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Imaginez un vieux château anglais, austère, auquel se rattachent d'anciennes légendes et probablement un ou deux squelettes, voire des fantômes. Vous avez le décor parfait pour un roman gothique. Eh bien non ! Avec le fantôme de Canterville, vous plongez plutôt dans une nouvelle à l'humour caustique ! C'est que les nouveaux propriétaires des lieux sont des Américains tout à fait rationnels. Qu'en ont-ils à faire, des revenants et des superstitions ? Les fantômes n'ont qu'à bien se tenir, sinon qu'ils dégagent des lieux ! Une taches de sang qui ne veut pas partir ? Il n'y a qu'à utiliser le détergent Extra-Détersif Pinkerton ! Des portent qui grincent et claquent ? Il ne suffit que de huiler le tout. Qu'est-ce que c'est que ces domestiques anglais qui s'évanouissent pour un rien ? Et quand le terrible fantôme qui hante le château se décide à prendre les grands moyens pour terroriser la famille Otis, ses tours n'effraient personne et se retourne contre lui. En effet, les jeunes jumeaux se déguisent en spectre et font peur au fantôme. Même la petite Virginia le prend en pitié. Décidément, les choses ne tournent pas comme prévu. le fantôme, très faible et fatigué, les nerfs à bout, renonce à effrayer ces Américains qui ne respectent rien. Si l'histoire se déroulait à notre époque, il devrait probablement consulter un psychologue… Je vous laisse la joie de découvrir toutes les péripéties et la finale inattendue, elles valent assurément le détour.

L'auteur irlandais Oscar Wilde livre ici une courte histoire fort intéressante et originale. Je m'attendais à tout sauf cela. Incidemment, j'ai ri et souri à plus d'un moment, de cet humour intelligent et de ces aventures improbables mais ô combien divertissantes. Une façon de se moquer de la « bonne société » anglaise de l'époque, qui se prenait trop au sérieux ? Et aussi celle des Américains trop matérialistes. Oui et oui ! C'est très réussi, malgré quelques longueurs dans les descriptions ! Il s'agit d'une lecture que je recommande vivement.

Quelques autres histoires, encore plus courtes, suivent. Je ne les résumerai pas toutes. J'ai bien aimé le prince heureux, dans un registre tout autre qui se rapproche davantage du conte. Il me semble avoir vu, quand j'étais jeune, une adaptation en dessin animé. C'est l'histoire d'une hirondelle qui détache des morceauX d'or plaqué sur une statue pour les porter à des miséreux. Toutes ces nouvelles démontrent le talent et la variété de styles dont était capable le poète et romancier Oscar Wilde.
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Sir Simon de Canterville hante son château depuis des siècles. Personnage peu sympathique — il a tué sa femme Lady Eleonore — il compte bien mener la vie dure aux nouveaux propriétaires, la famille Otis, des Américains qui ne croient pas aux fantômes. Ces derniers commencent par nettoyer la tache de sang, réputé pour ne pas pouvoir être enlevé. le lendemain, la tâche réapparait, les propriétaires la nettoient de nouveau, elle réapparait. Un jour, elle change de couleur. Et ce n'est pas tout, la nuit, les occupants du château entendent des bruits de chaînes. Qu'importe ! Mr Otis propose au fantôme de lubrifier son attirail assourdissant. Et voilà notre fantôme très en colère.
Une petite merveille de fantaisie et d'humour.
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Un fantôme hante la maison de Canterville depuis 300 ans. Elle est achetée par un couple d'américains et ses 4 enfants qui ne croient pas en son existence.

Malgré tout le mal qu'il se donne à longueur de nuits, le Fantôme de Canterville est ridiculisé puis démoralisé par les parents et les fils de la famille, plus pragmatiques les uns que les autres, alors qu'il a été si efficace toutes ces années ! La seule fille de la famille ne participe pas à cette farce et le prend au sérieux.

Un conte humoristique, poétique et sensible qui m'a tiré des sourires jusqu'à la fin, touchante.

Il est suivi par “L'ami dévoué”, “Le Prince Heureux”, “Le rossignol et la rose” et “Le géant égoïste”. Comme Les Fables de la Fontaine ces contes ont une fin morale mais ils ne perdent rien de leur beauté.

J'ai aimé cette écriture toute en finesse et légèreté. Ces contes ne se réservent pas qu'aux adultes mais aussi aux enfants bien qu'ils fassent rarement partie de ceux qui sont lus habituellement.

CHALLENGE MULTI-DÉFIS 2020
CHALLENGE MAUVAIS GENRE 2020
CHALLENGE RIQUIQUI 2020
CHALLENGE XIXe SIÈCLE 2020
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En Novembre 1962, dans son émission "Le Théâtre de la Jeunesse", Claude Santelli avait diffusé "Le Fantôme de Canterville", réalisé par Marcel Cravenne et interprété, entre autres, par Jacques Fabri, Maria Pacôme et, dans le rôle titre, l'excellent Claude Rich.

N'étant, à l'époque, qu'une enfant, autant vous dire que je me fichais totalement de savoir qui en était l'auteur et, quand bien même l'eus-je su, cet Oscar Wilde n'aurait évoqué pour moi rien de plus qu'un prénom amusant.
Je me souviens, cependant, avoir été fascinée par ce téléfilm et être "tombée amoureuse" de ce fantôme. Enfin, comme on peut l'être à 9 ans.

Beaucoup plus tard, j'ai eu la révélation Oscar Wilde et n'en suis toujours pas revenue. Son style, sa verve, son humour, son cynisme, sa classe... une jubilation permanente que ce génial dandy !

C'est donc dans cet état d'esprit que j'ai ouvert ce livre. Quel ne fût pas mon étonnement ! Décidément, cet auteur nous emmène toujours là où on ne l'attend pas.
J'y ai découvert une autre facette de sa personnalité. Celle d'un conteur plein de charme, de tendresse et de poésie.

Qui aurait pensé lire du Oscar Wilde à un enfant ? Pas moi, en tous cas.
Hé bien, j'aurai fichtrement eu tort !
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Quel plaisir de se replongé dans ses histoires que j'ai lu enfant. J'avais adoré l'histoire de ce fantôme, qui n'arrive pas à effrayer la famille qui s'installe dans le château qu'il hante. Je me souvenais moins des 2 suivantes.
Pourtant, le Crime de Lord Arthur Saville dépeint la détresse d'un jeune homme bien sous tout rapport qui tombe dans l'obsession d'accomplir son destin avant son mariage, quand on lui prédit un avenir d'assassin.
Quand au milliardaire modèle, cette courte histoire peut se prendre au premier degré avec la jolie histoire d'une bonne action récompensé, où y voir la décadence d'une certaine noblesse.
Pleines d'ironie avec une touche de cynisme, les nouvelles qui forment ce recueil dépeignent en toile de fond une critique de la société de l'époque victorienne et du bien pensant de l'époque, mais peuvent se lire aussi au premier degré comme de jolis contes à raconter aux enfants.
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Le fantôme de Canterville, publié aux éditions Chandeigne, est un magnifique ouvrage illustré, hommage à la fois au célèbre écrivain Oscar Wilde et au dessinateur satirique argentin Oski. le livre présente conjointement un caractère noble, de par sa couverture en carton rigide, son impression rouge sur fond blanc et la qualité de son papier épais si agréable au touché, ainsi qu'un aspect désinvolte aux travers des illustrations caricaturales, à l'image du récit de son auteur.

Le très célèbre conte d'Oscar Wilde met en scène un piteux fantôme qui ne parvient pas à effrayer les nouveaux habitants de sa demeure, une riche famille américaine. Pourtant si simple en apparence, le récit semble truffé de sous-entendus. Qui en réalité est le plus ridicule ? le fantôme ou la famille ? Là est la question. Plaisante satire des moeurs, du pouvoir et de l'argent de son époque, l'auteur tourne à la dérision tous ces aspects en leur donnant une dimension comique et fantastique, dissimulant également un côté plus sombre car ce fantôme, assassin de sa femme, ne revendique que le pardon de Dieu et la paix de son âme.

Les illustrations d'Oski, joviales et burlesques, ne manquent pas de rendre ce conte encore plus profond et drôle. le dessinateur semble avoir parfaitement saisi toutes les subtilités du récit. Cet ouvrage, délicieux à souhait, n'est pas sans me rappeler le conte M.Bliss de J.R.R Tolkien où l'apparence loufoque camouffle des questions plus profondes, ainsi que certaines illustrations de Tim Burton. Un savoureux mélange.

Un grand merci à la Masse Critique de Babelio et aux éditions Chandeigne de m'avoir offert cet ouvrage de collection.
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Cette nouvelle série de nouvelles bilingues est vraiment bien conçue. D'un côté le texte en français et de l'autre en anglais. À la fin on peut trouver un glossaire et quelques expressions et locutions sans oublier le cd avec l'enregistrement audio du texte anglais.

Le fantôme de Canterville est une nouvelle excellente. J'ai pris bien du plaisir à la lire. Après 300 années à terroriser les occupants de Canterville Chase, Sir Simon se retrouve désemparé face à une famille américaine qui n'est guère impressionnée par ses apparitions qui en ont conduit bien d'autres à la folie ou à la mort...

Un petit bonheur :-)



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Après 950 pages de Karamazov, je me lance dans les nouvelles d'Oscar Wilde, afin de totalement changer d'atmosphère et d'enjeu... Je n'avais lu de lui "que" l'extraordinaire L'Importance d'être Constant (oui, la honte, je n'ai toujours pas lu Dorian Gray, mais ça viendra!) Et le moins que l'on puisse dire, c'est que je retrouve sa malice! Avec en plus des commentaires admirables de Jean-Luc Steinmetz où l'on découvre plein de textes prometteurs de cette période!

Le Fantôme de Canterville : Je m'attendais à une nouvelle fantastique du XIXe siècle dans la veine de la Vénus d'Ille ou de la Cafetière, que nenni! C'est en effet une sorte de parodie, de détournement du genre, auquel on ne s'attend pas du tout! Dans une ambiance gothique à souhait comme on l'aime (l'atmosphère parfaite est d'ailleurs plantée avec un minimum d'éléments, comme chez Agatha Christie, mais encore plus concis!), une famille américaine, les Otis, achète Canterville House, un manoir anglais notoirement hanté. Alors que tout est fait pour que l'on croie au déroulement habituel de la nouvelle fantastique, c'est bel et bien le Fantôme de Canterville qui sera un des personnages les plus pathétiques de cette histoire : Chaque tentative pour lui d'effrayer les Otis se retournera contre lui, et vous aurez ainsi, contre toute attente, l'histoire du fantôme le plus looser de l'Histoire, ridiculisé encore et encore par les nouveaux habitants du manoir!

Mais il y aura un minimum de sérieux au milieu de cette nouvelle farcesque. Les passages avec Virginia sont touchants, et il y a de belles descriptions de la nature, typiques du romantisme et du XIXe siècle. Les piques De Wilde aux américains, sa parodie du fantastique et de l'aristocratie british rappelleront immanquablement l'humour formidable qui était aussi le sien dans L'Importance d'être Constant... Une très agréable lecture donc, comme souvent, avec Wilde!

Le Crime de Lord Arthur Savile : Parodie de nouvelle policière et de récit à la Docteur Jekyll et Mister Hyde, il faut cependant y souligner la qualité de l'écriture et l'incroyable traduction, là où le Fantôme de Canterville pouvait souffrir de phrases à rallonge... Il y a de très belles phrases et réflexions sur la condition humaine et le destin parmi les réflexions du protagoniste Lord Arthur Savile. Ce monsieur, lors d'une soirée mondaine, se fait prédire son avenir par un chiromanicien, qui lui annonce alors, terrifié, qu'il va commettre un meurtre. Arthur n'a absolument pas la réaction attendue : Après une nuit de terreur où il se sent accablé par le destin et un avenir tout tracé impossible à empêcher, il va vouloir lui-même réaliser cette prophétie afin qu'elle ne le prenne pas au dépourvu et aussi pour qu'elle ne puisse anéantir son mariage à venir. Logique à la fois implacable et absurde qu'est la sienne, où on reconnaît bien l'humour De Wilde! Humour qui continue dans ses représentations ridiculissimes des mondains, que ce soit à la soirée du début, et dans d'autres scènes, ainsi que dans les tentatives de meurtres pitoyables qui vont être effectuées par Savile... Je ne dirai rien de la fin, mais l'imagination et l'humour De Wilde ne déçoivent pas!

Le Millionnaire Modèle : Fable beaucoup plus courte, très belle, sur l'argent et le paraître, où l'on sent énormément de reflets avec Dorian Gray (du moins je les devine, ne l'ayant pas lu). le personnage artiste peintre à l'amitié au potentiel sous-texte homosexuel renforce cette intertextualité, ainsi que ses discours sur l'art et la beauté. le protagoniste Hughie Erskine, jeune homme très beau mais fauché, doit épouser Laura Merton, mais le père de celle-ci exigera qu'il possède 10000 livres bien à lui. Un jour, Erskine rendant visite à un ami peintre, fait la charité au mendiant qui lui sert de modèle... Je ne dirai rien de la suite. La traduction, là encore, nous régale.

Le Sphinx sans secret : Lord Murchison conte au narrateur son histoire d'amour avec Lady Alroy, dont il ne put, et ne pourra s'empêcher de penser qu'elle possède un terrible secret qu'elle lui a toujours caché... Là aussi, très brève histoire, mais d'autant plus efficace, avec le thème de l'apparence cher à Wilde, une atmosphère et une écriture (et donc traduction) délectables.
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Mais quel plaisir que ce conte!!! Je l'avais lu adolescente et je pense que je me suis autant amusée aujourd'hui qu'à l'époque!
C'est l'histoire loufoque d'une famille américaine achetant un manoir britannique hanté par un fantôme ayant déjà trois cent ans d'expérience en tours d'épouvante et autres cris lugubres destinés à faire fuir les occupants des lieux. Sauf que chez les Otis, on ne se laisse pas impressionner aussi facilement! C'est qu'en Amérique, on est très pragmatique et dans leurs bagages, nos heureux nouveaux propriétaires ont apporté tous les remèdes possibles venant à bout des tracas du quotidien, et visiblement, contre (ou pour) les fantômes aussi...
Comment va donc s'en sortir notre pauvre revenant, Sir Simon, pour retrouver son honneur et sa dignité spectrales?
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Je voulais relire depuis quelques temps déjà du Oscar Wilde, mon choix s'est porté sur ce recueil de contes qui contient, outre "Le fantôme de Canterville", "Le crime de Lord Arthur Savile", "Le Millionnaire modèle", "Le Sphinx sans secret".

Le fantôme de Canterville

"Lorsque Mr. Hiram B. Otis, le ministre américain, acheta le domaine de Canterville Chase, tout le monde lui dit qu'il faisait une folie car il n'y avait pas le moindre doute que le manoir fût hanté."
Et effectivement, le manoir est bel et bien hanté, mais qu'à cela ne tienne, Mr. Otis accepte de "prendre le mobilier et le fantôme à leur valeur d'estimation".
Il s'installe alors avec sa petite famille et ne tarde pas à croiser le fameux fantôme, Sir Simon de Canterville ayant assassiné sa femme dans le salon.
C'est dans ce même salon que se trouve une tache de sang qui dès le premier jour émeut Mrs. Otis : "Mais c'est abominable [...] je n'aime pas du tout les taches de sang dans une pièce où l'on se tient. Il faut la nettoyer tout de suite", nettoyage qui fut alors la première contrariété du fantôme car le : "Super-Kinettoy et Extra-Détersif Pinkerton enlèvera ça en un rien de temps".
Ce ne fut que le début, le fantôme ne cessant d'être contrarié dans ses plans par les jumeaux ou involontairement par les autres membres de la famille Otis.
Cette situation aurait pu durer encore longtemps, mais Virginia finit par percer à jour la vraie nature du fantôme en parlant avec lui. Elle découvre alors la dure réalité de sa vie et le pourquoi de son statut actuel d'entre les morts.
Si le reste de cette histoire m'a fait sourire à de nombreuses reprises, j'ai été particulièrement touchée par ce tête-à-tête entre Virginia et le fantôme de Sir Simon de Canterville, lorsque celui-ci lui confie toute sa détresse : "Comme la mort doit être belle ! Reposer dans une terre molle et brune, tandis que les herbes vous ondulent au-dessus de la tête, et écouter le silence ... N'avoir pas d'hier, et pas de demain ...Oublier le temps, oublier la vie, être en paix...".

Ce conte a certains aspects poétiques et sous couvert d'un récit fantastique et gothique, Oscar Wilde prend au contraire un malin plaisir à prendre ce genre littéraire à revers.
Ainsi, être spectre n'est plus un état mais un métier, d'ailleurs Sir Simon y goûte fort et prend sa tâche très au sérieux, aussi bien celle du salon que son état de spectre.
Il se retrouve finalement pris à son propre piège : au lieu d'effrayer il l'est, au lieu de jouer des tours aux occupants du manoir c'est lui qui est la victime de leurs pièges et de l'espièglerie des jumeaux.
Il y a également un côté très théâtral aux apparitions du fantôme, celui-ci passe d'ailleurs beaucoup de temps à réfléchir à ses prochaines apparitions et au personnage qu'il endossera alors. Il ne sera révélé à la fin qu'en réalité ce fantôme est bien malheureux de son état et a toujours un côté d'humanité en lui par le biais de regrets sur ses actes passés.
De plus, en prenant la famille Otis, l'auteur en profite pour écrire une satire sur les familles américaines de l'époque et n'hésite pas à les opposer avec les familles anglaises.
Pour preuve, les Otis sont qualifiés de "famille grossière" par le fantôme.
Le personnage de Virginia fait sans doute exception à cette satire, il tient plus du conte de fée, de l'apparition irréelle et de la bonne âme prête à rendre service au fantôme, la personne qui se soucie d'abord des autres avant elle-même.
Je trouve qu'il y a un côté "Tim Burtonien" à cette nouvelle, en tout cas c'est une histoire qui conviendrait assez bien à l'univers de ce réalisateur.
Il y a également beaucoup de scénettes amusantes, ce qui rend la lecture agréable et a sans doute contribué au succès de cet écrit d'Oscar Wilde.

Cette lecture fut un pur moment de bonheur.

Le crime de Lord Arthur Savile

J'avoue m'être demandée pendant un certain temps où l'auteur voulait en venir avec ce conte.

Tout commence par la rencontre entre Lord Arthur Savile et Mr. Podgers lors d'une réception chez Lady Windermere.
Cette dernière présente toute fière à ses amis sa nouvelle marotte : un chiromancien, Mr. Podgers.
Alors que celui-ci prédit l'avenir à tous les invités, il blêmit quand vient le tour de Lord Arthur. Car il lui prédit un crime, et pour Lord Arthur Savile : "Cette lui causa une nausée d'horreur".

Mais surtout à partir de ce moment, ce personnage perd complètement pied et élabore sa vie en fonction du crime qu'il doit commettre.
Pour lui il ne sera pas heureux tant qu'il n'aura pas commis ce crime, il suspend alors ses fiançailles, choisit sa cible, tente de l'assassiner et prend du recul.
Oui mais voilà, il est tout sauf aisé d'assassiner quelqu'un et ce pauvre Lord Arthur Savile connaîtra quelques revers avant de réaliser son forfait.

Le sous titre de ce conte est "Une étude du devoir", il est assez drôle de constater que l'auteur a voulu traiter par là le fait de devoir faire quelque chose, en l'occurrence un crime, pour atteindre le bonheur et connaître la satisfaction du devoir accompli.
Car finalement, le coeur de la vie d'Arthur Savile va être ce crime à perpétrer pour pouvoir être heureux, et il construira un bonheur illusoire, perdant toute confiance en lui et croyant devoir son bonheur à un crime plutôt qu'à lui-même.
Ce personnage vivre désormais en étant superstitieux : "Il ne faut pas dire du mal de la chiromancie dans cette maison, Lady Windermere; c'est le seul sujet sur lequel Arthur n'aime pas qu'on plaisante. Je vous assure qu'il la prend on ne peut plus au sérieux."

Oscar Wilde livre avec ce conte une vue particulièrement aiguisée de la société victorienne, tout en jouant avec l'ironie : l'évidence échappe totalement à celui qui émet la préduction et à celui qui la reçoit.
Il livre là un personnage intéressant vivant une sorte de dédoublement de la personnalité : mondain sous certains aspects et mauvais garçon de l'autre, fréquentant les quartiers louches et cherchant à homicider un proche.
C'est une nouvelle finalement assez sombre mais intéressante à découvrir.

Le Millionnaire modèle

"A moins d'être riche, il est absolument inutile d'être un garçon charmant."

Au moins comme cela, tout est dit dès la première phrase et le décor est planté.

J'ai retrouvé dans ce conte une certaine droiture morale déjà rencontrée dans d'autres contes de ce recueil, la gentillesse et la bonté finissent par être récompensées : "Les modèles millionnaires, fit observer Alan, sont passablement rares; mais grand Dieu, les millionnaires modèles le sont encore davantage !"

L'autre tour de force de ce conte, c'est qu'il est entièrement écrit à partir d'un jeu de mot sur le modèle millionnaire.
Ce dernier a décidé de se faire peindre habillé de guenilles et c'est par un geste de pitié envers celui qu'il prend pour un pauvre que Hughie Erskine va trouver la voie de son bonheur et pourra épouser la jeune femme qu'il aime.

C'est court, bien tourné, et résolument optimiste, un vrai régal à lire.

Le Sphinx sans secret

"J'étais assis, un après-midi,à la terrasse du Café de la Paix, contemplant la splendeur et la misère de la vie parisienne, et m'émerveillant, tout en buvant lentement mon vermouth, du panorama étrange d'orgueil et de pauvreté qui défilait devant mes yeux"

Ce conte pourrait être sous titré "Où comment rendre une histoire somme toute banale captivante".

Ici, Oscar Wilde décide de peindre par le biais de son narrateur l'histoire d'une femme, Lady Alroy, on ne peut plus mystérieuse et qui ne cessera d'intriguer le narrateur.
Mais au lieu de s'adresser directement au lecteur, le narrateur raconte son histoire à Murchinson, un ami qu'il revoit.

L'histoire tend vers le mystère, le lecteur ne peut s'empêcher de faire des suppositions sur cette femme et le secret qu'elle cache, mais Oscar Wilde finit par réduire ce mystère au simple besoin de mystère : "Lady Alroy était simplement une femme qui avait la manie du mystère."
Malgré cette résolution, la dernière phrase est ouverte et continue de soulever des interrogations : "Je me le demande ?", compensant ainsi le sentiment de déception que pourrait avoir le lecteur à la lecture de ce conte.
Car finalement, Lady Alroy n'a peut être pas révélé tous ses secrets ... .

En conclusion, j'ai pris beaucoup de plaisir à relire ce recueil de contes d'Oscar Wilde.
Néanmoins, je ne peux me départir du sentiment d'être passée à côté de quelques subtilités de langage de la part d'Oscar Wilde du fait que je l'ai lu en français et non en anglais.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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