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Critiques de Stéphane Heuet (99)
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À la recherche du temps perdu, tome 1 : Com..

Je me souviens...

Je me souviens de ces heures grises, dans la nuit noire, à la lueur d'une "lampe tempête ", à essayer de comprendre la mélancolie de Marcel Proust.

Pas vous?





Cette BD insuffle un peu de lumière dans ces textes chargés... Enfant, Marcel sent " s'échapper des blanches aubépines une odeur amère et douce d'amandes" et rêve devant une épine rose.

" C'était une épine, mais rose, plus belle que les blanches."





Rose... comme le visage semé de taches roses de la petite Gilberte, aux yeux noirs, dont " l'éclat se présentait aussitôt à Marcel, comme celui d'un vif azur, puisqu'elle était blonde."





Adulte, Marcel se souvient...

"Quand par les soirs d'été, le ciel harmonieux gronde comme une bête fauve et que chacun boude l'orage,

c'est au côté de Méséglise que je dois de rester seul en extase."

... à respirer, à travers le bruit de la pluie qui tombe, l'odeur d'invisibles... et persistants lilas."





Marcel Proust se souvient :

" Et tout à coup, le souvenir m'est apparu" en dégustant une madeleine...

Du ciel bleu et des nuages blancs, des poissons scintillants, des grenouilles vertes, des têtards noirs et des vitraux multicolores de l'église de Combray.





Moi, je me souviens de ces beaux dessins de Stéphane Heuet, de ces croquis des théières et des tasses anglaises si délicates que nous avions aussi... chez nous ! Merci à Babelio et aux éditions Delcourt.
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À la recherche du temps perdu, tome 1 : Com..

« ... notre passé. C'est peine perdue que nous cherchions à l'évoquer, tous les efforts de notre intelligence sont inutiles. Il est caché hors de son domaine et de sa portée, en quelque objet matériel (en la sensation que nous donnerait cet objet matériel), que nous ne soupçonnons pas. Cet objet, il dépend du hasard que nous le rencontrions avant de mourir, ou que nous ne le rencontrions pas. »



Le narrateur se remémore Combray, chez sa grande-tante, où se coucher sans la présence de sa mère est un drame pour le jeune enfant. Des années plus tard, à l'occasion d'un thé accompagné d'une madeleine, ce sont des souvenirs heureux de ce même Combray qui envahissent le narrateur à l'âge adulte... les visites à son oncle Adolphe qui aime actrices et cocottes au grand dam du reste de la famille ; la lecture « magique comme un profond sommeil », comme les passages de Swann, un ami de son grand-père, à la vie mondaine et aux opinions non définitives, l'existence cloîtrée de tante Léonie aussi et plus généralement celles des bourgeois, qui à l'époque l'ont amusé, passionné ou intrigué.



L'entreprise était ambitieuse, c'est le moins que l'on puisse dire. Comme chacun sait, La Recherche, l'oeuvre majeure de Marcel Proust, ne brille pas par sa concision et sa simplicité, et en faire une bande dessinée aurait pu être une catastrophe simplificatrice. Mais Stephane Heuet a su alterner des dialogues avec des citations de Proust, ce qui rend le texte accessible et vivant. Le seul point faible est peut-être le dessin dont la ligne claire, à la façon d'Hergé, semble parfois trop juvénile au regard du texte proustien. Reste que l'esprit du grand Marcel souffle avec bonheur sur cet album.



« Longtemps, je me suis couché de bonne heure ... et quand je m'éveillais au milieu de la nuit, comme j'ignorais où je me trouvais, je ne savais pas au premier instant qui j'étais ; ... mais alors le souvenir (non encore du lieu où j'étais, mais quelques-uns de ceux que j'avais habités et où j'aurais pu être) venait à moi comme un secours d'en haut pour me tirer du néant ... le branle était donné à ma mémoire ... »





Merci à Babelio et aux Éditions Delcourt
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A la recherche du temps perdu, tome 2 : A l..

Il était improbable que je lise Proust, et assez paradoxal que je puisse trouver le temps de lire "A la recherche du temps perdu" en version BD pour gagner du temps..... et Pourtant.....

Non seulement, j'ai pu feuilleter le volume en une heure à la bibliothèque, mais surtout j'y ai pris plaisir, car découvert les vertus d'un provincial épicurien; de plus l'insertion des parties du texte original dans des bulles couleur coquille d'oeuf, et les dessins réalistes et suggestifs de Stéphane Heuet m'ont véritablement interpellés, sûrement que je reviendrai flirter le volume 2 à l'ombre d'une jeune fille en fleur.....
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À la recherche du temps perdu, tome 1 : Com..

Ayant beaucoup de mal à lire ce cher Proust (mais je ne désespère pas !), je me suis dit qu'il allait peut-être falloir trouver une solution (ou pas ! Finalement, est-ce un crime que de ne pas avoir lu son oeuvre ? Oui ? Bon d'accord...). Inutile de vous dire que j'ai sauté de joie à l'époque lorsque j'ai découvert cette BD. Elle est comme je les aime : elle fourmille de petits détails et, atout majeur, elle suit le roman de Marcel (quoi ? C'est familier ? Oh, eh, avec ce qu'il m'en a fait baver, les heures que j'ai pu passer à faire des explications de ses textes, un lien s'est créé !). Bien entendu, il y a des ellipses car il faudrait une brouette sinon pour pouvoir la transporter. Mais tout l'esprit du romancier est là.



Grâce à Stéphane Heuet, j'ai pu redécouvrir les textes de Proust et pour cela, je l'en remercie.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Le fantôme du petit Marcel

Un joli récit abondamment illustré, bourré de clins-d'œil à l'œuvre de Marcel Proust,

un bel objet au charme suranné, destiné à de jeunes lecteurs.



Pendant les vacances de printemps, l'histoire débute une nuit à Illiers-Combray, sur la côte normande. Alix est réveillée par un petit garçon asthmatique prénommé Marcel, habillé comme à la Belle époque. Très surprise, elle apprend qu'il est à la recherche d'un titre pour son livre, à la recherche de mots.

Sa cousine Clarisse fait également sa connaissance la nuit suivante. Commencent alors une série de rencontres entre les enfants à Illiers-Combray, au Grand Hôtel de Cabourg pour concrétiser ce titre. Grâce à une lanterne magique, le petit Marcel les projettent littéralement dans des tableaux colorés de son époque, évocateurs de passages de l'œuvre et de la vie de Proust pour les mettre dans l'ambiance.

Les illustrations sont très réussies : couleurs gaies, simplicité des traits, rétro délicat.



J'ai beaucoup apprécié cette histoire volontairement simple et remarquablement écrite par une professeur de littérature émérite, spécialiste de Marcel Proust, Elyane Dezon-Jones. Les références abondent, les dessins de Stephane Heuet accompagnent parfaitement la recherche et la touche parfois poétique du texte - Il est déjà celui qui a adapté et illustré en bd avec succès La recherche du temps perdu.



Mais j'émets tout de même une réserve. Je suis un peu dubitative sur la cible d'un tel livre. Littérature jeunesse certes, mais laquelle ? Avant le collège, il me paraît évident que les enfants auront besoin de l'aide d'un adulte connaissant un peu l'œuvre et la vie de Proust, ou prêt à approfondir avec l'enfant, sauf si l'on admet qu'ils passeront totalement " à côté " de l'essence même du livre, ce qui serait dommage.

Au collège, je crains fort qu'ils considèrent que ce récit ne leur est pas destiné, trop " enfant ", terne et sans rebondissements.



En conclusion, un joli conte initiatique prétexte à une lecture à quatre mains et deux paires d'yeux au moins, adulte et enfant embarqués à la recherche du petit Marcel et de son titre perdu !



Merci à Babelio et aux éditions Viviane Hamy pour ce beau moment de lecture chargé de souvenirs
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Le fantôme du petit Marcel

Le Fantôme du Petit Marcel est un livre plaisant, simple et agréable à lire.

Deux petites filles, Clarisse et Alix, passent leurs vacances chez leur tante Elisabeth, à Illiers-Combray, lorsque, une nuit, Alix entend un drôle de bruit: "shhh...shhh...",venant d'un petit cabinet. Lorsqu'elle ouvre la porte, elle découvre un garçon, un livre sur les genoux, vêtu à l'ancienne et souffrant d'asthme. Un fantôme.

Ce gentil fantôme qui passe son temps à écrire et raturer son livre dont il cherche désespérément le titre viendra ainsi régulièrement rendre visite à Alix et Clarisse dans cette vieille maison d'Illiers-Combray, mais également dans l'hôtel où elles passent leurs vacances à Cabourg. C'est enfin à leur cousin Valentin, un petit garçon malheureux de se coucher seul, qu'il vient faire une apparition...

Ce court album est ainsi truffé d'allusions à Marcel Proust - la madeleine au petit-déjeuner, les vacances avec la grand-mère, François le Champi en bande dessinée, et j'en passe.

Personnellement, je l'ai trouvé divertissant, j'ai souri à chaque clin d'oeil à Proust tout en sachant que j'ai dû en manquer quelques-uns, j'ai apprécié les illustrations qui se veulent classiques comme le monde de Clarisse et Alix plutôt vieillot.

Dans la quatrième de couverture, l'éditeur ne prend pas de risques, il précise que c'est une "belle histoire pour les petits et les grands". Plutôt les grands, quand même, dirais-je, et encore plus ceux qui connaissent l'univers de Proust -c'est sans aucun doute pour cette raison qu'il m'a été proposé, d'ailleurs. Après... le récit est simple, facile à lire, mais l'intrigue est-elle assez captivante pour accrocher le jeune lecteur? J'émets quelques doutes... le charme désuet de ce livre risque de dénoter parmi toutes ces récits rocambolesques que lisent les jeunes lecteurs actuels.

Ah, une dernière chose: qu'est-ce qu'il sent bon!!



Merci à Babelio et aux éditions Viviane Hamy pour cette proposition de lecture.
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À la recherche du temps perdu, tome 1 : Com..

Adapter en bande dessinée l'oeuvre de Marcel Proust, ce monument de la littérature française du XXème siècle, voilà qui constitue un défi périlleux !

Et pourtant, Stéphane Heuet, qui a découvert et apprécié sur le tard A la recherche du temps perdu, y consacre une bonne partie de son temps depuis plus de vingt ans. Il le fait avec passion, aidé par une grande culture proustienne, et c'est plutôt une réussite, une adaptation graphique très fidèle au roman original.



Dans ce premier opus, le plus célèbre, le lecteur assiste à l'épisode de la "petite madeleine, celle que Tante Léonie offrait" au petit Marcel, "après l'avoir trempée dans son thé ou son infusion". Et c'est ainsi que Proust, devenu adulte, se remémore ses souvenirs d'enfance dans la propriété familiale de Combray. Ils se souvient de ses angoisses nocturnes, de son besoin d'amour maternel, de l'éducation rigide donnée par son père mais aussi de la la nature environnante (les aubépines...), des traditionnelles promenades en famille et des mondanités. Milieu très privilégié, famille aristocratique de province où la religion et les bonnes moeurs sont primordiales. C'est le jeune Marcel qui raconte ce quotidien avec ses yeux d'enfant, il observe et parfois s'étonne.



Stéphane Heuet a parfaitement réussi à restituer l'atmosphère du roman original, une vie provinciale au rythme lent dans une famille fortunée. Les images sont un peu désuètes, sans beaucoup de relief, toutefois elles sont très représentatives de la belle époque : personnages, costumes, décors intérieurs et extérieurs. On sent que l'auteur s'est énormément documenté sur l'univers proustien.



Quant aux textes, nous retrouvons fidèlement un abrégé de ceux de Marcel Proust, son style riche et imagé, ses longues... très longues phrases élégantes et poétiques. Certains lecteurs passionnés affirment qu'aucun autre écrivain ne pourra égaler ce style, d'autres au contraire le trouvent rébarbatif...



Pour ma part, il me semble que cet album est une belle introduction à La recherche du temps perdu. Ce n'est pas une vraie BD, mais plutôt un roman illustré, ou tout du moins son condensé. Il vulgarise l'oeuvre de Proust et permet de l'aborder doucement. Quitte ensuite à se lancer dans la lecture de l'oeuvre originale.



#Challenge illimité des Départements français en lectures (28 - Eure-et-Loir)



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À la recherche du temps perdu, tome 1 : Com..

Je cherchais des lectures à lire pour le bac de HLP, en sachant que je m’y prends trois semaines avant les épreuves… Évidemment, je n’ai donc pas le temps de lire des dizaines de pavés. Je me suis retrouvée à chercher dans la bibliothèque familiale des titres qui pourraient peut-être être intéressants, et ma mère m’a conseillée cette BD. Elle m’a dit qu’elle me permettrait d’avoir un petit aperçu de l’œuvre de Proust sans lire l’ouvrage en entier. (ou en tout cas pas maintenant, peut-être le lirais-je un jour, qui sait…)



Je ne lis pas beaucoup de BD, mais l’avantage qu’il y a, c’est que cela se lit vite. Ainsi, j’ai pu lire cette adaptation du premier tome en un seul soir.

J’ai trouvé des phrases très belles, parfois sans même en comprendre réellement le sens. (Bon- c’est assez inexplicable… ^^’) N’empêche que cela permet de découvrir un peu la plume de Proust, donc c’est plutôt chouette. (Même s’il a l’air d’écrire de longues phrases pas toujours faciles à assimiler…) La BD est composée en effet de nombreux extraits de l’œuvre originelle, donc on a vraiment un aperçu de l’ouvrage initial.

J’ai bien aimé ma lecture, l’ambiance est agréable. (Avec le fameux extrait de la Madeleine !) Ceci dit, ce ne fut pas un coup de cœur, ou même une découverte qui va me marquer. Je n’ai pas été très fan des dessins. Peut-être pour cela que j’aurais préféré en roman, je ne sais pas… J’ai l’habitude de me projeter, de visualiser des images dans ma tête en me laissant emporter par les mots et le récit… Bon, c’est aussi une question d’habitude parce que je ne lis jamais de BD ; ça fait bizarre. Les sensations sont différentes. Mais bon, en réalité si je suis honnête avec moi-même, je pense qu’il y aurait eu de fortes chances que je décroche si j’avais voulu lire ce premier volet en roman.

À voir plus tard je pense. En attendant, cette petite BD reste finalement une bonne lecture pour découvrir l’œuvre si célèbre de Proust !

Peut-être lirais-je les autres tomes, un jour. (Je crois qu’on a toute la saga dans cette adaptation à la maison… c’est pratique si l’envie de me prend de les lire !...)
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À la recherche du temps perdu, tome 1 : Com..



Stéphane Heuet relève, avec talent, un challenge osé : adapter l'œuvre de Marcel Proust, " À la recherche du temps perdu" en bandes dessinées. Ses dessins poétiques, à la limite de l'art naïf, se marient avec bonheur à l'écriture nostalgique du roman de Marcel Proust. Dans ce tome consacré à Combray, on retrouve le petit Marcel et sa solitude, son goût pour la nature, la lecture, son admiration pour l'église du village, son amour infini pour sa mère. On retrouve aussi la vie cloisonnée et ronronnante des bourgeois de l'époque. On colle à la vie de la famille, Tante Léonie, sa fidèle et bavarde Françoise, sa confidente Eulalie, Oncle Adolphe et ses frasques, l'ingénieur Legrandin et ses sensibilités littéraires, M. Vinteuil le musicien, etc. On revit l'épisode très connu des madeleines. On perçoit la profondeur de certaines réflexions proustiennes, notamment sur la perception du passé. On compatit enfin avec l'auteur qui, très jeune, a pensé qu'une maladie cérébrale empêchait son génie de naître.



Cet album suit la chronologie de l'œuvre et a le mérite certain de faire découvrir ou redécouvrir avec un autre regard, un grand classique de la littérature française.
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A la recherche de Marcel Proust

100 après la mort de Marcel Proust, A la recherche de Marcel Proust propose de rentrer dans l'univers de l'écrivain à travers les lieux qu'il fréquentait et qu'on retrouve dans son oeuvre (Cabourg, Paris, Illiers).



On fait aussi la connaissance des personnalités artistiques et littéraires que Marcel Proust fréquentait et qui sont évoquées dans ses livres. On apprend ainsi qui était M. Swann ou comment il a rencontré Gilberte.

La maquette associe les textes et les planches de la bande dessinée à succès de Stéphane Heuet.

A lire en dégustant des madeleines !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le fantôme du petit Marcel

Pendant ma 1ère année de fac, j'avais essayé de lire un des romans de Proust (la Prisonnière pour être exacte) et ce fut un échec cuisant …. Expérience assez frustrante donc !

L'idée de lire un roman jeunesse dont Marcel Proust était un personnage m'a donc tout de suite plue.



Le fantôme du petit Marcel est d'abord un bel objet qu'on a plaisir à feuilleter, et aussi un joli conte plein de clins d'oeil littéraires.

Ce livre nous parle bien sûr de Proust et de son oeuvre, mais c'est aussi une histoire sur l'imagination des enfants, et ce petit quelque chose que l'on perd à l'âge adulte.



Si les graphismes sont très agréables à regarder, les nombreuses références littéraires me semblent difficiles à comprendre pour un jeune public - alors que cela est un véritable ravissement pour les adultes.

Ce qui me fait dire que cette histoire n'est pas accessible à un large public. Il satisfera tout de même les adultes amateurs de littérature. Et dans le cas où il serait lu par des plus jeunes : attention à avoir une encyclopédie ou des parents férus de littérature à proximité.

Si ce n'est pas le cas, il permettra de redécouvrir Le Passe-Muraille, Balzac et quelques autres.



Pour ma part, cette lecture m'a encouragée à retourner vers Proust.



Je remercie Babelio et les éditions Viviane Hamy pour ce partenariat et leur confiance.

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À la recherche du temps perdu, tome 8 : Aut..

Cette fois- ci la parution n'a pas traîné et le plaisir de retrouver notre narrateur préféré installé dans le salon cossu des Swann reste intact. Une longue séquence musicale lui inspire ses premières méditations artistiques entre des notes qui semblent s'envoler d'un clavier sous les doigts d'odette et des remarques de Charles guettant la petite phrase de la Sonate de Vinteuil, temple de la naissance de son amour pour elle. Ce narrateur embarqué plus loin avec leur fille dans l'élégante victoria du couple au rythme des saluts, courbettes et politesses distribués le long de l'avenue des Acacias (où les tenues de madame Swann font toujours sensation) ; croisant même un jour au jardin d'acclimatation la princesse Mathilde au grand ravissement d'Odette, moins de Charles qui foin de la généalogie princière de l'altesse abrège la rencontre parce qu'il a mal aux pieds. Aristocratie, monde ou demi-monde, c'est encore très ignorant des rituels et des moeurs de ceux qu'il veut à tout prix fréquenter et au milieu desquels il s'ébroue qu'Odette présente le jeune homme à Bergotte, son écrivain préféré, au cours d'un dîner mémorable qui le laisse aussi perplexe devant la carte qui lui est remise à l'entrée que devant la portion de « matière noirâtre » posée devant lui (caviar) : « Je fis comme eux avec cet air naturel d'un libre penseur dans une église, lequel ne connaît pas la messe, mais se lève quand tout le monde se lève et se met à genoux un peu après que tout le monde s'est mis à genoux » (p. 14). Bergotte dont l'apparence physique le déçoit mais dont l'anatomie du visage lui suggère des développements sur le talent et son génie d'écrivain, – ce dîner l'un des bons morceaux de l'opus fait fortement écho à celui organisé par ses parents recevant l'ex ambassadeur Norpois (voir « Autour de Mme Swann », Tome 1), mais alors que Norpois jouait de sa condescendance pour le rabaisser, Bergotte est d'une bienveillante écoute.



Heureusement l'ami Bloch surgit à point nommé et redirige bientôt ce narrateur en perdition vers des activités dignes de son âge. Au bordel le scabreux et la fantaisie font bon ménage et personne ne verra dans le dessin de S. Heuet pas plus qu'il n'avait senti sous la plume de l'illustre Proust d'indignité majeure à ce que le canapé hérité de sa vieille parente pieuse de Combray (tante Léonie) rejoigne un lieu aussi improbable pour servir le confort des travailleuses « sous presse » du temps. Mais Gilberte dans tout ça me direz-vous ? C'est que, de subterfuges en finasseries sentimentales auxquelles sa sensibilité exacerbée de souffreteux nous a habitués, notre ami a fini par gagner la totale confiance de ses parents et atteindre son but, c'est-à-dire leur fille. Consacré maintenant intime de la famille il se convainc de l'idée que cette position avantageuse garantit l'évolution favorable de son amour pour elle. Drôle de calcul. Qu'en pense exactement la principale intéressée ? La situation est cocasse. Vue de dos dès les premières vignettes elle paraît bien absente des stratégies ou des élévations intellectuelles de l'hypothétique prétendant tout au long des pages. On dirait même, hélas pour lui, qu'elle « s'en tape » et a d'autres projets en tête… danser… sortir… éviter son encombrante présence adoubée par les parents non mais ! Fâcheries et premières désillusions amoureuses, rabibochages : inéluctable enchaînement des joies et des souffrances dans lesquelles semble se complaire le héros et que ni ses réajustements épistolaires ni sa mise en vente d'une belle poterie en Vieux Chine léguée encore par feu Léonie ne parviendront à contrecarrer. Pray for tante Léonie ! Je reste acquise à la traduction dessinée de S. Heuet et à un séquençage réussi faisant aussi ressortir l'humour pince sans rire et transgressif souvent méconnu de Proust. Fin des Jeunes Filles en fleur, on attend le Côté de Guermantes avec impatience.

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A la recherche du temps perdu - Intégrale, to..

Cette édition Bande dessinée de l’oeuvre de Marcel Proust, adaptée et illustrée par Stéphane Heuet, rassemble plusieurs parties de « A la recherche du temps perdu ». On y redécouvre cette emblématique première phrase : «  Longtemps, je me suis couché de bonne heure » et encore l’explication et les images de la fameuse « Madeleine de Proust » ainsi que des souvenirs d’enfance. Viennent ensuite, les amours quelque peu tourmentées de ce cher Monsieur Swann et enfin les palpitations non moins paisibles du coeur de Marcel pour Gilberte. Les textes sont précisément et élégamment choisis par Stéphane Heuet et leur illustration est de très belle qualité. J’ai ressenti un parfait accord entre ma représentation mentale imagée et les dessins dans les carrés de cette bande dessinée. Un véritable travail d’artiste que j’ai adoré. Je vous conseille de découvrir ou redécouvrir l’oeuvre Proustienne sous un angle original, mené brillamment par Stéphane Heuet.
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A la recherche du temps perdu - Intégrale, to..

Cette mise en images de l'oeuvre de Marcel Proust m'a redonné envie de relire et de poursuivre ma lecture d'à La recherche du temps perdu.

Relire ses phrases si belles, tellement évocatrices de l'enfance et de l'adolescence m'a fait beaucoup de bien je dois dire ;-)))

En revanche, pardon au dessinateur, je n'ai pas "complètement" adhéré au graphisme des personnages. Les visages sans bouche du début de Combray, les silhouettes parfois à peine esquissées ou grossièrement dessinées m'ont paru trop simplistes voire enfantins pour illustrer une oeuvre aussi intense.
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A la recherche du temps perdu, tome 3 : A l..

J'ai bien aimé.

Certes Proust, sa prose, en majesté, en bandeaux (jaunes)! Comme un cadeau.

J'avoue l'avoir lu, ce qui n'est pas honteux, quant à m'en souvenir...de loin alors, de très loin, mais pas tout...j'étais jeune, j'ai un peu oublié, ce qui n'empêche rien!

Balbec à la belle saison, le soleil, les jeunes filles, Albertine, Andrée confidente pas dupe, les autres et les jeux de l'époque, les bals, les espoirs déçus et finalement le camouflet. Pauvre Marcel!

Stéphane Heuet a fait du grand art, lui qui doute tellement de lui et de son trait, de sa ligne claire façon Hergé, à tel point que Françoise, la bonne, ressemble à un Tintin qui aurait pris un sacré poids, le réceptionniste de l'hôtel, lui c'est plutôt Tryphon Tourneseol, Rastapopoulos également, seul le peintre Ilsner est croqué avec une expression dans les yeux, la ligne claire ce sont les visages qui donnent le ton. Un grand bravo à M. Heuet pour ses paysages marins, c'est si difficile de peindre la mer, on s'y colle et au bout de 20 minutes tout a changé, faut s'y remettre, bien sûr, l'est pas sur le motif, M. Heuet, c'est pas facile quand même!

L'album commence avec un ciel bleu et fini avec une marine sous la pluie. Merci aussi de cette grande page sans pratiquement de texte histoire de laisser le lecteur respirer.

Il paraît que plus on avance dans La Recherche, plus le dessin est convaincant, alors allons-y!

L'album est très élégant, ce qui ne gâche rien.


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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À la recherche du temps perdu, tome 7 : Aut..

Ouverture. Dans l'intimité du salon familial l'invitation à dîner de l'ancien ambassadeur Norpois envisagée par les parents du narrateur est prétexte à reparler de deux « connaissances » : Swann que son mariage avec Odette a changé et qui n'est plus en odeur de sainteté et Cottard, ancien fidèle parmi les fidèles chez les Verdurin, qui sous la permanence de ses blagues vaseuses, barbe et moustaches rasées, est à présent un clinicien pointu, froid et distant, appelé bientôt en renfort du médecin de famille au chevet du narrateur… A l'âge où ses jeux aux Champs-Elysées avec la jeune Gilberte ne sont plus du tout innocents ce dernier, sous les traits candides et inquiets que nous lui connaissons maintenant, entre vapeurs de cognac (recommandé par la faculté) et crises d'étouffements, bataille avec ses émois adolescents et les doutes qui accompagnent son attrait balbutiant pour la littérature. L'obsession d'approcher Gilberte et le désir de connaître l'univers feutré parisien et haussmannien des Swann, dont le décor succède à celui du Combray de son enfance, constituant l'essentiel de cette première partie du roman traduit en BD... Mais auparavant, la scène du dîner, qui voit l'ex-diplomate Norpois faire une entrée remarquée et pontifiante dans la fresque proustienne, reste un morceau d'anthologie le jour même où, contre avis médical, le narrateur a entendu La Berma dans Phèdre avec sa grand-mère, ses parents ayant enfin exaucé son désir d'aller au théâtre. Roman ou BD, on s'y délecte tout autant de “l'esprit de chancellerie” du père Norpois, monocle à l'oeil gauche, de la manière dont il relaie les cancans des salons ou des ministères, édifie et démolit avec aisance les gloires du moment (La Berma, Bergotte), louant au passage l'art du « maître queux » et le boeuf en gelée qui atterrit dans son assiette ou honorant plutôt la salade d'ananas et truffes d'un silence religieux. Et Françoise vole bientôt la vedette à Michel-Ange et au roi Théodose au milieu d'un flot continu d'amabilités obséquieuses ou de politesses surfaites entre lesquelles Norpois dissémine les conseils littéraires au fils bredouillant, honteux de sa nullité intellectuelle, et financiers au père, satisfait de ses placements boursiers (sa paire de bésicles, dessinée telle un défi jeté à l'arcade sourcilière fixe de l'ex-plénipotentiaire).



Une bien longue attente a été infligée aux lecteurs de cette adaptation graphique de la Recherche depuis la sortie des deux derniers albums de "A l'ombre des jeunes filles en fleurs" (publiés en 2000 et 2002). Et la question de savoir pourquoi la deuxième partie du roman a précédé la première, "Autour de Mme Swann", à laquelle on ne croyait même plus à de quoi dérouter et reste en suspens… Mais cela n'enlève rien à la bonne surprise causée par l'apparition de ce nouveau volume aux rayons des librairies et l'annonce de sa suite prochaine. Qu'importe le temps dans un projet de cette nature. Seul doit compter – en ce pluvieux anniversaire du Goncourt 1919 – le plaisir de s'abandonner aux Jeunes filles en fleurs. Les qualités du travail, fidélité à l'ADN de l'oeuvre, séquençage soigneux du roman et respect du texte original, dont on (re)lit avec bonheur de larges extraits, ont été soulignées. Ce dernier album (il y en aura bientôt huit) ne gâte en rien un ensemble dessiné en cours de constitution qui donne beaucoup à lire (chose rare), commencé en 1998. Il authentifierait s'il le fallait la complicité de l'auteur avec Proust. le trait naïf reproché parfois appuie au contraire le comique de certaines situations. On espère ne plus douter que Stéphane Heuet, pas forcément convaincant à ses débuts, n'aille au terme de son entreprise contre vents et marées (il paraît qu'il a le pied marin), par-delà les bizarreries éditoriales qui perdurent depuis son lancement et qu'il puisse réserver longtemps à ses aficionados ces bonheurs inespérés de lecture, minuscules et totalement proustiens, tel celui du narrateur devant la lettre de Gilberte l'invitant à ses goûters et lui ouvrant enfin la porte d'un nouveau monde signant par là son retour en grâce auprès des parents Swann (p. 36). Tout vient à point à qui sait attendre.







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À la recherche du temps perdu, tome 1 : Com..

C'est à l'occasion d'une visite chez sa mère que Proust, adulte, accepte un thé, " Tu sais que je ne prends jamais de thé, maman."

qu'il n'aime pas, accompagné d'une madeleine, qu'il se souvient de son enfance

"Certes, ce qui palpite au fond de moi, ce doit être l'image, le souvenir visuel, qui, lié à cette saveur, tente de la suivre jusqu'à moi"

Tout alors lui remonte en mémoire, sa tante Léonie, le dimanche matin, à Combray, lui offrant un petit morceau de madeleine après l'avoir trempé dans du thé ou du tilleul, son village, l'église, ses parents, surtout sa mère. Sa mère, oui, dont il attendait le baiser de la nuit quitte à aller le chercher, bravant les foudres du père. De là, les dîners, les réceptions, les amis, les grands-parents, Monsieur Swann, les domestiques, Françoise, les oncles, Adolphe le séducteur et les tantes dont Léonie, surveillant les uns et les autres depuis sa fenêtre, alitée qu'elle était.

Nous autres, nous en bavions des ronds de chapeau à ingurgiter notre Proust pour répondre aux attentes scolaires mais, pour s'apercevoir bien plus tard que, ma foi, c'était bien ce Proust là.

Cet album élégant, avec sa jaquette crème, habille bien l'écriture et les souvenirs de Proust, le trait naïf, proche de Hergé et de son Tintin, simple mais très expressif et les couleurs chantantes de Véronique Dorey en font un album de qualité. L'auteur, Stéphane Heuet contribue à la beauté du texte de Proust avec un petit bonheur en plus.



Merci à Babelio et aux éditions Delcourt


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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A la recherche du temps perdu, tome 2 : A l..

Encore oubliés de noter ceux là, je pense être à la moitié de mes lectures mais qu'importe.

J'ai beaucoup aimé ces 3 tomes que j'avais achetés dans un salon littéraire qui primait les nouvelles sorties.

C'était la première fois que je lisais une BD liée à une adaptation d'un classique.

J'ai trouvé ça très plaisant et surtout tellement plus attirant que le livre pour les plus jeunes; adolescents quand même.

Les adaptations permettent de voir des éléments que l'on n'avait pas remarqué ou souligné; l'inverse est vrai également.

Elles permettent aussi de nous remettre en mémoire certains livres lus depuis longtemps.

Les dessins et les couleurs sont bien choisis, délicats.

A conseiller.
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À la recherche du temps perdu, tome 1 : Com..

Il fallait oser tenter d’adapter Proust en BD, et Stéphane Heuet relève ce défi avec talent.

Cette BD au parfum de nostalgie nous transporte à Combray, grâce notamment à la fameuse scène de la madeleine. On y partage les souvenirs d’enfance du jeune Marcel et on y découvre le cadre et les personnages de la Recherche.

Les dessins fidèles à l’école de la ligne claire me semblent correspondre parfaitement à l’atmosphère de l’époque.

Quant au texte, il est omniprésent et très fidèle au roman.

L’ensemble forme une belle réussite et un moyen agréable d’aborder une œuvre ardue.
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À la recherche du temps perdu, tome 1 : Com..

Stéphane Heuet est, depuis plus de quinze ans, celui qui adapte A la recherche du temps perdu de Marcel Proust en Bande Dessinée aux éditions Delcourt. La recherche du bonheur d'un être hypersensible et très intelligent qui s'exprime à la première personne sur ce qu'il ressent et qu'en réalité nous ressentons tous est le thème central de ce livre. Merci à Babelio pour cette superbe rencontre qui nous a permis de rencontrer Stéphane Heuet qui s'est prêté de bonne grâce à l'exercice des dédicaces (un dessin sur chaque album!) et merci à lui aussi!

Une adaptation magnifique, un auteur passionné par Proust et passioné de dessin, qui pourtant est accessible à ses lecteurs.

J'ai adoré ce premier tome mais plus encore les suivants. Une bonne relecture de Marcel Proust qui m'a replongé dans ce texte que j'adore. Et de superbes dessins!
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