Je considère que les bons livres sont ceux qui bousculent, qui nous interrogent, qui crééent une quelconque émotion violente qui fait que nous n'en sortons pas indemne. C'est aussi ceux qui nous laissent une marque indélébile. Comme "
Le joueur d'échecs".
Ma première lecture de cette nouvelle, remonte déjà à plus de 6 ans. J'ai réengagé le jeu de la lecture par une lecture audio d'
Edouard Baer (de audiolib). Ca me paraissait très prometteur. Quoique au départ, j'ai pris peur, car bien monotone, et au fur et à mesure, le ton devient vivant, excité et fou. Quoi de mieux pour nous faire entrer dans l'ambiance.
Le début met en place les pions... euh pardon, les personnages. D'un côté, nous avons le champion mondial des échecs que le narrateur décrit comme fruste, un peu vulgaire... Il n'est guère engageant, voire peu finot, si c'est que c'est un champion des échecs. C'est cette partie lue qui m'a parue monotone. Ceci dit, je trouve que ça correspond bien au personnage.
Ce champion accepte, contre argent, des défis d'échecs contre des voyageurs, qui trouvent à chaque partie la défaite. Puis entre en jeu un nouveau personnage, qui semble pouvoir tenir tête au champion... Cet inconnu est intriguant puis se dévoile petit à petit. A partir de ce moment, la lecture s'emballe et devient ( à mon avis) plus intéressante. La narration nous fait alors découvrir une réalité des plus terribles liée aux tortures et expérimentations des nazies... qui conduisent à des traumatismes fusionnels avec la folie.
Avant de reprendre la lecture audio, je confondais l'époque. J'avais tendance à mettre ce court récit à la période de la Grande Terreur du Stalinisme, sans doute, influencée par mon souvenir du "Zéro et l'infini.". Quoiqu'il en soit, ce sont bien les violences des régimes totalitaires, que dénoncent Zweig, des violences intrinsèques à la période.
J'ai trouvé ce texte terrible, car l'auteur semble très pessimiste, il décrit une situation sans issue positive voire un contexte totalitaire sans fin.
Il fait partie de ces livres qu'il faut avoir lu. Je salue aussi la lecture d'
Edouard Baer, vraiment talentueuse.