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François Happe (Traducteur)
EAN : 9782351780312
400 pages
Gallmeister (15/01/2010)
3.54/5   14 notes
Résumé :
Véritable trip hallucinogène, Méditations en vert suit les membres d'une unité de renseignement militaire durant la guerre du Vietnam: Claypool, à qui l'on avait promis un emploi de bureau et qui se retrouve au milieu des combats; Payne, obsédé par le film sur la guerre qu'il est en train de tourner; Kraft, un agent de la CIA qui finira par se fondre dans la jungle... Dans cette compagnie qui vit en autarcie en attendant avec inquiétude une possible attaque, la drog... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un oppressant pavé halluciné de 400 pages dans la mare glauque de la guerre du Vietnam.
Paru 4 ans après le voyage au bout de l'enfer du cinéaste Coppola, "Apocalypse Now".

L'auteur, Stephen Wright, 64 ans, ancien du Vietnam, de retour de guerre, se lance à l'assaut de l'écriture. Professeur à Princeton, il enseigne aujourd'hui l'écriture à New-York.

Dans une jungle obsédée de vert, l'auteur nous immerge, jusqu'à suffoquer, dans les boues nauséabondes de la guerre du Vietnam.
Le soldat James Griffin, de l'unité de renseignement militaire (un alter ego de l'auteur ?) se bat pour conserver, sauver sa santé mentale et...sa peau...
Beaucoup de ses camarades de "casse" finiront morts au combat ou reviendront au pays...morts-vivants.
Le style hyperréaliste de l'auteur (impeccablement traduit) cauchemardera le lecteur. Décidément, cette guerre "d'appelés" a terriblement et durablement traumatisé le peuple américain.
James Griffin, la guerre finie, se réfugie dans l'étude des plantes vertes intérieures (l'obsession du vert ?). Auprès de sa petite amie Huey, une artiste-peintre loufoque et de son copain Trips, un rescapé-déglingué du Vietnam, James tente de se reconstruire dans une Amérique qu'il ne reconnaît plus...une Amérique qui ne le reconnaît plus.

Ce livre est difficile, mais il contient aussi des passages souriants : la description du camp militaire comme un guetto hippie, la permission ratée à Saïgon, la préparation de la visite des lointains chefs, par exemple.
Rire nerveux du lecteur au détour d'un dialogue, d'une scène.
Car tous ces soldats sont, deviennent plus ou moins dingues. Souvent drogués (à écouter "Foxy Lady" de Jimi Hendrix), alcoolisés (à se battre dans le mess des Officiers), mais surtout apeurés, ils ont tous "un grain".

La guerre finie, le livre fermé,
le retour à la réalité est dur pour tout le monde !
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Stephen Wright est né en 1946, appelé sous les drapeaux en 1969 et envoyé au Vietnam l'année suivante. de retour aux Etats-Unis il publie en 1983 Méditations en vert unanimement salué par la critique à sa sortie. A ce jour il a écrit quatre romans et il vient tout juste d'être traduit et publié en France.
Méditation en vert nous replonge dans l'enfer de la guerre du Vietnam mais rarement l'expression galvaudée et devenue cliché n'a été aussi adaptée que dans ce livre. Pour vous en faire une idée je vous citerai le film Apocalypse Now. Rappelez-vous ces images surréalistes faites de violence terrible, de rock'n roll en fond sonore, de visions hallucinatoires dues aux drogues, d'Américains surarmés et de Vietnamiens pieds nus, imaginez ces odeurs de napalm, de sueur et de sang, de végétation en décomposition sous la chaude humidité, de shit entêtant et enivrant. Toutes ces images me sont revenues en mémoire à mesure que je m'enfonçais dans la lecture de ce roman.
Car on s'y enfonce, traçant notre chemin de lecture à la machette, surtout au début du roman particulièrement ardu et déroutant qui peut vous donner envie d'abandonner tant sa compréhension en est difficile. Et puis lentement, on s'habitue, on se laisse prendre par la forme éclatée de la narration où le vrai se mêle aux fantasmes et hallucinations causés par les drogues.
Si vous avez tenu jusque là, vous faites désormais partie de l'unité de renseignement militaire où nous accompagnerons James Griffin qui cherche à conserver sa raison, Kraft l'agent de la CIA, Wendell qui filme la guerre, le commandant Holly ou le soldat Franklin un black énervé et le trop jeune Claypool.
Certains passages du roman sont très difficiles à lire car ils semblent écrits sous l'empire d'un hallucinogène puissant mais si vous arrivez à passer outre, vous lirez un très beau livre sur la folie absurde de la guerre, folie dans le sens premier de délire, démence, qui atteint des sommets lors de cette guerre.
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Drogues (dures), insomnies ponctuées de cauchemars, symbiose végétale et marche dans la ville sont le quotidien de James Griffin, soldat rentré mal en point du Vietnam, où il servait dans une unité de renseignement militaire.
Le récit alterne narration à la 1re personne, pour l'errance urbaine aux États-Unis, et à la 3e personne, lorsqu'on suit différents soldats dans la folie de la guerre. de folie, il est principalement question ici. La folie d'un monde. Des personnages. de la nôtre, lecteurs. Folie et tendresse hésitante, respiration minimale, ici et là. À quoi s'ajoute une série de « méditations en vert », empreintes d'un humour discret, autour de la vie des plantes.
Du cauchemar poisseux, humide, gris-vert qu'est devenue la vie de James Griffin à son retour de la guerre, l'auteur (dont on lira également La Polka des Bâtards ou encore États Sauvages, chez Gallimard) extrait un récit fascinant, tant dans son propos - d'une violence trouble, comateuse - que dans son rythme, sa construction, son style ; récit qui appelle, en tout cas pour moi, lecture et relectures - une forme d'addiction, les années passant, depuis sa traduction en français en 2010 chez Gallmeister.
À l'occasion, vous emporterez ce livre sur l'île déserte qui vous sera un jour attribuée afin, notamment, de vous souvenir du peu qui pourrait être sauvé du naufrage qu'aura été l'humanité : pour commencer, un minimum d'attention, d'empathie (à la manière, peut-être, dont Chögyam Trungpa, dans le Mythe de la Liberté, parle de la respiration comme d'une « faible référence »). « Est-ce que vous avez parlé à une plante aujourd'hui, est-ce que vous avez fait preuve de gentillesse à l'égard de quelque chose de vert ? » (Stephen Wright).
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Good morning Vietnam!

James Griffin se retrouve au Vietnam dans une unité de renseignements militaires, à s'user les yeux sur des photos prises d'avion. Autour de lui, chacun cherche à survivre, compte les jours, pète les plombs, fait tourner la drogue, etc. Stephen Wright sait raconter une histoire sans trop insister parfois (et ça vaut mieux, quelques détails réalistes, ça suffit largement). Les dialogues sont ciselés, l'humour caustique omniprésent, permettant de survivre, et au lecteur de continuer, qui se demande quand même où il a mis les pieds, car il y a du lourd dans cette unité... Wendell qui ne pense qu'à tourner un film (avec éventuellement les américains grimés en viet-congs), un sergent-chef à vérifier que tout le monde obéit aux consignes, un colonel devant déjouer des tentatives d'assassinat de la part de ses soldats...), des bleus découvrant la jungle et l'horreur de la guerre.

Griffin et son pote Trips survivront, mais dans quel état... La narration est coupée par le récit de leur vie d'après, plutôt hallucinée, Trips cherchant à se venger du sergent-chef, justement.

Un grand roman, à lire absolument

Plein de trucs du genre :
"La première fois que j'ai entendu parler de l'agent orange, confessa Griffin, j'ai vu un morceau de fruit enveloppé dans un imperméable."

Les 30 dernières pages ne se lâchent pas. Je peux divulgâcher, c'est sans importance, figurez-vous que durant une projection de film avec des morts-vivants, les vietnamiens attaquent!
"A chaque fois qu'on a un bon film, se plaignit quelqu'un.
C'est à se demander s'ils n'ont pas un double de la programmation de nos films, ou quelque chose comme ça."
"A la section Recherche et Analyse, un plateau de jetons de Scrabble fut projeté par terre.
Eh bien, Messieurs, dit le sergent Maloney d'un vois traînante, on dirait que le 5ème régiment NVA nous a trouvés le premier."
"Un mortier marqua un trou dans le terrain de basket, une roquette enleva les cuisines de l'arrière de la cantine."
"Le sergent Anstin ordonna à deux soldats de prendre sur un bloc-notes, à la lumière d'une lampe de poche, le nom de tous ceux qui n'avaient pas leur casque, ni leur gilet pare-balles."
(et c'est juste le début de la fin...)

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Je dois à Keisha cette lecture qui m'a plombé le moral pendant deux semaines au moins. J'ai vraiment été soulagée quand j'ai refermé ce roman après les quinze méditations. Je ne suis pas certaine de bien vous rendre compte de ce roman tant il m'a déroutée. Nous suivons une compagnie chargée du renseignement au Vietnam, on imagine facilement les techniques utilisées pour obtenir ces renseignements. Et ne vous inquiétez pas, si par hasard vous n'en aviez aucune idée, ces techniques vont vous être expliquées dans les moindres détails, jusqu'à votre écoeurement et certainement aussi celui des soldats. Pour supporter ce genre de séances les soldats se droguent et dans leur cerveau embrumé la réalité devient fantasmagorique, et le lecteur ? et bien moi je maudissais Keisha mais je ne voulais pas être mauviette ni faux-cul et passer ces passages. J'ai donc tout lu en remarquant que le soldait de base a des envies de meurtre sur son supérieur quand celui-ci tue son chien mais reste impassible devant la mort en série des Viets. Mes difficultés de lecture ne disent rien de la qualité du roman . C'est un texte très dense, construit avec des allers et retours continuels entre la vie au pays après la guerre et la guerre elle même en particulier la défaite américaine. Entre les rêves cauchemardesques nourris avec toutes les drogues possibles et la réalité de la guerre. J'ai retenu de cette lecture :

Que personne ne pouvait en ressortir indemne.
Que personne ne pouvait y être préparé.
Que même dans des moments aussi terribles, on peut tomber sur quelqu'un d'aussi borné que le sergent Austin qui semble n'être là pour rendre la vie encore plus difficile aux hommes sous ses ordres.
Que sans la drogue, les soldats du contingent n'auraient pas pu tenir très longtemps dans cet enfer.
Lien : https://luocine.fr/?p=12171
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
« Une enfant maigrichonne et maladive s’avança vers lui, ses profonds yeux noirs résolument fixés sur les siens. Elle avait plusieurs plaies au bras gauche, un côté du visage brûlé, et une partie de ses cheveux étaient roussis. Elle devait avoir neuf ou dix ans. Elle avait besoins de soins médicaux. Le voyant près du grand chef avec les barrettes, elle avait dû penser qu’il était médecin. Kraft lui sourit. – Non de Dieu ! s’exclama quelqu’un. Elle tient une grenade ! Les hommes autour de Kraft se jetèrent au sol pour se mettre à l’abri. Il pouvait voir la grenade maintenant grosse comme un melon dans une main aussi minuscule. Il ne pouvait dire si elle était dégoupillée ou non. La petite fille continuait à avancer vers lui tranquillement. – Arrête-toi ! hurla Kraft. Dung lai ! Il leva son fusil. La petite continuait.
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Il y avait le chef de la section des interrogatoires qui appelait cette dernière la Clinique dentaire et qui faisait des cours sur l’extraction d’informations vêtu d’un tablier à barbecue représentant un malheureux cuisinier de banlieue derrière son grill de jardin sur lequel des steaks fumaient comme une aciéries de Gary dans l’Indiana, au-dessus d’une pancarte portant la légende BRULÉ ou CARBONISÉ et qui, lorsqu’il n’était pas occupé à mettre au point des nouveautés aussi futées que celle qui consistait à placer de façon décorative des punaises à carte sur la surface de l » œil après les avoir fait chauffer, pratiquait le jet d’eau orientale, une opération au cours de laquelle on bloque la bouche grande ouverte avec des cales de bois et on inonde la gorge ainsi relevée, les narines et les yeux de litres et des litres d’eau non potable jusqu’à ce que la nausée et l’étouffement qui s’ensuivent provoque l’expulsion incontrôlable de toute nourriture non digérée, de l’eau, des mucosités et des coordonnées géographiques précise du bataillon auquel appartient le patient.
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Griffin revint sur son travail depuis son arrivée en République du Vietnam. Tout d’abord, l’évaluation des dégâts causés par les bombardements ; maintenant, des études sur la défoliation. Il avait vu le pays se couvrir d’acné, maintenant il allait le voir perdre ses cheveux. Tôt ou tard, il se rendait bien compte que ce n’était qu’une question de temps, ils allaient lui demander de se mettre à quatre pattes, d’astiquer son squelette et de mesurer sa boîte crânienne avec un compas d’épaisseur en acier
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Procédant par élimination, sa pensée se réduisit à un fil de divagation. L’os frontal se fragmenta en un tourbillon de particules de poussière d’ivoire, explosant les lobes du cerveau à la fraîcheur de l’air qui descendait. Une fission intime produisait des éclats de lumière à un rythme aussi imprévisible que les éclairs d’orage en été sur un horizon tout gris. Des rideaux de pluie électronique passaient en glissant comme de lourds rideaux de théâtre sur des rails bien graissés. Il sentit une main le pénétrer vivement et se refermer sur l’éponge molle de son esprit avec la force d’un point ganté . Un parasitage silencieux étouffa sa conscience…
…et les nuages passèrent lentement à travers le spectre de la lumière visible, et le soleil, gros et rond et rouge comme une boule de chewing-gum fit floc en tombant entre les lèvres humides de la mer et se mit à se dissoudre… en minuscules grains de sable enfoncés dans les craquelures du cuir de sa botte.
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Là, faisant montre d’une superbe tout française, Jean-Paul Roichepeur, dégusta tranquillement une boîte de foie gras tandis que le plomb bourdonnait autour de sa tête comme des abeilles dans une vigne et que les explosions de mortier modifiaient la topographie de son poste de commandement, et lorsque les barbares du ViêtMinh furent à moins de cent mètres , se débarrassant de sa fourchette en argent et de ce qui restait du foie gras d’oie, il s’empala de façon théâtrale sur sa propre épée en s’écriant : » Et voici comment la France a riposté à tous les despotes ! » Malheureusement déviée par une armure de décorations et de médailles tape à l’œil, la lame manqua les organes vitaux et il mit cinq heures à mourir et pendant toute son agonie Jean-Paul Roichepeur divulga involontairement tous les secrets militaires dont il avait connaissance. « Très déclassé » , murmura la presse parisienne.
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