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EAN : 9782266254830
160 pages
Pocket (02/06/2016)
3.31/5   13 notes
Résumé :
Gaby Bobobska aura trente-neuf ans dans trois jours. Quand il apprend à la radio que c'est précisément la moitié de la vie d'un homme (du moins selon les statistiques), il décide de tirer sa révérence pour son anniversaire, car Gaby a le cœur gros et promène un chagrin d'amour aussi lourd que sa carcasse de cent soixante-dix kilos. Il vide son compte en banque et s'embarque dans une ultime virée pour partir en beauté, essayant de satisfaire, enfin, son gigantesque a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le temps n'a pas de prise sur la littérature. Ce qui ne semble pas être le cas de Gaby, le héros du roman de François d'Epenoux paru il y a quelques années. Ce temps, justement, a une sacrée prise sur ce drôle de personnage ! 

Réalisant, selon des statistiques bien établies, qu'il arrive à quelques jours précisément, de la moitié de sa triste vie, Gaby, obèse et vide d'amour comme d'extase, décide d'agir. Il veut tout bousculer et profiter avant d'atteindre la phase descendante et dégradante de son existence. Pour la croquer une dernière fois, il s'autorise auparavant quelques plaisirs jamais vécus. Sans limite aucune. Histoire de finir en beauté et tout en légèreté...

Certains matérialisent le temps qui passe par une pelote de ficelle qui roule, qui roule et leur échappe. Pressés de courir derrière pour ralentir son cheminement et retarder au maximum le moment où ils en saisiront l'autre extrémité. Un besoin de vivre vite, fort, intensément, pleinement. Une sorte de course effrénée à la vie dont ils ont envie de se gaver le plus longtemps possible. Comme Gaby s'est emplit de viennoiseries et autres nourritures depuis sa jeunesse pour combler un amour inavoué. Jusqu'au bord de l'explosion. 

Et pour une fois, ce thème de la temporalité est abordé ici, à l'inverse de ce qu'on a l'habitude de lire ou constater. Gaby, pour éviter cette longue ruée dont il n'est physiquement pas capable, et chez qui elle prendrait plutôt la forme d'une errance, souhaite tout simplement couper la ficelle à l'exacte moitié de la pelote.

Il ne s'agit pas non plus d'une simple histoire sur l'obésité, la caractériser comme telle serait rester en surface et passer à côté de l'essentiel. À condition pour cela, d'entendre l'autre petite voix muette de l'écrivain et d'avoir un regard aiguisé sur ses mots absents.

Je perçois plutôt ce roman métaphorique à bien des égards, comme une prise de conscience de l'audace qui parfois nous manque pour oser vivre nos rêves. Un plaidoyer pour la communication entre les êtres, avant que doute et frustration ne s'installent au point de nous ronger ou nous emplir, selon. Avant que le vide ne devienne envahissant. Avant de vivre à côté de soi-même.

A son habitude, François d'Epenoux pousse son personnage au-delà de ses limites, de manière presque animale, et malgré cela, l'atmosphère du récit reste mâtinée de tendresse. J'ai aimé le contraste entre le début et la fin du livre. L'ancrage dans une réalité lourde, pesante qui évolue vers une légèreté onirique et une sensation d'apesanteur. A l'image de Gaby. Tel un ballon de baudruche lâché qui prend son envol…

François dresse le portrait d'un homme attachant, triste et drôle à la fois, comme souvent, et bouleversant. Un homme à qui j'ai souvent eu envie de tendre la main et d'offrir mon épaule. Un homme que j'aurais aimé voir sortir des pages et prendre vie et place face à moi.

Un être tourmenté que j'aurais aimé apaiser d'un simple regard.
Lien : https://laparenthesedeceline..
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Gaby est un homme en surpoids, il n'en a pas toujours été ainsi. Lorsqu'il était plus jeune, son coeur battait pour une charmante vendeuse en boulangerie chez qui il se rendait. Les aller-retour dans ce lieu si gourmand lui ont valu quelques kilos en plus, et de pire en pire. À 39 ans moins un jour, une grande remise en question sur lui-même est exposée. L'homme meurt approximativement aux alentours de 78 ans. Peut-il continuer cette vie avec ces 170 kilos ?

Gaby est un homme assez triste et allergique au bonheur. Son poids ne lui facilite guère la vie. Je me suis prise d'amitié pour cet homme auquel la joie n'est pas au rendez-vous. Ce personnage semble si tendre avec tant d'amour à donner. Je dirais même que j'ai eu compassion de lui. Mon coeur se brisait lorsqu'il se sentait triste. J'aurai voulu aidé Gaby et lui donner un peu de bonheur.

Le rythme est constant durant toute la lecture. L'auteur sait captiver le lecteur durant toute l'histoire grâce aux mots agréablement bien utilisés. La plume de François d'Épenoux est intéressante dans le sens où ce livre simple devient vite une lecture spéciale et belle. le seul petit reproche que j'aurai à faire est qu'il ne se passe pas grand chose et que cela ralentit par moment le rythme.

Ce petit roman a de fortes chances de faire son effet à des lecteurs en quête de légèreté. L'auteur a fait un travail très doux et très reposant sur un sujet plutôt triste qu'est l'obésité. Il l'a abordé de manière caricaturale parfois, très métaphorique également (et les métaphores étaient vraiment sublimes). Ce petit livre est reposant et il l'est encore plus lorsque le lecteur s'attache au personnage principal.

Ce mois-ci a été plutôt chaotique dans mes lectures mais je suis ravie de voir qu'un roman de 148 pages a su relever le niveau. Après des livres que je n'ai pas aimés, je cherchais quelque chose de frais et de léger que François d'Épenoux a su m'offrir. Je suis ravie de finir le mois en beauté.
Lien : https://lademoiselleauxcerfs..
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Belle écriture, la volonté de plaire à une personne sans lui dire mais en se laissant prendre par le tourbillon de manger frénétiquement... joli voyage entre réel, espoir de vivre et avouer ses sentiments sans qu'ils soient trop tard.
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Petit roman qui se lit plutôt vite ; même si c'est plutôt léger , l'histoire est un peu triste au final , le sujet aborde l'obésité , mais aussi les regrets que l'on peut avoir pour ne pas avoir "Oser" ...
le personnage principal est assez attachant et sympathique ...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Retour une heure auparavant. Nous sommes le 20 septembre 2002, un dimanche. Comme il le fait une fois l'an, Gaby a gagné Versailles pour se rendre au chevet de la vieille femme, maintenant septuagé¬naire. Le voilà garé devant les grilles du parc. Du haut de leur majesté, les cèdres ancestraux semblent narguer la condition humaine des visiteurs, dont l'existence ne se mesure qu'en piètres décennies. L'endroit est assez luxueux, une sorte de résidence des flots bleus avec vue imprenable sur la mort.
Au rendez-vous fixé, Gaby frappe à la porte, entre dans le studio et se dit voilà : j'ai devant moi le balu¬chon du dernier voyage, toute une vie dans une pièce, quatre pans de mur noués autour d'une canne de vagabonde sédentaire. Autour de lui, quelques lointains portraits de proches, deux ou trois meubles de famille, des bonbons et des cachets, un téléphone à grosses touches semblable à ceux que l'on offre aux enfants en phase d'éveil. Au milieu trône un lit.
«Gaby, c'est toi ?» demande une voix venue de l'extérieur.
Gaby trouve que ça pue, sans doute l'odeur rance des brioches qu'elle n'a pas touchées, le jus acide des fruits maintenant pourris dans lesquels elle n'a pas osé mordre. Toute cette vie déjà périmée. C'est trop tard, à présent, voilà ce qu'il pense. Va falloir qu'elle laisse derrière elle tous ces jolis souvenirs. Va falloir qu'elle parte, en somme. En prenant soin d'avaler ses médicaments, d'être à l'heure pour le dîner - ce soir c'est fête, il y a du flan aux cerises - et de faire un petit pipi avant d'aller se coucher pour une poi¬gnée d'heures, ou de siècles, ce sera selon.
«Gaby ?»
Gaby lui en veut de lui jeter à la gueule l'image de ce qu'il va devenir un jour. Pour le reste, il est content de lui avoir trouvé une place dans cet éta¬blissement de bonne tenue. Ce n'est certes pas somptueux, mais c'est suffisant. Le personnel se montre aux petits soins pour ces gamins aux cheveux blancs. Les escaliers aux larges marches se prêtent indulgemment à leurs ultimes escapades - un bridge dans le salon, un bingo dans la salle de télévision. Chaque studio possède sa terrasse «privative» (dixit le catalogue). C'est justement là que sa mère est installée.
«J'arrive, maman. Une seconde.»
Allongée sur son pliant, elle tient tête à un soleil dont elle sait que, bientôt, il va briller sans elle. L'ombre la gagne, ça lui fait du bien, mais c'est l'ombre quand même. Et si Gaby ne peut s'empêcher d'y voir comme une préfiguration, ce n'est pas tant cela qui l'affecte que certains détails accablants : les jambes de sa maman, blanches, prises dans des chaussettes de contention de couleur chair; la marque de l'élastique sous les genoux; ce pauvre décolleté décharné; ses dents tachées de rouge à lèvres, clownerie impardonnable chez celle qui fut une aristocrate coquette; les veines de sa main, enfin, saillantes, dont l'aspect funestement sombre lui donne au moins l'illusion qu'il y coule vraiment du sang bleu.
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Gaby sent se porter sur lui tous les regards présents - des regards de crocodiles au ras de l'eau du marigot. Aussi vite qu'il peut, il traverse le grand hall d'entrée, ignorant tout des solitudes juxtaposées qui tiennent à l'œil ; tout des fausses grappes accrochées à des treilles pour rendre plus avenant le réfectoire couleur saumon ; tout de ce décor conçu pour être nettoyé aussi bien des bactéries que des grabataires. En fait, il a la rage autant que la nausée. C'est dire si la Martiniquaise postée à l'accueil lui parait soudain comme la plus belle des femmes du monde: jeune parmi ces vieillesses édenté, plantureuse parmi ces maigreurs, souriante parmi ces édentés, elle respire ces îles où il y a des plages, du rhum et du soleil. A ce moment précis, Gaby donnerait tout pour se jeter à ses genoux, [ ... ] et de le laisser sortir de cette prison dont elle est la gardien complaisante.
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" -Je t'ai apporté des Figolu.
- Tu as bien fait.
- Je les trouves plus tendre que les autres biscuits.
- Ne t'inqiète pas pour moi... Contrairement à certaines, j'ai encore la dent dure...
- Je vois ça... Tu penses à qui ?
- A ma voisine de réfectoire, Gisèle Richard. Figure-toi qu'elle nous a perdu deux incisives en plein macaron avant-hier...
- Ils était peut-être trop cuit...
- Penses-tu, c'est elle qui est cuite ! Enfin, comme je dis souvent, les molaires des uns...
- ... Font le bonheur des autres... Elle te plaît, celle-là, pas comme Gisèle Richard..."
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C'est dans sa voiture, en écoutant la radio, que Gaby Bobobska prend connaissance des dernières statistiques de I'Insee : soixante-dix-huit ans d'espérance de vie pour les hommes en France. En temps normal, la nouvelle ne lui ferait ni chaud ni froid -pas davantage, du moins, que n'importe quelle information humaine ou terrestre. L'ennui, c'est qu'en l'occurrence il revient juste de l'hospice. Il y a rendu visite à sa mère, parmi des vieillards qui, eux, n'espèrent plus rien de la vie depuis longtemps, sinon, précisément, une longévité dont ils semblent avoir fait l'enjeu d'un concours morbide.
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... Quand à la planète, après la grande fête des trente glorieuse et la fin du XXe siècle, elle n'a plus grand-chose à promettre, sinon de devenir un buffet dévasté, couvert d'assiettes mal vidées, de bouquets clairsemés et d'oiseaux empaillés, trempé de verres renversés et de glaçons fondus, avec, d'un côté, des peuples bien décidés à finir les restes à coups de coteau et, de l'autre, réfugiés sur les hauteurs de leurs cavernes de Megève pour ce protéger de la montée des eaux, des australopithèques milliardaires, nus sous leur fourrures, frottant leurs pierres précieuses pour faire jaillir un dernier feu avant de s'entre-dévorer.
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Videos de François d' Epenoux (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François d' Epenoux
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/fran-ois-d-epenoux-le-roi-nu-pieds-53569.html Nul doute que ce 13ème roman portera chance à François d'Epenoux tant il est une réussite et touche au coeur. Depuis son premier livre, « gégé », en 1995, sélectionné pour le Goncourt du 1er roman, François d'Epenoux a prouvé qu'il avait un réel talent à raconter des histoires qui nous parlent, nous ressemblent, nous rassemblent, nous interpellent. « Les années areuh », « le presque », « Même pas mal », « le réveil du coeur » sans oublier « Les papas du dimanche » ou « Deux jours à tuer » adaptés au cinéma… autant de titres qui ont installé François d'Epenoux dans l'univers littéraire français avec une écriture sensible, des histoires simples, une mélancolie douce qui n'oublie jamais d'accrocher un sourire, par élégance.
Voici donc le 13ème roman de François d'Epenoux et c'est sans doute son roman le plus personnel puisqu'il y raconte le lien complexe qui l'unit à son fils.
Voilà l'histoire. Eric a bien réussi. La quarantaine fringante, il passe ses vacances sur le bassin d'Arcachon, avec sa seconde épouse et leur fils, et Moumine, la grand-mère complice.
Mais débarque Niels, il est le fils d'un premier mariage. Niels a fait le choix d'une vie en marge de la société, d'une vie militante, il est zadiste à Notre Dame des Landes, près De Nantes où un programme d'aéroport agite les populations mais où des dizaines d'hommes et de femmes ont fait le choix de refuser ce projet quitte à entrer dans une lutte, aussi violente soit-elle. Pour Eric qui mène une vie plutôt rangée et bourgeoise, tout cela est incompréhensible.
Eric et Niels sont en pleine opposition. Pendant ce séjour estival, chacun essaie de sauver les apparences, d'éviter les sujets qui fâche, jusqu'au jour où le père éclate, incapable de supporter plus longtemps le mode de vie de son fils. Chassé de la maison familiale, Niels rejoint la ZAD. Deux ans plus tard, la roue a tourné, la vie d'Eric part en lambeaux et le désir de retrouver son fils se fait le plus fort. Mais est-il encore le temps des retrouvailles ? Peut-on renouer le lien quand tant de choses cous séparent ?
Sur le thème de la confrontation parents-enfants, sur la difficulté de se parler, de se comprendre, mais aussi sur un monde qui court à sa perte et sur la façon dont chacun tente d'y remédier, François d'Epenoux écrit un roman puissant, fort, triste et beau à la fois, porté par une écriture bouleversante et sensible.
C'est un coup de coeur.
« le roi nu pieds » de François d'Epenoux est publié aux éditions Anne Carrière.
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