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Lucie Modde (Traducteur)
EAN : 9782743656577
304 pages
Payot et Rivages (04/05/2022)
3.75/5   67 notes
Résumé :
Chen Yunxian, jeune Taïwanaise, voudrait offrir le meilleur à son enfant, dans une société où la compétition commence dès la maternelle. Par le miracle d’une amitié entre son fils et celui du patron de son mari, elle se voit offrir les frais de scolarité dans l’école la mieux cotée de la ville. Mais dans ce monde ultra hiérarchisé l’accès au sommet se paie cher, et ce cadeau empoisonné exige bientôt des contreparties inacceptables… sauf à vouloir à tout prix rester ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
3,75

sur 67 notes
Lutte des classes à Taiwan pourrait être le sous-titre de ce roman qui met en scène une jeune femme qui rêve d'une vie meilleure.
Dans cette société ultra-compétitive, Chen Yunxian avait misé sur les études pour échapper à la vie modeste de ses parents qui tenaient une petite cantine. Dès l'Université, elle perçoit le décalage entre elle et les autres étudiantes et s'inscrit dans un modèle de compétition comme mode d'interaction.

Puis sa rencontre avec Dingguo lui fait espérer une vie aisée dans un bel appartement du centre-ville. Elle envisage alors le mariage comme ascenseur social, mais son beau-père a fait faillite et la frustration est immense.
Elle va alors projeter sur son fils de huit ans, Peichen, ses rêves de richesse et de réussite sociale.

Dans ce roman satirique, l'argent est la mesure de toutes choses. Les sociétés élitistes associent l'argent au pouvoir, et le pouvoir s'exhibe. Appartements luxueux, vêtements griffés, bijoux prestigieux : cet étalage de richesses joue aussi la carte du bon goût.
" Des plantes au mobilier, tout semblait aller de soi, comme dans un magazine de déco."
Le sentiment d'évidence, du chaque chose à sa place, d'une harmonie maîtrisée devient non seulement un critère esthétique mais aussi un critère sociologique puisqu'il n'est accessible que pour les élites.

Pour exprimer la frustration de Chen Yunxian, l'autrice utilise le syndrome de l'imposteur. A de nombreuses reprises, l'héroïne exprime le sentiment de ne pas être à sa place, la peur d'être remarquée et adopte une posture de retrait par rapport aux autres femmes
Ce dénigrement se produit également en relation avec son rôle de mère lorsqu'elle entre en compétition avec les autres mères de l'école, surtout celles qui sont mères au foyer.
Prisonnière d'un terrible engrenage, mise sous pression par une concurrence intensive, elle abandonne son travail pour se consacrer aux études de son fils.

Si Yunxian est obnubilée par son intégration, l'autrice ne manque pas de rappeler, dans une tonalité sarcastique, la vacuité de l'existence de ces femmes richissimes.
" Il y a tellement de gens qui croient qu'on passe nos vies à bruncher, à enchaîner les opérations de chirurgie esthétique et à acheter des produits de luxe. Mais ce n'est que la façade. le reste du temps, il y a tout un tas de choses à gérer. Argent, pouvoir, réputation, relations : voilà les vraies questions. C'est une autre paire de manches que de devoir faire les courses et s'assurer que rien ne manque chez soi ! Chaque cadeau offert doit toucher son destinataire en plein coeur ; il faut l'observer et mémoriser ses préférences. La question des gens à inviter lors d'un repas officiel, ça aussi c'est un vrai casse-tête : qui choisir ? Xiao Liu, Xiao Li, Xiao Sun ? Surtout n'oublier personne, sinon c'est le drame. Évidemment, il faut veiller à ce que tout se passe bien professionnellement pour le mari et dans la scolarité des enfants. Qui a dit qu'on ne travaillait pas ? Grosse erreur ! Les femmes de l'élite doivent relever un tas de défis, et ce à plein temps ! "

Le roman aborde également le système éducatif taïwanais et la pression exercée sur les enfants pour atteindre l'excellence et accéder aux grandes universités américaines. Les mères de cette élite bourgeoise ne reculent devant aucune manipulation pour parvenir à leurs fins. L'enjeu est d'autant plus considérable qu'il pèse déjà au niveau de la cellule familiale ( avec le pouvoir de la belle-mère) et qu'il débute dès la petite enfance.
Sous l'emprise de Jiaqi, et parce qu'elle a accepté une dépendance financière, Yunxian va devoir faire des compromis qui mettront son fils en danger.

Malgré l'absence de suspense sur l'issue du roman, celui-ci est d'une lecture intéressante. On y retrouve la redoutable opposition entre exploiteurs et exploités dans une société très hiérarchisée. Face à l'emprise de l'argent et à une société du paraître, ceux qui ne maîtrisent pas les codes ont peu de chances de s'en sortir indemnes.
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« Comme Jack dans Titanic, elle avait pensé rallier un nouveau continent merveilleux, sans envisager la possibilité d'un naufrage. Malheureusement, les cabines du bas étaient toujours les premières sur la liste des sacrifiés. »

Issue d'un milieu modeste, Chen Yunxian rêve de gravir les échelons sociaux. Malheureusement, la promotion tant attendue par son époux peine à venir. Les postes convoités par son mari Dingguo, finissent toujours par être attribués à des collègues souvent moins méritants mais pistonnés. Alors quand le couple est invité à la fête d'anniversaire du fils de l'employeur de son mari, la jeune femme pense que la chance a enfin tourné en leur faveur. Pas d'avancement pour le jeune papa, mais une proposition aussi curieuse qu'alléchante qu'il ne peut refuser.
Son patron propose de financer les études de leur jeune fils qui s'est lié d'amitié avec son enfant du même âge. Les deux garçons vont intégrer une prestigieuse école qui forme l'élite de la progéniture taïwanaise et recevoir une éducation bilingue d'excellence, précieux sésame qui devrait plus tard leur ouvrir les portes des meilleures universités américaines.
La jeune femme qui pense avoir trouvé l'ascenseur social tant convoité va cependant vite déchanter. Elle va apprendre à ses dépens que dans la vie rien n'est jamais gratuit, et qu'il y a toujours un prix à payer…

Aussi féroce que percutant, ce roman nous décrit une société taïwanaise gangrenée par le culte de la performance, de l'apparence et de l'argent-roi.
Dans ce récit, pratiquement aucun des protagonistes n'est sympathique : opportunisme, avidité, veulerie, calcul, convoitise, jalousie… chaque personnage va révéler de fâcheux travers au fil de la narration.
On s'indigne, on rit, on compatit et l'on ressent presque une joie maligne à voir trébucher les plus antipathiques acteurs de cette histoire.
Même si le thème de l'arriviste qui se prend une gamelle a été mille fois traité, ce roman incisif aux accents moralistes se lit avec délice !

Lien : https://leslecturesdisabello..
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Un excellent roman aux allures de thriller social !

Dans ce roman, nous suivons la petite famille de Chen Yunxian, son fils de 8 ans et son mari Dingguo. le couple espère avec beaucoup d'ardeur que Dingguo décrochera enfin l'augmentation tant espérée qui permettrait à la famille d'assurer son avenir et de financer l'éducation de leur fils. Ils sont alors très surpris quand le mari est invité par son patron à une fête familiale, l'anniversaire de son propre enfant. Voilà le signe tant attendu, le moment de faire ses preuves. Yunxian arrive à contrecoeur à cet événement, l'esprit empli d'inquiétudes et de doutes, elle sait qu'elle n'est pas à sa place, et elle est en hyper vigilance constante, telle une gazelle dans la savane, entourée de lionnes. Et pourtant, tout se passe bien, la femme du patron se prend d'amitié pour elle, leurs deux garçons s'entendent super bien et Dingguo semble dans les bonnes grâces de son patron. Quelle ne fut pas leur surprise d'être contacté quelques jours plus tard par le couple qui leur propose un déjeuner et qui leur fait une proposition enthousiasmante : prendre en charge les frais de scolarité de son fils Peicheng dans une école privée prestigieuse, il pourra ainsi être aux côtés de leur propre fils, qui peine à nouer des amitiés. le couple réfléchit, hésite mais ils savent qu'ils n'ont pas les moyens de se permettre cette école et surtout ils veulent le meilleur pour leur fils. Ils acceptent et les voici liés à cette famille.

Ce roman est un vrai coup de coeur. Il m'a beaucoup fait penser à Parasite pour le traitement social des milieux riches/pauvres. On y retrouve aussi beaucoup d'éléments de ces séries télévisées américaines où nous suivons le quotidien de ces housewives blindées d'argent. le personnage de Yunxian est très intéressant, on sent toute son amertume, ses regrets de ne pas avoir reçu l'éducation "parfaite", celle qu'elle idéalise. On voit à quel point elle se compare aux autres mères, que la compétition n'est pas entre les enfants mais bien entre les mères.
Qui sera la plus ponctuelle ? Qui sera la plus créative ? Qui offrira le meilleur tuteur ? Qui aura les meilleures vacances ? le prétexte du bien-être de l'enfant devient secondaire et seul les apparences comptent. On sent la tension qui monte crescendo avec cette impression que Yunxian et sa famille sont dispensables. On voit la toile d'araignée se tisser autour d'elle et l'aigreur, la jalousie, le mensonge s'emparent d'elle.

Une pépite !
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Toute faveur accordée par autrui doit se payer un jour ou l'autre, telle est en substance la morale de Les enfants des riches, roman incisif et enlevé de la Taïwanaise Wu Xiaole. L'histoire est vue du côté de Yunxian, jeune mère d'ascendance modeste, qui ne s'épanouit guère dans son travail, et à laquelle les circonstances vont permettre de s'élever socialement, du moins le pense-t-elle, grâce à l'appui de la femme du patron de son mari. Cette nouvelle amitié (désintéressée ?), construite à partir de la bonne entente de leurs fils respectifs, va connaître plusieurs épisodes qui conduiront Yunxian à tutoyer les sommets de l'élite de Taipei, tout en ayant l'impression tenace d'être une imposteuse (?). Eh oui, bien entendu, il n'y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne, ce dont le lecteur est prévenu depuis le début du roman. Reste à savoir comment l'engrenage vers la chute va se mettre en route et c'est tout le talent de Wu Xiaole qui s'exprime dans ce vrai faux suspense rendu passionnant par l'aptitude que possède l'écrivaine à nous plonger dans l'univers de son héroïne, dont elle ne se prive pas de se gausser de la candeur, tout en décrivant avec une précision diabolique les rouages d'une compétition qui concerne aussi bien des épouses sans soucis d'argent, et dont la principale préoccupation est de soigner leur entregent et leur réputation, que des enfants qui ont fortement intérêt à obtenir les notes les plus élevées à l'école. Ce roman Made in Taiwan, très féroce, utilise avec brio un schéma classique : le portrait d'une outsider qui tente de rejoindre une classe plus haute que la sienne, avec un sens de l'ironie parfait et une morale aussi percutante qu'une fable de Jean de la Fontaine.


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Les enfants des riches de Wu Xiaole.
Paru aux éditions Rivages le 4 mai 2022, que je remercie pour l'envoi.
Traduit du chinois (Taiwan) par Lucie Modde

Coup de coeur !!!

Premières phrases : » Avant toute cette histoire, Chen Yunxian n'éprouvait guère de compassion pour les gens qui se faisaient avoir. Ella n'était pas non plus du genre à dire : » bien fait pour eux ! » mais quand même tous ces visages interchangeables qu'on voit passer aux infos ou dans le journal… »

En tant que parents, nous voulons tous le meilleur pour nos enfants, cela sonne comme une évidence. Mais nous savons aussi faire la part des choses par amour, par raison, nous sommes lucides et comprenons bien que, les frêles épaules de notre progéniture ne sont pas en mesure de soutenir une pression trop forte.
Pour Peichen, qui grandit à Taiwan auprès de ses parents, la pression commence très tôt, choix de la meilleure maternelle, des activités réfléchies pour éveiller au mieux les esprits des petits, cours d'anglais pour accéder aux meilleurs établissements, tout est sujet à compétition.
Sa mère Yunxian issue d'un milieu modeste, ne rêve que d'une chose appartenir à la classe supérieure, celle pour qui l'argent n'est pas vraiment un problème, celle où les déconvenues se règlent d'un coup de fil, celle où un nom de famille suffit à ouvrir les portes des meilleures écoles de Taipei.
Yunxian après un premier contact avec la femme du patron de son mari, se retrouve peu à peu accepté grâce à elle dans le cercle des privilégiés du système taiwanais, mais pour ne pas perdre la face et poursuivre son chemin parmi ces femmes influentes jusqu'où est-elle prête à aller et jusqu'où poussera t'elle son fils ?

Wu Xioale s'est fait connaitre sur Netflix en 2018 suite à l'adaptation en série de ses nouvelles : Vos enfants ne sont pas les vôtres »
Elle signe un roman captivant, riche et déstabilisant où la pression ne cesse de monter pour Yunxian, sa famille et pour nous. Ce texte nous apporte une lumière claire et franche sur le système éducatif et social taiwanais, dans lequel le culte de la performance et de la réussite semble pouvoir vous faire perdre la tête.

Emma aime
-Voyager
-Analyser
-Respirer.

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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Etre uni par les liens du mariage, c'est comme être attaché ç quelqu'un sur un bateau en pleine mer sans savoir ce qui, de la tempête ou de la terre promise se cache à l'horizon. Si on embarque dès le départ avec les mauvaises informations, on risque fort de boire la tasse au premier coup de vent.
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La richesse ne garantissait pas la jeunesse mais elle permettait d’en prolonger les effets. À les écouter, Yunxian avait l’impression d’avoir rajeuni de dix ans, d’être revenue à l’année de sa majorité, un temps où, plutôt que de se plaindre, elle parlait avec enthousiasme de ses rêves et des manques qu’elle voulait combler.
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Un secret, c'est un peu comme une pierre qu'on a dans la bouche. Si on se force à l'avaler, à garder son secret pour soi, il faut être prêt à vivre avec ce poids dans son corps - ce qui n'était pas le cas de Yunxian. Comme garder une pierre dans la bouche n'était pas beaucoup plus agréable, elle décida de la cracher et de tout avouer à sa sœur.
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Et même si elle avait réussi, Taïpei lui faisait encore très peur à bien des égards.
Taipeï ou plutôt les gens qui y vivaient. Elle avait mis du temps à comprendre que le charme d'une ville a souvent à voir avec ses habitants, leur mentalité, leurs attitudes. Sans eux, une ville n'est qu'un amas de béton.
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Comme Jack dans Titanic, elle avait pensé rallier un nouveau continent merveilleux, sans envisager la possibilité d'un naufrage. Malheureusement, les cabines du bas étaient toujours les premières sur la liste des sacrifiés.
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