Autant je n'avais pas trop apprécié la biographie de
Marie-Antoinette par
Stefan Zweig, autant j'ai beaucoup apprécié celle de
Magellan - mais ce n'est pas forcément la faute de l'auteur, c'est aussi que je suis plus intéressée par le personnage d'explorateur que par le portrait d'une reine superficielle.
Petit gentilhomme obscur et sans fortune, abandonné par son roi et forcé de passer au service d'un autre, lâché par ses cartes et ses calculs qui se révèlent faux,
Magellan avance néanmoins et fait avancer ses navires par la seule force de sa volonté. Ce sont les souffrances qui rendent l'exploit plus beau et plus grand.
Le dernier chapitre est particulièrement beau,
Magellan est trahi dans ses dernières volontés, sa famille est morte, le passage qu'il a découvert et le détroit qui portent son nom sont oubliés pendant plusieurs décennies - jugés non rentables, l'économie impose déjà ses lois. Mais la gloire vient de la découverte scientifique, du plus grand exploit de l'humanité. Celui-ci n'est possible que grâce à son biographe,
Pigafetta, et au-delà grâce à Zweig lui-même, car un exploit ne devient réel, un événement ne devient historique, que lorsqu'il est récit. Un personnage a besoin d'un écrivain pour devenir un héros, d'une épopée pour chanter ses exploits.