Vous apprenez à dire merci à votre enfant. En réalité, vous lui apprenez à dire merci par politesse et non parce que c'est ce que l'enfant a l'intention de dire. En d'autres termes, vous commencez à lui apprendre à mentir, c'est à dire à se conformer aux usages jusqu'à une certaine limite à partir de laquelle la vie devient supportable. Vous savez parfaitement bien que l'enfant ne veut pas toujours dire merci. La plupart des enfants réussissent à accepter cette malhonnêteté comme prix à payer pour leur socialisation.
C'est ce qu'il y a de terrible dans les examens, qui sont tous, plus ou moins, des rites d'initiation. Cela commence au cours préparatoire et se poursuit jusqu'à l'université en passant par le secondaire. Ce que l'on teste, ce n'est pas seulement, semble-t-il, la capacité intellectuelle de l'individu, qu'on pourrait mesurer avec un simple test de Q.I., mais aussi l'aptitude de cet individu à se soumettre et à supporter d'être plus ou moins faux, cela pour gagner quelque chose de social qui puisse être exploité une fois passée la période où les privilèges et les obligations d'un étudiant lui confèrent une place très particulière, qu'il ne conserve malheureusement pas éternellement.
Prenez maintenant deux bébés: l'un a des capacités qui se traduiront plus tard par un Q.I. élevé, l'autre a un Q.I. au-dessous de la moyenne. le bébé doué apprend vite à reconnaître "d'après les bruits" que quelque chose à manger est en train de se préparer. Sans parler, le bébé se dit: "ces bruits me laissent présager de la nourriture, tiens bons! Il y a une chance que tout aille bien." L'enfant médiocrement doué est davantage à la merci de la capacité de la mère à s'adapter et, pour lui le symbole X minutes est plus précis. Comprenez-vous maintenant comment l'intellect aide à supporter la frustration?
On m'a appris que la dépression contenait en elle-même le germe de la guérison. C'est la face claire de la psychopathologie: la dépression a un rapport avec le sentiment de culpabilité (lequel est le signe d'un développement sain) et le processus de deuil. Le deuil lui aussi finit par achever son travail. La tendance naturelle à guérir rapproche également la dépression du processus de maturation à l’œuvre au cours de l'enfance, processus de maturation qui, dans un environnement facilitant, conduit à la maturité personnelle, c'est à dire à la santé.
En fait [l'enfant] organise sa vie d'une manière constructrice pour ne pas être trop dérangé par la destructivité bien réelle qui continue d'agir en lui. Pour atteindre ce stade de développement, l'enfant a absolument besoin d'un environnement qui, à certains égards, soit indestructible: les tapis seront salis à coup sûr (...), il y aura parfois un carreau cassé; il n'empêche que la maison tient debout, et à l'arrière-plan, il y a la confiance de l'enfant dans la relation entre ses parents; la famille fonctionne. Lorsque survient une déprivation à la suite d'une perturbation dans le foyer (la séparation des parents, par exemple), il se passe quelque chose de très grave dans l'organisation psychique de l'enfant. Brusquement, ses idées et ses impulsions agressives deviennent dangereuses.
Dans le cadre de la Semaine PhiloMonaco 2023
Présenté par Robert Maggiori, philosophe, membre fondateur
Avec
Sébastien Talon, psychanalyste et psychothérapeute
Gare à le perdre! L'enfant le cherche toujours, le tient dans ses mains, le met dans sa bouche, et sans lui ne peut s'endormir. Pourquoi le nounours, le bout de tissu, la girafe ou le petit singe – autant de formes de doudou – sont si importants? Qu'est-ce qu'un « objet transitionnel »?
« Ce n'est pas l'objet qui est transitionnel, l'objet représente la transition du petit enfant qui passe de l'état d'union avec sa mère à l'état où il est en relation avec elle, en tant que quelque chose d'extérieur et de séparé. » (Donald Winnicott)
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