Andreas

Pas besoin d’être une sorcière pour voir que vous êtes troublé. Vous aimeriez affronter vos démons, mais ne savez pas trop vous y prendre. Êtes vous sûr de vouloir tourner le regard vers l’intérieur ?

Chez les Duroux, tout se fait en famille.

Ce qui m’inquiète, c’est que j’ai des douleurs de temps à autre.

Excellent pot-au-feu, Monique.

Je me suis levé tôt pour faire une petite promenade matinale. J’ai dû perdre la notion du temps au milieu de toute cette richesse bucolique.

Et une fois de plus, il va falloir trouver un abri pour la nuit. Depuis l’effondrement du château de cartes qu’était l’empire du Concept, les voitures en état de marche sont rares. L’abandon des structures fragiles mises en place par les conquérants a laissé aux rescapés du désastre un monde en pleine désorganisation. Le fait que plus aucun téléphone, aucun télégraphe et aucun appareil se servant des ondes électroniques hertzienne ne fonctionne, ne facilite pas les choses. Non seulement, je ne peux contacter ni Ash, ni Astor à New York, mais il est devenu impossible d’envoyer un message d’un point à un autre sans s’y rendre en personne. À pied. J’ai décidé de rejoindre la côte atlantique afin d’y prendre un bateau qui me ramènera chez moi. Le voyage est long, très long, et une fois de plus il va falloir trouver un abri pour la nuit.

Tous les trois, on a eu l'idée. On l'a laissée filtrer à l'extérieur et elle a envahi le monde.

Relaxez-vous Growth ! Rendez-vous compte qu'on est dans l'antichambre du pouvoir qui règne actuellement sur la Terre entière !

Depuis le début, les événements ont eu plus d'emprise sur moi que moi sur eux. Il serait temps que je me pose une question essentielle : cette vie d'aventurier, est-elle bien la mienne ? Je tiens debout sur l'aile d'un avion en vol. Je tombe dans des trous sans fond. Je découvre des passages secrets et donne le change aux forces du mal… Est-ce vraiment cela Capricorne ? Ou existe-t-il un autre destin, caché jusque-là, qui m'ouvre grand ses portes ? Il suffirait, peut-être, de tourner le regard dans sa direction pour apercevoir cette ouverture insoupçonnée. Loin d'être un doute passager, la question a fini par me hanter… Moi, aventurier ?

On va vers l'inconnu, et je n'aime pas ça. Personne ne sait ce qu'on va trouver au terme de ce voyage. […] Alors on ne va pas sombrer dans le sentimentalisme quand ce dont on a surtout besoin est un esprit clair et rationnel.

Parfait ! Il doit bien y avoir une trappe ou quelque chose… Voilà comment on se rassure quand on n'a pas de plan précis. Mais je n'avais pas eu le temps d'élaborer une stratégie sophistiquée. Me glisser sur le toit du hangar était la seule possibilité qui s'offrait à moi. Pas d'alternative, pas de choix. Et me voici. L'engin accélère. Si je ne trouve pas rapidement un moyen d'y entrer, le vent va me balayer comme un chapeau oublié sur le toit d'une voiture ! Seulement, voilà… Il ne s'agit n'y d'une voiture, ni d'un chapeau ! Si je glisse… Stop ! Ne pas y penser ! ramper jusqu'à une de ces bouches d'aération. Détourner mon attention du vide en dessous. Le dirigeable. Je suis persuadé qu'il emmène des personnages importants aux origines du Concept. Le Concept qui a envahi le monde. Le Concept, insaisissable, apparemment, sans hiérarchie ni commandeur. Le Concept dont toute activité semble destinée à se terminer d'ici quelques semaines, le trente-et-un décembre. Comment ? Pourquoi ? Je me suis promis de trouver des réponses à ces questions. Coûte que coûte ! Sauf si je suis balayé de cette toile lisse par le vent de plus en plus fort…

Il y a quelques semaines, on nous a demandé de clore nos dossiers. Ensuite, on nous a fait faire des pronostics, des estimations budgétaires jusqu'à la fin de l'année. Des conjectures de probabilité, des suppositions, des hypothèses sur le déroulement de la guerre, des prédictions. Puis on nous a sommé de partir. Notre rôle au sein du Concept était terminé. Le Concept qui, jusque-là reposait sur une vaste bureaucratie, s'en passe d'un seul coup. Répondez-moi Growth ! Que cela cache-t-il ?

Il y a quelque temps, Astor a trouvé un libre fantôme dans la bibliothèque. C'était un avertissement de la part de l'homme aux mains tatouées. Le texte disait que le dragon bleu fondrait les vingt-et-un et cinq sages, et se repaîtrait de leur chair et leur sang, et que leurs soupirs souffleraient dans l'éther. Mais que l'ange noir s'approprierait leurs âmes et les préserverait de la confusion et du désespoir. Les vingt-et-un et cinq sages sont l'alphabet et par extension les livres que le feu du dragon bleu a décorés. Astor, tel un ange noir, a sauté dans le feu. L'esprit des livres a trouvé refuge dans le sien.

Depuis le début de la guerre du Concept, la publication de mes romans relatant les aventures de Capricorne s'est interrompue. Mais je me sens obligée à poursuivre la chronique, au moins jusqu'au départ précipité de mon personnage principal. En outre, je dois consigner par écrit l'étrange incident me concernant, dont le souvenir semble vouloir s'estomper de ma mémoire. Tout commença une nuit du mois d'août…

Agissements ? Je n'agis pas ! Je ne prends aucune initiative ! Je suis le prince du temps ! J'attends. J'attends que les hommes engendrent les choses, et ils ne me déçoivent jamais. Chacun d'entre eux met un jour le pied dans mon domaine, même le plus saint à son moment d'égarement. Mais dès que je repère la faute, je la nourris, la cultive. C'est l'homme lui-même qui s'inflige les blessures. Moi, je n'y ajoute qu'un peu de sel. Tant que personne ne cherche à rompre l'équilibre, mon rôle est juste de laisser faire.

APPEL À LA RÉSISTANCE ! Le peuple américain ne serait pas digne de ce nom s'il acceptait sans réagir l'attaque arrogante du Concept contre ses libertés. Nous rassurons ceux de nos compatriotes restés fidèles au rêve américain : une résistance forte et résolue est en train de se constituer sur les bases solides de nos valeurs fondamentales. Aucun envahisseur, fût-il de l'intérieur même de nos villes et campagnes, n'entamera la carapace indestructible de notre volonté d'être ce que nous sommes : un peuple libre et résistant, à la poursuite du bonheur, et de la prospérité, à tout moment et à tout prix. Une structure hiérarchique, si importante à toute opération de guérilla juste le nécessaire est sur le point d'être mise en place. Nous appelons tous les hommes droits et loyaux à s'y intégrer, afin de reconquérir ce pays qui est à nous. À nous et à personne d'autre !!

CSP : leur police secrète. La vermine de la pire espèce ! De petits hommes sans envergure qui ont saisi l'occasion pour se venger de ceux qu'ils envient.

Un mouvement dénommé le Concept a déclenché ce qu'il faut appeler un conflit mondial. Ils ont attaqué sur tous les continents simultanément. Leurs sympathisants ont infiltré l'armée et l'administration à un tel point qu'ils ont réussi à déstabiliser bon nombre de nations dont la nôtre. En fait de nouvelles recrues gonflent leurs rangs sans arrêt. Tout cela est apparemment financé par de grands industriels qui comptent profiter de cette guerre à l'échelle planétaire.

En trois choses un homme ressemblera à un démon :
- en mettant des pièges sur la route ;
- en craignant un petit enfant ;
- en se plaisant au mal.

Il y a trois unités immenses :
- l’espace ;
- Le temps ;
- la vie.
Car aucune d’entre elles n’a de commencement ni de fin.