un certain parti pris afin de réaliser un abondant et réussi mariage. S'en suivra alors une différence de moeurs aux confrontations risibles et des plus savoureuses à se mettre sous la dent. Je me suis plus qu'amusé au cours de ce fascinant contraste mettant en exergue l'hypocrisie et le satyrisme de ce beau monde en apparences. Ainsi de séduisantes demeures en passant par l'intimité de quelques boudoirs, je me suis laissé porté par l'intrigue romanesque esquissée par la romancière.
Et alors que je reprochais, lors de nos nombreux échanges, une certaine distance envers ses personnage liée à la raffinée narration de cette dernière, j'ai vu mes défenses s'amoindrir en cours de lecture jusqu'à m'attacher inconsciemment et pleinement à la savoureuse et captivante Nan et ses touchantes et complexes relations.

Cette dernière se veut, selon moi, la protagoniste des plus travaillée et taillée de toute cette importante et impressionnante galerie. Avec intérêt, j'ai suivi son arrivée, son intégration ainsi que son évolution, tendant vers une déchirante déchéance et ce, jusqu'à son point d'orgue dévoilant une poignante rédemption que je n'ai nullement soupçonné. Il faut dire que dans sa seconde moitié, le satire de ce roman laisse place à une certaine morosité et si mon acolyte semble avoir été décontenancée par ce changement de tonalité et de rythme, je n'ai nullement été gêné par cette accélération. Bien au contraire, cette saccade m'a semblé soutenir cette délicate décadence et m'a permis de tourner la dernière page de ce roman le coeur lourd et serré. Mieux encore et bien qu'inachevé à la mort d'Edith Wharton, je n'ai nullement été dérangé par la passation de plume que je n'ai d'ailleurs pas ressenti. En me prévenant de ce changement, j'ai été surpris d'apprendre le moment de sa réalisation lors de ma lecture de la préface et je ne peux qu'approuver le travail réalisé par Marion Mainwaring. Tout comme je suis ravi de savoir qu'une adaptation télévisuelle m'attend sagement ces prochaines semaine.

Enfin, Les Boucanières signe indéniablement l'oeuvre la plus fine et aboutie d'Edith Wharton. Quand bien même il m'a fallu du temps pour être pleinement saisi par son oeuvre, je ressors le cour serré de cette lecture dont je me suis délecté, débordante de raillerie et de sarcasme mais aussi de sel et finesse.
Lien : https://mavenlitterae.wordpr..
Commenter  J’apprécie          30
Cet été, j'ai entrepris de sortir de ma bibliothèque les derniers romans et nouvelles d'Edith Wharton qu'il me restait à découvrir. Au vu de ce succès, j'ai été ravie de voir Steven me proposer une petite lecture commune sur le dernier qu'il me restait, et pas des moindres : Les Boucanières son roman inachevé parvenu tardivement à nous.

Oeuvre fort singulière comme le fut Les Sanditon pour Jane Austen, elle fut travaillée et retravaillée par l'autrice mais pas terminée au moment de sa mort en 1937. Ce n'est donc qu'une version inachevée que son exécuteur testamentaire nous a livré en 1938 mais des décennies plus tard, Marion Mainwaring, une spécialiste de son oeuvre la compléta sur les base du scénario laissé par la romancière. Pourquoi une telle aventure éditoriale ? Parce que le roman fut jugé scandaleux à l'époque et qu'on déconseilla à l'autrice de le publier comme en avait l'habitude en feuilleton, résultat, il fut repoussé et elle mourut avant. Heureusement qu'il fut repris par la suite car nous aurions raté son chef d'oeuvre.

Oui, je le dis, tout comme mon co-lecteur Steven, pour nous Les Boucanières est le chef d'oeuvre de l'autrice, son roman le plus abouti, le plus accessible aussi, celui où sa plume se teinte à la fois de malice et de sarcasme, celui où elle ose critiquer les sociétés anglo-américaines où elle a grandi, avec force et morgue. Un régal et enfin une plume bien plus chaleureuse que ce à quoi elle nous avait habitué dans ses drames sensibles mais souvent cruels. Un chef d'oeuvre où nous suivons le temps de 4 livres, les tableaux séduisants de trois familles américaines venues trouver un titre en Angleterre pour aller avec leur fortune, comme si nous avions ces mêmes tableaux de parties de campagnes peints à plusieurs années d'intervalle.

« Nous changeons à chaque instant alors que nos actions, elles, demeurent. »

J‘ai toujours aimé la plume d'Edith Wharton, mais souvent je rencontrais une résistance avec elle. Comme je le disais à Steven, je ne sais pas si c'est du fait de la traduction plus récente ou de la participation de Marion Mainwaring, ou juste l'évolution de la plume d'Edith Wharton alors au crépuscule de sa vie, mais je l'ai trouvé tellement plus fine, plus vive, plus accessible. C'était comme découvrir une autre femme ! J'ai dévoré les pages de ce roman, qui se veut un peu la réponse du berger à la bergère avec son premier succès le Temps de l'innocence (paru en 1920). On y retrouve ce même goût de portraitiste d'une haute société passée qui doit changer.

J'ai mis du temps mais j'ai adoré le portrait de ces jeunes filles, notamment Annabelle, à peine sortie du berceau, qui vont découvrir le grand monde et tenter de répondre aux attentes de leurs parents. J'avais l'impression d'être dans l'un de mes chers Aventures et passions (collection de J'ai lu avec des romances victoriennes) mais sous la plume plus incisive, intime et recherchée d'Edith Wharton. J'ai aimé aussi bien le volet américain que le volet anglais encore plus riche. Les critiques sur la noblesse désargentée, la vision critique des divorcés, la double vision des Anglais par les Américains et vice versa, la question de l'héritage, la place de la femme dans le couple, la vision du mariage… tout cela était ciselé et percutant comme on pouvait s'y attendre de cette autrice qui a passé sa vie à développer ces thèmes chers à son coeur et à ses souvenirs d'enfance.

Mais là où l'autrice propose souvent dans ses autres textes une vision très sombre, assez désespérée, avec peu d'espoir et des personnages vivent un peu malheur sur malheur, déception sur déception, je ne sais pas non plus si c'est dû à l'intervention de Marion Mainwaring, mais nous avons ici une proposition bien plus optimiste qui fait un bien fou. Ici, les critiques ne sont pas juste là pour nous plomber mais pour réellement faire mouche. L'héroïne bien que falote au début se réveille et agit en femme libre qui assume ses sentiments et ose se rebeller contre l'ordre ancien. C'est particulièrement moderne !

« Les petites Glencoe sont demeurées très enfants. Elles ont quitté la nurserie que pour les robes longues et le chignon. »

Le revers de la médaille, c'est que les personnages masculins en prennent pour leur grade ici et très peu brillent au final dans ce récit très féminin. Non pas qu'ils soient mal écrits, au contraire, mais l'autrice ne les épargnent en rien. L'autre revers, c'est qu'après une narration assez lente pour ne pas dire morose, le réveil se fait un peu brutalement, du moins l'ai-je perçu ainsi, mon compagnon de lecture, lui, a aimé être réveillé par cette plume tout à coup plus vive et incisive où l'aristocratie en prend pour son grade. Là où j'ai vu de la maladresse et de la précipitation, il y a vu un réveil salvateur, aboutissement des tensions propagées jusqu'à présent pour prendre toute leur ampleur ici dans ce dénouement où l'autrice met puissamment en exergue les sentiments de l'héroïne se heurtant aux attentes de la société.

Quel saisissant tableau que ce dernier roman croquant la société anglaise du XIXe sous le regard vif et incisif d'Edith Wharton au crépuscule de sa vie. Apothéose de sa carrière, l'oeuvre se révèle la plus riche, la plus mature et la plus aboutie de l'autrice, avec enfin un espoir qui se réalise, une première dans son oeuvre souvent si puissante mais déprimante. J'ai adoré sa critique aiguë des institutions du mariage dans l'aristocratie anglaise, de leur racisme anti-américain aussi et bien sûr de la place de la femme-reproductrice. C'était beau, c'était fort, c'était émouvant. Je suis ravie d'en terminer avec elle sur cette si belle note !

Encore merci à Steven de m'avoir encouragée à sortir si vite cette oeuvre de ma PAL. (Ma dernière critique, sur Ethan Frome, arrivera d'ailleurs dans quelques jours aussi 😉 )
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
Commenter  J’apprécie          80
A travers une galerie de personnages essentiellement féminins, Edith Wharton dresse le portrait d'une fin de siècle qui voit s'opposer la jeune Amérique gagnée par une modernité qui s'accélère (installation du téléphone, émancipation des femmes, liberté des moeurs) à la vieille Angleterre, pétrie de traditions immuables mais encore engluée dans ses rituels démodés. Cette fresque sociale traduit la parfaite connaissance de la romancière des différents milieux dans lesquels elle nous immerge, qu'il s'agisse de l'aristocratie anglaise avec ses codes ou de l'élite américaine de Saratoga Springs, non loin de New-York.

L'histoire débute aux Etats-Unis à la fin du 19ème siècle avec cinq jeunes filles en quête d'un mari. Elles peinent à trouver le mari idéal, celui dont la réputation est sans tache et dont la fortune servira les intérêts du père. Les mères délaissées ou trompées par leur mari, veillent au grain, souvent dépassées par l'impertinence et les cachotteries de leurs filles. Pour se faciliter la tâche, elles recourent à une gouvernante, censée inculquer de l'instruction et un peu de plomb dans la tête à ces jeunes écervelées et surtout surveiller leurs bonnes manières. Sur une suggestion de cette gouvernante, qui se révèle être un des personnages les plus intéressants, les familles partent à la conquête de l'Angleterre : la chasse aux maris est ouverte ! Et rapidement, chaque jeune fille va trouver le sien avec plus ou moins de bonheur. En effet, les jeunes hommes tombent sous le charme de ces américaines qui fument et s'amusent sans penser à mal, tandis que leurs mères sont choquées par ces comportement qu'elles jugent contraire aux bonnes moeurs de cette fin de siècle.

A partir de là, le roman s'attache principalement à suivre l'évolution de la plus jeune des américaines, la petite Annabel, aussi sensible que désintéressée. Si son personnage est très intéressant, il fait fortement évoluer l'intrigue vers la romance, ce que j'ai un peu regretté.

La gouvernante est le personnage le plus fascinant : dans l'ombre, telle une marionnettiste toujours animée des meilleures intentions et prête à sacrifier son bonheur personnel, Laura Testavaglia tire les ficelles et intrigue gentiment pour orienter "ses" jeunes filles vers le mari idéal. Son personnage m'a semblé insuffisamment exploité.

J'ai surtout apprécié les différents thèmes abordés, de l'émancipation féminine à la confrontation entre cette liberté de ton chère aux américains et le discours corseté des anglais. Mais outre mes regrets sur l'orientation fortement romantique du dernier tiers et sur le personnage de Laura Testavaglia, j'ai aussi quelques réserves sur la construction du roman qui m'a semblé manquer de fluidité, ce qui m'a gênée en plusieurs occasions lors de ma lecture. Donc, à rebours de nombre d'avis très positifs que j'ai pu lire sur Babelio, je n'ai pas été totalement conquise par les boucanières. Oui, le roman m'a plu mais sans plus.

Challenge Multi-défis 2023
Challenge Plumes féminines 2023
Commenter  J’apprécie          160
Trouver un bon parti... mais lequel et comment ? Quatre filles américaines, très riches mais pas assez bien nées pour la haute-société new-yorkaise vont accéder, grâce à leur beauté, leur jeunesse argentée et une gouvernante aux origines italiennes, à l'aristocratie anglaise. Une aristocratie de vieux continent qui se veut immuable mais peine à entretenir ses biens et à offrir un avenir à ses héritiers englués dans les règles de bienséance et les obligations de rang.
Edith Wharton, dans son dernier roman (paru en posthume, bien achevé par sa collaboratrice à partir des documents laissés par l'autrice), confronte plusieurs personnages différents, même si l'on finit surtout pas suivre la cadette Nan, avec des ellipses de temps, ce qui donne du rythme (je me serais lassée des histoires de toilettes et de bonnes conduites), et je me suis attachée au fil des pages à ce petit monde qui cherche sa place (la garder, la faire...).
Commenter  J’apprécie          122
Les Boucanières est le dernier roman de l'écrivaine américaine Edith Wharton. Il est considéré comme le plus riche et le plus sophistiqué de son oeuvre.

-
« Les boucanières sont des pirates, mais elles ne font que se tailler leur part du butin dans une bataille impitoyable où les hommes continuent à asseoir leur domination. »
-

C'est avec une plume caustique, et parfois satirique, qu'Edith Wharton dresse la trajectoire de cinq jeunes femmes - les boucanières - fraîchement débarquées de New-York et qui souhaitent faire de Londres leur terrain de jeu. Celles-ci, toutes plus ambitieuses les unes que les autres, sont des Rastignac modernes, prêtes à tout pour gravir les échelons de la haute société britannique en épousant LE bon parti !

-
« C'était une époque où les femmes n'avaient pas encore appris à dire non. »
-

Dans ce vaste et captivant roman des illusions perdues, Edith Wharton offre une vision unique de la transition entre deux époques, la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle, où l'ancien monde - l'Angleterre - rencontre le nouveau monde - les Etats-Unis - avec toutes les tensions et les conflits que cela peut engendrer.
Fanny, Conchita, Indina, Charlotte et Lizzy - femmes libérées défiant les conventions sociales - incarnent cette transition, chacune ayant sa propre vision de l'avenir et de la façon de réussir dans ce monde en mutation

-
« L'amour est la seule chose qui nous élève au-dessus de la poussière de la vie. »
-
Les boucanières est un chef-d'oeuvre littéraire incontournable pour tous les amateurs de littérature classique et pour ceux qui souhaitent découvrir l'oeuvre magistrale d'Edith Wharton
Commenter  J’apprécie          30
Ostracisées par les fortunes américaines, les jeunes filles des « nouveaux riches » se rendent à Londres en quête de divertissements. Un Londres qui très vite sera secoué et dépoussiéré dans ses entournures. Un Londres qui se noie dans les traditions ancestrales et nobiliaires. Un Londres qui croûle sous les dettes et rêve de monnaies sonnantes et trébuchantes. Qui donc sont ces belles demoiselles si bruyantes et si riches? Un vent de modernité traverse l'Atlantique et s'abat sur le vieux continent. Accrochez vous car le choc entre modernité et traditions, entre conformisme et émancipation, entre rêves et désillusions sera rude… mais si savoureux!

Acérée et vive, et sous couvert de légèreté et de frivolité, Edith Wharton lève le voile sur les machinations de la « bonne société » et les dessous plus sombres des unions traditionnelles au travers de ces quelques bribes de vie. Un délicieux mélange de perfidie, de finesse, de mélancolie et de respectabilité!
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (340) Voir plus




{* *}