AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782738127587
247 pages
Odile Jacob (09/02/2012)
3.5/5   3 notes
Résumé :
C’étaient de petits enfants juifs en France durant la guerre. Ils étaient destinés à périr dans les camps de la mort. Ils ont été cachés et miraculeusement sauvés. Quelles stratégies psycho-logiques ont-ils adoptées en réponse à l’injonction paradoxale qui leur était adressée : « Ne sois plus toi si tu veux être. Ne sois plus juif si tu veux rester en vie » ? Comment en sont-ils restés marqués ? Comment l’ont-ils dépassée ?

Nathalie Zajde dessine ici... >Voir plus
Que lire après Les enfants cachés en FranceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Quelqu'un, qui s'intéresse de près au sujet, m'a conseillé il y a peu ce livre véritablement passionnant sur les enfants cachés durant la Seconde Guerre mondiale. Les enfants juifs.

Vous n'y trouverez pas de statistiques ou de méthodologies strictes de sociologie, mais un intérêt pour les différents parcours d'une vingtaine d'enfants. Tous n'ont pas eu les mêmes réactions, mais tous ont développé un sens de l'adaptation et une intelligence hors du commun. On retrouve, parmi eux, des noms de grands intellectuels français ou étrangers dont j'ignorais tout du passé : le neurologue/psychiatre/psychologue/éthologue Boris Cyrulnik, l'historien Saul Friedländer, l'ethnomusicologue Simha Arom, l'historien et avocat Serge Karsfeld, les philosophes André Glucksmann et Sarah Kofman qui s'est suicidée peu après avoir publié une autobiographie intitulée Rue Ordener, rue Labat qui évoque son enfance, etc.

C'est là un pan de la Seconde Guerre mondiale que je connaissais si mal que je peux dire que je ne le connaissais pas. Je savais que des enfants avaient été cachés, adoptés, accueillis dans des monastères, des orphelinats. Je savais qu'ils avaient pu être sauvés grâce au courage de personnes seules, de familles ou de réseaux clandestins. Mais du reste, j'ignorais tout.
Si tous possèdent leur histoire personnelle, des points communs apparaissent entre ces enfants quels que soit leur âge, notamment une intelligence, une force, un instinct et une adaptabilité hors du commun. J'ai découvert les réflexes de défense mis en place par des enfants de 5, 7, 11 ans. Ils ont vécu des souffrances physiques extrêmes, mais des tortures psychologiques plus violentes encore lié au fait de dissimuler leur identité comme ils ont été contraints de le faire. Pour se sauver, ils devaient oublier leur religion, leurs gestes du quotidien, leur langue maternelle (l'allemand, le yiddish…) et plus ils s'intégraient, plus ils oubliaient leur famille. Ils ont appris à mentir, à faire semblant.
Mais surtout, leurs difficultés ne disparurent pas en 1945. Comme le dit Boris Cyrulnik, ce n'était pas la fin du problème. Comment vivre après la guerre ? Comment être juif à nouveau ? Beaucoup sont partis en Israël, tout de suite après la guerre ou des années plus tard, se sont parfois engagés dans des associations. Mais comment parler de ce qu'ils avaient vécu alors que tant n'étaient pas revenus des camps ? C'est pour cela que, pendant longtemps, les enfants cachés n'ont pas eu la parole et que leurs souffrances ont été minimisées.

Nathalie Zajde m'a fait entrer dans la Seconde Guerre mondiale par un angle différent de ceux auxquels nous sommes habitués. J'ai été vraiment émue par ces vies et l'auteure raconte magistralement ces odyssées d'enfants sans enfance. C'est un livre profondément humain qui m'a laissée pleine de respect et d'admiration pour ces hommes et ces femmes extraordinaires.

Un ouvrage instructif et fascinant retraçant des histoires de vie dures, mais aussi le parcours d'hommes et de femmes qui ont su se relever et reprendre leur vie en main.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
Commenter  J’apprécie          20
La guerre 39-45 dans toute son horreur : les familles juives obligées de fuir ou de se cacher pour survivre, des parents se laissant arrêter pour sauver la vie de leurs enfants... Ceux-ci se sont vus placés dans des familles françaises catholiques, adoptant alors les rites de cette religion, d'autres se sont retrouvés dans des foyers. Certains ont été heureux, d'autres maltraités. Comment se reconstruire après ces traumatismes de la séparation ?
Le sujet des enfants cachés est dans ce documentaire abordé simplement et prend en compte toutes les situations.
Commenter  J’apprécie          20


critiques presse (1)
LeMonde
02 mars 2012
En des termes très délicats, Nathalie Zajde nous parle aussi de notre modèle social et culturel d'après-guerre, de notre modèle d'intégration et d'assimilation, dans sa violence euphémisée, dans sa violence banalisée.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Certains enfants, on l’a vu, sont parvenus à inventer, dans le secret de leur monde intérieur, des stratégies de comportement et de pensée visant à préserver le souvenir de leurs parents et les liens avec le monde d’avant la séparation. Ils ont mis toutes leurs forces à demeurer juifs malgré tout. Pour un enfant caché, rester juif en France dans les conditions de la guerre fut un authentique acte de résistance. Après la guerre, étant donné l’état des communautés juives d’Europe et les conditions de vie des survivants, auxquels s’ajoutait la fragilité psychique des familles de rescapés, continuer à être juif a également été un acte de résistance.
Commenter  J’apprécie          10
On appelle « enfant caché » un survivant qui a, enfant, dû se cacher et dissimuler son identité afin d’échapper à l’arrestation, la déportation et l’extermination pendant la Shoah. Durant cette période, cet enfant a généralement été séparé de ses parents et du judaïsme. Au lendemain de la guerre, il a le plus souvent appris qu’une bonne partie de sa famille avait été assassinée – beaucoup sont restés orphelins d’au moins un parent. La plupart sont redevenus juifs après la guerre.
Commenter  J’apprécie          10
J’étais ainsi obligé de m’amputer d’une partie de moi pour avoir le droit d’exister. Le problème, c’est qu’après la guerre on continue à vivre comme on en a eu l’habitude, on continue à s’amputer de soi-même. C’est-à-dire que la fin de la guerre n’a pas été la fin du problème. Lorsqu’on a appris à se défendre, appris à survivre, on continue à le faire même quand il n’y a plus de raison, quand ça n’a plus de sens.
Boris Cyrulnik
Commenter  J’apprécie          10
Certains enfants cachés ont été rendus enragés et sont devenus des vengeurs. Certains ont eu tellement peur qu'ils ont continué à se cacher leur vie durant. D'autres n'ont pas su reprendre le cours de la vie en tant que Juifs. D'autres encore ont été fragilisés au point d'être envahis de manière quasi quotidienne par la souffrance.
Commenter  J’apprécie          10
Comment font-ils pour bénir Dieu plusieurs fois par jour après ce qui s'est passé ? Tu comprends, fondamentalement, ça ne va pas. Tu ne peux pas remercier un être pour les merveilles qu'il t'a données, alors qu'il t'a foutu en l'air ! Et pas seulement moi ! Mes parents seraient morts dans un accident de voiture, ce serait pas la même chose ! Mais là, c'est tout le monde qui a souffert !
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : rafleVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (14) Voir plus



Quiz Voir plus

Freud et les autres...

Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

3
4
5
6

10 questions
436 lecteurs ont répondu
Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

{* *}