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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est une magnifique histoire d'amour entre un frère et une soeur, à Naples au 17 ème siècle. L'un trouve la rédemption dans la mort tandis que l'autre la trouve dans la fidélité.
Cette longue nouvelle est une oeuvre de jeunesse écrite en un temps très court. le style est simple, limpide, sans fioritures. Dépouillé.
J'ai éprouvé un vif plaisir à cette lecture qui, loin d'être anodine, fait naître l'élévation de la transgression même, pourvu que la Grâce éclaire le chemin.
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♥️ « Personne ne sait encore si tout ne vit que pour mourir ou ne meurt que pour revivre ».

♥️ Marguerite Yourcenar et moi nous rencontrâmes pour la première fois hier soir, le 19 décembre 2020, par une soirée d'hiver aveuglante d'obscurité, dans laquelle seule une petite lumière chaude m'éclairait. J'étais entièrement disposée à la découvrir ; je crois qu'il s'est passé une chose unique, que je n'ai connu qu'avec une seule autre auteure, Marguerite Duras - ce fut le coup de foudre. Il doit y avoir quelque chose entre les Marguerite et moi.

♥️ Anna, soror... le titre m'a happée. Un prénom, une soeur, des points de suspension. Un mystère qui n'en était pas un, il se déroulait dans ces pages un drame aux racines antiques. Dans la Campanie du XVIème siècle, l'espagnole Donna Valentine se meurt. Épouse silencieuse, dévote et lasse, elle pousse son dernier soupir en ordonnant à ses enfants, Anna et Miguel, de ne point se haïr. Ce qui brûle en eux est d'une tout autre nature. Un désir intense les consomme, une attraction magnétique, une puissance incontrôlable. Fiévreux, Don Miguel tente de s'échapper, de s'éloigner, il rencontre une jeune fille étrange qui fait chanter les serpents, créatures sataniques annonciatrices de malheur... La nuit devient mère de tous les vices.

♥️ Don Miguel part en guerre, dans laquelle il trouve la mort, sans gagner la bataille qui faisait rage en lui. Dès lors que sa soeur apprendra cette fin tragique, elle n'aura de cesse de chercher le Salut de son âme, abandonnant son corps coupable à un mari indigne et, par la suite, à quelque autre amant insignifiant.

♥️ Dans la Postface de ce court roman, Yourcenar écrit : « Les faits qui ont compté, au lieu de se déposer au fond, emergent à la surface et gagne avec nous la mer ». Fidélité, amours interdites, religion et Histoire se mêlent ici pour créer un roman d'une pureté incomparable, d'une écriture passionnante et saisissante. La subtilité du langage électrise le lecteur qui, à tout moment, se demande si les personnages ont succombé aux pulsions qu'ils tentent en vain de combattre et qu'ils décident d'expier, au prix de leur propre vie, dans la Mort ou dans le Sacrifice.


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Nous sommes à Naples en 1575, Anna nait après un unique frère, dans une famille noble et très pieuse. Tout n'y est que devoir et érudition. le père a des rapports réduits au plan matériel avec son fils, inexistants avec sa fille. Les enfants devenus jeunes adultes, accompagnent leur mère en Sicile pour surveiller des vendanges sur leurs terres. Tout y est : la chaleur, les insectes, l'ennui et le désoeuvrement dignes d'un « Désert des Tartares » de Buzzati. Tout peut arriver aussi car la jeunesse ne peut se contenter de s'étourdir de prières et de lectures de philosophes.

Ce récit est une déambulation dans le temps passé, dans ces contrées d'Italie pour dénoncer avec habileté le statut de victime de la jeune femme, soumise, forcément coupable de tout puisqu'elle est une femme. L'auteure dénonce aussi l'hypocrisie de ces gens avec une finesse inouïe, un style à l'économie, subtil et efficace. Cette hypocrisie les amènent à des conduites complètement déraisonnables, à l'envers de ce que devrait édicter la religion ou la philosophie.

Son écriture relève presque d'un jeu mathématique : le jeu du mot adéquat pour viser au plus près l'impression, la sensation, le sentiment qui apparaissent et disparaissent fugacement.
Elle mène à un plaisir immense et intense : la littérature.

La postface de Marguerite Yourcenar est tout aussi captivante que le roman. Elle l'écrit en 1981, soit plus de cinquante ans après la rédaction du roman, pour sa réédition. Elle explique avec son style précis, entre autres, la genèse de cette histoire particulière.
Elle a vingt-deux ans et est en vacances à Naples où elle découvre tous les lieux qui lui inspirent cette histoire.
Elle justifie également le choix du sujet, que je ne vais pas dévoiler.

Laissez-vous tenter par cette longue nouvelle si vous n'avez pas encore eu la chance de découvrir cette grande écrivaine intemporelle.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Toujours et toujours subjugué par la beauté des romans de YOURCENAR......
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Fiévreux, c'est l'adjectif qui à mes yeux décrit le mieux ce court roman de Yourcenar. Il y a dans ces pages quelque chose d'étouffant, entre ce château de Campanie, bâti au-dessus d'un marais où rode le paludisme, et ce long voyage en huis-clos en compagnie d'un cadavre, et ces ors baroques des églises napolitaines. La muraille du fort Saint-Elme étouffe, elle aussi, avec ses murs épais, elle emprisonne une intrigue resserrée sur quelques personnages. Ma lecture elle-même a été fiévreuse, ou plutôt fébrile ; en un soir s'est déroulée cette histoire étrange d'un amour interdit et dévoreur entre un frère et une soeur - les silences et les non-dits s'accumulent dans une famille qui s'effrite.
Le style, assez dépouillé, transmet bien cette ambiance très "XVIIe espagnol" ; et l'Italie dépeinte par Yourcenar est presque méconnaissable tant elle paraît dure, voire hostile - on accueille avec bonheur les moments de fraîcheur nocturne.
Le livre m'a fasciné. C'est toute une époque que restitue Yourcenar, comme elle sait bien le faire ; et c'est l'ardeur dévote, la bravoure fanfaronne, la pompe baroque que l'on retrouve à la lecture d'Anna, soror.
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