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EAN : 9782070329724
348 pages
Gallimard (04/03/1997)
3.73/5   20 notes
Résumé :
" Mais là où nous devons aller chercher le héros de notre pensée, ce n'est pas chez un philosophe ayant vécu en chair et en os, mais chez un être de fiction et d'action, plus réel que tous les philosophes : Don Quichotte.
Car il y a un quichottisme philosophique, sans doute, mais aussi une philosophie quichottesque. Est-elle autre chose, au fond, celle des conquistadors, des contre-réformateurs, celle de Loyola, et surtout, dans l'ordre de la pensée abstraite... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Lu à vingt ans, ce livre au titre évocateur ne m'a jamais quittée. Je le feuillette parfois pour retrouver les extraits qui m'avaient particulièrement interpellée.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Il importe de dire, avant toute chose, que la philosophie se
rapproche davantage de la poésie que de la science. Combien de systèmes
philosophiques se sont cristallisés comme les dépositaires des résultats
« ultimes » des sciences particulières, à telle ou telle époque, et se sont
trouvés avoir moins de consistance et moins de vie que ceux qui
représentaient l'ardente aspiration de l'esprit de leur auteur !
I
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V §63 La dissolution rationnelle finit par dissoudre la raison elle-même, et s'achève soit dans le scepticisme le plus absolu, soit dans le phénoménalisme de Hume, soit encore dans la doctrine de la contingence absolue qui est celle de John Stuart Mill, le plus cohérent et le plus logique des positivistes. Le suprême triomphe de la raison, cette faculté analytique – c'est-à-dire destructrice et dissolvante – c'est la raison qui met en doute sa propre validité. Lorsqu'un estomac présente un ulcère, il finit par se digérer lui-même. La raison finit par détruire la validité immédiate et absolue du concept de vérité et du concept de nécessité. L'un comme l'autre sont relatifs ; il n'y a ni vérité absolue, ni nécessité absolue. Les concepts que nous appelons « vrais » sont ceux qui s'accordent avec le système général de tous nos autres concepts ; les perceptions que nous appelons « vraies » sont celles qui ne contredisent pas le système de nos perceptions ; la vérité est cohérence. Or, pour ce qui est du système global, pour ce qui est de l'ensemble, comme il n'y a rien hors de lui qui soit connu de nous, il n'y a pas lieu de dire qu'il soit vrai ou faux. L'on peut imaginer que l'univers en soi, indépendamment de nous, est très différent de la manière dont il nous apparaît, même si rationnellement cette supposition n'a aucun sens. En ce qui concerne la nécessité, à présent : y en a-t-il une qui soit absolue ? Il n'y a de nécessaire que ce qui est, et ce qui est nécessaire n'est nécessaire qu'en tant que cela est. Ou, pour le dire dans un sens plus transcendantal : par quelle nécessité absolue, logique, indépendante du fait que l'univers existe, aut-il que l'univers existe ou faut-il qu'il y ait quelque chose ?

V §64 Le relativisme absolu, qui n'est ni plus ni moins que ce qu'on appelle scepticisme dans un sens plus moderne, est le triomphe suprême de la raison raisonnante.
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XI §56 Dans un premier élan, je proteste contre l'inquisiteur, et je lui préfère le commerçant, qui vient me refiler ses marchandises ; toutefois, si recueilli en moi-même j'y pense mieux, je constaterai que celui-là, l'inquisiteur, lorsqu'il est bienveillant, me traite comme un homme, comme une fin en soi, et que s'il me gêne, ce n'est que par le désir charitable de sauver mon âme, tandis que celui-ci, le commerçant, ne me considère que comme un client, comme un moyen, et son indulgence et sa tolérance ne sont au fond que l'indifférence la plus absolue à l'égard de mon destin. Il y a beaucoup plus d'humanité chez l'inquisiteur.

XI §57 De même, il y a ordinairement beaucoup plus d'humanité dans la guerre que dans la paix. Le fait de ne pas résister au mal implique la résistance au bien, et sans parler de la résistance défensive, l'offensive elle-même est peut-être ce qu'il y a de plus divin en l'homme. La guerre est une école de fraternité et un lien d'amour ; c'est la guerre qui, par le choc et l'agression mutuels, a mis les peuples en contact, et les a fait se connaître et s'aimer. L'étreinte amoureuse la plus pure et la plus féconde que les hommes peuvent réaliser a lieu sur le champ de bataille entre le vainqueur et le vaincu. Et même la haine la plus pure que suscite la guerre est féconde. La guerre est, au sens le plus strict, la sanctification de l'homicide. Caïn se rachète en tant que général des armées. Et si Caïn n'avait pas tué Abel, il aurait peut-être péri de sa main. Dieu se révèle surtout dans la guerre ; il commença par être le Dieu des armées, et l'un des plus fiers offices de la croix consiste à défendre dans l'épée la main qui la manie.
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XI §108 Ce que nous appelons le sentiment tragique de la vie chez les hommes et chez les peuples est du moins notre sentiment tragique de la vie à nous, Espagnols, c'est du moins le sentiment tragique de la vie du peuple espagnol, tel qu'il se réfléchit dans ma conscience, qui est une conscience espagnole, faite par l'Espagne. Et ce sentiment tragique de la vie est le sentiment catholique par excellence qu'on peut en avoir, puisque le catholicisme, et même davantage : ce qui vient du peuple, est tragique. Le peuple a la comédie en exécration. Lorsque Pilate, le petit chef, le distingué, l'esthète – le rationaliste si vous voulez – veut donner au peuple de la comédie, en tournant le Christ en dérision par ce mot : « Voici l'homme ! », le peuple se soulève et crie : « crucifie-le ! » Le peuple ne veut pas de comédie ; il veut de la tragédie. Et ce que Dante, ce grand catholique, appela « Divine comédie » est la plus tragique comédie que l'on ait écrite.
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Je ne comprends pas les hommes qui me disent n'avoir jamais été tourmentés par la perspective d'outre-tombe, ni inquiétés par leur propre anéantissement ; et pour ma part je ne cherche pas à mettre la paix entre mon cœur et ma raison ; j'aime bien mieux qu'ils se battent entre eux
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