Dans «
Conscience contre violence »,
Stefan Zweig relate les débuts de la tyrannie que Calvin a exercé à Genève au 16e siècle et surtout la résistance intellectuelle que lui opposa
Sebastien Castellion, grand humaniste de cette époque.
Conscience contre violence, tolérance contre fanatisme, humanisme contre despotisme, doute contre certitude, coeur contre tête… autant de façons de résumer ce qui caractérisa leur joute. Et je dois dire que ça n'a pas chômé en moi pendant cette lecture !
Une des premières sensations qui a émergée est un franc agacement face à cette impression d'avoir été roulée : comment !?! Calvin était un sombre tyran d'une cruauté sans nom !?! Il n'est donc pas (seulement) ce héros de la liberté de conscience qui s'est dressé face aux obscurantistes de l'Inquisition ? Et bien non, Calvin s'est empressé d'agir avec tout autant d'intolérance, voire davantage, que les catholiques dès qu'il s'est retrouvé au pouvoir, et il n'a pas hésité une seconde à renier le peu d'humanisme de sa jeunesse. J'étais ébahie que tant de violences nous soient cachée par l'Histoire.
Ensuite, j'ai bien entendu été horrifiée à plus d'une reprise face aux violences telles qu'on les exerçait à l'époque : entre les excommunications, les tortures et exécutions des plus cruelles, il faut avoir le coeur bien accroché. C'est peut-être même davantage la froideur des exécutants qui m'a glacé le sang.
Enfin, il est facile de voir dans les évènements de ce livre et dans les « morales » qu'en tire l'auteur, les répétitions de l'histoire, les constances de l'humanité et donc toute l'actualité de ce texte qui, à mon avis, ne s'applique pas qu'aux dictatures (nous ne sommes pas dans un régime dictatorial, n'est-ce pas ? ;-)) : il y a bien sûr, l'idée centrale du danger qu'il y a à vouloir imposer sa vérité que l'on pense la seule « juste et vraie » et l'intolérance, le fanatisme, la violence qui peuvent en découler. Et aussi, d'autres petites leçons politiques qui me semblent bien au goût du jour.
Il me faut préciser que malgré tout, le livre de Zweig est habité d'optimisme et d'espoir et c'est d'ailleurs cette fin pleine de foi en l'humanité qui m'a presque arrachée quelques larmes. Pour
Stefan Zweig même si par moment, la dictature l'emporte, ce ne sera jamais que pour un temps car : "Avec le temps, la vie s'avère toujours plus forte qu'une doctrine abstraite. Par ses chauds effluves, elle adoucit toute dureté, amollit toute raideur, fait se relâcher toute sévérité."
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