AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,05

sur 33 notes
5
4 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Le pouvoir permet tout.
De faire ramper des hommes (contraints, bêtement dociles, ou véritablement éblouis par le dominant).
De prendre leurs femmes, de gré ou de force.
Et de jeter les indésirables sans autre forme de procès.

L'être humain ne s'est pas affranchi de cette loi animale au cours de son "évolution". Stefan Zweig le montre via ce récit d'une conquête féminine de Bonaparte lorsqu'il était général des armées.

Avec sa plume élégante, sobre et précise, l'auteur exprime brillamment la domination, l'abus de pouvoir, la douleur d'un homme trahi et abandonné, la soumission, la révolte, la lâcheté - ou l'instinct de survie - des témoins et des proches... Autant de références au nazisme dont Zweig fut victime.

Une partie du propos rappelle le roman 'Le Montespan' - histoire d'un homme trompé, bafoué, humilié par un puissant. Mais on est très loin, ici, des excès spectaculaires de son auteur, Jean Teulé.
Les textes de Zweig sont mesurés et percutants - style parfait d'un très grand écrivain.
Commenter  J’apprécie          300
Une expérience nouvelle en ce qui me concerne que la lecture d'une pièce de théâtre, n'étant pas un spécialiste du genre, je me contenterais de dire que j'ai adoré et le style et l'écriture.
Le récit met en scène une "aventure" de Bonaparte qui est une anecdote méconnue et authentique de sa vie. le rythme des dialogues et la concision des scènes font que le tout se dévore sans même qu'on s'en rende compte, j'ai passé un super moment de lecture.
Je ne connaissais de Zweig que "Le joueur d'échecs" et l'on m'avait dit que pratiquement toute son oeuvre valait d'être lue, avec cette deuxième expérience j'en suis convaincu !
Commenter  J’apprécie          144
« Un caprice de Bonaparte », dernier volet d'une oeuvre pour le théâtre qui en compte huit, n'est probablement pas l'ouvrage le plus connu de Stefan Zweig. Une histoire est vraie, cependant : nous sommes en 1798 pendant la campagne d'Egypte. Au campement, Bonaparte séduit Pauline Fourès, Bellilote, la femme adorée d'un de ses fidèles lieutenants, aussi fidèle à sa personne qu'il est dévoué corps et âme à la Révolution. Il devra divorcer « au nom de la raison d'Etat » et quand l'heure de la révolte viendra, Bonaparte, devenu Napoléon et Premier Consul, aura déjà délaissé sa conquête. Un drame conjugal vite étouffé par Fouché.

Alors qu'il nous relate un événement du niveau d'un fait divers, on sent comme un jugement de la part de l'auteur ; déjà dans le titre « Un caprice… », mais aussi tout au long des trois actes sous tendus par cette question lancinante : le pouvoir et la puissance qu'il procure ouvre-t-il tous les droits sur le petit peuple ; au « troussage de domestique » en l'occurrence… ?

Une « petite » pièce de théâtre à première vue ; en fait réflexion magistrale sur les abus du pouvoir personnel en général et sur le culte de la personnalité en particulier, qui mènera l'Allemagne où l'on sait et Stefan Zweig au suicide.

Commenter  J’apprécie          130
En lisant cette pièce, je pensais à Mme de Montespan et surtout à son mari, le cocu magnifique qui se fit une gloire de sa honte, lorsque Louis XIV lui prit sa femme - une histoire racontée notamment par Jean Teulé. Car c'est bien une histoire d'abus de pouvoir, un homme tout puissant qui réussit à fanatiser les foules, dominant les soldats prêts à le suivre au bout du monde - ou du moins en Égypte, et séduisant les femmes prêtes à rejoindre son lit.
Bonaparte apparaît peu d'ailleurs, il n'est là que pour imposer sa volonté que tous relaient, alors même qu'il n'est pas encore le tout-puissant Empereur. Et seul Fourès voit qu'il marche vers le pouvoir absolu : les lois n'ont plus cours, la fraternité et l'égalité disparaissent, ce sont bien les signes que la République agonise et qu'un nouveau roi va remplacer les anciens.
Dommage néanmoins qu'on ne voit pas plus les sentiments de la Bouillotte, il aurait été intéressant de comprendre, pourquoi elle a cédé alors qu'elle aime toujours son mari. Son origine populaire n'est qu'effleurée, bien qu'elle soit un élément de compréhension du personnage : au lieu d'être séduite, elle a cédé à l'abus de pouvoir de l'officier supérieur de son mari, charismatique.
Commenter  J’apprécie          40
Durant la campagne d'Egypte de 1798, Pauline FOURÈS dite Bellilote, alors épouse du lieutenant FOURÈS, est séduite par le général BONAPARTE, lui-même à la tête de l'armée française chargée de couper la route des Indes à l'armée anglaise.

Le lieutenant FOURÈS est déplacé par BONAPARTE qui veut avoir les coudées franches avec Pauline, et fait ordonner à son soldat de rejoindre la France au plus vite. Seulement, le navire sur lequel navigue FOURÈS est attaqué par l'armée de la Grande-Bretagne qui fait prisonnier son équipage. FOURÈS est le seul captif libéré : il porte sur lui une lettre de BONAPARTE. Il peut donc rentrer sain et sauf au Caire… Et apprendre la liaison de sa Pauline de femme avec le général remuant… « Être prudent, je n'y pense même pas. La prudence n'est qu'un mot évasif pour désigner la peur ; et je n'ai peur de personne. Ils peuvent claironner l'histoire en France et les anglais peuvent la raconter dans leurs gazettes, ici je fais ce qui me plaît. Je serais un idiot de ne pas prendre la femme que je veux. Qui peut être gêné, d'ailleurs, qui a quelque chose à dire que je couche ici seul ou à deux ? ».

FOURÈS, de retour en France sur les talons de BONAPARTE après la campagne d'Egypte, est prêt à faire éclater le scandale en haut lieu. Mais le lui permettra-t-on ? D'autant que BONAPARTE prend du galon en devenant Premier consul. Et l'adultère semble ne plus l'enthousiasmer… Tandis que FOURÈS se découvre une fierté et un combat autre que militaire : « La patrie, ha ! Ha ! Parlons-en ! J'attendais que vous me sortiez ce drapeau-là qui sert à couvrir toutes vos sales combines ! Merci de la leçon, citoyen ministre, mais moi j'ai servi la République avec ma peau, loyalement, courageusement, aveuglément pendant sept ans ! Seulement en Egypte toutes sortes de faits m'ont éclairé et j'ai l'honneur de vous dire que je m'en fous d'une patrie qui met un flibustier plus haut que la liberté ! Pourquoi faut-il que ce soit toujours moi, nous, le peuple, les imbéciles qui trimions et nous sacrifiions pour la patrie ? Quand il s'agit de profit et de gloire, les maîtres sont au premier rang ; quand il est question de sacrifice, c'est nous qu'on pousse en avant ! ».

Cette pièce de théâtre en trois actes est un vrai petit bijou. Se basant sur des faits réels, elle manie l'humour et les situations cocasses, embarrassantes et vaudevillesques avec maestria. ZWEIG réussit un grand numéro de cache-cache, subtil et pétillant. Il épingle la cupidité du futur Napoléon 1er avec finesse et intelligence. Ou comment un homme est prêt à tout pour détruire la carrière d'un de ses soldats qui ne lui a pourtant rien fait de mal, bien au contraire. La pauvre Pauline est dépassée par les événements et se terre dans son ambivalence.

Pièce jubilatoire à lire à la fois comme un moment de détente et une page de l'Histoire de France, elle se laisse déguster avec aisance sans jamais se transformer en cours historique. Visiblement écrite à la toute fin des années 1920, elle est l'un des incontestables éléments constituant l'oeuvre riche du ZWEIG historien et biographe passionné.

https://deslivresrances.blogspot.com

Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          30
Pièce de théâtre de Stefan Zweig de lecture facile sur un épisode réel et méconnu (de moi en tous cas): pendant la campagne d'Égypte, Bonaparte prend une maîtresse parmi les femmes de ses lieutenants. A travers cette pièce, Zweig nous montre le peu de considération des puissants pour ceux qui les admirent. Intéressant..
Commenter  J’apprécie          35
Stefan Zweig nous livre ici une pièce de théâtre vraiment très intéressante, divertissante mais aussi moralisante. On y voit ce que donne les caprices des grands de ce monde, à quel point cela peut briser ceux qui sont leur entourage.
En trois actes, nous sommes touché par le malheur qui touche le jeune lieutenant qui eu le malheur d'avoir une femme au gout de Bonaparte, mais aussi la faiblesse de cette Bellilotte.
On pourrait en revanche reprocher le parti-pris assez fort à l'encontre de Napoléon Bonaparte mais cela n'enlève pas au plaisir de la lecture de cette oeuvre bien au contraire. Un ouvrage à conseiller
Commenter  J’apprécie          20
J'ai pris cet exemplaire dans la bibliothèque familiale sans savoir ce que c'était (à savoir une pièce de théâtre) car je suis de manière générale passionné par l'épopée Napoléonienne. Quelle fut ma surprise quand je me suis rendu compte qu'en réalité c'était une pièce de théâtre ! J'avais de très mauvais souvenirs de mes lectures de pièces de théâtre pendant le collège et le lycée, car ça m'ennuyait et je n'arrivais pas à visualiser l'histoire dans mon imagination comme on le fait aisément avec un roman.
Cependant le sujet m'intéressait alors j'ai essayé. Et je ne suis pas déçu. Ce n'est pas ma lecture préférée mais j'ai réussi à apprécier et à prendre le temps de visualiser les dialogues, les intéractions, le décor etc. -chose que je n'arrivais pas à faire quand j'étais collégien, probablement car je n'en avais pas envie.
L'histoire est simple : Bonaparte, tout puissant, veut séduire la femme d'un de ses soldats pendant la campagne d'Égypte. Il lui fait miroiter plein de choses et il y parvient alors que Pauline est amoureuse de son Fourès, et meurt de honte de l'avoir trompé et de s'être fait rouler dans la farine.
Zweig dénonce ici l'abus de pouvoir dont peuvent se rendre coupables bon nombre de puissants de l'époque.
L'histoire et les dialogues sont eux assez amusants, donc j'aimerais beaucoup voir cette pièce jouée, mais je pense que c'est malheureusement chose rare...
Commenter  J’apprécie          10
La pièce est courte, mais son propos fait mouche. Fourès est celui qui dénonce, l'inconfort du peuple qui doit se soumettre aux puissants et ces élites que rien ne gêne, pour qui tout est permis et qui ne s'embarrasse par des péquins qui les suivent et les servent. À l'encontre de la Boétie, Zweig nous affirme bien que l'esclavage des peuples est dû à la dictature de ceux qui ont le pouvoir. Se dresser contre eux c'est signer son arrêt de mort !
Il y a d'ailleurs un véritable fossé entre M et Mme Fourès. Autant madame est soumise, seul personnage féminin, qui subit son sort, qui crie à son mari qu'elle n'a pas pu aller contre la volonté de Bonaparte, autant monsieur démontre que l'on peut toujours (essayer) de contrer leur volonté, même seul.

Cette lecture est intéressante, car elle résonne toujours aujourd'hui. Les puissants de ce monde n'ont toujours pas de vertu ni de discipline et le pouvoir reste une drogue qui émascule ceux qui ne l'ont pas et qui font croire à ceux qui le possèdent qu'ils sont supérieurs.
Le point d'achoppement dans cette sulfureuse question du pouvoir est bien mis en avant par Zweig : moins qu'une soumission à ceux qui le possèdent, c'est le regard d'admiration qu'on leur porte qui fait notre malheur. L'exemple ici de Bonaparte est important : homme d'exception, être doué d'une volonté sans borne, il subjugue ceux qui le côtoie. Mais les hommes ou les femmes de pouvoir sont des humains, rien que des humains : ils mangent, ils chient, ils pleurent, ils souffrent comme tous les autres ! Ils ne sont rien d'autre que nos égaux et ils n'ont rien de plus que nous et leur pouvoir n'existe que du moment où on les regarde comme des êtres à part. Rien n'exaspère plus un homme de pouvoir quand quelqu'un se comporte avec lui comme avec n'importe qui ! Pauline Fourès dite Bellilote signe son malheur quand elle croit qu'elle ne peut que se soumettre à Bonaparte, car c'est Bonaparte… Et François Fourès se trompe quand il pense qu'il doit s'élever contre l'injustice que Bonaparte lui a faite parce que c'est Bonaparte… 

L'indifférence est le remède contre le pouvoir. Indifférence au pouvoir lui-même, et indifférence à ceux et celles qui s'en réclament.
Lien : https://metreya.org/2018/08/..
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (98) Voir plus



Quiz Voir plus

Le joueur d'échec de Zweig

Quel est le nom du champion du monde d'échecs ?

Santovik
Czentovick
Czentovic
Zenovic

9 questions
1884 lecteurs ont répondu
Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

{* *}