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Alexandra est un peu paumée. Son amant, marié à une autre, est parti au Japon rejoindre sa famille. Seule à Paris, comédienne débutante, elle accepte un des rôles principaux dans la tragédie de Kleist, Penthésilée. C'est son ancien amant, Paul Lucerne qui monte la pièce pour le Festival d'Avignon. C'est un tournant dans la vie et la carrière d'Alexandra; ça passe ou ça casse.

J'ai éprouvé quelques difficultés à m'installer dans l'intrigue tant je ne parvenais pas à accrocher au personnage d'Alexandra. Il faut dire que j'ai souvent beaucoup de mal à comprendre, et donc à m'attacher, à ce type de femmes indécises, un peu geignardes et qui semblent, dans un premier temps du moins, manquer de caractère. Cependant, après quelques chapitres, je suis entrée de plain-pied dans cette troupe de théâtre un peu dysfonctionnelle, pilotée par un goujat pervers et dans laquelle chacun se cherche un peu, aussi bien sur scène que dans la vie.
Le style de l'autrice est dynamique, moderne et se lit très facilement. Au fur et à mesure que la Première se rapproche, Anne Wiazemsky est parvenue a distiller une tension dans sa plume en écho à la tension entre les comédiens. Je me suis surprise, à un moment, à vouloir poursuivre ma lecture d'une traite, à la manière d'un suspense.

Si on prend le temps de se poser, bien entendu que ce récit est truffé de clichés, sur le milieu du théâtre et sur les relations humaines. Cette troupe est un microcosme de ce que la société fait de pire et de meilleur.
Je retiens surtout une excellente immersion dans le monde d'une troupe de théâtre, depuis les premières répétitions jusqu'aux vivats de la première. J'ai ressenti l'angoisse des comédiens, l'excitation qui monte, la fébrilité qui s'empare de chacun, l'inquiétude qui les étreints par moments, l'euphorie qui les envahis quand ils sont parvenus à surmonter une difficulté du texte ou à répondre à une exigence complexe du metteur en scène... Et c'est tout cela qui m'a plu dans la plume de l'autrice: cette capacité à transmettre son amour du théâtre, elle qui est comédienne avant tout. Et devant tout cet amour, cette passion,... les défauts paraissent insignifiants.
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Lu lorsque j'étais lycéenne. Si je ne me rappelle plus de l'histoire, je me souviens avoir été marquée par cette lecture...
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Un magnifique roman qui nous fait vivre le monde tumultueux de ceux qui nous font rêver sur les planches de théâtre. Leur souci, leurs angoisses, leur jalousie, leur bataille de rôles, leurs amitiés, leurs amours, un monde où la réalité est affectée par des personnages qu'ils incarnent, on dirait qu'ils apprennent tellement à s'oublier qu'ils semblent prêts à tout affronter dans la vie...Et aussi, quelque part, ils portent la sensibilité de leurs personnages, qui les envoutent assurément. Canines c'est le stress, la panique, la rage, la hargne qu'on éprouve pendant les douleurs de l'enfantement, ici c'est une œuvre artistique qui est sur le point de naître: une pièce de théâtre pour le plus grand festival de théâtre du monde (Le festival d'Avignon). La pièce traite d'une histoire de la tragédie grecque, un texte de von Kleist, l'auteure nous fait vivre la création de cette œuvre depuis le travail de table, jusqu'à sa représentation dans une ambiance bien que crispée mais agréable. Si tragédie grecque y est et qu'elle influence quelque peu certains aspect du roman mais l'écriture, quant à elle, est simple, accessible, dénouée de tout artifice. Un roman bien construit pour découvrir les réalités du monde des comédiens!
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L'autrice, actrice et comédienne, nous emmène assister à la création d'une pièce de théâtre.

Elle met en scène des histoires d'amour, d'amitié, de rivalité des différents personnages. Elle pousse jusqu'à la caricature les travers des personnages. Mais est ce vraiment une caricature ?
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Si vous avez envie de vous immerger dans le quotidien d'une troupe de théâtre, de ressentir les tensions, les jeux de domination, les joies et les souffrances qui s'y logent, alors lisez le formidable roman « Canines » de la comédienne et écrivaine Anne Wiazemsky.

Le roman emmène le lecteur dans la préparation d'un spectacle pour le Festival d'Avignon, pour suivre les artistes de la première lecture sur une table de bistrot à la première représentation en public. La pièce est montée par un metteur en scène borné, méprisant et détestable (bref : de génie), qui veut revisiter le texte de von Kleist « Penthésilée » : une sulfureuse tragédie grecque sur l'amour impossible des Amazones qui se finit en bain de sang insoutenable et nauséeux.

J'ai adoré ce livre pour plusieurs raisons : pour la profonde tension qui émane du texte, pour la simplicité de l'écriture, pour l'immersion dans un monde fascinant, pour la diversité des personnages, pour l'écho dynamique entre le texte de la pièce et la réalité des comédiens, et pour la réflexion qu'il porte sur l'art et la création. Tout est très bien ficelé. J'ai ressenti les émotions de la troupe, de l'angoisse à la libération : ce qui est très agréable pour un lecteur. Je vous le conseille !

Le livre a reçu le Goncourt des lycéens.
Lien : Https://evanhirtum.wordpress..
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ISBN : 9782070393534

Si je devais conseiller un livre de notre époque, et de surcroît un livre écrit comme il se doit, sans ponctuations bizarres, sans répétitions inutiles et sans désir fou de faire à tout prix de l'art contemporain (ou de l'art auquel on ne comprend rien ), et un livre qui se veut un hymne authentique au théâtre, c'est incontestablement "Canines" d'Anne Wiazemsky que je désignerais. Sous ses airs timides et réservés, il s'agit là d'un hommage plus ou moins réussi mais, j'insiste, absolument sincère, à l'art protégé par Thalie et Melpomène.

Un metteur en scène à la réputation tout à la fois indéniable et détestable de génie et d'excentrique, Jean Lucerne; décide de monter, pour le Festival d'Avignon, la "Penthésilée" de Kleist, elle-même adaptée par Gracq. Si Gracq a coupé pas mal, Lucerne et son dramaturge font de même mais, par sa puissance et son sujet, par sa cruauté aussi - Penthésilée, reine des Amazones, tombe amoureuse d'Achille, mais, refusant sa faiblesse, elle le tue en le lacérant et en lâchant sur lui ses chiens - la pièce telle quelle, et même en notre époque qui prétend avoir tout vu et ne s'étonner de rien, reste difficile à jouer. Déjà, quand Kleist l'avait présentée, les spectateurs avaient protesté en raison de la cruauté de la mort d'Achille (lequel héros grec n'est d'ailleurs pas mort de cette façon) que l'on voyait sur scène, la "Penthésilée" originale appartenant à une série de pièces antiques où ce genre de morts était couramment détaillée - cela cessera avec le poète latin Horace qui établira les règles de ce que l'on peut montrer et de ce que l'on ne peut pas étaler devant le public..

La pièce a pour personnages principaux Penthésilée, Achille et Prothoé, la meilleure amie de la Reine des Amazones. Deux rôles féminins magnifiques qui exigent des comédiennes à la hauteur. Pour Prothoé, Lucerne, qui est toujours amoureux d'elle bien qu'elle ait décidé d'elle-même de mettre fin à leurs relations, choisit Alexandra Balsan, un actrice plus jeune que celle incarnant Penthésilée, qui se "retient" encore, n'a pas encore suffisamment confiance en elle et connaît une vie sentimentale assez décevante - après son aventure fulgurante avec Lucerne, qui l'a marquée au fer rouge, elle s'est mise en ménage avec Adrien qui est marié et dont la femme et la fille vivent au Japon. Pendant six mois de l'année, elle ne le voit pas mais, indéniablement, tous deux s'aiment.

Penthésilée, ou plutôt la comédienne qui s'est vu attribuer le rôle, est Alma, une bonne trentaine, un solide tempérament, une beauté aussi exceptionnelle. Elle est la maîtresse actuelle de Lucerne. Est-ce par amour ? Est-ce par opportunisme ? Ce n'est jamais très net. Ajoutons en tous cas qu'Alma est bisexuelle.

Pour le rôle d'Achille, Lucerne a obtenu le concours d'un danseur anglais, David, à la beauté de dieu - ou de demi-dieu - grec et qui, lui, est homosexuel - et fidèle à son compagnon, lequel se meurt doucement.

Autour de ce noyau, gravitent diverses personnalités, le petit monde du théâtre, machinistes, habilleuses, doublures, éclairagistes, sans oublier tous ceux que le théâtre et notamment cette "Penthésilée" si décriée attire, tout cela allant et s'agitant dans la poussière des planches - car, à Avignon, c'est une vieille salle, le "Regina" - qu'on a proposée à Lucerne pour monter son oeuvre.

Inutile de spécifier, je pense, que, malgré tous les efforts de Lucerne qui, pour chacune de ses créations et alors que la première est proche, s'entend comme personne pour provoquer scandales et scènes épouvantables destinés à mettre à bas la merveille qu'il vient d'édifier, malgré les bouteilles de whisky et les verres, vides ou pleins, qu'il jettent à la volée dans toutes les directions, malgré ses invectives, ses méchancetés, sa muflerie ... "Penthésilée" est une réussite, l'"Evénement de l'Année" pour Avignon.

Tout ce côté-là est fascinant. Il n'y a pas d'autre mot.

En revanche, on a une certaine difficulté à apprécier la manière dont, de néophyte certes douée mais si peu sûre d'elle-même qu'elle ressemble parfois à une souris d'église, Alexandra devient, au long de cet apprentissage rude et aussi sanglant, ou presque, que le texte originel, une véritable comédienne, grande et flamboyante. Car c'est cela aussi qui intéresse l'auteur et c'est malheureusement la partie qu'elle a - à notre sens - plutôt mal ficelée. de plus, si l'on excepte les comédiens principaux et l'intéressant et intriguant personnage de Jérémy, homosexuel lui aussi mais très ami avec Alexandra, le reste de la troupe ne parvient ni à séduire ni à convaincre le lecteur. le revers des sentiments de Marie-Lou envers Alexandra par exemple semble peu crédible et très maladroitement expliqué. Autre personnage, creux certes mais que son vide même rendait susceptible de bien plus qu'il ne donne dans le roman, celui de Linou, une petit garce qui couche avec tout le monde, femmes et hommes et qui pourrait, de son côté, célébrer l'Opportunisme.

"Canines" - le litre vient de l'habitude qu'avait Kleist de définir sa pièce comme une pièce "canine" - n'est donc, et on peut le regretter bien qu'il ait reçu le Prix Goncourt des Lycéens 1993, qu'une semi-réussite qui banquillonne fort. Hommage remarquable au théâtre à et à la fièvre de jouer, de devenir l'"Autre" puis de redevenir "Soi", tout se concentre sur la scène et sur Penthésilée et sa tragédie. A tel point que cette "irréalité" finit par devenir pour le lecteur la seule réalité. Certes, on sait bien que, les feux de la rampe éteints, nous ne pouvons tous manquer d'éprouver un sentiment certain de nostalgie, voire de déception mais là, malgré la sincérité de l'auteur (qui fut actrice et joua notamment pour Godard ("La Chinoise") et Pasolini ("Théorème" et "Porcherie"), quelque chose fait défaut : c'est comme un écho décalé qui se fait entendre dans le lointain dont on perçoit les tous derniers appels tout au fond, dans la coulisse.

Mais l'écho de quoi ? de qui ?

Tout le problème est là.

A lire néanmoins : ne pas le faire serait non seulement passer à côté d'un livre-passion, d'un livre-qui-se-veut-quelque-chose-d'autre-même-s'il-n'a-pas-réussi mais également refuser d'admettre qu'il y a parfois de la beauté dans le semi-échec. ;o)
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Ce roman nous plonge dans le monde du théâtre vu de la scène. Alexandra, jeune comédienne, est d'abord surtout caractérisée par ses amours malheureuses. Elle avait pour amant son metteur en scène, qu'elle quitte et un homme marié, qui la quitte à son tour. Il lui reste alors surtout le théâtre, mais c'est son ex qui la recrute pour jouer une princesse amazone dans la Penthésilée de Kleist. Alexandra travaille, renonce, se cherche, crée son personnage, sous les yeux de son metteur en scène certes brillant, mais aussi tyrannique, alcoolique et paranoïaque. le jeu de pouvoir et d'influence réciproque est considérable et se répercute sur l'ensemble des membres de la troupe. La première est prévue au festival d'Avignon et lorsque les répétition commencent, la tragédie de Kleist se déploie sur le plateau avant de s'étendre entre tous les personnages. On en vient à se demander si la pièce pourra seulement être montée et jouée en public. Nous suivons les uns et les autres à la ville et sur la scène, les personnages y jouent et y vivent leur texte, de manière parfois incompréhensible, mais c'est aussi ce qui les rend attachants.
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Un roman d'initiation au théâtre, à la vie amoureuse et aux relations féroces entre comédiens. La troupe que nous suivons depuis la première lecture du Penthésilée de Kleist jusqu'à sa représentations au festival d'Avignon est dirigée par Lucerne, metteur en scène aussi inspiré que déséquilibré par l'alcool, il ne cesse de harceler Alexandra, une des comédiennes.
Les incessantes manipulations subies par les acteurs, leurs antagonismes professionnels et sentimentaux, la vie de bohême dans Paris et Avignon, mais surtout la description précise de leur travail m'ont intéressée malgré le côté "bobo" de ce roman.
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J'ai beaucoup aimé ce titre car l'histoire nous plonge dans l'univers du théâtre et retranscrit bien les relations metteur en scène-acteurs, le rôle du dramaturge, plus tard de la "technique", le métier d'acteur. le personnage d'Alexandra est à la fois dans une sorte de fragilité mais qui arrive à s'affirmer peu à peu.

Le style m'a aussi plu. J'ai trouvé que la langue n'était justement pas trop technique et que les phrases s'enchainaient avec beaucoup de fluidité. Il y a une véritable ambiance tragique qui se crée autour de la pièce et qui m'a donné envie de la lire.
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L'ossature de ce roman est la pièce de Kleist, Penthésilée, depuis la première rencontre entre les acteurs et le metteur en scène jusqu'au Festival d'Avignon où elle doit être jouée. ON découvre l'ambiance des répétitions par les yeux de la jeune actrice débutante, Alexandra, indécise, peu mûre, ballottée entre le réalisateur de la pièce, les acteurs et son amour pour un homme qui l'a quittée.
Elle se demande si elle parviendra à surmonter ses doutes, ses angoisses, pour donner le meilleur d'elle-même à son rôle. Tour à tour, et souvent involontairement, chacun des protagonistes de la pièce l'aide à avancer vers la première, point d'orgue livre, bataille d'Hernani moderne.
Je me suis parfois agacée de quelques situations, quelques caractères un peu convenus, comme le metteur en scène tyrannique, à la limite de la folie, mais ai été séduite par l'ensemble, qui au travers du personnage d'Alexandra, conduit d'un souffle jusqu'à la dernière ligne.
Rédigé pour le Prix des Lectrices de ELLE 1994.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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