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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
De ce que je comprends, ce recueil de nouvelles a été créé en 1992, donc il ne faut y voir aucune intention de l'auteur. le point commun les regroupant semble être la France, puisque chacune se déroule en France ou en lien avec elle.

"Histoire d'une déchéance" (1910) raconte la disgrâce et l'exil dans son château à la campagne de Mme de Prie (1698-1727) qui pour ainsi dire tint les rênes du pays un temps sous Louis XV. J'ai été assez agacée par la superficialité du personnage. La construction en spirale que Zweig utilise régulièrement ne me convainc pas ici, je l'ai trouvée trop appuyée et provoquant des longueurs, comme dans la dernière nouvelle du recueil, "la contrainte". Cependant, son ressenti de la chute vertigineuse qu'elle a vécue m'a semblé assez bien transcrit.

J'ai été complètement séduite par "Mariage à Lyon" (1927). À la période de la Révolution française, ce mariage se déroule dans un cadre pour le moins surprenant. Une histoire très originale qui fait vibrer la corde sensible.

"Dans la neige" (1901) nous emmène au Moyen-âge, vraisemblablement autour de 1350, dans une ville se situant à la frontière entre l'Allemagne et la Pologne. L'arrivée des flagellants, massacreurs de Juifs, fait frémir une famille. Récit parfaitement ciselé qui nous fait littéralement vivre cette nuit terrible avec cette famille, et nous rappelle l'éternel recommencement de l'Histoire.
Vous me direz, "pas de lien avec la France", certes, si ce n'est qu'on est, en 1901, sur les charbons encore ardents de l'Affaire Dreyfus, et que l'antisémitisme se portait bien alors. Je pense que tous les Juifs au minimum d'Europe ne pouvaient pas l'ignorer, peut-être est-ce ce contexte qui a inspiré Zweig ici.

Avec "la légende de la troisième colombe" (1916), on remonte aux temps diluviens, au sens propre du terme, puisque l'auteur imagine ce qu'il est advenu de la troisième colombe envoyée par Noé pour vérifier le stade du retrait des eaux. La réponse n'est pas sans lien avec les évènements européens du moment de l'écriture. Un conte mythologique émouvant à la chute assez glaçante.

On poursuit dans le cynisme avec "la croix" (1906). Un commandant de Napoléon en Espagne réchappe en mai 1810 au massacre de sa troupe par les Espagnols. Un récit réaliste dénonçant les horreurs de la guerre, encore une chute coup de poing qui rattrape largement les petites longueurs du récit en spirale.

La thématique est poursuivie dans "Au bord du lac Léman" (1919) où un déserteur russe est pris dans les filets absurdes des conflits armés à l'échelle de continents. Récit court mais assez poignant.

"La contrainte" (1916) explore un autre aspect de la guerre : la conscription, l'appel - y répondre ou pas. On suit un couple allemand réfugié en Suisse qui se déchire sur la décision à prendre. J'ai été moyennement convaincue par ce dernier récit à cause des longueurs, mais le fond reste tout à fait intéressant. Un beau rôle de femme je trouve.

Bref, j'ai passé un très bon moment dans ce voyage à travers le temps, et je vous le recommande chaudement :-)
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Voilà c'est fait. J'ai trouvé mon recueil préféré de Stefan Zweig.
Je suis tombée dessus quasiment au hasard au cours d'un récent séjour à Lyon et la coïncidence du titre m'a tellement frappé que je l'ai tout de suite pris. Alors bien sûr, Zweig étant l'un de mes auteurs préféré c'était loin d'être un achat inhabituel. Mais je sentais déjà au vu du résumé que j'allais surement adorer, car il était dit que toutes les nouvelles tournaient autour du thème de l'histoire.
Et bien, je n'ai pas seulement adoré, ce fut un véritable et immense coup de coeur.
Effectivement chaque nouvelle était en lien avec l'histoire mais je dirais même plus précisément : la guerre. La guerre et ses désastres, ses affres, ses terribles conséquences sont au coeur de quatre des six nouvelles.
La première, La déchéance, ne s'articule pas autour d'une guerre, mais tout en restant dans le thème histoire, se déroule sous Louis XV et raconte la chute d'une célèbre (et réelle) favorite qui du jour au lendemain se retrouve seule, exilée et isolée et va doucement mais surement tomber dans une dépression proche de la folie. J'ai beaucoup aimé cette nouvelle où nous est dépeinte la cruauté de la cour de Versailles et surtout les conséquences que provoquent l'aveugle dépendance des courtisans à celle-ci. C'était fascinant à lire.
Pour les cinq autres je ne peux décemment pas les résumer toutes ici, bien qu'elles le mériteraient tant elles sont toutes exceptionnelles de profondeur et de tristesse. Mais grosso modo, on va plonger dans des histoires aussi terribles que bouleversantes. On va côtoyer une famille juive persécutée au XIVème siècle, suivre un soldat français s'étant perdu lors d'une campagne Napoléonienne, découvrir la terrible traversée d'un soldat russe que la guerre a fait échouer en plein lac Léman, on fera la connaissance de Ferdinand un français caché en Suisse qui tente d'échapper à un retour sur le front dont il ne se sent plus capable et enfin s'envolera avec une une magnifique hirondelle allégorique survolant la guerre et le désespoir. Des merveilles.
Mais ma préférence va à celle qui m'a le plus bouleversée parmi les six, la nouvelle éponyme : Un mariage à Lyon. On va se retrouver en pleine Révolution, dans une prison de Lyon où sera emmené un groupe de contre-révolutionnaires, on assistera aux retrouvailles d'un jeune couple qui avait été séparé à cause des conflits. Retrouvailles, puis mariage dans la prison d'une rare beauté et d'une rare tristesse, qui m'a littéralement émue aux larmes.
Il est véritablement difficile pour moi résumer avec des mots ce que ce recueil a provoqué en moi. Rarement des nouvelles m'auront autant ému, et surtout presque toute à égalité. Zweig a utilisé le thème de la guerre via différentes époques et différents angles, et chacun était d'une extrême précision et d'un réalisme frappant, tragique.
Le maître a encore frappé juste. Un génie.
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Un mariage à Lyon est en fait un recueil de sept nouvelles se déroulant au XIVème, XVIIIème, ou XXème siècle. Toutes ne m'ont pas marqué de la même manière mais chacune présente un intérêt notable : la guerre, l'amour, la solitude et la vanité de l'existence sont des thématiques récurrentes de ces courts récits. Un mariage à Lyon qui est la raison pour laquelle j'ai ouvert ce livre, m'a émue aux larmes par sa dimension désespérée ; La contrainte, la dernière nouvelle, me rappelle les romans de Franz Kafka et m'atteint personnellement ; la déchéance de Mme de Prie, parisienne renvoyée dans ses pénates normandes, objet de la première nouvelle, ne peut laisser le lecteur totalement indifférent.

L'écriture de Stefan Zweig, surtout, riche et fluide à la fois – on saluera la traductrice Hélène Denis au passage – produit sur moi un effet quasi-magnétique. Je ne peux m'en défaire et regrette que l'ouvrage soit si court.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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En peu de mots, Zweig réussi à toucher droit au coeur. Nous sommes à Lyon, et un groupe attend la mort dans des cellules. Une femme pense que son homme est décédé, mais voilà que dans un rayon de soleil, elle l'aperçoit. Comme la mort est annoncée, elle décide de s'unir pour la vie, mais surtout dans la mort avec lui. Mariage célébrée par un vieux prête, qui attend lui aussi la mort. Courte nouvelle, mais très forte. L'amour qui triomphe de la mort. Qui la rend plus sereine, si c'est possible. À chaque lecture de Zweig, je reste admirative devant la justesse des mots, des émotions. Une lecture courte, mais dont les mots resteront dans mon esprit, dans mon coeur.
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Recueil de nouvelles, je ne parlerai pas de toutes, ce serait trop long.
La nouvelle titre raconte une histoire d'amour, de mariage et de mort dans les prisons lyonnaises sous la Terreur.
Ma préférée est la première du recueil "Histoire d'une déchéance". Encore une brillante analyse psychologique de S. Zweig d'une femme qui n'a jamais appris à ETRE..
La nouvelle raconte l'histoire de Mme de Prie, maîtresse du duc de Bourbon durant la Régence de Louis XV. Après le départ de son amant, elle est exilée elle-même (en Normandie ! mais bon, on est au début du XVIII ° siècle)..
Elle était belle, coquette, intrigante, superficielle, vivait uniquement dans l'instant présent et courait les fêtes de Paris et Versailles. Exilée dans la campagne normande, elle s'amuse le premier jour mais dès le deuxième jour, le vide, la solitude et l'ennui s'emparent d'elle. Elle comprend que l'exil sera durable et ne peut supporter de ne plus être admirée. "Elle sentait cette solitude où personne ne la réclamait". Dans les premiers courriers reçus, elle s'aperçoit qu'à la Cour, on ne parle plus d'elle, qu'elle est déjà oubliée ce qui la stupéfie, elle qui adorait user de son pouvoir sur les autres, qui n'a jamais vécu pour elle-même mais uniquement par et dans le regard des autres. La solitude de la campagne lui est insupportable, elle n'existe plus, c'est "un arrêt de mort". Elle essaie d'impressionner les paysans normands mais au bout de quelque temps, cela ne marche plus, elle donne des fêtes car dans son orgueil elle ne veut pas qu'on sache qu'elle périt d'ennui mais l'été finit...Dans le même temps elle sollicite, quémande ses anciens "amis" de la Cour qui bien sûr ne répondent pas (elle ne leur sert plus à rien).
La déchéance, ce n'est pas la disgrâce royale, c'est elle-même qui sombre et se déshumanise incapable de comprendre qu"elle a toujours vécu dans un monde factice.
Combien aujourd'hui ne pourraient exister loin des paillettes des médias, de leur profession, se jugent indispensables, confondent comme Mme de Prie être et paraître ?
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Cet auteur me fascine. Sa façon de décrire le monde affectif est unique. L'art de nommer les drames dans lesquels ses personnages sont plongés est d'une grande finesse. Il faut bien connaître l'humain pour être capable de décrire avec autant de lucidité le rapport à soi et aux autres. Les sept nouvelles de ce livre m'ont toutes interpellées. Son oeuvre s'imprègne avec force dans l'esprit. C'est toujours un grand plaisir de le lire et de le relire.
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Cette première nouvelle nous transporte entre le château de Versailles et ce de Courbe-Epine en Normandie, on y suit les mésaventures de Madame de Prie, chassée de la cour du roi. Elle y redécouvre les joies de la campagne mais surtout, elle y prépare son retour. Ce n'est pas ma préférée mais j'ai aimé l'ambiance qui s'en dégage, l'héroïne et ses faux-semblants sont bons et bien écrit, pas de doute là-dessus. Moi qui avais eu du mal avec mon premier Zweig, je suis content d'avoir persévéré et découvert ce recueil de nouvelles.

La seconde petite histoire est celle qui donne son titre au livre, un mariage à Lyon, retrace une partie de l'histoire de la ville en 1793, devenue alors la Ville Affranchie. C'est dans ce contexte sanglant qu'un mari et sa future épouse se retrouve dans la même geôle. C'est celui qui m'a le plus plu, déjà car cela se passe dans ma ville mais j'ai aussi apprécié le côté historique de la nouvelle. Je l'ai même trouvée un peu trop courte, j'aurais adoré en lire plus sur cette histoire.

Dans la neige nous transporte au Moyen-Age, en Allemagne, c'est celle qui retranscrit le mieux le style de Stefan Zweig selon moi, avec ses belles descriptions, son intrigue excellente, même si cela se retrouve aussi dans la précédente, j'ai trouvé qu'il y avait un air de roman.

La quatrième nouvelle, quant à elle est plus onirique, avec cette histoire de la première et seconde colombe que Noé envoya une fois la terre trouvée, celle-ci narre l'histoire de la troisième colombe, celle qu'on ne revit jamais. J'aime le côté légende qu'elle donne et diffère aussi des précédentes intrigues. C'était encore un fois original, ma seconde favorite dans ce recueil.

Partout en 1810, en Catalogne cette fois ci, j'aime la diversité de lieux et d'époques qu'offre le livre. La fin est triste mais dans le contexte, je ne m'attendais pas à autre chose. Je l'ai apprécié, sans plus.

Au bord du lac Léman, un soir d'été 1918, un homme nu est retrouvé sur un semblant de barque, le pêcheur le ramène à son village mais celui-ci parle un langage inconnu et se contente de répéter « russiya ». On comprend alors que ce russe est sûrement un déserteur qui tente de retourner dans la mère patrie. C'est la nouvelle qui m'a le moins marqué. J'ai moins aimé l'ambiance, les personnages sont bons mais manque d'un peu de fantasie.

La dernière nouvelle, « contrainte » porte bien son nom, un homme allemand va devoir partir à la guerre, voyant ses ravages, il choisira un autre destin. Une nouvelle émouvante dont on redoute la fin à chaque instant.
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Cette nouvelle est brève, intense, en huit-clos et tout simplement belle. Elle pourrait être réellement triste, mais Stefan Zweig l'écrit d'une telle façon que nous sommes presque heureux du dénouement.
La description de ces deux jeunes gens, faisant l'impensable dans un lieu indisposant, réussissant à faire changer le comportement d'un groupe entier est assez impressionnant.
C'est donc une très bonne nouvelle de Zweig pour passer un moment agréable.
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Un mariage à Lyon/Stefan Zweig
Dans un style toujours aussi saisissant, Zweig nous convie à la lecture de sept très belles nouvelles.
« L'Histoire d'une Déchéance », celle de Madame de Prie proche du roi de France, est celle d'une femme seule, déchue et abandonnée de tous, qui met en scène sa vie en permanence et qui joue la comédie au lendemain de sa mise en disgrâce. de plus, « Elle faisait partie de cette race de femme assez courante, modelées par l'humeur des autres. » Elle estimait « qu'une existence sans jalousie, sans haine, sans mensonge n'était pas digne d'être vécue. » Une histoire bouleversante jusqu'au dénouement final.
Un « Mariage à Lyon » est une brève nouvelle dont l'intrigue amoureuse se déroule lors de la Révolution Française. Une profonde émotion émane de ce récit magnifique.
« Dans la Neige » est une fresque dramatique, tragique et poignante mettant en scène des familles juives fuyant les pogromes en Allemagne au XIV é siècle, pour tenter de gagner la Pologne.
« La Légende de la Troisième Colombe », la colombe de la paix est une allégorie. le style parabolique de Zweig fait merveille dans ce très beau récit.
« Au bord du Lac Léman » traduit la détresse du soldat étranger perdu au cours de la déshérence et de l'anomie qui règne en temps de guerre, en l'occurrence la première guerre mondiale.
La dernière nouvelle, « La Contrainte » a été écrit en 1916, publié en 1929 et traduit en français seulement en 1992. L'histoire est celle d'un objecteur de conscience pas ordinaire qui s'est réfugié en Suisse. Peintre artistique de son état, Ferdinand est déchiré entre les objurgations de sa femme et la convocation au service militaire. Dans un style exalté, ce récit haletant et prenant aboutit à un dénouement inattendu. L'humanisme de Zweig transparaît constamment.
« La patrie ne signifiait plus pour lui désormais que prison et contrainte. L'étranger, c'était là qu'il était chez lui, l'humanité c'était l'Europe. »
« Je n'ai qu'une patrie : l'humanité. »
Un très beau recueil du grand écrivain que fut Zweig.
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