Avant toute chose, pour savoir de ce qu'il est question dans le livre
Le retable (du latin retro tabula altaris : en arrière d'autel) est une construction verticale qui porte des décors sculptés ou peints en arrière de la table d'autel. L'étymologie du mot français est la même que l'espagnol retablo, lorsque le terme italien est pala d'altare.
Il est fréquent qu'un retable se compose de plusieurs volets, deux pour un diptyque, trois pour un triptyque voire davantage pour un polyptyque.
« Je compris que notre peinte était aussi un peu alchimiste, à ceci près qu'il ne cherchait pas, lui, à transformer le plomb en or mais tout simplement à obtenir les plus belles couleurs pour honorer notre Seigneur. »
Ce livre, présenté comme un roman, mais à mon sens se situe à mi-chemin du récit et du roman. Il combine à la fois une narration avec le "je" qui est l'assistant de Maître Mathis , et un mode plus impersonnel dans une grand partie du livre. Cela n'altère en rien sa qualité, c'est simplement une impression personnelle qui n'engage que moi.
Je remercie News books et les éditions Verger, maison alsacienne, qui m'ont permis de lire ce livre, et par la même occasion de mettre à l'honneur par ouvrage original une région magnifique qu'est l'Alsace ; et pour y habiter tout près je peux en attester doublement.
Michel Winter a su très bien, dans un vocabulaire et avec un style accessible, amener son lecteur sur les chemins de l'art, de la religion, de l'histoire nous instruire de manière pointue, et savante, sans alourdir son teste ni assommer le lecteur.
J'ai lu ce livre avec beaucoup d'intérêt : avec le plaisir du roman, et l'attractivité du livre de connaissance.
Nous sommes en 1512, en haute Alsace il sévit une terrible épidémie de maladie des ardents, ou le feu de St Antoine. Maître Mathis, reçoit une commande pour un retable pour la communauté des Antonins d'Issenheim.
C'est sous la plume de Johan, son apprenti que nous suivrons tantôt de manière romanesque, et tantôt sur le mode plus documentaire (parce qu'il y a beaucoup de lacunes historique sur la question, qu'à partir du moment où les faits ne sont plus établi, l'auteur s'est osé à la liberté) la naissance de cet oeuvre d'art encore exposée en Alsace.
L'auteur montre avec talent comment la piété d'un artiste va l'inspirer dans son oeuvre, comment toutes les interrogations qui l'animent durant les 4 ans de genèse du retable vont au fur et à mesure le faire cheminer.
L'auteur n'en oublie pas pour autant le contexte politique et religieux de l'époque : la haute Alsace est dans le St empire germanique, et est fortement influencée par la réforme protestante, qui fera beaucoup douter le peintre. le climat inquisitoire, avec notamment le sort réservé à celles que l'on soupçonnait de sorcellerie est bien abordé.
J'ai aussi beaucoup apprécié la précision des descriptions géographiques et des édifices ; en particulier la cathédrale de Strasbourg…
« Jamais il n'a vu, dans ce monde rhénan pourtant riche en sanctuaires somptueux, une construction aussi élancée, aussi richement décorée. Et cette pierre, le grès des Vosges qui se sculptait comme de la dentelle, accrochait et réverbérait les rayons du soleil dès le début de l'après-midi, quand l'épais brouillard qui parfois pesait sur la cité se levait sur les toits et les quais humides de la ville. »
Les techniques artistiques, et les matériaux utilisés pour les couleurs sont très bien abordés, avec juste de théorie mais pas trop.
Au final, j'ai beaucoup appris tout en détente et plaisir. Je n'ai qu'une hâte : me précipiter au musée Unter-Linden de Colmar où ce retable est exposé.
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