Entretien avec Stéphane Heuet à l'occasion de la rencontre entre l'auteur et les lecteurs de Babelio.com le 1er octobre 2019. Découvrez les mots choisis par l'auteur pour évoquer son adaptation en bande dessinée d''A la recherche du temps perdu' de Marcel Proust, 7 tomes parus aux éditions Delcourt.
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N'était-ce pas de nobles et calmes modèles de beauté humaine que je voyais là, devant la mer, comme des statues exposées au soleil sur un rivage de la Grèce ?
p46
Aussi le côté de Méséglise et le côté de Guermantes restent-ils pour moi liés à bien des petits événements de celle de toutes les diverses vies que nous menons parallèlement, qui est la plus pleine de péripéties, la plus riche en épisodes, je veux dire la vie intellectuelle.
"L'important dans la vie n'est pas ce qu'on aime, c'est d'aimer."
Et tout-à-coup, le souvenir m'est apparu.
Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que, le dimanche matin à Combray, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul.
Et comme dans ce jeu, où les japonais s'amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d'eau, de petits morceaux de papier jusque là indistincts qui, à peine y sont ils plongés, s'étirent, se contournent, se colorent, se différencient,
deviennent des fleurs, des maisons, personnages...
Notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres. Nous remplissons l’apparence physique de l’être que nous voyons de toutes les notions que nous avons sur lui...
Et aussitôt je l'aimai, car s'il peut quelquefois suffire pour que nous aimions une femme qu'elle nous regarde avec mépris, comme j'avais cru qu'avait fait Mademoiselle Swann, quelquefois aussi il peut suffire qu'elle nous regarde avec bonté comme faisait Madame de Guermantes.
On avait bien inventé, pour me distraire les soirs où on me trouvait l'air trop malheureux, de me donner une lanterne magique...
Cette obscure fraîcheur de ma chambre était au plein soleil de la rue ce que l’ombre est au rayon, c’est-à-dire aussi lumineuse que lui, et offrait à mon imagination le spectacle total de l’été dont mes sens, si j’avais été en promenade, n’auraient pu jouir que par morceaux…
Je ressentis devant elle ce désir de vivre qui renaît en nous chaque fois que nous prenons de nouveau conscience de la beauté et du bonheur.
Je tombais dans ce sommeil lourd où se dévoile pour nous le retour à la jeunesse, la reprise des années passées, des sentiments perdus, la désincarnation, la transmigration des âmes, l'évocation des morts, les illusions de la folie, la régression vers les règnes les plus élémentaires de la nature.