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EAN : 9782221088296
1295 pages
Robert Laffont (13/05/1998)
4.58/5   18 notes
Résumé :

La gloire de Pardaillan a souvent effacé celle de son créateur, Michel Zévaco. Auteur célèbre de romans populaires des années 1900, cet autonomiste corse, tour à tour professeur, officier, journaliste et militant politique, fit une entrée fracassante sur la scène parisienne en provoquant en duel Constans, le ministre de l'Intérieur de l'époque. Zévaco expia cette audace, mais ni les procès n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je dirai que ce tome m'a plus conquis que les deux premiers.

Fausta est non seulement le titre de ce troisième tome, c'est aussi le nom d'un personnage épatant et tenace, capable à toute machination pour atteindre ses objectifs, une femmes aux mille couleurs, une attitude qui lui permet d'en prendre une à chaque circonstance.

Princesse, souveraine, papesse élue par un conclave secret pour tenir tête au pape sixte Quint, elle se trouve être une adversaire redoutable, ayant des yeux et des oreilles partout, riche et bien organisée, portant en elle le pouvoir absolu et l'intelligence malicieuse, ce qui fait d'elle, un serpent à la gueule en nénuphar. Tout se joue autour d'elle...non, plutôt c'est elle qui pousse les pions, elle se sert des uns contre les autres, comme elle s'est servi du duc de Guise pour mettre en fuite Henri III, qui, au prix de sa vie abandonne le pouvoir. Fausta ménage tout pour faire porter le duc Guise sur le trône de France, un moyen sur pour se faire reine, hélas l'amour risque de mettre à terre ses faramineux projets car le duc de Guise est amoureux de Violetta, alors gare à la distribution de la mort que va engendrer la colère d'une papesse de surcroît une descendante des Borgia...mais dommage pour Fausta, elle tient à agir au moment où le Pardaillan fils est déjà sorti du deuil de sa chère Loïse, alors il lui laissera pas faire...Elle trouvera en lui un adversaire coriace surtout qu'il volera peu à peu le coeur de cette papesse vierge...

Fausta donne le ton à ce troisième tome que la course à laquelle s'offre de nombreux personnages exige tout au moins d'avoir un esprit bien plus perspicace pour déjouer des tournures abracadabrantes qui s'enchaînent d'un moment à l'autre, d'un personnage à un autre, d'une solution à une autre, d'un complot à un autre, les choses semblent se dérouler sur un tapis en spirale où l'adage à malin, malin et demi prend son sens

Il faut noter aussi que ce curieux personnage de Fausta a semblé donner aussi un autre élan dans l'écriture, l'aspect psychologique des personnage a été bien mené qu'on se ne limite pas seulement à s'attendre à s'imaginer las bruits d'épées couvrant l'air...

Que Pardaillan arrivera à mettre en garde son protégé, le Charles d'Angoulême, le fils de Charles IX et de Marie touchet, contre la papesse, lui disant que Fausta est bien pire que la reine de Medecis, bien qu'elle soit la descendante des Borgia, elle est leur souveraine dans le domaine du mal.
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Chers Babéliens

C'est un véritable plaisir de constater que nombre d'entre vous ont apprécié l'épopée des Pardaillan, puis de Pardaillan, puis du fils du second. Héros de père en fils, en quelque sorte.
Un lecteur particulièrement prestigieux avait dévoré leurs aventures avant nous. Un certain Jean-Paul Sartre. Dans la narration qu'il nous donne de son enfance : « Les mots », il déclarait ceci :

« Surtout, je lisais tous les jours dans le Matin, le feuilleton de Michel Zévaco : cet auteur de génie, sous l'influence de Hugo, avait inventé le roman de cape et d'épée républicain. Ses héros représentaient le peuple ; ils faisaient et défaisaient les empires, prédisaient dès le XIVe siècle la Révolution française, protégeaient par bonté d'âme des rois enfants ou des rois fous contre leurs ministres, souffletaient les rois méchants. le plus grand de tous, Pardaillan, c'était mon maître : cent fois, pour l'imiter, superbement campé sur mes jambes de coq, j'ai giflé Henri III et Louis XIII

Tout l'ouvrage est émaillé de références à Pardaillan ; visiblement, le jeune J-P s'identifiait, comme nous, sans doute, à son héros.

Plus étonnant, en revanche est l'hommage d'un écrivain étranger. Il s'agit de Ahmet Altan, écrivain et journaliste, une des figures intellectuelles turques importantes, actuellement en très grande difficulté avec le pouvoir en place dans son pays.
Où l'on découvre, à travers son témoignage, l'intérêt du public turc pour ce héros bien français. Voici ce qu'il en dit dans son analyse de l'univers romanesque de Zévaco :

« Il existe deux sortes d'hommes : ceux qui ont lu Les Pardaillan et ceux qui ne l'ont pas lu. Ceux qui ont lu Les Pardaillan appartiennent à une société secrète, avec des signes distinctifs, un langage et des goûts particuliers. Ils vivent en exil et tentent toujours de retrouver leurs semblables parmi la foule de ceux qui n'ont pas lu Les Pardaillan.

« le Pardaillaniste a deux caractéristiques : la première transparaît dans sa relation aux livres; c'est une relation sensuelle, pour ne pas dire sexuelle. Il prend doucement un livre dans ses mains, en respire le parfum et, lorsqu'il le lit, il le caresse et s'imprègne de l'incomparable joie de la lecture, trouvant dans chaque mot, dans chaque phrase, des plaisirs renouvelés.

« La seconde caractéristique, qu'il n'avoue jamais aux étrangers, est secrète ! Chaque Pardaillaniste rêve de posséder un large chapeau doté d'une longue plume qui touche le sol lorsqu'il salue d'une profonde révérence. Il rêve de sentir cette plume toucher son épaule lorsqu'il remet son chapeau sur la tête, et de la voir flotter au vent. En réalité, pour lui, le chapeau à plume est un mode de vie.

« Lorsqu'un enfant se lance avec Les Pardaillan dans l'aventure de la lecture, il ne pourra jamais plus y échapper. Ayant découvert l'incroyable plaisir qu'on peut trouver dans la lecture, il recherche toujours davantage de livres. Faisant voler les plumes de son chapeau imaginaire, il court héroïquement d'une page à l'autre, d'un livre à l'autre. Il a compris que les livres sont plus précieux que l'existence. L'existence est un rêve, une illusion, une fiction.

« L'enfant ne rencontre pas de Pardaillan dans la vie. Mais un tel homme existe dans les livres ! L'aventure débute avec Les Pardaillan, mais elle continue peut-être avec Lermontov : on admire Pechorine ! Puis, Dostoïevski, Tolstoï, Balzac, et d'autres livres encore. Un Pardaillaniste ne lit pas dans le but d'apprendre quelque chose. Pour lui, les livres représentent un enchantement que rien d'autre ne peut lui offrir. Il lit pour le plaisir. Et une telle lecture s'apparente à une relation amoureuse.

« Pardaillan est un compagnon de voyage pour le jeune lecteur esseulé. C'est comme un chapeau magique qui peut transformer l'enfant désemparé, perdu dans un monde plein de dangers, de menaces et de punitions, en héros surpuissant. Tous les enfants sont des héros, mais des héros qui ont peur de tout et de tout le monde. A ces enfants, Pardaillan montre le chemin de la bravoure. Il prend par la main le jeune lecteur et lui apprend à devenir un héros. Pardaillan devient un brillant exemple pour ses rêves héroïques. Il l'exhorte à ne pas devenir un menteur, un traître ou une canaille.

« Puis le jeune lecteur vieillit. Certes, on trouvera aussi des canailles parmi ces Pardaillanistes plus âgés ; mais ceux-ci regretteront d'être devenus ainsi. Je sais que l'idée d'une canaille regrettant ce qu'elle est devenue n'a pas grande importance. Mais les Pardaillanistes ont appris auparavant à aimer des choses sans importance !

« Il existe deux sortes d'hommes : ceux qui ont lu Les Pardaillans et ceux qui ne l'ont pas lu. Chaque Pardaillaniste souffre de ne pas être un Pardaillan. Et il erre souvent, avec son chapeau à plume imaginaire, parmi les rayonnages d'un bouquiniste. Il est facile de le reconnaître au sourire mélancolique qui flotte sur ses lèvres et à son chapeau imaginaire. »

Nous voilà chers Babéliens, Pardaillanistes, membres d'une société secrète, comme l'indique Ahmet Altan. Nonobstant, je dois reconnaître que cette analyse, de nos jours s'appliquerait davantage aux jeunes lecteurs de la saga de Harry Potter.

En tout état de cause, je trouve cette analyse très valorisante, et j'espère que Michel Zévaco figure au panthéon des génies corses, dans son pays natal. Et ce d'autant plus, que sa vie publique, politique, tant à montrer une indocilité certaine qui expliquerait, à bien des égards, le caractère de son héros. La République a eu à mettre « au frais » à plusieurs reprises ce trublion d'anarchiste corse.

Revenons à Pardaillan, son double imaginaire. J'ai lu, en mon âge mûr, cette vaste épopée qui commence le 26 avril 1553, sous le règne de Henri II de France, et se termine sous le celui de Louis XIII de France, durant la régence de Marie de Médicis, en 1614.
Mais je connaissais, dans ma prime jeunesse, Pardaillan, grâce au cinéma de cape et d'épée des années soixante. Tout comme la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle ont constitué une sorte d'âge d'or du roman populaire de cape et d'épée avec D Artagnan, Capitaine Fracasse, Cyrano, Pardaillan, Lagardère. Les années 50 et 60 ont vu des cinéastes porter à l'écran ces héros. Gérard Barray - Pardaillan, a été mon héros, autant que Jean Marrais – Largardère par exemple. D'autres héros du cinéma de cape et d'épée faisaient aussi leur apparition, Scaramouche, le Capitan, etc.

Les Babéliens enthousiastes se sont exprimés sur les aventures de Pardaillan et de sa lutte féroce et ambigüe avec Fausta. Je n'y reviendrai pas. Je me permets simplement ici d'émettre quelques observations générales en forme de regrets, en m'appuyant, notamment, sur l'analyse remarquable de Ahmet Altan.

En effet, il ne s'est pas de trouvé en France et peut-être en Europe (Pardaillan est un héros européen, pas seulement hexagonal), un « Clint Eastwood », par exemple, capable de magnifier ce héros (et d'autres) comme l'a fait le grand Clint, pour les héros de l'Ouest américain.

Les Américains ont diffusé dans le monde entier leur culte du héros, grâce à Hollywood ; ils ont su glorifier des héros littéraires bien européens, ils en ont créé d'autres, à la manière des Grecs, de telle sorte qu'il existe de nos jours, une mythologie moderne du super héros grâce à la BD magnifiquement relayée par le cinéma américain.

Mais rien de tel en Europe, comme si le Vieux continent (qui en la circonstance mérite ce qualificatif), en son art, avait perdu toute capacité à nourrir l'imaginaire de sa jeunesse, comme nous l'explique si bien Altan à propos des jeunes Pardaillanistes (qui n'existent plus malheureusement).

On voit combien le jeune Sartre s'identifiait à ses héros, pas seulement à Pardaillan, mais à Strogoff, etc.

Une exception peut-être avec le succès littéraire de la saga H. Potter suivi d'un succès cinématographique, non moins important. Peut-être est-ce lié, en définitive, à un esprit anglo-saxon enclin au merveilleux, à l'extraordinaire, à la fantaisie (fantasy ?) esprit que les Français ont perdu, ou n'ont jamais possédé, à cause de Descartes, peut-être, ce qui est dommage.

Les héros de fiction, en effet, ne sont pas faits pour nous ressembler. Ils sont surhumains, ils exécutent des prouesses qui défient l'imagination. C'est ce que fait Pardaillan, comme ses prédécesseurs des grands mythes qui pouvaient même défier les dieux ; et comme le sont les super héros de la mythologie moderne qui ne vaut pas moins que l'antique, quoiqu'en pensent nos modernes « intellos.»

Par conséquent, avec regret, je constate que les jeunes Français connaissent davantage Spiderman ou Harry Potter, qui méritent leur notoriété, et n'ont jamais su qui était Pardaillan faute d'un renouvellement cinématographique, notamment.
Mais soyons fiers, malgré tout, d'être des membres de la société secrète des Pardaillanistes…

Pat









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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il leva la tête et en même temps la torche aussi et il demeura pétrifié, livide, hagard, muet, les yeux rivés à la voûte du caveau. Car il voyait là, penché sur le trou démasqué par la dalle, une tête qui l'observait avec des yeux réprobateurs et tristes... si tristes qu'il sentit un sanglot lui déchirer la gorge et ses yeux, à lui, s'embuer de larmes qui le brûlaient comme du plomb fondu. Et il rugit dans sa pensée :
- Monsieur de Pardaillan !...
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