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Serge Chauvin (Traducteur)
EAN : 9782070766369
624 pages
Gallimard (17/03/2005)
4.06/5   8 notes
Résumé :
John Henry est un héros mythique de la culture noire américaine. Un jour de 1872, ce colosse perceur de tunnels, "né un marteau à la main", défia un marteau piqueur : il le gagna de vitesse, puis mourut d'épuisement. Depuis, d'innombrables ballades ont immortalisé sa légende. Jusqu'en 1996, où la petite ville de Talcott, théâtre présumé du fameux duel, organise un Festival John Henry. Parmi les invités, J. Sutter, un "parasite", pigiste mercenaire et pique-assiette ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Comme John Henry, Colson Whitehead est un géant,des lettres tout au moins. Mais commençons par le commencement car c'est assez compliqué. de la méthode pour ce discours sur un livre dont le thème colle tant à toute la partie musicale du remarquable blog qu'actuellement vous avez la bienveillance de lire.

Première partie:John Henry

Les amateurs de blues et de rock connaissent cette chanson dont circulent des centaines de versions.John Henry aurait été un ouvrier foreur de Virginie Occidentale vers les années 1870 qui aurait été si performant à manipuler son maillet qu'il aurait battu la toute nouvelle machine à creuser la pierre. Ce stakhanoviste noir serait mort d'épuisement immédiatement. Je sais ce vieil air américain depuis que j'ai dix ans et je ne citerai pas les interprètes,tous l'ont chanté.A la fin de l'article deux trois versions vous seront proposées. Problème,il y a tellement de sons de cloche différents qu'on n'est plus sûr de rien.John Henry a-t-il seulement existé? Ou est-ce le nom courantissime et générique du prolo noir américain de base,soutier de la conquête. Un comble,s'il a existé,on n'est même pas sûr qu'il ait été noir.

Toujours pour ce qui concerne la chanson,il semble et c'est mon cas,ma thèse si j'ose dire,qu'on ait fini par la confondre avec une autre chanson,à peine moins connue,John Hardy,qui raconterait un assassin irlandais.Colson Whitehead y consacre quelques pages arguant du fait que les émigrés irlandais misérables étaient à peine au-dessus des noirs dans la hiérarchie du travail vers l'Ouest. Tin Pan Alley, dont j'ai déjà parlé mille fois, c'est à dire l'histoire de la musique populaire américaine, en a fait l'une de ses légendes,de celles que l'on aime à se transmettre au son du banjo ou de la guitare. du nanan pour moi,fondu de cette culture.

Cette énorme somme de 620 pages constitue vraiment le roman d'un pays,d'une immensité,d'une diaspora,d'un melting-pot qui melte pas toujours terrible..Je reviendrai à l'aspect purement littéraire dans la seconde partie.Trois choses encore concernant la musique,personnage principal évidemment.Colson Whitehead digresse facilement mais jamais gratuitement ou par coquetterie mode comme c'est souvent le cas.Il consacre 40 pages environ au concert maudit des Rolling Stones à Altamont en décembre 1969,de sinistre mémoire.Prodigieux,hal-lu-ci-nant,ce que j'ai jamais lu de plus fort sur le rock. Si vous voulez vous pouvez même ne lire que ça,c'est extraordinaire.

Et puis deux autres morceaux d'anthologie.Une petite fille découvre dans un lot de vieilles partitions pourries une sorte d'incunable,une version très ancienne de John Henry. Enfin les négociations laborieuses et les tout premiers enregistrements du bluesman, fictif ou non, qui sortira la chanson John Henry pour toucher comme la plupart des pionniers une fiasque de mauvais gin et une passe dans un bordel de Memphis ou de TupeloA ne pas confondre avec John Hardy,ce salopard de meurtrier irlandais.Quoique...voir plus haut.Et dont voici la très bonne version des excellentissimes sbires du non moins bon Manfred Mann. Ca c'est de l'hébreu réservé aux birbes baby boomers fans même pas ex des sixties.

Bon,c'est pas tout ça.Deuxième partie:Ballades pour John Henry,le livre

L'action principale du bouquin se passe en 1996.Le héros, J., sa seule initiale courra tout au long du livre,est un parasite de métier, vaguement pigiste et dont la spécialité est de s'infiltrer dans les parties, cocktails, inaugurations, tout ce qui nourrit son homme pour pas un thaler. Avec quelques autres il fait partie de la Liste.Mais lui a fait le pari de faire l'intégrale, un an, avec 365 invitations à jouer les pique-assiettes. C'est ainsi que lui et ses potes se retrouvent au premier Festival John Henry,à Talcott, improbable bled de West Virginia, où aurait eu lieu le titanesque combat entre John et la Machine. Occasion pour Colson Whitehead de décrire par le menu les citoyens américains avec férocité et une certaine affection manifeste car après tout ils ne sont pas beaucoup plus débiles que nous autres les Européens nantis de siècles d'histoire,de culture et de modestie. Majorettes, élus locaux, commerçants, musiciens, prêcheurs gospellisants, le festival bat son plein avec ses enfants perdus pour une barbe à papa et ses fontaines à bière assiégées. La prose est oxygène,les phrases sont ciselées.


Choral est ce livre et Whitehead est son prophète à tête blanche.Tu l'as bien cherchée,cette vanne là, Colson. Une foule d'autres personnages,aucun n'est vraiment prédominant, mais quelle étoffe.Par exemple la fille d'un passionné de John Henry qui est venue à Talcott pour d'un côté disperser les cendres de son père près du fameux tunnel meurtrier,et de l'autre vendre les innombrables pièces de la collection de son dit père, invraisemblable capharnaum de mochetés à l'effigie de John Henry. Un peu comme votre voisine avec Claude François,d'accord.



Je n'en finirai pas de décrire la richesse de Ballades pour John Henry. et je n'oublierai pas Alphonse Mills, philatéliste ferropathe,qui est épris de timbres sur le chemin de fer, et qui a fait lui aussi le voyage de Talcott pour cet extraordinaire bal des Américains sur leurs racines, où le grotesque le dispute au prodigieux, où un auteur majeur nous embarque dans une odyssée Americana qui a la profondeur d'un blues ancestral et le souffle d'une épopée du cheval de fer.
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Aujourd'hui, à l'arrière d'une Amérique profonde, là où certains journalistes devenus pisse-copies et pique-assiettes vendent une culture populaire dans des boîtes avariées ; là où des gogos fanatiques mangent cette culture à toutes les sauces...jusqu'aux plus pourries !
Un texte acerbe, ironique, un regard pluriel sur la marchandise "culture au USA", mais aussi, à travers elle, un panorama dépité de l"American way of life" tout comme de la contre-culture hippie absorbée par le dieu pognon ; une critique cynique sans être caricaturale d'une réalité actuelle des USA . Cette construction romanesque particulière, "multi-angulaire" étonne un peu. On note bien quelques longueurs ; l 'écriture reste cependant habile, bien que sarcastique, parfois brutale, voire violente. A mon sens, admirables, ces trente pages sur le concert des Stones à Altamont !
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Héros mythique de la culture noire américaine, John Henry est un ouvrier noir qui a accepté, à la fin du 19e siècle, de se livrer à un concours de terrassement l'opposant à une machine. L'homme gagne, puis meurt d'épuisement. Ce personnage a ensuite inspiré de nombreuses oeuvres dont des chansons et ballades. Dans le roman de Colson Whitehead, une jeune pianiste, Jennifer, découvre ainsi la partition de la ballade de John Henry, de Jake Rose et son pouvoir subversif : “C'est une musique qui ne va pas à l'église, qui dit des gros mots, qui s'habille comme elle veut.” En revenant sur l'histoire de John Henry, sur ceux qu'elle a marqués, et sur ceux qui l'ont exploitée, Colson Whitehead dresse une vaste fresque historique et offre une réflexion sur la mémoire, la culture populaire et sa marchandisation à travers la fabrication d'icônes… Son tout dernier roman, The Undergroud Railroad revient sur l'histoire des esclaves en fuite et du réseau clandestin mis en place par les abolitionnistes pour les aider à fuir vers le Nord. Il décrit les difficultés rencontrées en chemin, comme les mercenaires, les risques de lynchages et les violences infligées aux fugitifs. Whitehead établit un parallèle avec l'extermination des Indiens, rappelant les analyses de James Baldwin sur la violence fondatrice de la nation américaine.
Lien : https://balises.bpi.fr/litte..
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Tout le monde sait que les écoles disciplinaires étaient des endroits difficiles pour les adolescents. Mais on ignorait que poser le pied dans certaines d'entre elles, c'était faire le premier pas vers l'enfer. Et ce jusqu'à une époque très récente.
Nickel Boys » de Colson Whitehead est publié aux éditions Albin Michel.
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