Mes ancêtres, les ogres d'antan, mangeaient directement les enfants.
Moi, avant de les bouffer je vais les exploiter !
Je suis un ogre
♪♫ civilisé ♪♫
♪♫ ci-vi-li-sééé ♪♫
♪♫ Je recueille des enfants abandonnés, dans mon usine modernisée. ♪♫
Ils fabriquent des jouets immondes pour les enfants de l'autre monde.
♪♫ Je suis un ogre civilisé ! ♪♫
Civilisééé !!!
♪♫ Je capitalise et mondialise. ♪♫
Mais avant de me goinfrer,
♪♫ je dois penser... ♪♫
♪♫ productivité... ♪♫
♪♫ efficacité... ♪♫
♪♫ rentabilité ! ♪♫
(p. 34-35)
Les brins d'herbe qui flottent autour de cette forteresse continuent à vivre et pas moi... Pourquoi ?
Je n'ai jamais connu l'amour... Pourquoi ?
Je suis morte et personne ne le sait.
Pourquoi ?
Quand un homme fuit son pays, c'est toujours pour trouver une vie meilleure... Mais la route est longue et difficile.
L'exilé s'épuise tant à survivre qu'il en oublie la raison pour laquelle il est parti, ce qu'il cherche et même qui il est.
Il n'est plus qu'un corps qui marche...
Je recueille des enfants abandonnés, dans mon usine modernisée. Ils fabriquent des jouets immondes pour les enfants de l'autre monde, je suis un ogre civilisé ! Civilisééé !!! Je capitalise et mondialise. Mais avant de me goinfrer, je dois penser... productivité... efficacité... rentabilité ! (p.34/35)
La mémoire d’un génocide est une mémoire paradoxale : plus le temps passe, moins on l’oublie
La marque du génocide, ce n'est pas la furie.
C'est le silence. Le témoignage rendu impossible parce que tous ou presque ont été tués.
Ont été tus. Et on ne veut pas, on ne peut pas croire aux récits des rescapés.
Du silence. Il n'y avait que du silence et des tués. Les tués ne parlent pas. Il n'y avait plus de mots. Juste ce silence. Epais, lourd. Comment raconter ? La marque du génocide, ce n'est pas de la furie. C'est le silence. Le témoignage rendu impossible parce que tous ou presque ont été tués. Ont été tus. Et on ne veut pas, on ne peut pas, croire aux récits des rares rescapés
ON SE REPRÉSENTE TOUJOURS UN CAUCHEMAR COMME UNE CHOSE OBSCURE.
LE NOTRE ÉTAIT LUMINEUX, DÉCOUPÉ AU SCALPEL PAR UN SOLEIL IMPITOYABLE.
L'organisation est la condition de la démultiplication du crime.
Le déni, la soupape.
Le génocide est une folie raisonnée.
Quand un crime s'étale sur trois mois de temps, la colère n'explique rien.
Tout était prêt.
Pour vous, c'est une guerre de plus en Afrique. Un conflit ethnique. Le mot ethnie n'existe même pas dans notre langue. Ce sont les colons allemands et belges qui nous ont divisés. Diviser pour mieux régner... Vous connaissez la devise ? Tout était en place. (p.33)