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EAN : 9782070656417
128 pages
Gallimard Jeunesse (11/09/2014)
4.03/5   32 notes
Résumé :
Alpha vit seul à Abidjan depuis que sa femme et son fils sont partis sans visa pour Paris, Gare du Nord. La rage au cœur, il décide de tout quitter pour les retrouver. C'est toujours mieux que de pourrir sur place. Plusieurs trajets sont possibles, des années de voyage en perspective... Sur les interminables routes de poussière, l'aventure se construit au gré de ses rencontres, inoubliables. De passeurs malhonnêtes en routes désertiques, de camps de réfugiés en cano... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Lui, c'est Alpha. Alpha Coulibaly, qui veut dire "sans pirogue". Ivoirien et ébéniste. Il rêve d'aller habiter en Europe. Mais, il n'a pas pu obtenir de visa. le consulat demandait des tonnes de papiers. Même si son grand-père a fait la guerre pour la France, ça ne semble pas compter. Alors, sa femme et son fils, eux, sont partis pour Paris, du côté de la Gare du Nord. Sans visa mais avec beaucoup d'argent. Sa belle-soeur a un salon de coiffure là-bas. Cela fait déjà un moment qu'il n'a pas eu de leurs nouvelles. le téléphone coûte cher. C'est décidé, Alpha va les rejoindre. Il a plein de projets pour sa famille. Sans visa, il n'a pas d'autre choix que de payer encore très cher. Il doit aussi rembourser ses quelques dettes. Il vend alors son ébénisterie. Il prépare le voyage. Direction: Gare du Nord. Première étape: Gao, au Mali...

Alpha rêve de rejoindre Paris. Evidemment, beaucoup d'autres comme lui empruntent le même chemin. Ainsi, l'on suivra pendant plus de 8000 kms cet homme pour un périple pour le moins incroyable. A ses côtés, le jeune Antoine qui rêve de jouer au FC Barcelone ou encore la fragile Abebi. Ce road-trip met en lumière ces étrangers qui veulent construire une vie là où tout leur semble possible. Parce que c'est forcément mieux que l'endroit où ils vivent et qu'il leur semble ne pas avoir d'autre choix que de fuir leur pays. Alpha Coulibaly, en voix-off, nous offre un récit poignant et touchant où se mêlent espoir et illusion. le dessin presque enfantin de Barroux va à l'essentiel. Pas toujours élégant mais original.
Malheureusement toujours d'actualité...

Alpha et tant d'autres comme lui...
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D'où viennent les hommes et les femmes que nous côtoyons dans nos villes, ombres silencieuses et affairées vivant sous le seuil de pauvreté en toute discrétion? Que sait-on d'eux, de leurs espoirs, de leurs rêves, de leur douleur, de leurs souvenirs, du chemin parcouru depuis leur ville ou leur village?

L'écriture sert à comprendre le chaos. le chaos de ces vies brisées, éparpillées, broyées par le désespoir, la misère, une existence absurde et sans avenir.

Dans ce récit très sobre raconté par un homme déterminé à partir car "cinq ou six ans de voyage, c'est toujours mieux que de pourrir ici", on saisit peu à peu le sens de ce départ vers l'inconnu.
Car tout est préférable aux rues poussiéreuses et aux baraques de parpaing d'Abidjan, aux dettes, à une boutique sans clients.

Nous suivons le long périple de cet homme du Sud, ses rencontres, ses angoisses, son désir de retrouver sa femme et son enfant, et d'atteindre enfin son but: la Gare du Nord!

Avec beaucoup de talent, les deux auteurs parlent d'une même voix, les planches comme le texte nous donnent le sentiment d'être plongés dans cet univers privé de couleurs, où les émotions sont un luxe, où seul compte de survivre encore un jour, encore un mois, et d'avancer sur la piste, vers un ailleurs toujours plus lointain.

Une très belle réussite sur un sujet qui divise mais qui nous fait partager le sort de ces damnés de la terre qui sont des milliers à risquer leur vie pour se sentir encore vivants, pour avoir prise sur leur destin.

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Ils quittent l'Afrique parce qu'ils « pensent que l'Europe est un bon endroit pour vivre » et surtout parce qu'ils n'ont rien à perdre : « Cinq ou six ans de voyage, c'est toujours mieux que de pourrir ici. Peut-être que tu vas mourir avant le bout de ta route, mais si tu restes ici, tu seras mort bien plus tôt. Tu ne sais jamais ce que te réserve le voyage. Mais tu peux être sûr de ce qui t'attend si tu ne pars pas : rien. » Alpha est de ceux-là. Il vend sa modeste ébénisterie, quitte Abidjan pour rejoindre Paris où l'ont précédé sa femme et son fils, dont il est sans nouvelles. Beaucoup de chemins pour y aller, peu pour y arriver. La route est longue - des semaines, des mois, des années - et dangereuse : passeurs malhonnêtes ou corrompus, barrages militaires, camps, maladies, faim et soif, petits boulots manuels pour survivre. Si on a échappé au zèle des autorités maghrébines, si on n'a pas péri lors d'une traversée sur une frêle embarcation surchargée, il faudra encore beaucoup de chance pour ne pas être refoulé et renvoyé à la case départ.

Avec des mots et des dessins sobres, presque enfantins, Bessora et Barroux retracent le parcours d'un aspirant à l'immigration. L'album est émouvant et révoltant, bien sûr. La question de l'accueil des populations étrangères n'est pas simple et ne se tranche pas avec des oui/non. Mais quand même, lorsqu'on apprend que le grand-père d'Alpha a été mobilisé en 1939 pour défendre la patrie, on peut s'indigner et se dire naïvement que la France a la mémoire courte et manque de gratitude...
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Les lectures trouvent parfois un écho troublant dans l'actualité récente.

Voici l'histoire d'Alpha Coulibaly. Alpha est ivoirien. Sa femme, Patience, et son fils, Badian, sont partis il y a six mois de cela pour la Gare du Nord à Paris, où la soeur de Patience tient un salon de coiffure.

L'argent économisé par Alpha à l'époque n'avait pas suffit pour son voyage et il doit encore 12 000 euros pour payer le voyage de Patience et Badian. Il n'a plus de nouvelles depuis, les communications coûtent trop cher.

Plus rien ne retient désormais Alpha. Il n'a rien ou presque. Aucune perspective. Et il veut revoir sa femme et son fils.

Alors Alpha met son ébénisterie et sa maison en gage, rassemble le peu d'argent qu'il a pu mettre de côté, et se met en route pour la Gare du Nord.

Évidemment, pas légalement. Ce serait tellement simple. 1500 euros et 6 heures d'avion. Mais Alpha ne pourrait jamais remplir les conditions pour obtenir un visa en bonne et due forme. Il a pourtant essayé. Son Grand-Père était français, soldat des troupes coloniales pendant la Seconde Guerre.

Ce qui l'attend est un trajet de plus de 6000 kilomètres. C'est grand l'Afrique. Un voyage qui va durer 18 mois et lui coûter plusieurs fois le prix d'un billet d'avion. Quelle sinistre ironie !

Car il faut bien payer les intermédiaires, passeurs de misère, douaniers et autres escrocs qui demandent des sommes délirantes pour leurs "services", évidemment sans garantie de résultat, ou simplement pour fermer les yeux et laisser passer.

Mais en cours de route, à peine arrivé à Gao au Mali, l'argent d'Alpha s'épuise. Alors le voilà contraint à devenir passeur lui-même afin de réunir les sommes nécessaires pour payer son propre voyage.

Et voilà Alpha en charge d'une équipée folle au volant d'un van Volkswagen chargé de dix personnes avec, parmi elles, Adebi, la seule femme de l'équipée qui finance son voyage en se prostituant, Antoine, qui rêve de jouer au FC Barcelone, Augustin, le benjamin de l'équipée avec à peine 7 ans, envoyé par sa soeur qui ne peut plus subvenir à ses besoins après l'arrestation de leur mère. Tous n'arriverons pas à destination.

Les aléas de la route, les gardes-frontières, les camps de transit...le voyage semble interminable.

En plus, entre l'Afrique et l'Europe, il y a la mer voire l'océan pour rejoindre les Canaries. Alpha aimerait bien l'éviter. Son nom signifie "sans pirogue". Un mauvais présage. Il devra finalement se résigner.

Bessora nous livre un récit poignant servi par le trait épuré, un brin grossier des dessins de Barroux, sombres, utilisant très peu de couleurs qui renforcent le propos de cette tristement banale histoire de dénuement, de désespoir et de courage.

De quoi nous faire réfléchir sur notre humanité et les défis auxquels elle doit faire face.

Lu dans le cadre de Masse Critique. Merci à Babelio et aux éditions Gallimard.
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Impossible de rester insensible devant ce récit d'un migrant. Tout est raconté, et montré avec une telle sobriété.

Le récit lui-même, écrit en lettres capitales-scriptes, relève d'une naïveté étudiée qui éloigne le pathos comme le réquisitoire ; c'est le ton de l'inacceptable auquel il faut se résigner.

On vit des épisodes qu'on ne peut imaginer parce qu'on refuse de les voir : trajets en guimbardes, mensonges et escroqueries, naufrages, espoirs insensés et longues attentes.

Parcours du migrant.

« Quand on sort du consulat, on comprend que la France aime moins la Côte d'Ivoire que la Côte d'Ivoire n'aime la France, mais comme la Côte d'Ivoire n'aime pas beaucoup les Ivoiriens non plus, alors les Ivoiriens fuient vers l'Europe. »

Les jeunes femmes ? «  soit elles s'occupent des enfants, soit elles s'occupent des maris. Abebi a pris les maris c'était mieux payé. »

Concision et constat, secs comme des bilans de naufrages ou des titres hélas familiers dans les journaux.

Et le menu quotidien de chaque étape :
« Maintenant il paraît que le Maroc n'est plus qu'à deux jours de marche. Alors tu marches, tu marches, tu marches, tu as soif, mal au dos, mal aux jambes, mal aux reins, mal partout. »

Les dessins de Barroux vont à l'essentiel, dans le même esprit : un visage, un corps, une vague la nuit, une silhouette qui attend.
Une nuit de veille, des bidons d'eau abandonnés parce que vides…

chaque objet a de la présence, chaque visage, de l'expression. le trait épais cerne les éléments hostiles, la couleur, rare, accentue le drame et le rend inexorable comme un destin.

Les pages ne sont pas numérotées, inutile d'organiser le chaos et l'imprévisible pourtant vécus comme imminents.
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critiques presse (4)
BDGest
21 octobre 2014
Avec cet album, l'écrivaine Bessora, Grand Prix littéraire d'Afrique noire en 2007, réalise une incursion très convaincante dans le monde de la bande dessinée. Le sujet et sa plume d'une grande sensibilité ne laissent pas indifférent et offrent un roman graphique dur mais pétri d'humanité.
Lire la critique sur le site : BDGest
BoDoi
13 octobre 2014
Sur les mots simples et poignants de la romancière Bessora, Barroux pose des images brutes, dessinées au feutre, à la sobriété bouleversante.
Lire la critique sur le site : BoDoi
ActuaBD
30 septembre 2014
Le coup de pinceau de Barroux accompagne ce rêve informe. Son approche elliptique faite de paysages distants et de gros plans offre, comme chez Loustal, une vision distanciée et en même temps proche de son sujet. Cette distance, empreinte d’esthétisme, est nécessaire pour conter ces moments terribles et ses portraits sont à la fois simples et justes.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Telerama
17 septembre 2014
Un choix esthétique décisif : ce trait jeté, au feutre, hirsute, hâtif, faussement relâché, n'est pas pour rien dans le fort impact immédiat d'une histoire qui, à travers la figure d'Alpha, donne un visage mémorable à tous ces fantômes qui n'en avaient pas.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Des mois que j'attends à Gao. Le voyage, c'est vraiment dur. A Abidjan, à Bamako, à Gao, on voit des touristes. Des Américains, des Français, des gens contents qui font le tour de l'Afrique à vélo. Est-ce qu'on leur a demandé, à eux, une inscription au registre du Commerce authentifiée au Greffe du Tribunal de 1e Instance de Paris, un "compte contribuable", une licence d'importation, des relevés bancaires ou postaux, des preuves de domicile, et leurs dernières factures prouvant des achats de nature commerciale en Côte d'Ivoire ou au Mali ?
Nous, on nous demande. On met des barrières, paf, paf, paf. Des barbelés à Ceuta et Melilla, pif paf, pof, des chiens renifleurs de clandestins, pouf, pouf, pouf, des miradors. Nous, on ne peut pas aller. Alors chercher du travail pour se payer un voyage en voiture, en bateau et à pied. Cinq fois plus cher qu'un billet d'avion. Je suis fatigué. Je deviens fou. Mais puisque je ne suis pas mort, je finirai bien par sortir du Mali.
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Cinq ou six ans, c'est toujours mieux que de pourrir ici. Peut-être que tu vas mourir avant le bout de ta route, mais si tu restes ici, tu seras mort bien plus tôt. Tu ne sais jamais ce que te réserve le voyage. Mais tu peux être sûr de ce qui t'attend si tu ne pars pas: rien.
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Dans le voyage, les femmes n'ont pas beaucoup de choix pour faire de l'argent et payer la route. Soit elles s'occupent des enfants, soit elles s'occupent des maris. Abebi a pris les maris. C'était mieux payé. Elle a tellement travaillé. Elle est complètement abîmée. Tout le monde à Gao la regarde de haut. Surtout les maris qui l'ont employée.
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*** attention, spoil ***
Errant sans but gare du Nord, il est arrêté. Détenu. Expulsé. Alpha est assis au fond d'un avion. Menotté, il est installé à côté d'un autre clandestin qui ironise : il lui aura fallu dix-huit mois pour arriver en Europe, il lui faudra moins de neuf heures pour repartir à son point de départ.
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Bon, c'est sûr, quand on sort du consulat, on comprend que la France aime moins la Côte d'Ivoire que la Côte d'Ivoire n'aime la France. Mais comme la Côte d'Ivoire n'aime pas beaucoup les Ivoiriens non plus, alors les Ivoiriens fuient vers l'Europe.
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