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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans les années 1880, à Saragota, en pleine saison des courses, quatre jeunes filles de la haute bourgeoisie américaine tentent de percer dans la société new-yorkaise. Malgré la richesse de leurs pères respectifs, les jeunes Virginia et Annabelle St. George, Elizabeth et Mabel Elmsworth ne sont cependant pas dans les invitations des soirées mondaines. Dans l'esprit de leurs mères, la fréquentation de la jeune Conchita Closson, dont la famille demeure entachée d'un soupçon de scandale, n'est pas de nature à améliorer leurs chances. Et pourtant, la douce et aimable Conchita se fiance bientôt à Lord Richard Marable, cadet dissipé d'une famille anglaise, et les jeunes mariés partent vivre en Angleterre. La nouvelle gouvernante des St. George, Miss Laura Testvalley propose alors de passer une saison à Londres, pour donner une nouvelle chance aux jeunes filles. Les Elsmworth les rejoignent bientôt. Accueillies et guidées par la nouvelle Lady Marable, les quatre Américaines vont bousculer le milieu calme et engoncé de la haute société, et y trouver un succès qu'elles n'auraient même pas espéré à New York, couronné par des mariages fastueux. Mais cette réussite sociale exceptionnelle sera-t-elle vraiment source de bonheur pour nos Boucanières ? La liberté de ton de ces Américaines pourra-t-elle s'accommoder des traditions britanniques ?

Ce roman riche et foisonnant reprend le thème très prisé par Henry James de la rencontre entre la nouvelle Amérique et la vieille Europe. Cette opposition est encore renforcée par le choix de personnages féminins pour les Américains et de personnages presque exclusivement masculins pour les Anglais. Edith Wharton ne s'intéresse d'ailleurs que peu aux hommes dans ce récit, excepté les Thwarte, père et fils, confidents et amis respectifs de Miss Testvalley et d'Annabelle. le roman se divise en quatre parties, chacune distante des autres de quelques années. On suit donc l'évolution de ces cinq jeunes filles pendant une période assez longue, qui permet à l'auteur de nous décrire la suite de ces mariages. Alors que le début du roman met plutôt en avant Virginia St. George, l'image de la jeune femme accomplie, au détriment de ses compagnes qui n'ont ni son esprit ni sa beauté, c'est finalement sur sa soeur Annabelle que l'auteur s'attardera, par le biais de sa gouvernante. Miss Laura Testvalley apporte une touche artistique et presque exotique dans ce roman : appartenant à la famille Testaviglia, elle est la cousine du peintre Dante Gabriele Rossetti, et initie Annabelle à la sensibilité préraphaélite. C'est une femme de caractère, profondément droite sans être puritaine, intelligente et cultivée, qui nourrit toute sa famille avec son emploi de gouvernante. Sans en dire plus sur la toute fin du roman, j'ai été très touchée par son dernier choix, profondément altruiste et qui en fait à mes yeux le personnage le plus intéressant du roman. Son influence sera très bénéfique pour Annabelle, que Mme St. George délaissait au profit de son aînée (le choix d'une gouvernante était pour elle une manifestation de rang social plus qu'une nécessité). Plutôt réservée et considérée comme une enfant au début du roman, Annabelle est celle qui, presque par surprise, accède au plus haut rang social et qui a pourtant le caractère le moins approprié pour supporter la rigidité du protocole. Profondément réceptive à la beauté sauvage de la nature anglaise, elle s'épanouit dans les ruines du château du duc de Tintagel (quel beau choix de nom !). On assiste avec beaucoup d'émotion à l'éveil de ses sentiments et à ses luttes intérieures. Et parce qu'elle est totalement inconsciente de l'enjeu de son rang et des devoirs qui lui incombent, c'est d'elle que viendra l'action la plus répréhensible aux yeux de la société.

La rigidité des règles de la vie sociale constituent cette fois encore le ciment de l'histoire. Qu'il s'agisse de faire son entrée dans le monde, d'être courtisée ou bien encore de son comportement avec son mari, les héroïnes sont sans cesse confrontées à ce qu'elles devraient faire ou à la façon dont elles devraient agir, en vertu de règles ancestrales établies par la bonne société. Leur nationalité leur confère un statut d'étrangères qui les rend très hermétiques à ce code de bonne conduite. Cette excuse permet à Edith Wharton de montrer combien ces règles peuvent s'avérer nocives pour l'épanouissement d'un caractère fragile et irréconciliables avec la violence des sentiments à laquelle nous pouvons tous être confrontés. Chez Edith Wharton, il semblerait bien que la complexité de la vie se reflète dans les destins souvent tragiques de ses héroïnes. Pourtant, le destin des Boucanières est bien moins dramatique que celui de Lily Bart dans Chez les heureux du monde. Toutes ne connaîtront pas la déception d'Annabelle et la fin du roman nous offre quelques beaux exemples d'entente conjugale.

Il faut préciser que ce roman était inachevé et qu'il a été terminé, dans l'édition Livre de poche, par Marion Mainwaring en 1993, après avoir classé et analysé toutes les notes laissées par Edith Wharton en préparation de ce roman. L'histoire est donc celle qu'avait imaginée l'auteur, jusqu'au bout. Il serait injuste de ma part de dire que j'ai ressenti à la lecture ce changement de plume. On se rend bien compte qu'il manque aux cent dernières pages cette élégance distante dans l'expression des pensées et des ressorts de nos héroïnes. Néanmoins, cela n'a en rien gâché ma lecture.

Ce roman a été plus qu'un coup de coeur : il entre sans conteste dans la short-list de mes romans préférés. Bruissement de robes, propos frivoles et éclats de rire en cascade ne parviennent pas à masquer la révolte d'Edith Wharton face à un monde corseté dans lequel elle ne s'est jamais retrouvée. La richesse de ce roman, l'exubérance de ses personnages et la palette des émotions qui s'y déploient, sous la plume claire et élégante de l'auteur, en font un moment de lecture incomparable.

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Quelle description plus acide de l'aristocratie anglaise avons-nous eue avant Les Boucanières ? Il faudrait chercher peut-être du côté de Vita Sackville-West et de son Toute passion abolie. Et sans doute ne pas oublier les romans de Jane Austen et La Foire aux vanités de William Thackeray. Voici donc cinq jeunes filles américaines issues de familles parvenues, dont les pères ont bâti des fortunes rapides et instables à Wall Street, grâce à d'habiles coups de bourse. Cinq débutantes que les milieux huppés de New York boudent car leur ascension sociale est trop fraîche et leurs géniteurs peu distingués. Les aînées du groupe, Virginia St. George et Liz Elmsworth sont deux beautés, l'une blonde et l'autre brune. Si Jinny se caractérise par son égoïsme et sa vanité, Lizzy se révèle par un sang-froid à toute épreuve et une ambition démesurée. Leurs cadettes, Annabel St. George et Mabel Elmsworth ne possèdent pas leur allure, mais la première est sensible et piquante tandis que la seconde possède un sens pratique redoutable. Quant au cinquième membre du groupe, il s'agit de Conchita Clossom, une rousse à la peau mate et aux yeux ensorcelants dont la joie de vivre et l'appétit de plaisirs vont de pair avec une inaltérable bonne humeur. La gouvernante anglaise de Nan, Miss Testvalley, contient tant bien que mal les manières de ces jeunes Américaines dont la liberté de comportement l'étonne.
le mariage précipité de Conchita avec Lord Richard Marable, un aristocrate anglais désargenté et viveur, fils cadet d'une prestigieuse lignée, l'amène à quitter les États-Unis pour l'Angleterre. Sur les conseils de Miss Testvalley, Mrs. St. George gagne Londres à l'approche de la saison estivale car les farces de Dick Marable ont compromis l'entrée dans le monde de ses filles. Ce que l'on ne pardonne pas dans les riches familles new-yorkaises pourra peut-être passer pour de l'excentricité culturelle dans le milieu aristocratique anglais. Mrs. St. George est bientôt rejointe par Mrs. Elmsworth, Lizzy et Mabel. La chasse aux beaux partis peut alors commencer sur les conseils avisés de Miss Testvalley qui connaît l'aristocratie anglaise mieux que quiconque pour avoir éduqué beaucoup de ses rejetons, mais aussi grâce à l'entregent de Miss March, une Américaine qui est parvenue à s'introduire dans le milieu très fermé de la noblesse. le calamiteux mariage de Conchita sert de cheval de Troie pour pénétrer ce monde ; la beauté, la séduction, l'énergie du petit groupe font merveille dans un milieu sclérosé par l'endogamie. Bientôt, Lord Seadow demande en mariage Jinny (ou plus exactement Lizzy opère un renversement de situation qui aboutit à cette conclusion), la trop jeune Nan épouse le duc de Tintagel et Lizzy se marie avec un député conservateur très ambitieux, tandis que Mabel, de retour aux États-Unis, épouse un vieux milliardaire.
Au point où nous en sommes, nous pourrions considérer ce roman comme un conte de fées, au pire une bluette. Ce serait ignorer l'essentiel. Derrière ces mariages brillants que voyons-nous ? Une aristocratie anglaise qui a besoin de redorer ses blasons et pour qui les dots de ces Américaines fortunées apporteront un répit dans la course aux subsides. Lady Brigthlingsea, la mère de Seadow, voit dans le mariage de son fils deux opportunités : le débarrasser de la liaison scandaleuse qu'il entretient avec Lady Churt et trouver des fonds pour l'entretien ruineux d'Allfriars. La duchesse douairière de Tintagel méprise sa belle-fille, mais ce qui lui importe c'est qu'elle assure la descendance de la lignée, ce que compromet Nan par sa fausse couche et par son refus d'accomplir le devoir conjugal. Quant à Dick Marable, il laisse sa femme traiter avec les créanciers pendant qu'il court les tables de jeu et les jupons. Aux stratégies des mères et des filles américaines répondent les spéculations des mères et des fils anglais. le député Hector Robinson a reconnu en Lizzy une femme capable de servir son ambition politique, mais aussi de l'introduire – par ses relations – dans le milieu aristocratique où il pourra nouer les alliances indispensables à une brillante carrière politique.
Laura Testvalley est la figure révélatrice de l'envers du décor. Payée chichement par les familles aristocratiques dont elle élève la progéniture, elle fait le pari d'émigrer aux États-Unis et de vendre à prix d'or son savoir-faire. Cela marche et elle commence à se dire qu'elle pourrait damer le pion à bien des mères anglaises en introduisant ses « boucanières », ses pirates, ses bandits dans la haute société. Et puis, avec le temps, des femmes comme Jinny peuvent se révéler plus sang bleu que le sang bleu, tenir leur rang avec classe et même obtenir les faveurs du prince de Galles.
Mais ce qui peut paraître un défi pour des filles coriaces comme Conchita, Jinny, Lizzy ou encore Mabel s'avère une catastrophe pour une nature sensible comme Nan. Trop jeune, peu aguerrie aux jeux de la séduction, douée d'une imagination vive et nourrie de romantisme, elle épouse le duc de Tintagel sans mesurer le formatage qui l'attend. À peine sortie de l'adolescence, elle est broyée par le protocole qui régit les existences à Longlands, Tintagel ou Folyat House. Écrasée par les décors imposants dans lesquels elle vit, méprisée par une belle-mère incapable de comprendre l'effroi que peut susciter la lourdeur des obligations, incomprise par un mari faible et cependant autoritaire, elle s'enfonce dans la dépression. Trop jeune et inexpérimentée, elle ne peut manipuler les hommes comme Conchita ou les subjuguer comme Jinny. Elle n'a pas non plus les ressources d'une Lizzy qui sait s'adapter aux circonstances pour faire face aux revers de situation. Celle qui peut comprendre Nan est sa chère Miss Testvalley. Les seuls contradicteurs de l'ordre social sont Annabel et Guy Thwarte, le fils de Lord Hemsley. Ils se rencontrent à Honourslove (prémonitoire), partagent le même goût pour les vieilles pierres, la peinture, la poésie mais, surtout, la même exigence de droiture, d'engagement altruiste (l'une auprès des pauvres et l'autre auprès des travailleurs des mines de son beau-père), ils ressentent une réelle empathie pour leur prochain. Ils sont faits pour se reconnaître et s'aimer, le sentent confusément et se perdent. Il leur faudra éprouver leurs sentiments, Annabel auprès d'Ushant et Guy auprès de Paquita, connaître des désillusions et vivre le sentiment douloureux de l'amour dissimulé pour accepter de se rejoindre. Cela au prix du scandale, de l'opprobre de leur milieu.
Edith Wharton ne cache rien de la condition qui est faite aux femmes à la fin du 19e siècle. Riches, ce sont des proies faciles à attirer. Pauvres, comme Laura Testvalley, elles triment pour subvenir aux besoins de leur famille, subissent les manoeuvres de séducteurs peu scrupuleux, et doivent souvent renoncer au bonheur quand il se présente. Célibataires, elles jouent les faire-valoir et les entremetteuses (Miss March). Divorcées, elles font figure de déclassées scandaleuses (Mrs. Closson, la soeur d'Anthony Grant-Johnston). Mariées, elles se taisent devant les frasques de leur mari (Mrs. St. George, Conchita), doivent se plier à ses exigences (Nan) quand il tient solidement les cordons de la bourse et peut faire appel à la loi pour le respect des obligations du mariage. Les boucanières sont des pirates, mais elles ne font que se tailler leur part du butin dans une bataille impitoyable où les hommes continuent à asseoir leur domination. La jeune fille américaine des années 1870 n'est-elle pas le prototype d'une révolution féminine à venir ?
Les cinq derniers chapitres ont été écrits par Marion Mainwaring à partir des notes laissées par Edith Wharton. Peut-être le style y est-il moins enlevé, mais qu'importe. La traduction de Gabrielle Rolin est un régal et fait justice à la vivacité de l'écriture de l'auteur et à un récit haut en couleur.
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Les boucanières ” est le dernier roman de Edith Wharton, elle le laissa inachevé à sa mort en 1937. Il fut terminé par Marion Mainwaring, spécialiste de l'écrivain, grâce à un synopsis détaillé. Cette dernière oeuvre est une fresque se déroulant entre 1873 et 1877.

L'histoire s'ouvre à Saratoga, à l'hôtel Grand Union où séjournent les familles St George et Elmsworth. Les mères de ces deux familles pensent à l'avenir de leurs filles, à leur entrée dans le monde. Virginia St George, d'une beauté saisissante, Lizzy et Mabel Elmsworth ont hâte d'exposer leurs atours et de commencer leur vie de femmes. Nan St George est la plus jeune, elle s'inquiète plus de l'arrivée de sa nouvelle gouvernante que de ses toilettes. Miss Testvalley, la gouvernante, vient d'Angleterre et sa présence va modifier la vie des petites américaines. Grâce à elle, Conchita Closson, l'infréquentable amie de Nan car brésilienne et ayant une mère divorcée, épouse un lord : Sir Richard Marable. Les cinq filles partent alors dans l'ancien monde pour le conquérir et élever leur niveau social. Les cinq boucanières se serrent les coudes, se soutiennent face à un monde codifié et peu indulgent.

Suivant une thématique chère à son ami Henry James, Edith Wharton confronte l'ancien et le nouveau monde. C'était déjà le cas dans “Le temps de l'innocence” mais c'est le vieux continent, incarné par la comtesse Olenska, qui venait s'installer dans le nouveau monde. Ici nos cinq boucanières viennent à Londres avec la ferme intention de se trouver des maris dans la haute société. Ce monde figé et corseté est assez surpris par l'attitude de ces jeunes femmes libres et pétillantes. Les vieilles ladies acceptent mal le peu de retenue des américaines. C'est le cas de la mère de Sir Richard Marable qui n'admet pas l'agitation de sa bru, Conchita. Une amie lui explique alors : “N'oubliez pas qu'il leur manque l'exemple que seule une cour royale peut donner. Mais certains d'entre eux apprennent très vite à se conduire.” Les cinq boucanières s'adapteront d'ailleurs plus ou moins à la rigidité de l'arictocratie anglaise. Conchita est la première à épouser un lord mais son mariage est rapidement catastrophique puisque son mari ne sait faire que des dettes. Virginia épouse le comte Seadow, futur marquis, et prend son rôle très à coeur. Son ambition sociale dévorante l'amènera à ignorer les souffrances de sa soeur. Lizzy Elmsworth se marie à un homme politique qui, grâce à l'intelligence de sa femme, est appelé à devenir premier ministre. Mabel Elsmworth est la seule à épouser un américain mais qui est multimilliardaire. Enfin, Nan épouse le duc de Tintagel mais le mariage ne dure pas. Il s'agit d'un malentendu, le duc épouse Nan car elle se moque de son titre, elle est fraîche et naïve. Nan se croit dans un poème du moyen-âge ou dans la légende du roi Arthur. Sa sensibilité exacerbée ne cadre pas avec la froideur, la rigidité des moeurs ducales. L'incompréhension entre les deux mondes est totale. Les hommes ne sont d'ailleurs pas à la hauteur dans ce roman et le duc de Tintagel ne fait pas exception. Séduits par la beauté, la vivacité et l'énergie des américaines, ils sont ensuite bien incapables de les comprendre.

Mais Edith Wharton est plus clémente avec Nan St George qu'avec Newland Archer dans “Le temps de l'innocence”. Ce dernier se pliait aux volontés de son monde, de son clan. Il épousait May Welland comme le souhaitait sa famille alors qu'il aimait la comtesse Olenska. Nan ne sacrifie pas sa vie pour faire plaisir à sa mère ou sa soeur. Son bonheur passe avant le rang social et elle n'hésite pas à demander le divorce au duc de Tintagel. Bien entendu, le geste n'est pas sans conséquence puisqu'elle doit quitter l'Angleterre et subir la désapprobation de sa famille. Mais Nan, la rêveuse, est prête à payer ce prix pour réussir sa vie personnelle. La vie de Edith Wharton n'est sans doute pas étrangère au dénouement “Des boucanières”. Après avoir épousé Edward Robin Wharton à l'âge de 23 ans, elle divorce en 1913 et trouve l'amour à Paris auprès du journaliste Morton Fullerton. A l'époque, elle est une des rares femmes à être libérée du joug du mariage. Il semble qu'elle ait eu envie de libérer également ses personnages !

Les boucanières” est un roman sublime, le talent de Edith Wharton y est à son apogée. Son écriture délicate, subtile fait merveille. L'auteur jette un regard nostalgique et ironique sur l'ancien et le nouveau monde. C'est avec un immense plaisir que j'ai suivi les péripéties de nos cinq boucanières et admiré une nouvelle fois la richesse de l'univers de Mrs Wharton.
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Excellent livre que celui-ci, bien écrit et avec un sujet bien étudié.

Les boucanières ce sont ces jeunes filles américaines qui débarquent à Londres à la recherche d'un bon parti. Elles ne sont pas très regardantes sur les titres parce qu'elles n'y connaissent rien, mais les 5 héroïnes du roman vont dénicher le meilleur du marché; en contre partie, elles devront apporter des dots conséquentes.

Elles apprendront sur le tas, que ces belles situations ont des devoirs et beaucoup de servitudes ! Quelques unes seront très malheureuses.

C'est un roman posthume d'Edith Wharton, inachevé, et qui a bénéficié d'une nouvelle version en 1993 d'après des notes de l'écrivaine, notes compilées par Marion Mainwaring.

Une série pour la TV britannique de Philip Saville, "The buccaneers" (1995), est excellente, d'une grande fraicheur et filmée dans des décors superbes. Elle est visible en anglais sur youtube par tranches de 5 minutes.
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Edith Wharton fait partie des auteures dont j'apprécie la plume mais dont je ressors parfois assez mitigé de mes lectures. Seul Plein Été m'a grandement convaincu et bien que vivement recommandé par Justine, je n'aurais sauté le pas ni découvert Les Boucanières sans la plaisante compagnie de ma fidèle acolyte, Tachan.

C'est pourquoi et avant tout je tiens et me dois de la remercier car, sans cette dernière, je serais passé à côté d'un cran cru, signant l'oeuvre la plus sophistiquée et aboutie d'Edith Wharton. L'auteure signe une fresque des plus savoureuse à découvrir et à parcourir. En s'appuyant sur sa fine et habile plume, celle-ci dévoile une peinture des plus salée et sarcastique de l'aristocratie et de ses succulents déboires. Dans sa première moitié, je me suis régalé des différences de cultures entre l'Ancien et le Nouveau Monde immergeant aux moeurs pourtant pas si lointaines que cela. La romancière y inscrit une véritable critique et y apporte une vision bien avant-gardiste, se construisant sur le long terme.
En ce sens, j'ai été sensible à l'évolution de sa prose raisonnant en une éloquente et moderne tonalité permettant au lecteur de se délecter avec malice et intérêt de son oeuvre. Comme à l'accoutumé, Les Boucanières se révèle intelligemment établi et surtout profondément développé. Bien des thèmes seront abordés au cours de cette fresque et nul doute que certains ont dû faire grincé des dents lors de sa parution et c'est là, tout le talent et le génie d'Edith Wharton.

À travers de magistraux et détaillés portraits, cette dernière se joue autant de ses lecteurs que de son infinie inspiration que se veut être la bourgeoisie. Bien qu'au préalable assez peu attachantes, j'ai suivi avec intérêt la venue de ces étonnantes et singulières américaines à la recherche d'un certain parti pris afin de réaliser un abondant et réussi mariage. S'en suivra alors une différence de moeurs aux confrontations risibles et des plus savoureuses à se mettre sous la dent. Je me suis plus qu'amusé au cours de ce fascinant contraste mettant en exergue l'hypocrisie et le satyrisme de ce beau monde en apparences. Ainsi de séduisantes demeures en passant par l'intimité de quelques boudoirs, je me suis laissé porté par l'intrigue romanesque esquissée par la romancière.
Et alors que je reprochais, lors de nos nombreux échanges, une certaine distance envers ses personnage liée à la raffinée narration de cette dernière, j'ai vu mes défenses s'amoindrir en cours de lecture jusqu'à m'attacher inconsciemment et pleinement à la savoureuse et captivante Nan et ses touchantes et complexes relations.

Cette dernière se veut, selon moi, la protagoniste des plus travaillée et taillée de toute cette importante et impressionnante galerie. Avec intérêt, j'ai suivi son arrivée, son intégration ainsi que son évolution, tendant vers une déchirante déchéance et ce, jusqu'à son point d'orgue dévoilant une poignante rédemption que je n'ai nullement soupçonné. Il faut dire que dans sa seconde moitié, le satire de ce roman laisse place à une certaine morosité et si mon acolyte semble avoir été décontenancée par ce changement de tonalité et de rythme, je n'ai nullement été gêné par cette accélération. Bien au contraire, cette saccade m'a semblé soutenir cette délicate décadence et m'a permis de tourner la dernière page de ce roman le coeur lourd et serré. Mieux encore et bien qu'inachevé à la mort d'Edith Wharton, je n'ai nullement été dérangé par la passation de plume que je n'ai d'ailleurs pas ressenti. En me prévenant de ce changement, j'ai été surpris d'apprendre le moment de sa réalisation lors de ma lecture de la préface et je ne peux qu'approuver le travail réalisé par Marion Mainwaring. Tout comme je suis ravi de savoir qu'une adaptation télévisuelle m'attend sagement ces prochaines semaine.

Enfin, Les Boucanières signe indéniablement l'oeuvre la plus fine et aboutie d'Edith Wharton. Quand bien même il m'a fallu du temps pour être pleinement saisi par son oeuvre, je ressors le cour serré de cette lecture dont je me suis délecté, débordante de raillerie et de sarcasme mais aussi de sel et finesse.
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Ostracisées par les fortunes américaines, les jeunes filles des « nouveaux riches » se rendent à Londres en quête de divertissements. Un Londres qui très vite sera secoué et dépoussiéré dans ses entournures. Un Londres qui se noie dans les traditions ancestrales et nobiliaires. Un Londres qui croûle sous les dettes et rêve de monnaies sonnantes et trébuchantes. Qui donc sont ces belles demoiselles si bruyantes et si riches? Un vent de modernité traverse l'Atlantique et s'abat sur le vieux continent. Accrochez vous car le choc entre modernité et traditions, entre conformisme et émancipation, entre rêves et désillusions sera rude… mais si savoureux!

Acérée et vive, et sous couvert de légèreté et de frivolité, Edith Wharton lève le voile sur les machinations de la « bonne société » et les dessous plus sombres des unions traditionnelles au travers de ces quelques bribes de vie. Un délicieux mélange de perfidie, de finesse, de mélancolie et de respectabilité!
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Un livre léger par le souffle de jeunesse et la vivacité des demoiselles et profond aussi qui explore les sentiments et la condition féminine. Un régal!
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Les boucanières, c'est le dernier roman d'Edith Wharton, publié à titre posthume après sa mort en 1936.

Les trois derniers chapitres de l'édition actuellement disponible sont de la main de Marion Mainwaring, rédigés selon le plan très détaillé rédigé par Edith Wharton, dont la mort laissa l'oeuvre à peine inachevée (les ajouts ne sont absolument pas drangeants, au contraire).

Roman posthume, mais oeuvre majeure dans sa carrière, Les boucanières réunit tout ce qui fit, au fil des décennies, d'Edith Wharton une auteure américaine majeure du XX° siècle : une plume magnifique et tout terrain, apte à passer en quelques pages d'un récit plein de délicatesse intérieure à une scène dialoguée vive, drôle et féroce; un humour aussi mordant que ses plus masculins homologues; un sens de l'observation, du détail, digne des meilleurs caricaturistes de l'époque.

Lire la suite de ma critique sur le site le Tourne Page
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subtile et réjouissante épopée des riches américaines fondant sur l'aristocratie britanique et européenne,carnet de chèque à la main et bague au doigt...tout' une époque...
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