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De Stefan Zweig, je connaissais Vingt-quatre Heures de la vie d'une femme et le Joueur d'échecs, que j'avais adorés ! Pour Marie-Antoinette, je suis plus mitigée. Stefan Zweig a fait un travail remarquable et sérieux, il illustre tout ce qu'il présente par des références et des extraits, et son analyse des situations et des motivations des uns et des autres m'a toujours semblé pertinente, son style est vraiment très fluide et agréable, on ne s'ennuie pas avec lui, même dans les passages descriptifs, c'est rare !

Mais voilà, quelque chose dans sa posture m'a gênée. Comme s'il en voulait à Marie-Antoinette et à Louis XVI d'avoir été ce qu'ils ont été. J'ai cru percevoir beaucoup de rancoeur de l'auteur envers son sujet, et voilà, ça m'a fait un effet bizarre. Il est dur avec elle !

Je vais être bien embêtée pour le nombre d'étoiles, c'est une biographie réussie et bien écrite, mais vraiment, je bloque sur le ressenti de l'auteur. J'ai aussi la biographie de Montaigne à lire, du même auteur. J'espère qu'il sera plus sympa, parce qu'autant Marie-Antoinette, je ne ressentais rien de spécial pour elle avant de commencer ma lecture, autant Montaigne, je l'adore !
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Retour de lecture sur “Marie-Antoinette” de Stefan Zweig publiée en 1932. C'est une biographie très complète, de cinq cents pages avec une pagination relativement dense de cette reine, qui fut longtemps la plus méconnue de l'histoire de France. Stefan Zweig fut le premier à pouvoir consulter intégralement les archives de l'Empire autrichien, et être capable grâce à cela, après un gros travail complémentaire de recherches, d'établir une biographie très juste et complète de ce que fut vraiment sa courte vie. Cet auteur est surtout connu pour ses nouvelles qui sont fantastiques, pouvoir bénéficier de sa plume dans ce travail de vulgarisation historique est un grand bonheur. Il arrive à rendre la vie de cette femme vraiment passionnante. On lit cela comme on lirait un roman de fiction, tellement l'auteur arrive à y insuffler une dimension romanesque impressionnante, tout en gardant une forme très sérieuse et une rigueur historique permanente, même si cette dernière, vu la date de ce travail, mériterait peut-être quelques mises à jour. Ce livre est passionnant du début à la fin pour quelqu'un qui aime la belle littérature et l'histoire, on ne s'ennuie pas une seconde. Cette biographie est particulièrement riche, détaillée, bien construite et claire, elle est découpée en une succession de chapitres qui sont à chaque fois des épisodes, des affaires ou des événements de la vie de Marie-Antoinette. On apprend ainsi beaucoup de choses sur la vie au château de Versailles ainsi que sur la vie du couple royal. Il est amusant d'apprendre par exemple que la vie sexuelle du couple et leurs problèmes intimes étaient quelque chose de public et que le monde entier était au courant des détails. Tout comme les accouchements de la reine, qui n'étaient nullement d'ordre privé, toute la famille royale ainsi que de nombreux dignitaires y étaient invités comme à un spectacle. On comprend aussi avec ce roman tous les détails passionnants concernant l'affaire du collier, pourquoi ce fait divers a été si important, à quel point il a marqué son époque et quelles ont été ses nombreuses répercussions. Accessoirement c'est aussi le premier roman que je lis qui parle de ma ville de Saverne, qui était avec son château alors surnommé le “Versailles alsacien” un lieu de rencontre de la fine fleur de l'époque et qui met en scène des personnages historiques qui y sont liés, comme le cardinal de Rohan ou le sulfureux mage Cagliostro. A travers le destin tragique de cette femme on a un récit palpitant sur la genèse de la révolution française, on voit comment peu à peu le peuple, mais aussi la noblesse et la bourgeoisie, se sont lassés de cette monarchie à bout de souffle, incarnée par un roi sans caractère, incompétent, et une reine devenue impopulaire, pour basculer dans une spirale et un processus incontrôlable qui a tout balayé. Les détails de la révolution, tels que Zweig nous les explique sont passionnants, on n'est pas dans un livre d'histoire, même si tout est parfaitement détaillé, mais dans une aventure humaine qui n'oublie jamais la dimension psychologique et la manière dont les événements sont perçus et interprétés par les protagonistes et les foules. Tout est passionnant dans ce livre, l'épisode de la fuite jusqu'à Varennes avec l'arrestation, ensuite la nuit sur place, puis le retour, est décrit avec un réalisme impressionnant, on a vraiment l'impression de vivre tout cela au plus près, dans le carrosse, et de ressentir tout le désarroi du couple royal. On assiste chapitre après chapitre à la chute de cette monarchie à travers la déchéance de cette femme, abandonnée de tout le monde, à qui on n'a épargné aucune ignominie, et qui fût, encore peu de temps avant, la reine du rococo. Quand l'art de l'écriture de Zweig se met au service de l'histoire, cela donne quelque chose de vraiment passionnant et de captivant. le film éponyme de Sofia Coppola, met magnifiquement en images la vie de cette femme à Versailles, et constitue un complément parfait à cette lecture. Stefan Zweig était un écrivain génial, je connaissais le romancier et je viens de découvrir le biographe. Bref, vous l'aurez compris, j'ai adoré cette lecture.

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"La gigantesque statue de la liberté mise en face de la guillotine: inaccessible déesse, la tête couronnée du bonnet phrygien, l'épée à la main, médite silencieusement. Ses yeux fixent, au-delà de la foule éternellement mouvante, bien au-delà de la machine meurtrière, quelques points lointains et invisibles. Elle ne voit pas les choses humaines autour d'elle, elle ne voit ni la mort, ni la vie, cette mystérieuse déesse de pierre aux yeux rêveurs et éternellement adorée. Elle n'entend pas les cris de tous ceux qui l'appellent, elle ne s'aperçoit pas des couronnes qu'on dépose à ses genoux, ni du sang qui fume la terre à ses pieds. Symbole d'une éternelle pensée, étrangère parmi les hommes, elle est là muette, et fixe dans le lointain son but invisible. Elle ne sait pas et ne cherche pas à savoir ce qui se passe en son nom."
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Stefan Zweig nous livre ici une biographie de Marie-Antoinette, l'Autrichienne, reine détestée par ses contemporains et dont la mémoire encore aujourd'hui reste très contestée.
Il nous décrit la transformation d'une jeune fille frivole en véritable reine, un statut qu'elle ne saura malheureusement atteindre qu'après les dures épreuves que lui inflige la Révolution. L'auteur s'appuie pour cela sur des écrits et des lettres d'époque. Mais il se fait aussi l'interprète des sentiments de Marie-Antoinette, ce qui rend la biographie vivante et extrêmement touchante.
On devient donc le témoin des transformations de la société du règne de Louis XV, encore monarque absolu, au triomphe de la Terreur. Une époque troublée qu'on vit à travers le destin de Marie-Antoinette, magnifiquement conté par Stefan Zweig.
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« du premier jour jusqu'au dernier Marie-Antoinette n'a vu dans la Révolution qu'une vague de boue immonde, soulevée par les instincts les plus bas et les plus vulgaires de l'humanité ; elle n'a rien compris au droit historique, à la volonté constructive de ce mouvement parce qu'elle était décidée à ne comprendre et à ne défendre que son propre droit royal.
On ne peut pas le nier, cet entêtement à ne pas vouloir comprendre, c'est là la faute historique de Marie-Antoinette. Cette femme tout à fait moyenne et bornée quant à la politique, sans vue d'ensemble sur les filiations d'idées, sans perspicacité psychologique, n'a jamais cherché à saisir, par éducation ou volonté, autre chose que ce qui était humain, proche, sensible.

Stefan Zweig recontextualise assez bien, ici, ce que furent la pensée et le leitmotiv de la dernière souveraine de France, pendant ses vingt années de règne. Car il s'agit bien d'une recontextualisation, et non une réhabilitation. Ses fautes sont autant passées au crible que les nombreuses campagnes mises en oeuvre pour la diffamer. Zweig par un biais psychologique tente de dresser le portrait le plus juste possible, via l'étude de sa correspondance avec sa mère : l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche. Ainsi que celui que L Histoire considère comme son amant : le comte Hans Axel de Fersen. L'écrivain/biographe ayant eu accès aux archives de l'ancien Empire autrichien pour étayer sa thèse.

Parfaitement consciente de son rang et du respect qui lui est due, mais totalement indifférente à l'idée d'un quelconque devoir envers un peuple aux abois. Peuple qu'elle ne connaît pas, et qu'elle ne cherchera jamais à connaître. Lui préférant le faste de la vie à Versailles. Et sa retraite au domaine de Trianon, et son hameau qui porte désormais son nom.
Cette frivolité et désinvolture - dont sa mère ne cesse de s'inquiéter dans leur correspondance - va cristalliser une haine à son encontre qui la mènera à sa perte.
La monarchie française ne pouvait pas trouver pire représentant pour clore une dynastie millénaire qu'un roi pusillanime et débonnaire, et une reine désintéressée par tout sens du devoir et uniquement orientée vers son plaisir personnel. Marie-Antoinette n'était ni Catherine de Russie, ni Elizabeth première d'Angleterre... elle ne doit pas sa renommée à sa clairvoyance en politique, mais parce qu'elle fut la victime dépassée de l'Histoire en mouvement.
Reste cette fin touchante où les époux royaux accepteront leur sort, stoïque, avec un courage et une dignité qui ont cruellement fait défaut durant les premières années de leur règne.

L'immense génie de cette biographie - mais qui peut être perçue comme un défaut pour les historiens les plus rigoureux - c'est qu'elle nous fait vivre les événements du petit bout de la lorgnette, du point de vue de Marie-Antoinette. Avec ce que cela compte d'absence de perspective. Les personnalités historiques gravitent autour d'elle, mais Zweig ne s'attarde pas à développer leur biographie, tout comme les causes de la Révolution ne sont pas pleinement explicitées. Laissant le lecteur dans le même flou que la souveraine, ce qui permet au passage une narration fluide. La prose de Zweig, étant, il faut dire savoureuse. Notamment cette manière de clore les chapitres qui donne envie de poursuivre la lecture.
À n'en pas douter un de mes plus beaux coups de coeur de lecteur.
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Haletant, intéressant, admirable.

Stefan Zweig livre ici un récit rigoureux et
magnifiquement documenté (riche en détails de toutes sortes) de ce que fut l existence de Marie-Antoinette. Il analyse finement l évolution psychologique de celle que les bouleversements de l Histoire muent progressivement d' agaçante donzelle - frivole et creuse - en noble, en courageuse héroïne de tragédie, mettant en avant les ressorts de cette étonnante métamorphose ; cet aspect-là entre autres est passionnant.

Les chapitres sont courts et bien menés. Zweig applique sa maitrise de la mécanique romanesque à la construction générale du récit. Les événements historiques qui font l arrière-plan de cette histoire semi- personnelle sont relatés de telle façon qu' on a l impression d avoir affaire aux rebondissements d un roman.
Et lorsqu ‘ arrivent les épisodes de la fin, ceux des multiples tentatives de la famille royale pour échapper à son funeste destin, on se prend à trembler pour ces quatre-là …. comme si tout n était pas déjà joué d avance… et comme si on ne le savait pas.
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S'appuyant sur des archives inédites du Comte Hans-Axel de Fersen (correspondances, journal), ainsi que les archives de l'Empire Autrichien, Stefan Zweig, que je ne connaissais qu'à travers ses nouvelles, se révèle ici être un biographe de talent.
Il retrace, avec force détails, la vie de Marie-Antoinette, reine parmi les plus emblématiques de France, de son mariage avec Louis XVI à sa fin tragique.
Stefan Zweig s'éloigne un peu de la biographie classique, en ne s'attardant pas que sur les faits historiques mais en s'attachant plutôt à décoder les comportements de la Reine et à comprendre les ressorts psychologiques qui dirigent ses actions. On le sait, l'auteur est un maître dans l'art de sonder l'âme de ses personnages et cette biographie, sous-titrée « portrait d'une personne ordinaire », n'échappe pas à la règle. La façon dont il structure sa biographie, à savoir un grand thème par chapitre, est particulièrement astucieuse car, si elle ne respecte pas complètement l'ordre chronologique de l'histoire, elle permet de mieux comprendre l'articulation entre les différents évènements, leur incidence, l'importance de certains détails, a priori insignifiants, sur le cours de l'histoire et la façon dont l'histoire intime s'est imbriquée à la Grande Histoire. Chaque moment de la vie de Marie-Antoinette est ainsi détaillé en profondeur et les liens de causalité avec sa destinée tragique apparaissent très clairement.
Avec Marie-Antoinette, Stefan Zweig nous offre une biographie au souffle épique et romanesque, aussi haletante qu'une fiction historique d'Alexandre Dumas, et nous donne à voir l'âme intime et profonde de Marie-Antoinette, ni idéalisée, ni diabolisée, mais humanisée, grâce à un portrait nuancé, sans concessions pour les responsabilités qu'elle porte, mais aussi très touchant.
J'ai adoré cette lecture et ce n'est sûrement pas la dernière biographie écrite par cet auteur que je lirai.
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Marie-Antoinette sous la plume magnifique de son compatriote autrichien j'étais curieuse de voir l'approche qu'en faisait l'auteur.
J'aime beaucoup l'écriture de Zweig (c'est déjà mon sixième livre) qui est un conteur hors pair, encore une fois c'est une très belle découverte.
La biographie de la reine reprend toutes les étapes de sa vie jusqu'à la tragédie, on retrouve l'exubérance du personnage mais on ressent aussi les failles d'une femme qui n'a pas choisi son destin et qui fut bien malheureuse dans sa courte vie. Se construire alors qu'on est une enfant loin de sa famille n'est pas une mince affaire encore plus au XVIIIeme siècle.
Entre intrigues et manigances pas besoin d'écrire de fiction, la cour de Versailles se suffisait à elle-même pour cela !
L'auteur mêle à son récit des correspondances de l'époque qui permettent au récit de prendre de la profondeur.

Un presque coup de coeur, j'ai juste trouvé les dernières 150 pages un peu longues.

Je vous conseille vivement cette lecture !
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Philippe Henry , retours de lectures :

Marie Antoinette, Stefan Zweig
A vrai dire, point n'est vraiment besoin de commenter le livre écrit par Stefan Zweig sur Marie Antoinette. Tout le monde connait l'auteur, tout le monde le respecte et l'apprécie. Et puis aussi, sur Marie Antoinette, on nous a déjà dit pas mal de choses.
Alors... Eh bien alors, ce livre se lit évidemment très aisément. On a beau savoir, on y apprend ou on se remémore beaucoup points que l'on avait oubliés ou négligés. Peut-être même jamais rencontrés. On entre dans l'intimité de cette reine, et comme Zweig tient la plume, on entre dans sa psychologie. On la voit bien insupportable enfant puis jeune femme gâtée, toujours en train de courir les bals, de jouer avec ses amis (es) au Trianon, de faire des dépenses somptuaires pour y établir un monde factice, avec des fermes factices, des paysans factices autrement plus amusants que les rigides figurants de la cour de Versailles. On la voit aussi, très progressivement, comme à regret, prendre un peu de plomb dans la cervelle. L'abracadabrante histoire du collier, qui mêle un cardinal stupide (bon vivant par ailleurs), une fausse reine cachée dans les bosquets du parc, une escroc (le féminin d'escroc ?) que rien n'effraie et des ennemis toujours prêts à dénoncer anonymement les supposées vicissitude de la reine est sans doute la charnière de la vie de Marie Antoinette à Versailles. A partir de là, tout se déchaîne contre « l'Autrichienne » que l'innocence et la frivolité vont doucement abandonner.
Ce livre fait le récit de ce chemin parcouru par Marie Antoinette de l'éternelle adolescence à la prise en main de son rôle de reine, pour finir dans la dignité face au malheur puis à la mort. Un « roman d'apprentissage » finalement. Une sorte de chemin de rédemption, menant en l'occurrence vers l'avenir sombre qui lui donnera la grandeur et la noblesse qui lui ont longtemps fait défaut. Tout cela est parfaitement dit. Sous ce regard, le livre de Zweig est indéniablement attachant et émouvant.
Une seule chose m'a posé problème. J'ai ressenti cela d'ailleurs dans d'autres biographies de Zweig. C'est justement cette capacité qu'à l'auteur de pénétrer les pensées de ses personnages. Il connait le fonctionnement des âmes. Il le connait tellement que pour ma part, modeste lecteur, je ne sais plus où est Zweig et où est Marie Antoinette. Nous décrit-il la vraie ? N'invente-t-il pas un peu ? Il a certes été recherché des sources, il a séparé le grain de l'ivraie, mais est-il assez historien ? Et puis surtout, n'est-il pas tombé amoureux de cette femme, comme tous ceux d'ailleurs qui l'ont fréquentée ? Ne se prend-il pas au jeu de son imagination ? Quand on lit « Elle monte en courant l'escalier... » (la phrase n'est pas exactement celle-là mais elle y ressemble), Zweig a sûrement raison, mais au fond il organise le comportement de Marie Antoinette sur la base de la vision qu'il a de ses sentiments. Cette petite faiblesse est bien peu de chose, c'est vrai, mais n'intervient-elle pas inopinément dans d'autres domaines que la montée d'un escalier aux Tuileries ?
Si j'avais de plus fortes connaissances en histoire, je verrais bien aussi la trace de cet amour de Zweig pour son personnage dans le portrait qui ressort, sous sa plume, de ce pauvre Louis XVI. Un brave homme bien débonnaire et bedonnant qui ne quitte son indécision permanente que pour réclamer à manger ou aller dormir. Il fait bêtise sur bêtise ce monarque, c'en est désespérant. Cela désespère aussi la reine semble-t-il. Je ne dis pas que cela n'est pas vrai. Au fond, je n'en sais rien, mais je pense réellement que le regard de Zweig est biaisé et néglige certains aspects de la personnalité du roi.
Mais tout cela n'est pas essentiel et il faut dire que ce livre vous fait passer quelques heures agréables et émouvantes. Il ne faut surtout pas bouder ce plaisir.
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Y aurait-il eu la Révolution française sans Marie-Antoinette ?


Comment une femme insignifiante (propos de l'auteur) aura changé la face de l'Histoire.
Appuyé sur une quantité pharaonique de documents historiques, l'auteur tâche de séparer ce qui fut mystifié, calomnié, grossit, falsifié... afin de dresser un portrait réaliste et parfois cruel de cette reine qui fut tant idéalisée par les historiens comme pour le grand public.

Les faits sont aussi nombreux que passionnant, pour tenter de comprendre ce qui aura conduit à un destin aussi tragique.

Tout commence avec un mariage hors norme, les prémices d'un destin qui se dessine dans les actes de chaque premiers instants.

"La destruction de l'autorité royale, en vérité, n'a pas commencé avec la prise de la Bastille, mais à Versailles."

Car Marie-Antoinette vit dans l'inconscience, ignorante des terribles enjeux auxquels elle méprend de prendre part, ne se rendant compte du pouvoir et du rôle qui lui était offert, bien trop tardivement, à l'heure où l'irréparable était déjà en marche. Que de moments précieux perdus en frivolités, de se satisfaire à outrance d'être le centre des attentions et des regards mondains, ne cherchant qu'à plaire, et surtout à elle-même.


Suivirent les conflits avec la du Barry, le contraste grandissant des envies de la reine, des façons et des goûts, en totale opposition avec celles de son mari.
Dépense, gaspillage, caprices...s'éloignant du peuple autant que d'allier de poids (tiers état, clergé, noblesse) en s'éloignant de Versailles et en élisant ses quartiers dans le petit Trianon, on sent que chaque excès, chaque désir personnel est une faute de plus qui accélère sa chute, l'affaire du collier, la possibilité d'une liaison entre ma reine et le comte de Fersen, une réclusion à Paris malgré une volonté du peuple de changement suite à l'évacuation forcée de Versailles, une fuite rocambolesque... jusqu'au soulèvement du peuple, masse de l'inaction du pouvoir et des excès de la couronne.

L'auteur nous livre un portrait au plus proche des évènements qui ont conduit à la révolution française qui aura changé la face de la France pour toujours, centré sur cette reine qui avait tout pour influer le cours de l'histoire, mais qui aura sacrifié la royauté au détriment de ses plaisirs personnels. Une femme pourtant de caractère, mariée trop jeune, et dont la fin de sa vie nous montre toute la force dont elle était capable d'user pour faire face au plus terrible
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"Le destin, parfois, sait bouleverser ces natures moyennes et de sa poigne impérieuse les sortir de leur médiocrité; la vie de Marie-Antoinette en est peut être un des plus éclairants exemples de l'Histoire."

En effet, c'est souvent dans le malheur que l'être humain peut éprouver sa véritable nature, se projeter hors de soi même, découvrir des capacités insoupçonnées et connaitre son Etre.

Marie-Antoinette, fille de Marie-Thérèse, impératrice du Saint Empire Germanique et descendante de l'illustre famille des Habsbourg, se retrouve par un arrangement politique avec les Bourbons de France, mariée, elle l'adolescente insouciante qui ne vit que pour les plaisirs et les distractions, au dauphin et bientôt futur roi de France, Louis XVI.

Dans cette sublime biographie historique où les sentiments se mêlent à la politique pour faire L Histoire, Zweig nous livre une autopsie psychologique de la fin de ce 18ème siècle. Une analyse fine des moindres recoins du psychisme du couple royal et leur entourage qui permet de comprendre la chute inévitable de la Monarchie.

Zweig à l'exemple des Français du 18ème et ceux qui leur ont succédé, tantôt invective la reine égoïste, tantôt l'excuse tout en rendant hommage à son courage et son honneur incomparables dans l'épreuve ultime. Une femme dotée d'une franchise et d'une âme sincère, humaine, trop humaine, qui se moque des étiquettes et des protocoles. Une âme philosophiquement en accord avec elle même, mais rien qu'avec elle-même car elle a réussi l'exploit de perdre le soutien de l'aristocratie et du peuple. Sa vie est l'illustration parfaite du tragique.

"Le tragique ne résulte pas seulement des traits démesurés d'un être, mais encore, à tout moment de la disproportion qui existe entre un homme et son destin."




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