Sans nouvelles de sa femme et de son fils, partis pour Paris depuis six mois, Alpha, ébéniste ivoirien, quitte Abidjan pour les rejoindre. Il n’a pas de visa bien sûr : « Personne aujourd’hui ne peut avoir un visa. Même ceux qui sont mariés à des Blancs. » Il échange sa boutique contre la promesse d’être emmené jusqu’à Gao. Il sait que la route sera longue et dangereuse, pire encore que ce qu’il imagine, mais « cinq ou six ans de voyage, c’est toujours mieux que de pourrir ici. » Il n’y aura pas de retour en arrière : « Je sais que je pars pour toujours. »
Bamako, Gao, Kidal, Oujda… il faudra des mois à Alpha pour traverser l’Afrique, il lui faudra aussi travailler pour financer la suite de son voyage : ouvrier dans une cimenterie, éboueur, aide-boutiquier puis passeur à son tour. En chemin, il se lie avec d’autres compagnons d’infortune : Antoine, qui se rêve footballeur au FC Barcelone, Abebi, abîmée par la prostitution, seul moyen pour elle de payer la route, Augustin, un enfant de six ans.
"Alpha" tient plus du carnet de voyage que de la bande dessinée classique : les dessins de Barroux, au feutre, occupent une demi-page ou la page entière, et le texte de Bessora – le monologue d’Alpha – s’inscrit sous chaque image, en voix off : il n’y a pas de bulles. Le texte est dépouillé, les illustrations où le noir domine sont brutes, comme esquissées dans l’urgence, sans pittoresque ni misérabilisme. Un album poignant, qui ne donne pas de leçon mais nous fait ouvrir les yeux sur une réalité terrible.
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Alpha est ébéniste à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il pense à sa femme et à son fils partis pour Paris, dont il est sans nouvelle. Alors il prend la route : direction Gao, au Mali, dans une camionnette surchargée dont les passagers espèrent rejoindre l’Europe. Puis il poursuit son voyage vers le nord, alternant trajets en voiture dans le désert, arrêts involontaires dans des camps de réfugiés, et petits boulots mal payés. Son chemin croise celui d’autres « aventuriers » : Antoine, un Camerounais qui rêve de jouer pour le FC Barcelone, Abebi, une Nigériane contrainte de se prostituer pour survivre, et Augustin, un petit garçon que leur confie sa sœur. Le texte écrit à la première personne est accompagné de dessins sobres dans lesquels dominent le noir et le blanc. Ce roman graphique d’une grande pudeur donne ainsi à voir et à ressentir les espoirs, puis les désillusions, des migrants d’Afrique subsaharienne – une détresse dont profitent militaires corrompus, passeurs malhonnêtes et trafiquants en tout genre. Le récit interroge aussi les responsabilités individuelles face aux mesures répressives et à la coopération entre États : l’Europe aux côtes si lointaines est omniprésente dans les demandes absurdes des consulats, dans les circuits touristiques aperçus en cours de route, et dans les contrôles instaurés par les pays du Maghreb en échange d’une « aide au développement ».
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Le récit à la première personne d'Alpha qui veut rejoindre sa femme et son fils partis avant lui est poignant. Jamais, le jeune Ivoirien, se considère être un migrant ou un réfugié, mais un voyageur, un aventurier. Un voyage long et difficile, où il faut trouver de l'argent pour payer les passeurs et atteindre la prochaine étape de la route. Un voyage fait de rencontres et de pertes, de disparitions, car les conditions de déplacement pour certains sont trop dures. Bessora, l'auteure, nous transporte dans le corps, dans la tête d'Alpha, d'autant plus que le dessin de Bannoux s'impose avec ses deux grandes cases par page, et des contours de formes au gros trait de feutre noir. Les touches de couleurs primaires, notamment le rouge et le bleu, accrochent le regard. La maîtrise des cadrages : des gros plans sur les visages quasi impassibles ou sur un objet au plan large sur un paysage contribue à la force de ce récit.
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A table !
Arthur traine un peu, il a tant de choses plus intéressantes à faire.
L'heure des repas ce n'est pas toujours évident, et Barroux sait nous le raconter à hauteur d'enfant. Un petit album ( par la taille) simple et efficace, mais "bourré" d'humour et une chute inévitable.
Du Barroux quoi !
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C'est mignon, les doux rêveurs, les gens dans la lune, à l'ouest, à côté de la plaque. Mignon et rigolo.
Hélas, mes pieds sur terre (lestés de gros sabots) et mon manque de patience m'empêchent de savourer pleinement leur compagnie - et je sais vraiment de quoi je parle, croyez-moi. Leurs étourderies & gaffes m'énervent ; leur calme, leur détachement pourraient être contagieux et me faire du bien - loupé. D'autant qu'il faut souvent réparer les pots cassés.
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Cet album jeunesse montre les avantages et inconvénients, pour un enfant, d'être 'dans la lune'.
Il vise à déculpabiliser celui qui risque d'être souvent repris par les adultes (voire moqué en classe), tout en signifiant avec délicatesse pourquoi l'entourage peut s'en agacer.
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J'ai beaucoup aimé le dessin rond - rose framboise, beige et noir.
Le pull d'Arthur est en papier millimétré, y compris lorsque sa tête s'envole, comme pour l'ancrer, lui, dans le monde carré, cadré & sérieux de la vie en société.
Le texte, en revanche, est posé sur des lignes noires épaisses, ce qui me semble compliquer le déchiffrage pour de jeunes lecteurs.
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Un bel album pour les plus jeunes sur la tolérance et l'entraide. A travers des illustrations très douces et un texte épuré, Barroux propose un message de solidarité et d'ouverture envers l'autre, mais aussi un message écologique.
Un album indispensable pour aborder avec les tous petits la question de l'immigration.
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Il était une fois, sur la banquise, trois ours polaires à la vie douce et paisible. Mais un jour, un tragique craquement brise la glace. Nos héros se retrouvent alors sur un frêle radeau de glace, dérivant sur les flots, au beau milieu de l'océan. Ils bravent les tempêtes, à la recherche d'une terre d'accueil, un nouveau chez-eux. Au fil des pages, ils pensent plusieurs fois être sauvés en découvrant des îles habitées . Mais les autochtones refusent immanquablement de les accueillir, pour des raisons plus absurdes les unes que les autres.
Ils dérivent encore et encore pendant que leur embarcation s'amenuise inexorablement. Finiront-ils par trouver refuge avant que leur minuscule bout de glace n'ait fini de fondre ?
Cet album jeunesse coloré, au graphisme rond et doux, est apprécié des petits et des grands. L'histoire, incarnée par des ours sympathiques et attachants touchent particulièrement le jeune public qui est tout à fait sensible à leur sort.
Cet album est un outil de médiation appréciable permettant un échange juste et dynamique avec les enfants autour des conséquences du dérèglement climatique et plus particulièrement de l'accueil de réfugiés.
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Parce qu'il n'est jamais trop tôt pour en parler, le droit d'asile raconté aux plus jeunes prend ici la forme d'un exil forcé pour cause d'effondrement de banquise( au passage, une alerte pour la protection de l'environnement ??)
La réalité est parfois bien dure pour ces populations qui ne quittent leur terre que parce que leur vie est menacée et qui doivent ensuite affronter des lieux et des êtres moins qu'accueillants. Un album propre à nourrir la réflexion sur un sujet brûlant d'actualité.
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La banquise commence à fondre, 3 ours polaires se retrouvent prisonniers sur un bout de glace qui dérive sur l'océan. Tour à tour rejetés par des vaches, des girafes, un panda pour des raisons fallacieuses, il finissent par se réfugier sur une île vierge.
Un livre parfait pour sensibiliser les enfants aux différences, à la tolérance, et à l'accueil des réfugiés.
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Boucle d'or et les septs nains, c'est le mélange improbable et malencontreux de Boucle d'or et les 3 ours, avec Blanche neige et les septs nains!
Suite à une erreur de tirage à l'imprimerie, les deux contes se trouvent mélangés!
Cet album assez surréaliste conte comment l'erreur va être réparée, grâce à l'intervention d'une secrétaire délurée (chose hautement improbable vous le reconnaitrez, quand je vous disais que cet album était surréaliste, haha )
Sympathique, bien que mes enfants soient encore un peu trop jeunes pour apprécier. A lire à partir de 6-7 ans je pense.
(Illsutrations crayonnées assez originales et réussies)
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Conte détourné, en format à l'italienne et dans un décor géométrique et anguleux, hormis les bouilles rondes de Boucle d'or et des nains.
Et voilà ce qui arrive à force d'imprimer pour la centième fois les contes de Boucle d'or et de Blanche neige...!!
Un instant d'inattention et survient un joyeux mélange où le lecteur, les nains et les ours pataugent "dans la plus totale perplexité" !
Heureusement l'intervention d'une secrétaire inventive va tout arranger... ou presque... car la fin reste à imaginer !
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Panique à l'imprimerie "Les mots pour l'écrire". Tandis que les aventures de Boucle d'Or et celles de Blanche-Neige en sont à leur centième édition, les pages se mélangent. Ô surprise pour la blondinette à bouclettes tirée du sommeil par sept nains tout aussi étonnés qu'elle, plutôt que par trois ours bougons. Déception pour la grande brune qui dégringole du lit trop petit où s'était couchée Boucle d'Or, et se retrouve face à des ours qui n'ont rien de Princes charmants...
Album à ne pas confondre avec celui quasi-homonyme d'Emile Bravo "Boucle d'Or et les sept ours nains". Il s'agit également de contes revisités, comme le titre l'indique. L'idée de départ m'a semblé géniale, le mélange entre les deux histoires est amusant, et quelques réflexions sur ces contes sont bien vues :
• la certitude d'être punie n'empêche pas Boucle d'Or de faire des bêtises, le plaisir qu'elle y trouve compense : "(...) la perspective de se faire surprendre par trois ours au milieu du sommeil la terrifiait. Seules les bêtises qu'elle s'autorisait rendait ce conte supportable".
• quant à Blanche-Neige, c'est l'espoir qui l'aide à supporter son triste sort : "Elle endurait avec vaillance les épreuves infligées par sa terrible belle-mère en pensant à l'heureux dénouement de son histoire"...
J'ai moins apprécié en revanche la fin, je ne suis même pas sûre de l'avoir comprise.
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Catchman est un dur, un vrai de vrai. Rien ne lui résiste. Il n'a peur de rien ni de personne !
C'est une petite histoire dans un album en petit format terriblement amusante. Le ton des mots choisis et les images collent parfaitement au personnage. C'est un plaisir de lire ce genre d'histoires et ça fait un super effet à voix haute. On en redemande.
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