Avant de me prononcer et comme il est difficile d'élaborer une critique sur un recueil de nouvelles aussi diversifiées, je me permets d'ajouter ce qu'il en est dit en quatrième de couverture :
"Quel rapport entre un Américain faisant ses études à Paris, un musicologue fou de jazz, une vache défoncée à l'herbe, un gang de jeunes New-Yorkais,
Mickey Spillane, une route perdue au Mexique, le fiasco de la baie des Cochons, une école de majorettes,
Freud et le sang de schizophrène comme drogue ultime?
[...] Les nouvelles qui composent ce recueil dévoilent toute la palette du talent de Southern, dont l'humour dévastateur contribue à faire de Texas Marijuana un classique de l'underground américain".
Nous sommes dans l'air du temps tout de suite avec des nouvelles toutes savamment dosées qui ont ce je-ne-sais-quoi d'imprévisible, ce cocktail détonnant de loufoque teinté de réalisme. Nous pénétrons donc dans un portrait corrosif de la contre-culture américaine des années 60 où l'hypocrisie puritaine règne.
Ainsi, s'enchainent des nouvelles tour à tour grinçantes, surprenantes, embarrassantes... et quelques articles issus de l'activité de journaliste de l'auteur. Celui-ci s'inscrit dans un style dit gonzo c'est-à-dire où l'ultra-subjectivité est une fin en soi.
J'ai littéralement englouti ce livre qui se lit d'une traite. Ce flash-back dans les années 50/70 est revigorant par le ton pince-sans-rire de Southern qui n'est aucunement condescendant et qui nous laisse seul juge de l'état des mentalités de l'époque. Les éloges dithyrambiques figurant dans la biographie ne me paraissent pas de trop car Southern paraît malgré tout amène et sympathique. Son recueil vous capture dès la première nouvelle dans une prairie où la juju (marijuana) est substance courante du quotidien, pour vous lâcher en toute fin sur ce même parfum de drogue presque licite.
Mais, que je vous rassure, il ne faut pas extrapoler et classer ce recueil comme un manuel sur la drogue et sur les hippies de seconde zone. La drogue est le point de départ, mais Southern a tôt fait de la distancer pour prendre ses aises et non emmener bien plus loin : vers d'autres saveurs.