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sur 1231 notes
Irvin Yalom aime les philosophes. En tous cas, ceux qui se collectent à la vie, à son sens, à la destinée. Après Nietzsche et Schopenhauer je me suis enfin plongée dans sa lecture de Spinoza.
Autant j'ai pu être déçue par certains de ses ouvrages autant je suis profondément émue par la façon dont il humanise des penseurs abscons. Et Spinoza ne fait pas exception à sa règle.
Je redoutais l'aller retour avec Rosenberg, piètre penseur du régime nazi dont j'ignorais l'existence. En leur accolant à chacun un reflet, un aide à penser, en sus de l'obsession de l'un envers l'autre, il les relie au travers des siècles. Il les relie et il les oppose. Il y a celui qui sacrifiera tout pour sa pensée, qui acceptera et surmontera le herem, exclusion de sa communauté, de son univers, et qui n'en continuera pas moins de défier les autorités religieuses de son temps, "juste" par souci d'authenticité. Et il y a celui qui tout en se croyant un penseur supérieur, ce qu'il n'était pas, restera sa vie entière à la merci du regard et d'une once de reconnaissance de celui dont il a fait son dieu. L'opposé si pitoyable, si haïssable, d'un homme qui a consacré sa vie à la pensée pure, au point de demander à ses exécuteurs testamentaires de faire disparaître de ses textes et courriers tout ce qui tenait à l'intime.
J'ai cependant quelques tout petits bémols : déjà, je regrette de ne pas savoir ce qu'il est advenu de Friedrich Pfister, ce personnage si surprenant et attachant, qui bien qu'inventé pour les besoins du récit méritait de ne pas disparaître aussi abruptement. de même, sur quels faits historiques s'est appuyé l'auteur pour envoyer son Franco créer une nouvelle communauté à Curaçao. Cette communauté a-t-elle existé ? Enfin, surprenante la résistance de Spinoza vis à vis des femmes. Elle s'explique, mais est elle existante dans ses textes ? Alors qu'Irvin Yalom cite beaucoup des ouvrages de Spinoza, ou les indique en référence quand il les mêle à des dialogues, sur ce point précis on ignore sur quoi il s'est basé pour faire de Spinoza un homme aux préjugés de son temps.
Que ces modestes réticences ne vous prive pas du plaisir de plonger dans cette épopée de la pensée.
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Ce roman constitue une belle invitation à découvrir la pensée spinoziste. Personnellement, ayant peu l'habitude de fréquenter dans le texte les grands philosophes, j'ai bien apprécié cette initiation. le parallèle avec l'existence de Rosenberg, criminel nazi, est assez passionnant. Je suis toujours un peu déçue en ce qui concerne le style d'Irving Yalom dans son oeuvre de fiction, mais je pense que cela tient à la volonté pédagogique qui habite ses romans, et qui explique certainement ce style assez plat et très démonstratif qui fait que les dialogues (notamment) sonnent souvent faux.
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Je ne connaissais pas Irvin Yalom jusqu'à ce livre et suis assez peu éveillée à la philosophie. En revanche j'ai toujours eu une attirance envers les films et les livres sur la seconde guerre mondiale.
Le problème Spinoza est un roman qui conte avec originalité, en alternant les chapitres, la pensée de Spinoza, en tant que juif excommunié pour ses pensées dénonçant la religion comme superstition et invention des hommes, et la vie d'Alfred Rosenberg, nazi dont le nom est finalement peu connu alors qu'il a joué un rôle clé dans la propagation l'antisémitisme. de manière romancée, nous sommes plongés dans le XVIIe siècle, et le XXe siècle, dans l'histoire du judaïsme, et celle de l'antisémitisme. Et l'on apprécie à la fin les explications de l'auteur sur l'origine de ce roman, les explications transparentes sur ce qui relève de la vérité et de la fiction. Un grand moment de littérature.
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J'avais adoré Et Nietzsche a pleuré, j'ai moins aimé celui-là.
L'enchaînement des dialogues est lent et laborieux et l'alternance des chapitres d'une histoire à l'autre manque de sens sans l'explication qui se trouve à la toute fin du livre. J'avoue que je me suis demandée tout au long de ma lecture quand ces deux histoires allaient se rejoindre et de ce fait j'ai mis un temps fou à le lire car il me tombait des mains.
J'ai pourtant beaucoup aimé les deux histoires chacune séparément.
La vulgarisation de la pensée complexe de Spinoza porte à réfléchir et donne envie d'en savoir plus même si c'est malheureusement extrêmement abrégé et le cheminement et la personnalité d'Alfred Rosenberg sont étonnants.
Le livre prend tout son sens à la fin, mais quel parcours pour arriver jusque-là...
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Tout au long de cette admirable fiction, les époques font alterner le XVII ième siècle de Spinoza et le XX ième siècle de Rosenberg, le promoteur de la race aryenne, l'idéologue nazi.
Comment Spinoza, un homme libre, affranchi, pourfendeur des prêtres et rabbins, peut-il être juif?
Les éléments du paradoxe Spinoza vont se mettre en place dans l'esprit de Rosenberg de façon insidieuse et permanente.
C'est un roman remarquable d'intelligence pour son analyse des éléments structurants de la pensée de Spinoza. Et ceux-ci font écho à l'idéologie ignoble construite par Rosenberg.
Ce jeu de « ping-pong » est le ressort du roman.
Il nous est offert une somme de réflexions philosophiques tout à fait abordables et on ne peut qu'en remercier l'auteur.
Le récit est toujours vivant (l'épisode de Rosenberg convoqué chez le principal pour apologie de thèses racistes anti-juives est exceptionnel) malgré la l'importance et la gravité des thèmes abordés.
Ainsi le duel entre raison et émotion perpétuellement arbitré en faveur de l'émotion, pousse Spinoza à un rationalisme exacerbé qui le détache du monde, de sa communauté, de sa famille et de ses amis.
C'est aussi quelque part la situation philosophique à laquelle Rosenberg aboutit inévitablement avec le chemin d'un « rationalisme » innommable qu'il a emprunté.

Ce récit est éclairé et éclairant et mérite une seconde lecture. Faut-il se méfier des théories postulant « aucun compromis avec ce qui est inacceptable »?
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Un bon livre mais quel dommage de vouloir absolument mettre en parallèle les deux personnages et de fractionner le livre en petit paragraphe obligeant à une gymnastique inutile d'aller retour . L'effort de vulgarisation de la pensée de spinoza est louable ainsi que la mise en lumière des second couteaux qui ont permis l'ascension d'Hitler est elle aussi très intéressante. le livre ne pêche que par le format choisi
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Un livre qui mêle histoire et réflexions, faits et sentiments.
Le personnage d'Alfred Rosenberg offre au lecteur une approche originale de la montée du nazisme et de l'entourage d'Hitler.
Le personnage de Spinoza offre au lecteur de descendre dans la simplicité de la vie alors que celui de Rosenberg va vers toujours plus de complexité.
Je termine ce livre un peu perdue, sans doute avec le besoin de laisser filtrer.Le prologue et l'explication de la Genèse en fin de livre m' amènent davantage de clarté.
Je me pose la question du vécu de l'auteur en écrivant son récit, où la question de la place des juifs et du sens des rituels de la religion juive est abordée sans relâche.

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Quel est le problème avec Spinoza ?
J'ai envie de commencer par dire qu'il n'a pas de prénom (mais on appelle souvent les grands hommes uniquement par leur patronyme) pour corriger en précisant qu'il en a trois : Baruch, Bento, Benedictus.
Le premier est hébreu, c'est celui avec lequel il a été baptisé par sa communauté juive, le deuxième est portugais, c'est celui sous lequel il vit aux Pays-Bas et le dernier est latin, c'est celui que les érudits de son temps lui décernent.
Les trois déclinaisons de son prénom représentent de trois façons différentes sa vie et son oeuvre. Mais aucune des trois n'est vraiment à même de résumer l'homme qu'il a été.
Le problème réside en effet dans le fait que Spinoza est né juif (ce qu'il n'a pas choisi), qu'il a été banni de sa communauté (cela, il l'a choisi) et que s'il écrit en latin (langue des érudits), il n'en est pas plus chrétien pour autant. Il prône précisément la suppression de toute religion.
Sans prénom donc, le problème semble évacué.
Cependant, que toutes les religions aient rejeté le philosophe comme impie, que la querelle sur le fait que tout juif reste juif (converti ou banni) ne soit pas (entièrement) résolue, et le fait que Spinoza, pionnier de la sécularisation de la société et de la séparation entre l'église et l'état soit un grand précurseur de la modernité entretient encore la polémique.
Lire plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2023/05/23/irvin-d-yalom-le-probleme-spinoza/
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Cet excellent roman d'Irvin Yalom met en miroir deux vies, deux destins :
- celle du grand philosophe hollandais Baruch Spinoza (1632-1677), un des plus grands penseurs de notre Histoire, né de religion juive, exclu de sa communauté pour avoir remis en cause la Bible et la Torah, rationalisé (remis en cause ? ) l'existence de Dieu et vilipendé, décrédibilisé l'autorité spirituelle des rabbins. Je fais court, trop court...
- de l'autre côté, Alfred Rosenberg,(1893-1946), Estonien de naissance, antisémite obsessionnel, idéologue, "théoricien" du nazisme controversé par les fascistes eux-mêmes. Il sera un des condamnés du Procès de Nuremberg à ne rien renier, défendre le nazisme jusqu'au bout.
Deux êtres que tout oppose !
Le début de ce livre est le suivant : Rosenberg, alors au lycée, fait un discours antisémite, pour des élections de délégué. En punition, ses professeurs le contraignent à lire "l'Ethique " de Spinoza et d'en faire un résumé.
Irvin Yalom fait de Rosenberg un homme marqué toute sa vie par Spinoza, car ce philosophe dont se réfère Hegel, Nietzsche, Goethe, et tous les grands penseurs allemands qu'il vénère... Est juif ! Comment est ce possible ?

En faisant vivre Spinoza dans son époque, Irvin Yalom nous fait découvrir les principes de sa philosophie : l'émancipation de l'individu, a.recherche de la liberté, la compréhension de la nature de l'univers et de ce qui le compose, l' étude et le mouvement de la pensée, le raisonnement et la compréhension des "affects" qui influencent nos sentiments, nos décisions, nos relations avec les autres.

En retraçant l' histoire de Rosenberg, depuis sa jeunesse à Reval, la naissance du NSDAP d'Hitler après la fin de la guerre 1914-18, on découvre un personnage ambitieux, solitaire, souffrant d'un complexe de supériorité et ayant des rapports difficiles avec les autres, angoissé par sa réussite, incompris parce qu'imbu de sa personne, délirant au sujet de la race aryenne, crachant sur les civilisations précédentes qui auraient affaibli la pureté de la race, théorisant la guerre des races, traçant une nouvelle religion, le christianisme s'étant abatardi selon lui...
Comme dans son autre roman, "et Nietzsche a pleuré", Irvin Yalom apporte sa contribution de psychanalyste pour essayer de comprendre le monstre et de le guérir de ses affects... Rosenberg, atteint de dépression, rencontre en effet un médecin, ami d'enfance, qui tentera l'exercice de la thérapie avec lui... Cela nous amène à réfléchir sur les tenants et les aboutissement de cette pratique.
J'ai passé un excellent moment de lecture enrichissant qui, dans une fiction, confronte L Histoire, la Philosophie et la Psychanalyse. C'est brillant, intelligent, facile à lire tout en élevant notre niveau de réflexion. Et surtout, on ressort de ce roman en ayant le désir de lire et comprendre Spinoza... Et aussi de lire un autre roman d'Irvin Yalom !
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Si j'avais su, je n'aurais pas tant tarder à lire ce roman conseillé il y a plusieurs années par une collègue.
Dans le problème Spinoza, nous allons naviguer entre deux personnages et deux époques :
- D'un côté, Baruch Spinoza, le célèbre philosophe qui vécut aux Pays-Bas au XVIIème siècle ;
- de l'autre, Alfred Rosenberg, l'une des têtes pensantes du régime nazi.
Spinoza est juif et ses théories sur Dieu lui vaudront un herem extrêmement sévère : il se voit rejeté par sa communauté à vie mais cette solitude lui permet de mener à bien ses réflexions. Rosenberg hait les juifs et les accusent d'être responsables de tous les maux de l'Allemagne. Sa stupéfaction est immense lorsqu'il découvre que l'homme qu'admirait plus que tout au monde Goethe, représentant par excellence de la grandeur de la culture allemande, n'était autre que le juif Spinoza. Ce fait le tracassera toute sa vie et il cherche comment résoudre "le problème Spinoza".
L'histoire et la philosophie sont-elles les deux seules sujets de ce roman? Que nenni ! La psychologie y a également une grande part. S'aidant du personnage fictif de Franco, Irvin Yalom, qui est professeur de psychiatrie à Stanford, s'applique à proposer une analyse du fonctionnement d'Alfred. Comment se construit donc ce genre de personnalité, capable de soutenir et de prendre part à un pareil régime?
Ne vous laissez pas abattre par le fait que le livre compte un peu plus de 500 pages ! On ne les voit pas défiler. Une fois embarquée dans la lecture, je ne pouvais que difficilement m'arrêter, quitte à éteindre la lumière bien plus tard que prévu... J'ai enlevé une demi-étoile car certains passages donnent plus l'impression d'assister à une conférence et non de lire un roman. Néanmoins, le travail de vulgarisation est excellent et on apprend beaucoup au fil des pages.
Alors, vraiment, foncez !

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