Ces pages immortelles se déroulent durant l'un des chapitres les plus importants de l'histoire universelle : la chute de l'Ancien Régime et la Révolution, prélude sanglant au monde dans lequel nous vivons tous aujourd'hui. Dans ce tumulte sauvage qui frise plus d'une fois la pure barbarie, un personnage, une femme, incarnera à elle seule, et malgré elle, par sa propre vie, ce renversement de l'Histoire :
Marie-Antoinette.
Toute la biographie de Zweig devient alors une sorte de crescendo de la douleur, de la perte et de la solitude. La reine futile passe des plus folles jouissances aux plus terribles souffrances, de la surabondance ou dénuement le plus total, dans une escalade qui, comme la Révolution, semble sans fin. Et la frivole, pour qui l'on a au début peu de sympathie tant elle semble n'être guère plus qu'une ancêtre de Paris Hilton, acquiert alors une aura ; ses profondeurs se révèlent, la fille cède la place à la femme, la joueuse à la mère, et la dispendieuse ingénue - voire carrément idiote - du Trianon, à la martyre incomparable de la Révolution. L'éveil est hélas trop tardif : toutes les mauvaises décisions ont déjà été prises, les mauvaises voix ont été écouté, et l'archiduchesse ne peux plus arrêter l'impitoyable roue de la Fortune. Entre temps, les épisodes se succèdent : les scènes tragi-comiques avec le cataleptique Louis XVI, sorte de spectre qui ne vivra jamais que pour le sommeil, la chasse et la bombance, même au seuil de la mort (son "journal intime" est un monument de nonchalance) ; l'affaire du collier, si hallucinante qu'aucun romancier n'eût pu l'imaginer ; et surtout la passion amoureuse avec Axel de Fersen, où les amants magnifiques emportent le souvenir tragique de l'aimé jusque dans l'au-delà.
Fresque magistrale, récit de la fin d'un monde et du déclin déchirant d'une vie vouée aux extrêmes, voilà l'une des plus belles réussites de
Stefan Zweig en tant que biographe et écrivain.
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