Ma mère

Un roman très court (70 pages) dans lequel Richard Ford rend hommage à sa mère, décédée d'un cancer.

L'auteur a adopté une écriture très sobre. Pas de grands étalages de sentiments, ni de révélations chocs du type presse à scandales. Il avoue sa part de subjectivité dans le fait qu'il ne sait pas tout sur sa mère (à cause de son côté réservé sur sa vie privée), et n'a pas non plus tenter de remédier à ce fait.

Les souvenirs que Richard Ford a choisi tendent à rappeler une chose : que c'est grâce à nos mères que vient l'apprentissage de l'amour.

Oui je sais c'est une provocation de ma part. Publier un billet sur l'histoire d'une mère à la période de la Toussaint et même plus le jour des défunts ne va pas être apprécié de tous. Et pourtant…. A quelle époque pensons nous à nos disparus, à quelle époque allons nous fleurir une ou plusieurs tombes ramenant souvenirs et chagrin ?



Ce livre est un hommage d'un fils à sa mère. Un hommage tout en pudeur, tout en retenue, un adieu pour mieux faire le deuil.



Mais, car il y a un mais, quand on ne connaît pas totalement sa mère, quand il reste une part de secret dans une vie de femme, comment faire ?



L'auteur nous raconte le passé et la vie de sa mère, avant lui, pendant lui. Un récit simple avec des faits, des souvenirs. Dans ces moments de questionnement et parfois de culpabilité, il analyse et explique les rapports compliqués que nous avons avec nos parents. Que connaît t-on d'eux en tant qu'individus à part entière ? A quel moment, et surtout pas trop tard, doit-on les observer dans leur vie et les comprendre ou du moins essayer ?



Voilà pourquoi je publie aujourd'hui, je pense que je vais vous toucher là où ça fait mal, là où nous ne voulons pas penser. Un très bel hommage qui nous permet de réfléchir ou qui nous fait pleurer, à lire absolument pour l'amour, le respect et le partage.


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Richard Ford rend hommage à sa mère en faisant sans pathos son portrait à travers les différentes étapes de sa vie : son enfance difficile, ses années d'insouciance, la disparition de son époux, le deuil, la solitude et la maladie.
Il met en avant leur relation mère-fils et tente de la comprendre, pourtant il n'y parviendra pas complètement ; sa mère restant très secrète, mystérieuse, presque en retenue tout au long de sa vie.

Un hommage pudique et bouleversant.

L'auteur représente sa mère d'abord à travers un territoire géographique l'Arkansas et une époque, le début du XX ème siècle. Un temps révolu, un temps mémoriel, presque inaccessible. Sa mère est un puzzle dans un monde où l'existence de la femme est réduite à son lieu d'habitat, ici la campagne.
"Ma mère" est un court texte dense, émouvant et lumineux. Il raconte les racines d'où nait et grandit une famille, la sienne, les difficultés liées à l'éducation religieuse, la pauvreté, la rencontre amoureuse, le nomadisme du couple (métiers du père).
Sa naissance, sur le tard, modifie profondément cette existence. le couple se sédentarise. La mère de l'auteur développe sa vie sociale, travaille. L'auteur découvre sa mère à travers le regard des autres. La mort de son père bouleverse les rapports entre la mère et le fils. Puis, c'est la séparation. Richard Ford poursuit ses études dans le Michigan. Il se marie et vit à New York. Leur vie commune se résument à des visites. Sa mère tombe malade. Elle souffre d'un cancer du sein. Les liens se resserrent. Puis la mort les sépare.
Pour conclure, Richard Ford revit les moments heureux et malheureux, l'amour incommensurable qui les liait. "Nous nous ressemblons, ma mère et moi".

Ma mère (My mother 1988) est un court récit de 73 pages, écrit avec une élégance et une sobriété exemplaires, très loin de tout pathos et laissant transparaître l'amour envers cette mère si proche et si lointaine en même temps, si pareille à lui selon ses propres dires, surtout au plan physique et sa façon de rire…c'est déjà beaucoup. Cette façon délicate qu'il a eu de reconstituer la vie de sa mère tout en respectant les distances et les interprétations.

L'histoire de sa mère figure aussi dans le livre Entre Eux publié en 2017 (Between Them: Remembering My Parents) où nous avons l'histoire de son père aussi, mort précocement de crise cardiaque alors qu'il était adolescent. Sa mère va lui survivre une vingtaine d'années et elle devra travailler dur pour l'aider dans ses études.

Par le plus grand des hasards, j'enchaîne ce livre avec le dernier opus de l'écrivain espagnol Manuel Vilas qui avait remporté un succès important avec son précédant roman Ordesa, salué avec le Prix Femina Étranger 2018 ; c'est un autre ouvrage qui parle de la disparition des parents sur un ton si plaintif et obsessionnel que cela dérange, même si l'on reconnait beaucoup d'universalité dans ces sentiments exprimés si douloureusement, l'écrivain n'arrivant pas à faire son travail de deuil. Mais dans Ordesa le point crucial se trouve dans la psyché de l'écrivain et ce qui m'avait interpelé dans ce livre était les mots et les phrases crus pour étaler cette douleur de l'âme.

La fin du livre Ma mère est si belle que je vous la cite en entier…ma mère me permit néanmoins d'exprimer mes sentiments les plus véridiques, tout comme une oeuvre littéraire s'offre à ses lecteurs passionnés. J'ai vécu avec elle ce moment auquel nous aspirons tous, ce moment où l'on peut dire : « Oui. Les choses sont ainsi. » Cet acte de connaissance qui est la preuve de l'amour. Je l'ai vécu. J'ai connu avec elle un grand nombre de ces moments, et je les reconnaissais à l'instant même où ils se produisaient. Maintenant encore, je les reconnais. Et je crois que je les connaîtrait toujours.

Un petit bijou.
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