Voici un roman touchant, brillant qui nous entraîne avec bonheur du Paris bohème à l'ère du jazz, au Cuba de l'après - guerre, en passant par la Floride assoiffée des années 1930 , à l'Espagne bombardée puis les démons, les noires pensées dont chacune des quatre femmes d'Ernest Henningway espérait le sauver …..
Cet ouvrage étincelant explore avec esprit , donne voix , avec grâce, légèreté et profondeur à la fois aux quatre épouses successives de cet homme « l'homme de trop de femmes » où, cyniquement , derrière chaque photographie de couple , planait le ou les fantômes des femmes précédentes .
Les épouses se passaient le témoin dans une course de fond,…
D'abord la tendre , généreuse, réservée , musicienne aussi, Hadley, elle partagea avec amour le temps des vaches maigres à Paris , ( mais heureuse ) , elle veilla toujours sur lui même lorsqu'il rencontra et épousa Pauline Pfeiffer, probablement, sûrement même celle qui l'aima le plus passionnément : elle ne se remariera pas., celle qui a le plus souffert.
Elle le délesta de tout souci matériel car elle était riche.
Il put écrire sereinement .
Puis Martha, intrépide, indomptable, , brillante , baroudeuse , infidèle, journaliste .
Elle fut la seule à le quitter .
Car il avait en ligne de mire , Mary Welsh, la très dévouée journaliste anglaise qui l'accompagnera jusqu'à sa mort .
Non seulement c'était un homme « à Femmes » mais il les épousait .
Séduisant, séducteur compulsif, irrésistible, vénéré et révéré par tous, , baroudeur', ami de Fitzgerald ,porté par l'amour des mots, de l'écriture , la chasse , les taureaux mais surtout l'alcool, « Où se trouve Ernest l'alcool coule toujours à. flots » .
Il aimait l'orgueil de hisser son couple sur le devant de la scène …..
Ces quatre portraits rendent ces épouses infiniment proches , attachantes , piquantes , originales , chacune à leur manière .
Toutes l'ont aimé passionnément tour à tour.: Pauline le plus comme je l'ai écrit plus haut.
Un très beau roman « biographique » qui leur donne la parole de belle manière : élégante , expressive , touchante ,voluptueuse .
J'ai beaucoup aimé le style aérien de l'auteure , redonnant vie à des personnages très différents, forts , complexes , dans des atmosphères changeantes du tout au tout du Paris bohème à Cuba , la Floride, la côte d'Azur, l'ambiance des années folles , les années de guerre,, l'Espagne bombardée ….
On comprend mieux cet homme charmeur , au sourire ravageur , faisant tomber les femmes dans ses filets., jusqu'aux démons ……
Elles ont sacrifié un peu d'elles - mêmes pour en ériger le mythe .
Très belle évocation vivante , passionnante , parfaitement documentée .
Bravo à l'auteure !
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Dans l'histoire de leurs vies, que Mary avait imaginée plus d'une fois, elles lui survivaient toutes - et Ernest lui-même vivait très vieux. Elles finissaient par se réconcilier et devenir enfin elles-mêmes : Hadley Richardson, Pauline Pfeiffer, Martha Gellhorn et enfin, elle, Mary Welsh.
Une famille mal assortie. Des soeurs improbables.
Elle écoute des mazurkas et s'enveloppe dans la couverture d'Ernest, s'abritant dans ce qu'il reste de son odeur. Assise dans son fauteuil, elle écoute les efforts du piano aux passages rythmiques difficiles et comme toujours, le saphir saute au même endroit. C'est la musique qu'ils écoutaient à Paris et la ramène à leur chambre au Ritz, quand la cordite explosait à la fenêtre pendant qu'elle faisait l'amour à cet homme qui voulait devenir sou mari. Mary avait lu une interview de Martha dans laquelle elle disait écouter du Chopin avec Ernest pendant que les avions bombardaient Madrid. Elles partageaient donc la même musique, peu importe. Ernest devait, par la force des choses être partagé. Et puis il n'y avait pas seulement deux femmes dans son mariage ; il y en avait toujours quatre - Hadley, Fife, Martha et Mary. Il fallait s'en accommoder.
« À son retour à Paris , les caniveaux charriaient des ruisseaux poussiéreux de fleurs de printemps et l’air était si rempli de pollen qu’il lui piquait les yeux . Hadley pensa que leur vie allait reprendre comme avant .
Il n’y avait , après tout, aucune preuve : aucun flagrant désir de baiser, aucune trace de parfum sur son manteau , aucune lettre d’amour.
Et aucune rumeur n’était parvenue jusqu’à elle . Il s’agissait sans doute d’une extravagance de plus de son amie … » .
« La maison de Fife est splendide .
Les murs sont ornés de têtes aux longues cornes magnifiques et aussi dures que l’écorce : impala, koudou, oryx .
Lorsque les volets sont ouverts , une brise en provenance du golfe pénètre dans la maison charriant avec elle un parfum de tamarin , de frangipane et de banane » .
« Martha a toujours préféré la deuxième Mrs Henningway, celle qu’elle a dépouillée.
Fife , au moins avait eu la trempe de la haïr ; la timide reddition de Hadley lui était insupportable.
Quelle calamité pour cette pauvre femme d’être affligée d’autant de bonté. »
Naomi Wood se prête au jeu des questions / réponses autour de son livre "Mrs Hemingway". Petit avant goût avant la sortie en librairie le 11 mai 2017!