AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782344043905
152 pages
Glénat (26/08/2020)
4/5   7 notes
Résumé :
Plongée dans la psyché d’un peintre maudit.

Au fil de quinze lettres de van gogh lui-même, adressées à ses proches et étalées sur les 17 années précédant sa mort, Danijel Zezelj nous expose les joies, les peines et les violents remous de l'âme d'un artiste torturé. Illustrant à travers des planches au charme perturbant et à la puissance ténébreuse la déliquescence mentale de ce peintre habité, il nous emmène dans un sombre et sublime monde composé uni... >Voir plus
Que lire après Van Gogh, fragments d'une vie en peinturesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Aviss, aviss, à la population.
Si tu nages en pleine déprime et que le soleil radieux t'apparait, au mieux, d'un gris castor alors devant cette BD tu traceras ta route et fissa. Il y va de ton éventuel sevrage en Lexomil.

Deux raisons majeures à cela.
Le sujet.
Van Gogh, aussi talentueux fut-il, ne laissa pas l'image d'un déconneur de première bourre dans les consciences collectives.
Danijel Žeželj s'attaque ici au parcours chaotique de ce peintre maudit au travers de lettres retranscrites et sublimement mises en images, sans toutefois faire oublier l'enfer personnel traversé par cet artiste maudit à l'instabilité mentale persistante.

La forme.
Noire.
Hachurée. Explosive. Omniprésente. Sublime visuellement mais certainement pas conseillée pour retrouver un semblant d'allant alors que tout semble partir à vélo.

J'ai adoré.
À vos risques et périls.
Commenter  J’apprécie          588
Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc, dont la première édition date de 2016. Elle a été réalisée par Danijel Žeželj. Elle comporte 15 chapitres, avec un lieu et un mois. Il comprend également 2 pages d'éléments biographiques, revenant sur chacune des 15 dates.

Chapitre I : Londres, juillet 1873. Au milieu d'une rue de Londres, dans un quartier industriel, avec les cheminées qui fument, une charrette avec un cheval, une brouette poussée par un homme, des badauds. Vincent van Gogh marche dans la rue en regardant les façades noircies des façades de petits immeubles. Il avance en marchant sur les pavés de la chaussée, et en jetant un regard alentour. Il s'arrête soudainement en découvrant des pieds qui se balancent dans le vide dans une ruelle. Il finit par voir qu'il s'agit d'un mannequin. Un groupe de jeunes gens se moque de lui en voyant sa réaction. Van Gogh poursuit son chemin, la tête passe, puis il se met à courir. Il arrive devant un grand hangar et y pénètre. Un noeud coulant au bout d'une corde se balance. Dans une lettre adressée à Caroline et Willem van Stockum-Haanebek, il évoque son installation à Londres, et son travail pour la branche de l'entreprise par laquelle il est employé, installée dans un simple entrepôt. Cela lui laisse du temps pour travailler, pour se promener dans la ville et admirer les maisons avec leur jardin devant, ainsi que les parcs splendides avec une richesse florale telle qu'il n'en a jamais vu.

Chapitre II : Ramsgate, avril 1876. Un maître d'école est en train de faire classe à une vingtaine d'enfants, pour une leçon de calcul. Vincent van Gogh se promène sur la plage de cette ville de la côte Nord-Est du comté de Kent. Il y a de hautes falaises derrière lui. Il observe des enfants en train d'observer quelque chose sur le sable. Il s'approche du petit groupe et découvre le squelette d'un poisson, entièrement nettoyé. Il a la vision de ce squelette gigantesque dressé dans le ciel, une hallucination très palpable. Dans le même temps, il écrit une lettre à son frère Theo dans laquelle il évoque son arrivée, l'internat qu'il voit de sa fenêtre, sa promenade sur le bord de la plage le soir même de son arrivée, et il joint quelques algues à sa lettre, les maisons en brique, le port et la couleur de la mer. Dans les expériences et lettres suivantes, il est question d'une promenade dans les champs, de l'impression laissée par un incendie, d'une après-midi mélancolique dans sa chambre, de sa relation avec Clasina Maria Hoornik, de ses interrogations esthétiques sur le noir & blanc, sur les couleurs, d'une séance de peinture avec une modèle à Anvers, de son retour à Paris, de son ressenti que les maladies sont des moyens de transport célestes, des hauts et des bas de sa relation avec Paul Gauguin, de son nouveau séjour à l'hôpital à Arles, etc.

En découvrant cet ouvrage, le lecteur est tout d'abord impressionné par ses dimensions : 26cm*37cm, soit plus grand qu'un format franco-belge, pour une reproduction à l'échelle 1 des planches originales de l'artiste. Ensuite la couverture arrête le regard avec ses couleurs évoquant celles de van Gogh pour une partie de sa série de tableaux sur les tournesols, ainsi que pour ces fleurs entre description fidèle et impressionnisme. Il découvre ensuite la forme de l'ouvrage : 15 courts chapitres 5 de 4 pages, 8 de 6 pages, 2 de 8 pages. Chaque séquence est en noir & blanc, commence avec une page de titre : numéro du chapitre, lieu et date en caractères blancs sur fond noir, et se termine avec une lettre de Vincent van Gogh écrite à ce moment-là. En fonction de sa curiosité, de son envie, le lecteur peut soit enchaîner les séquences en BD, ou lire les lettres après chaque séquence, ou aller consulter le court paragraphe de notes sur ladite séquence, en fin d'ouvrage. Il commence par le premier chapitre à Londres en juillet 1873. Il n'est pas bien certain que la dimension descriptive des dessins représente avec exactitude la réalité historique de ce quartier de Londres, que ce soit pour la largeur des voies, la faible densité de fréquentation, les façades d'immeuble, ou même les tenues vestimentaires. Il se dit que l'intention de l'auteur ne doit pas être d'effectuer une reconstitution historique minutieuse, encore moins maniaque, mais de retranscrire les sensations du peintre, la manière dont il a ressenti les choses à ce moment de sa vie, ses impressions psychiques.

Le lecteur est tout de suite frappé par le parti pris très contrasté entre noir et blanc, comme des coups de pinceau tracés à l'encre de Chine la plus impénétrable possible. La première page du premier chapitre correspond à une illustration en pleine page, le blanc immaculé de la chaussée répond au blanc immaculé du ciel, et contraste totalement avec le noir profond de la fumée des cheminées d'usine, de celui des bâtiments, des individus. Dans la première case de la page suivante, l'artiste utilise la même technique, tout au long de l'ouvrage, mais réussit cette fois une impression quasi photographique dans la représentation de la façade des bâtiments de la rue, comme si le contraste avait été poussé à fond, tout en conservant l'effet réel des détails. Il s'opère ensuite un glissement progressif : le contraste est encore accentué mais laissant plus de place aux surfaces noires qu'aux surfaces blanches, sous-entendant une montée de l'inquiétude ou de la déstabilisation de Vincent, de manière quasi expressionniste. C'est encore renforcé dans la troisième page, avec les trainées apparentes des coups de pinceaux, et une distanciation partielle d'avec une représentation purement réaliste. L'effet est saisissant et le lecteur ressent l'effet déstabilisateur qu'a le mannequin de chiffon pendu sur Van Gogh. La dernière case appartient à un autre registre : une corde pendant du haut de la case sans qu'il soit possible de deviner à quoi elle est attachée, avec ce noeud coulant à un mètre au-dessus de la tête de van Gogh, en pleine lumière, les ténèbres recouvrant les bords droit et gauche de cette case de la largeur de la page. le lecteur est plongé dans une expérience sensorielle et spirituelle, à laquelle il participe inconsciemment, mais automatiquement. En effet tous les chapitres sont dépourvus de mot, aucun phylactère, aucun cartouche, amenant le lecteur à découvrir le récit visuellement, avant toute utilisation d'un langage écrit. Enfin, il découvre la courte lettre correspondant à cette phase de la vie du peintre, puis il peut se rendre en fin d'ouvrage pour avoir d'autres éléments de contexte dans un court paragraphe.

Après avoir découvert ce premier chapitre, le lecteur a facilement compris le principe de cette oeuvre : passer en revue quinze moments de la vie de Vincent van Gogh (1853-1890), en partant d'une de ses lettres, et en proposant une interprétation de ce qu'il a pu ressentir lors de ce séjour. Danijel Žeželj est un bédaste aguerri qui a commencé sa carrière au début des années 1990, avec le rythme du coeur (1993) qui avait bénéficié d'une introduction de Fredrico Fellini (1920-1993). Il a régulièrement réalisé des bandes dessinées depuis, soit avec des scénaristes (souvent des comics), soit tout seul, dont une version muette extraordinaire du conte du Chaperon Rouge en 2015. Qu'il soit familier de cet auteur ou non, le lecteur reste bouche bée devant de nombreuses planches, souvent des dessins en pleine page : cette vue étonnante de la dimension industrielle de Londres, le gigantesque squelette de poisson dressé dans le ciel, la noirceur des flammes de l'incendie au-dessus des mines, Vincent recroquevillé par terre dans sa chambre, un navire marchand échoué sur une plage, Van Gogh semblant tomber du ciel en perdant ses chaussures, Van Gogh en train de peindre semblant enraciné dans la terre qui le nourrit, un chien à la fourrure trempée sous la pluie, un magnifique taureau sous le soleil, la vision fugitive d'un cerf dans une clairière, etc. Chaque séquence apporte son lot d'enchantement, une interprétation de la vie intérieure du peintre, mais aussi une façon de voir les intentions et les émotions de l'individu qui transforment la perception de la réalité.

Bien sûr, cette lecture est différente en fonction de sa familiarité avec la vie du peintre, avec son oeuvre, s'il identifie tel détail qu'il connaît déjà, ou s'il le découvre. Dans les tous les cas, cette bande dessinée s'avère une expérience narrative hors du commun, riche en émotions, en impressions, en ressentis, en expérience de la réalité. Bien sûr, il est facile de reconnaitre l'automutilation de l'oreille, ou encore la chambre dans la Maison jaune d'Arles. Bien sûr, on peut ne pas adhérer à la vision que Danijel Zezelj donne de la vie intérieure de van Gogh, mais elle est très cohérente, et convaincante. D'ailleurs personne ne peut dire ce qui passait par la tête du peintre à ces moments-là, ce qui rend l'interprétation de l'auteur aussi valide qu'une autre. D'un autre côté, c'est une approche cohérente avec son instabilité mentale, une façon d'évoquer le fait que ses peintures montrent la réalité d'une manière différente de celle perçue par le commun des mortels, d'évoquer ses préoccupations. le lecteur fait l'expérience de la force créatrice qui peut s'emparer du peintre, de son regard qui s'attache à des éléments singuliers jugés banals par le commun des mortels, à sa sensibilité aux éléments naturels (paysages ou faune), à la distance qui le sépare des personnes qu'il peut être amené à côtoyer. L'auteur sait faire partager l'impression d'une démarche créatrice exceptionnelle, engendrée par un individu spécial, en décalage avec les valeurs et les pensées qui définissent la normalité de la société dans laquelle il vit.

En découvrant le format de cet ouvrage, et sa composition, le lecteur constate qu'il sort physiquement de l'ordinaire. En lisant le premier chapitre, il a la confirmation de l'originalité de l'approche : des chapitres courts en noir & blanc, dépourvus de mots, complétés par une lettre du peintre. Il découvre en fin d'ouvrage que l'auteur complète chaque séquence par un court paragraphe développant son contexte. le titre annonce des fragments d'une vie : la promesse est tenue par des mises en situation en noir & blanc très contrasté, des images saisissantes, pour une proposition des visions intérieures de Vincent van Gogh. le résultat est personnel, d'une grande force évocatrice, faisant partager les états d'esprit d'un individu habité par la force de la création d'une vision singulière.
Commenter  J’apprécie          134
Si vous ne l'avez déjà fait, prenez-le, ouvrez-le, feuilletez-le. Van Gogh : fragments d'une vie en peintures de Danijel Zezelj paru chez Glénat est une pure merveille graphique, un récit muet en noir et blanc, une mise en lumière des zones d'ombres du maitre de la couleur. Des claques visuelles comme ça, j'en veux bien tous les jours !

Un très bel objet
Une fois n'est pas coutume, commençons par l'éditeur. Glénat a réalisé ici un sans faute. Tout a été mis en oeuvre pour fournir à Van Gogh et Zezelj un écrin à la hauteur de leur talent. En premier lieu, le format (26,2 par 37 cm) qui offre une très grande lisibilité et une meilleure immersion dans l'album. L'élégance de la couverture ensuite : dos toilé noir, illustration représentant au loin la silhouette de van Gogh chevalet au dos avec au premier plan un champ des emblématiques tournesols. La couleur de fond, un camaïeu de jaune orangé illumine la couverture. Ce sera la seule touche de couleur de l'album. Enfin, la qualité du papier très épais et la reprographie qui subliment la profondeur du noir et l'éclat du blanc des illustrations.

Fragments de vie
Dès la page titre, reprenant, en noir et blanc, le tableau de la chambre de Vincent, chaise renversée au premier plan, déformé par la perceptive grand angle, Zezelj nous fait franchir le seuil et nous introduit ainsi dans l'intimité et l'esprit perturbé de l'artiste. Cet album est un voyage. L'auteur nous invite à le suivre sur les traces laissées par le peintre lors de ses déplacements en Europe durant les dernières années de sa vie. C'est aussi une immersion dans sa psyché.
15 fragments de vie, 15 lettres, 15 chapitres, chacun construit sur le même modèle : une double page noire avec pour seule inscription sur la page de droite le numéro de chapitre, une ville, une date. Vont suivre des épisodes de 4, 6 voire 8 planches muettes qui nous font pénétrer dans l'univers de van Gogh avant de se refermer sur la lettre source d'inspiration. Ce procédé, tout en étant d'une extrême sobriété est également très subtil. Il va nous permettre au cours d'une première lecture d'entrer directement dans ce monde revisité par Zezelj et construire notre propre histoire. Puis après lecture de la lettre, c'est un autre regard que nous allons porter sur nos premières impressions et interprétations. Enfin, une troisième lecture nous est offerte avec en fin d'ouvrage une double page fournissant les éléments biographiques qui nous éclairent sur le contexte. A titre d'exemple, l'apparition incongrue d'un bison en première et dernière page du chapitre 8 qu'on va retrouver pleine page en ouverture du dernier chapitre trouve toute sa signification dans les derniers mots de l'album. Magistral ! [...]
Chronique complète sur le site de L'accro des bulles.
Lien : https://laccrodesbulles.fr/2..
Commenter  J’apprécie          30
Je me suis laissée tenter par ce roman graphique sur Van Gogh, au vu des excellentes critiques repérées sur Babelio.
J'ai apprécié l'idée d'associer des dessins à certaines des lettres de Vincent van Gogh, certaines sont d'ailleurs très émouvantes. J'ai retrouvé certains lieux clés du peintre pour les avoir visité ou vu en peinture et j'ai donc apprécié d'une certaine manière cette oeuvre.
En revanche, pour moi la peinture de Vincent van Gogh est pleine de couleurs et ai donc été un peu déçue de ne découvrir que du noir et blanc. Peut-être ce choix est-il là pour représenter les idées noires que pouvait avoir l'artiste, mais personnellement cela a mis une distance entre le livre et moi même.
Et puis définitivement, j'aime pouvoir m'immerger dans une histoire, y rester quelques jours au moins et je crois que ce type d'ouvrage me frustre toujours un peu, car en 30 min c'était déjà fini! Peut être faudra-t-il une deuxième, voire une troisième lecture pour prendre le temps d'observer tous les détails et profiter pleinement de sa richesse?
Commenter  J’apprécie          30
Danijel Zezelj, artiste croate au style hors norme propose avec Van Gogh – Fragments d'une vie en peintures, un voyage pictural atypique dans l'oeuvre d'un des peintres les plus prolifiques et les plus fantasmés de son temps.

Il choisi 15 lettres parmi la correspondance du peintre avec Théo, son frère. 15 lettres qui retracent son parcours de son départ de Hollande, en passant par Paris et la Belgique. Des missives qui content sa vie mystique, ses menus essais dans les mines et en tant que professeur dans une école pour garçon en bord de mer, jusqu'à son arrivée à Auvers-sur-Oise et sa vie tournée uniquement vers la peinture. Il décrit à Théo ses recherches artistiques, ses tentatives pour saisir au plus près ce qu'il ressent et ce qu'il capte du monde qui l'entour. Des lettres d'une importance capitale pour l'histoire de la peinture et celle de la vie d'un peintre incompris de son époque.
D'un format lui aussi original, 26,2 sur 37 cm, cette BD qui tient plus d'un essai stylistique, d'un travail de recherche, illustre cette correspondance au plus près. le tour de force du dessinateur est d'avoir avec des dessins uniquement en noir et blanc, saisi toute la puissance des couleurs de van Gogh. Il en extirpe toute sa substance, et même en retirant les couleurs, nous vient sous les yeux tout le travail du peintre disparu. Avec des détails d'une finesse extrême et des paysages étirés, il donne à voir le peintre en action, la ville en chantier et sa violence envers un homme qui se prend toute la sensibilité de la société sur les épaules.

Plongez en plein coeur de l'univers de deux artistes de génie…
Lien : https://topobiblioteca.fr/
Commenter  J’apprécie          50


critiques presse (2)
LigneClaire
17 septembre 2020
Il faut se laisser aller, regarder, lire, surtout ne pas interpréter, se laisser porter par cet ouvrage mystique et magique au format de 262 par 370 mm, ce qui n’est pas neutre pour son inévitable impact.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
BDGest
26 août 2020
Association d'artistes incomparables, de styles aux antipodes, l'existence de cet ouvrage devient une évidence, une alchimie superbe et majestueuse entre l'Art et l'âme.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
À Théo van Gogh. Petit-Wasmes entre mardi 1er et mercredi 16 avril 1879 - Cher Theo, j'ai fait une très intéressante excursion il n'y a pas longtemps. Le fait est que j'ai passé six heures dans une mine. Les travailleurs ici sont généralement des hommes émaciés et pâles, à cause de la fièvre qui ont l'air épuisés et hagards, érodés par les éléments et prématurément vieillis ; les femmes ont généralement le teint cireux et les traits flétris. Les villages paraissent désertés, figés avec un parfum d'extinction, car la vie continue sous terre plutôt qu'en surface. Les gens manquent sévèrement d'éducation et sont ignorants, et la plupart ne savent pas lire ; et pourtant ils sont malins et habiles dans leur travail difficile, des gens courageux, de petite stature mais avec de larges épaules et des yeux profonds et sombres. Ils ont du talent pour beaucoup de choses et travaillent incroyablement dur. Ils ont une haine et une méfiance profonde envers toute personne qui tente de les commander. Avec des charbonniers, il faut avoir une nature de charbonnier et un caractère avenant, être sans prétention, orgueil ou sentiment de supériorité, sans quoi il est impossible de s'entendre avec eux ou de gagner leur confiance. Ton frère aimant, Vincent.
Commenter  J’apprécie          60
À Willem et Caroline van Stockum-Haanebeek. Londres, mercredi 2 juillet 1873 - Chers amis, je m'en sors bien ici ; je vois beaucoup de choses nouvelles et magnifiques, et j'ai eu la chance de tomber sur un bon pensionnat, de telle sorte que je me s'en déjà relativement à l'aise. Cette branche de l'entreprise est juste un entrepôt ; c'est donc complétement différent de mon travail à La Haye, même si je suis confiant de pouvoir m'y habituer. À 6 heures, mon travail est déjà bouclé, alors il me reste encore un certain temps pour moi, que je passe très agréablement à me promener, lire et écrire des lettres. Le quartier où j'habite est très joli, et si paisible et si convivial qu'on en vient presque à oublier qu'on est à Londres. Dans chaque maison s'étale un jardin fleuri ou planté d'arbres, et de nombreuses maisons ont été construites avec beaucoup goût dans une sorte de style gothique. Dans chaque recoin de la ville s'étendent des parcs splendides avec une richesse florale telle que je n'en ai jamais vu nulle part ailleurs. Veuillez pardonner l'écriture maladroite ; il est déjà tard et d'aller au lit. Bonne nuit.
Commenter  J’apprécie          50
À Theo van Gogh. Arles, vers le mardi 11 décembre 1888 - Je pense que Gauguin ressent désormais un certain désenchantement vis-à-vis de la bonne ville d'Arles, de la petite Maison jaune où nous travaillons, et, par-dessus tout, de moi. Il est prévisible qu'il y ait encore de graves difficultés à surmonter ici, pour lui comme pour moi. Mais ces difficultés résident de plus en plus en nous, qu'ailleurs. Tout bien considéré, je pense personnellement qu'il va soit partir de bon, soit rester pour toujours. Je lui ai dit de réfléchir et de peser le pour et le contre avant d'agir. Gauguin est très fort, très créatif, mais c'est justement à cause de cela qu'il doit trouver la paix. La trouvera-t-il ailleurs s'il ne la trouve pas ici ? J'attends avec une absolue sérénité qu'il prenne une décision. Une bonne poignée de main. Vincent.
Commenter  J’apprécie          70
À Theo van Gogh, Paris, vers le dimanche 28 février 1886 - Cher Theo, ne sois pas fâché contre moi parce que j'ai débarqué sans prévenir. J'y ai tellement réfléchi, et je pense que de cette manière, on gagnera du temps. Je serai au Louvre à partir de midi, ou même plus tôt si tu veux. Une réponse s'il te plaît, afin que je sache quand tu pourras venir au Salon carré. Concernant les frais, je te le répète, ça revient au même. Il me reste un peu d'argent, cela va sans dire, et je veux te parler avant de dépenser quoi que ce soit. On trouvera une solution, tu vas voir. Alors viens aussi vite que possible. Je te serre la main. Bien à toi, Vincent.
Commenter  J’apprécie          82
De Vincent van Gogh et Félix Rey à Theo van Gogh. Arles, mercredi 21 janvier 1889 - cher Theo, afin de te rassurer complètement à mon sujet, je t'écris ces quelques mots dans le bureau de M. Rey, le médecin résident que tu as vu en personne. Je vais rester ici à l'hôpital quelques jours encore - puis j'ai l'audace d'avoir l'intention de rentrer à la maison très calmement. À présent, je ne te demande qu'une chose, de ne pas t'inquiéter, car cela me ferait une inquiétude DE TROP. Alors parlons maintenant de notre ami Gauguin, l'ai-je terrifié ? En gros, pourquoi ne me donne-t-il aucun signe de vie ? Il a pourtant dû partir avec toi. De plus, il avait besoin de revoir Paris, et peut-être se sentira-t-il plus chez lui à Paris qu'ici. Dis à Gauguin de m'écrire, et que je pense encore à lui. Et de mon côté, je suis satisfait de rester comme je suis. Une fois de plus, une bonne poignée de main à toi et à Gauguin. Bien à toi, éternellement. Vincent.
Commenter  J’apprécie          40

Lire un extrait
Videos de Danijel Zezelj (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Danijel Zezelj
"STEREO FAUNA" Danijel Zezelj @Squadro
autres livres classés : roman graphiqueVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (25) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3188 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}