Homewood, Pittsburgh. C'est dans ce quartier à dominante Afro-américaine où
John Edgar Wideman a passé son enfance, que son regard s'est forgé, que ses expériences de vie se sont construites. C'est à partir de la mise en fiction de la vie de ce quartier, dont il a exploré les différentes dimensions, et de la vie de sa famille qu'il raconte l'histoire de l'Amérique noire.
L'autobiographie, le récit passé et la fiction se mêlent. Je ne sais pas exactement qu'elle est la réalité de l'arbre généalogique présenté en introduction, de cette Sybela Owens, ancêtre esclave fugitive enlevée par un Blanc qui vécu en couple avec elle à Homewood. Remontant encore le temps,
Damballah est un dieu évoqué par un esclave arrivé d'Afrique qui refuse jusqu'à la mort de perdre son identité et ses croyances.
L'Afrique, la libération, la situation actuelle des Noirs en Amérique : telle est la généalogie du récit.
Les différents chapitres vont et viennent dans le temps, chacun axé sur tel ou tel épisode, moment clé de la vie de cette famille : moments de mort ou de naissance, moments où la vie bascule comme celui où Tommy (le frère dans le livre) commet l'agression qui lui vaudra la prison, moments extraordinaires ou très ordinaires qui marquent la vie d'un enfant ; Lizabeta qui entend le pas lourd de son père dans l'escalier lorsqu'il rentre tard et va se coucher
On peut dire aussi qu'il explore à travers l'histoire de sa famille les chemins qui les ont conduit là où ils sont aujourd'hui, son frère et lui : lui universitaire et écrivain majeur de l'Amérique et son frère arrêté pour meurtre avec préméditation. J'ai trouvé sur des sites que son jeune fils a également connu la prison, mais de cela il n'est pas officiellement question même si on peut lire avec ce regard le chapitre consacré à la visite de leur mère à la prison où est son frère.
Le style mérite aussi toute l'admiration du lecteur : ondulant, caressant comme un bain dans lequel on se plonge