Citations sur Brûlant secret et autres nouvelles (170)
Au-dehors, l’obscurité tombait lourdement ; les arbres soupiraient avec une peur enfantine lorsque les grands nuages pluvieux se mettaient à étendre vers eux leurs mains grises ; les ombres envahissaient de plus en plus la salle et les hommes semblaient de plus en plus la salle et les hommes semblaient de plus en plus oppressés par le silence.
La locomotive fit entendre un rauque sifflement : on était arrivé au Semmering. Pendant une minute les noirs wagons stationnèrent sous la lumière faiblement argentée du ciel ; ils rejetèrent un mélange de personnes et en avalèrent d’autres. Des vois nerveuses résonnèrent çà et là, puis la machine siffla de nouveau et entraîna bruyamment la chaîne sombre des wagons dans la gueule du tunnel. Et la paix recommença à régner sur le vaste paysage aux clairs arrière-plans balayés par le vent humide.
L'heure parut venue à l'impatient chasseur de presser le gibier. Ce qu'il y avait de familial dans ces relations, l'existence d'un trio, lui déplaisait. C'était, certes, une chose bien gentille de causer ainsi à trois, mais finalement, son intention n'était pas de causer.
(Brûlant secret)
Lorsque, avec un certain dédain superficiel, on donne à ces gens-là, en Autriche, le nom de "chasseurs de femmes", c'est sans savoir combien de vérité positive incarne ce mot, car, effectivement, tous les instincts passionnés de la chasse, le flair, l'excitation et la cruauté mentale, s'agitent dans l'attitude de ces hommes constamment sur le qui-vive. Ils sont toujours chargés de passion, une passion qui n'est pas celle de l'amant, mais du joueur, la passion froide, calculatrice et périlleuse.
Ils ont l'air d'avoir fait une bêtise qu'ils n'osent pas s'avouer. Ils ne bavardent plus comme hier, ils ne rient pas non plus, ils sont gênés, ils cachent quelque chose. Il y a entre eux un secret qu'ils ne peuvent pas m'avouer. Un secret que je dois percer à tout prix ........ Oh, le savoir, savoir enfin ce secret, le comprendre, tenir cette clef qui ouvre toutes les portes, ne plus être l'enfant à qui l'on cache et dissimule tout, ne plus être celui qu'on berne et qu'on dupe. C'est le moment où jamais ! Je vais bien leur arracher, ce terrible secret.
« Quelques belles femmes passaient près de moi ; que je regardais avec effronterie, mais sans aucun désir intérieur [...]. En réalité, aucune d’elles ne m’attirait ; mais c'était pour moi une sorte de plaisir que de parader ainsi devant elles, de jouer avec l’idée — la leur — que je touchais leur corps, de sentir dans leurs yeux une vibration magnétique car, comme c’est le cas de tout homme qui reste froid intérieurement, ma meilleure jouissance érotique était de susciter chez les autres ardeurs et trouble, au lieu de m’échauffer moi-même. Je préférais ressentir cette chaleur extérieure que la présence des femmes met autour de notre sensualité plutôt qu’une excitation véritable ; mon intérêt restait toujours froid et superficiel. Tel j’étais ce jour-là aussi dans ce lieu de promenade, captant un regard et me rendant aussitôt, avec la facilité d’un volant, jouissant sans m’attacher, examinant les femmes sans désir, rien que légèrement échauffé par la tiède volupté du jeu. »
Une ombre d’ennui qui se dissimulait dans ses yeux sombres, sous forme de mélancolie, planait sur son existence et obscurcissait sa sensualité.
son cœur battait impétueusement dans sa poitrine – comme un battant de cloche contre sa paroi sonore.
– Scélérat ! murmura-t-il.
– Que dis-tu ? demanda sa mère.
– Rien, fit-il entre ses dents. Lui aussi avait maintenant son secret ; c’était la haine, une haine infinie contre eux deux.
Le baron résolut de faire vite, mais en même temps d’éviter toute apparence de précipitation. Au contraire, il voulait, comme le pêcheur qui retire l’hameçon pour mieux appâter, opposer pour sa part à cette nouvelle amitié une indifférence extérieure ; il voulait se faire désirer, alors qu’en réalité c’était lui qui désirait.