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EAN : 9782818042045
288 pages
P.O.L. (02/03/2017)
3.41/5   34 notes
Résumé :
Pour son premier roman, Hélène Zimmer a voulu faire le portrait d’une femme rongée par le quotidien. L’installation en couple, la naissance des enfants, les obligations financières, tous ces éléments constitutifs de la famille participent de la dégradation identitaire. Plus les statuts s’empilent, plus les couches sociales se superposent – femme, mère, vendeuse – plus l’être se disperse, perd en épaisseur. Coralie existe pour les autres. Sa vie appartient à ses enfa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Ne vous attendez pas à un conte de fée !
Le style peut surprendre au début, cru, sans fioriture, le rythme est rapide, découpé, les insultes pleuvent, les cris s'enchainent. Rien à voir donc avec un conte de fée "il était une fois"
Ce style colle parfaitement à l'histoire de Coralie, Loic et leurs trois enfants.
On est immédiatement plongé dans la misère de cette famille. Loic est au chômage depuis deux ans ( la fin de droit est proche), Coralie travaille dans une grande surface . La dureté des conditions de travail, les relations malsaines entre collègues, le harcèlement du chef, le poids du chômage, les relations tendues dans le couple, tout cela nous happe et nous amène à lire ce livre en suffoquant , on étouffe devant ce trop de misère, ce trop de médiocrité. C'est aussi le cas de Coralie qui va faire appel à Fairy Tale, une émission de télévision qui aide les demandeurs d'emploi à retrouver un emploi...
L'univers de ce livre pourrait tout a fait être celui de Ken Loach . Ca c'est un beau compliment, n'est-ce pas ?
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Je ne le fais jamais, non, je ne lis jamais avant l'oeuvre elle-même la quatrième de couv'. Je ne sais pas pourquoi, cette fois-ci, elle a comme attiré mon regard. Je vous la livre ici :
« Fairy Tale, c'est ce qu'il reste de l'amour après la conception des enfants et la répartition des tâches.
- Et l'autre enculé là… Mouret… Avec son avertissement de merde… Il croit qu'on est à l'école le gars. Il croit qu'il peut arrêter de payer nos heures sup comme ça. Il a vu ça où lui ? Je pensais pas que je dirais ça un jour mais Frédéric il me manque finalement.
- C'est qui Frédéric ?
- Frédéric… Mon ancien chef… Je m'appelle Coralie au fait. Je suis la mère de tes gosses. Tu sais, la chatte que tu remplis quand t'es au calme chez toi. »
Fairy Tale, c'est ce qu'il reste de Coralie. »
Voilà, tout est dit.
Le sujet ? Comme dans une tragédie, il est simple : Coralie est la compagne de Loïc, ils ont trois enfants, Popo, Titi et Lulu. L'aînée a onze ans. Ils habitent un pavillon dans une ville sinistrée. Loïc n'a plus de travail depuis deux ans et Coralie est vendeuse au rayon fêtes ( !) chez Bonnin : vérification des commandes, réassort, présentation des produits, conseil aux clients. Une pizza rapide le midi dans la zone commerciale, un patron harceleur, des tensions avec les collègues. Une heure de trajet. Les enfants, les repas de nouilles, le zapping TV vide de sens, les tensions de la journée qui suintent, dégoulinent de partout, les vacances en mobil-home où l'espace se resserre encore davantage sur des protagonistes empêtrés.
J'arrête là, vous imaginez la suite. Alors, voir Loïc ne rien trouver, ne rien chercher peut-être, c'est dur. D'autant que dans trois semaines, il ne touchera plus ses indemnités chômage. Alors, quand Coralie tombe sur une émission de télé-réalité, Fairy Tale, qui se propose de trouver du travail aux chômeurs de longue durée, elle inscrit Loïc, sans le lui demander. La bonne fée de l'émission va-t-elle changer la vie de Coralie et des siens ?
Lorsque vous entrez dans ce roman Fairy Tale, terrible antiphrase, vous êtes littéralement happé, soufflé, emporté, vous vous cognez à chaque mot, chaque phrase vous pousse brutalement, vous met à terre, vous plaque, vous claque. Vous pénétrez dans le terrible univers de la tragédie. Fairy Tale ressemble à une pièce de théâtre et les répliques, les dialogues, sur un rythme effréné, sifflent, piquent, griffent, giclent. Les mots sont crus, bruts, hard. Ils ne sont pas dits - car on ne parle pas dans Fairy Tale - mais beuglés, hurlés, crachés, vomis.
Et pourtant, on les sent encore loin d'exprimer toute la violence subie par des individus broyés. Une violence terrible, celle de la souffrance pure, celle de la chute que l'on ne peut arrêter, celle de Coralie qui pige tout, qui voit tout, qui tente tout mais qui ne parvient pas à éviter le mur. Se fracasser, telle est l'issue inéluctable. Une vraie tragédie où on avance droit dans le pire, englué dans un cauchemar sans fin.
Un texte d'une puissance rare. J'allais écrire « une vraie claque » mais c'est bien pire que ça. C'est une sorte de précis de décomposition, de pourrissement, d'extinction pour mimer des titres à la Thomas Bernhard. Coralie s'enfonce dans la vulgarité d'un réel abject, sordide, où les gens chaque jour creusent leur trou, piégés par des problèmes matériels. Il suffit de regarder autour de soi… Que dis-je, il suffit de se regarder. Chacun reconnaîtra ici une part de son quotidien, l'usure de la vie, l'aliénation du travail, le combat qu'il faut mener sans relâche pour tout assumer et la lassitude qui fait qu'à un moment donné, ce n'est même plus la peine de lutter. On baisse les bras, on se dit que c'est foutu. Écrasé, piétiné, en miettes, on sait que l'on ne se relèvera pas.
Et cette violence, avant de se traduire par les gestes, passe par les mots. L'auteur dit que c'est par eux que s'exprime la psychologie des personnages. Ils sont en effet saisissants de vérité : je vous assure, l'effet de réel est impressionnant. On y est. Ça fuse dans tous les sens. Coralie encaisse et s'affaisse toujours un peu plus. Elle n'existe plus que pour les autres : son mari, ses enfants, son patron, ses collègues, ses voisins.
Victime de son quotidien, de ses multiples casquettes, de la fatigue qui s'accumule, elle ploie, tangue, s'enlise. Les pieds dans des sables mouvants, elle se débat et ne fait que s'enfoncer davantage. Combien de temps va-t-elle encore tenir ? Fairy Tale, dit Hélène Zimmer, est « ce qui reste de Coralie une fois qu'elle a rempli toutes ses fonctions » c'est-à-dire pas grand-chose.
J'ai lu ce texte dans la journée du 7 mai. L'angoisse qui m'a serré la gorge jusqu'au soir était terrible. Je me suis dit que cette violence des mots, de la vie, cette réalité sociale, on allait la retrouver dans les urnes, que ce désespoir, un jour, nous éclaterait en pleine face. Et j'avais peur.
Le soir, le résultat est tombé. Soulagement, bien sûr. Immense soulagement.
Mais, très vite, j'ai repensé à Fairy Tale, à Coralie.
J'ai pensé à ceux qui n'en peuvent plus et n'ont que la violence pour le dire.
Il faudra faire attention à eux. Sinon, le mur, il est pour nous.

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Il s'agit d'un premier roman très dur, sur la condition de cette femme, broyée par son quotidien : sa vie de femme, de mère, de vendeuse chez Bonnin (équivalent de Leroy Merlin ou la Foirfouille). le mari de Coralie est au chômage depuis 2 ans, il travaillait à la cartonnerie qui a fermé, et depuis ne parvient pas à retrouver du travail. Il s'occupe des enfants, fait un peu de ménage, mais malgré tout, Coralie n'en peut plus de le voir oisif. Elle rentre de mauvaise humeur du travail et le couple bat de l'aile. Ils se parlent mal, le père deale de la beuh devant les enfants... Un jour, Coralie regarde l'émission « fairy tale » qui permet aux chômeurs de retrouver du travail, sur le mode des émissions de M6. Elle inscrit son mari sans lui en parler. Il est sélectionné. Coralie est ravie, son couple va mieux, ils renouent contact et font à nouveau l'amour. Pour Coralie, ça se dégrade au boulot. Son patron la harcèle et la menace de licenciement, elle ne s'entend plus du tout avec une ancienne collègue amie suite à une broutille. Mais elle garde espoir, la télé va aider son mari. Un beau jour, le plateau de télé a envahi son salon. On découvre que tout est truqué, les membres de la famille ont des scriptes, etc. Mais, ils dégotent une place d'apprenti boucher pour son mari, ce dont il rêvait depuis toujours. L'ironie du sort : poussée à bout par son patron, Coralie démissionne et ne peut même pas toucher le RSA ni le chômage. Un roman social très intéressant. Les personnages sont bien campés. Coralie est très dure, elle jure beaucoup et est très stricte avec ses enfants. C'est aussi la vie en milieu pavillonnaire qui y est décrite, ainsi que l'univers commercial, tout le jargon de l'entreprise et du management. L'auteure est très douée en écriture de scénario aussi, car la scène de l'émission de télé est retranscrite du début à la fin, sur ce mode. Bravo !
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J'ai eu quelques difficultés à me faire un avis sur cette lecture. Dès le début j'a apprécié le style très direct ainsi que la manière dont est décrit le management dans la grande distribution. Cela m'a rappelé non pas Ken Loach comme j'ai pu le lire dans une critique mais "la loi du marché" de Stéphane Brizé. Cela pourrait être assimilé à un roman social qui aborde la vie difficile d'une trentenaire avec trois enfants et un partenaire en fin de droit qui ne met pas tout en oeuvre pour retrouver du travail. Mais en effet, cela manque d'empathie et d'humanité, la violence des propos entre les deux partenaires dérange et pour moi la période de vacances en mobil home n'apporte rien au récit.
Bref, un avis mitigé.
Lu dans le cadre du challenge multi défis 2019.
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Fairy tale : ça déboîte.

Le résumé est annonciateur d'une écriture hachée, sans filtre et sans tabou... On n'est pas déçu.

Zimmer dévoile le quotidien d'un jeune couple avec 3 enfants qui tente de survivre dans ce monde impitoyable qu'est la réalité.

Fini les contes de fées, les princes charmants et les paillettes. Faut travailler pour manger, faut se battre contre son chômeur de mari pour le bouger, faut tenter d'élever ses enfants.

Fini le beau prince qui fait l'amour tendrement, c'est un coït sale et violent, à la recherche de la passion des débuts, d'avant les enfants, d'avant le chômage, d'avant le quotidien de la vie.

Un véritable coup de coeur : autant pour l'écriture et le ton de Zimmer que pour l'histoire tout à fait banale d'une famille parmi tant d'autres.
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critiques presse (3)
LeMonde
19 mai 2017
Ce premier roman d’Hélène Zimmer, qui est aussi actrice, scénariste et réalisatrice, nous envoie en immersion dans l’ordinaire éreintant d’un couple de la France périphérique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
05 avril 2017
Jeunes Français moyens, Coralie et Loïc sombrent dans la misère. Un roman abrupt et fulgurant.
Lire la critique sur le site : Telerama
Liberation
03 avril 2017
Fairy Tale est si vivant, si visuel, une scène, un geste, une mimique après l’autre, qu’on a l’impression d’un film dont le livre serait le synopsis détaillé.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Les gens ils ont peur de leurs voisins. C’est à cause des médias. Les gens ils savent plus réfléchir par eux-mêmes. Mais faut pas croire les journalistes. Je dis ça, c’est pas de la prétention. Vous trompez pas, M’dame. Juste faut pas croire les journalistes. C’est tout.
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L’ayahuasca c’est comme une liane entre lui et toi. C’est ton lien avec l’humanité. Avec ta propre humanité en fait. Et lui, le chaman, c’est ton guide. Parce que la vérité c’est violent, ça fait gerber, la vérité. Et puis ça gratte, laisse tomber.
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La file est parfaite. Elles se positionnent au centre du praticable, face au public, en quinconce. Les deux de devant posent un genou au sol et font passer leur autre jambe dans leur cerceau. Celles de derrière posent une main sur la hanche et lèvent leur bras libre vers le plafond, les cerceaux prolongeant leur mouvement. Toutes se figent, arborant un grand sourire crispé. On admire leur justaucorps en lycra rose pâle, agrémenté de formes géométriques vertes et mauves. On s’étonne qu’une fillette de cet âge soit pourvue d’une telle paire de seins. On est ravi qu’une petite rondouillette fasse partie de la compétition. On trouve la grande blonde vraiment charmante. Vraiment, vraiment charmante.
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Oui c’est la crise ! Ça pleure dans les chaumières ! Et alors ? Ça pleure pourquoi ? Hein ? Vous vous êtes posé la question ? Ben je vais vous dire moi. Ça pleure parce qu’on veut sa table en teck pour organiser des apéros d’enfer ! Ça pleure parce qu’on veut son économe ultra-performant pour impressionner son petit mari en épluchant les concombres, ça pleure parce qu’on en meurt d’envie de son tapis enchanté… Ce tapis pour adultes qui chante des airs coquins quand on marche dessus ! Ce produit-là, on est les seuls à le proposer ! Les seuls sur le marché ! Notre plus-value à nous, c’est la créativité.
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C’est vrai que quand on regarde ces émissions on pense toujours que ça arrive qu’aux autres. On s’imagine pas qu’en fait nous aussi on peut passer à la télé. C’est vrai, ces gens-là c’est nous quoi…
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Videos de Hélène Zimmer (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Zimmer
"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L. Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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