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Citations de Boccace (113)


"Dames, c'est votre sagesse plutôt que notre prévoyance qui a guidé nos pas. Je ne sais pas, moi, ce que vous comptez faire de vos soucis; pour les miens, je les ai laissés derrière la porte de la cité quand j'en suis sorti avec vous tout à l'heur; aussi, ou bien vous vous apprêtez à vous distraire, à rire et à chanter avec moi (dans la mesure, s'entend, où cela sied à votre dignité), ou bien vous me donnez licence de m'en retourner à mes soucis et de me tenir das la ville affligée."
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Ce lieu était situé sur une montagnette, de tous côtés à l'écart de nos routes; ses divers arbrisseaux, ses plantes toutes garnies de verts feuillages y charmaient le regard; en haut de la colline s'élevait un palais, il y avait en son milieu une cour belle et grande, et puis des galeries, des salles et des chambres; chacune en elle-même était très belle et décorée d'admirables peintures qui les égayaient toutes; il y avait de petits prés alentour, des jardins merveilleux, des puits aux eaux très fraîches et des caves voûtées pleines de vins de prix : choses plutôt faites pour des gourmets curieux que pour des femmes sobres et honnêtes. On avait balayé partout, dans les chambres les lits étaient faits, les fleurs que pouvait prodiguer la saison garnissaient tous les lieux ainsi que des joncs par jonchées : voilà ce qu'à son arrivée la troupe découvrit non sans un grand plaisir.
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(...); chacun avait du charme et de belles manières; et ils allaient cherchant pour leur suprême réconfort, parmi tant de tribulations, à rencontrer leurs dames, qui toutes trois étaient par chance au nombre de sept déjà dites, cependant que certaines d'entres les autres étaient proches parentes de certains d'entre eux. (...)
"Ainsi donc la fortune est favorable à nos débuts, voici qu'elle offre à notre vue des jeunes gens sensés et valeureux, qui se feront un plaisir de nous guider, de nous servir, si nous ne dédaignons pas de les prendre pour cet office."
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Aussi, quand il vous plaira, emmenons nos servantes, confions à notre suite ce qui est opportun et goûtons, aujourd'hui en ce lieu et demain en cet autre, l'allégresse et les jeux que peut offrir le temps présent; voilà je crois ce que nous ferions bien de faire, et nous persisterions dans cette conduite jusqu'à ce que nous voyions -si nous ne sommes pas surprises par la mort entre-temps- le ciel mettre fin à cet état de choses. Et puis je vous rappelle qu'il ne sied pas plus mal de partir honnêtement d'ici qu'il ne messied à la plupart des femmes d'y rester déshonnêtement."
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On entend là-bas les oiselets chanter, on y voit verdoyer les coteaux et les plaines, et dans les champs comme la mer ondoyer les moissons, on y voit mille sortes d'arbres, et le ciel ,plus à découvert; car, encore qu'il soit courroucé contre nous, le ciel pourtant ne nous refuse pas ses beautés éternelles, spectacle bien plus beau que celui des murailles de notre cité vide. Beaucoup plus grande, outre cela, est la fraîcheur de l'air, et les choses nécessaires à la vie s'y trouvent ces temps-ci en abondance extrême, tandis que les chagrins y sont en moindre nombre.
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Ainsi déjà , sans parler des Mille et Une Nuits, le Roman des sept sages, autre recueil anonyme de la matrice orientale, bien connu du Moyen Age, alternait déjà récits à charge et à décharge dans un procès où il y allait de la vie d'un jeune homme accusé faussement d'avoir déshonoré l'impératrice; ainsi bientôt les Contes de Canterbury s'enchaîneront pour conjurer l'ennui sur le chemin d'un long pèlerinage.
Pierre Laurence. Préface
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Boccace a trente-cinq ans en 1348 quand, "juste effet de la colère de Dieu", éclate la grande peste qui flagelle l'Italie, brisant les attachements les plus forts (en cette année mourut la Laure de Pétrarque) et détruisant pour un temps tout lien social. Composé dans les années qui suivent, le "Livre des dix journées" s'ouvrira symptomatiquement sur ce tableau apocalyptique, dont la force grandiose et terrible, nourrie de la lecture de Paul Diacre, n'a rien à envier à la peste d'Athènes chez Theucydide ou de la peste de Norique au trosième chant des Géorgiques. c'est en effet dans ce contexte d'ensauvagement que sept jeunes filles courtoises et trois jeunes hommes qui ont conservé leur noblesse d'âme se retirent sur les pentes enchanteresses de Fiesole pour fuir la contagion de Florence, devenue un immense sépulcre, et pendant deux semaines se réunissent à l'ombre des bosquets, partagent le temps entre repas, danses et promenades et se distrayant chaque jour à l'exception des jours fériés par le récit de dix nouvelles, une pour chacun, tantôt sur un sujet libre, tantôt sur un sujet fixé à l'avance pour tous, Dioneo excepté, par la reine ou le roi de la journée.
Pierre Laurence. Préface
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Si les emprunts de La Fontaine au Décaméron n’ont servi qu’à nous donner le change sur Boccace, on peut dire également que les traductions qui en ont été faites en français sont insuffisantes pour nous faire connaître le chef-d’œuvre du grand prosateur Italien. Il n’en existe que deux ayant une certaine notoriété ; l’une et l’autre sont fort anciennes. La première a été écrite en 1545 et publiée, à Lyon, en 1548 ; elle a pour auteur Antoine Le Maçon, secrétaire de la reine de Navarre. Elle est exacte, faite avec beaucoup de goût et une parfaite connaissance de la langue italienne ; mais elle a deux inconvénients graves : elle est devenue très rare, malgré les deux éditions qui en ont été récemment publiées[2], et elle est d’une lecture peu facile pour les gens qui ne sont point familiers avec la langue du seizième siècle. Aussi n’est-elle connue que des érudits, et elle ne saurait satisfaire la juste curiosité de la masse des lecteurs.
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L’auteur du Décaméron est donc plus qu’un agréable et ingénieux faiseur de contes égrillards ; c’est un des maîtres peintres de l’humanité, et, après avoir écrit le dernier mot de son livre, il aurait pu s’écrier avec tout autant de fierté qu’Horace : exegi monumentum. C’est en outre un des plus grands écrivains de l’Italie ; il a fait de l’autre côté des Alpes, pour la prose, ce que Dante et Pétrarque ont fait, presque à la même époque, pour la poésie. De ces trois génies dérive tout ce qu’il y a de beau, de vrai et de grand dans les lettres italiennes.
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Quelqu'un me dira peut-être qu'il n'y a rien de fort étonnant à ce qu'un roi marie deux jeunes demoiselles : j'en conviens ; mais si l'on ajoute que le roi est tout-puissant et amoureux, son action sera véritablement grande. Or, c'est ce que fit Charles Ier. Il sut honorer la vertu d'un gentilhomme, récompenser la beauté de ses filles, et, ce qui est plus estimable encore, se dompter lui-même.
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Tandis qu'il soupait joyeusement, et qu'il repaissait avec satisfaction ses regards des touchantes beautés de ce lieu solitaire, entrent deux jeunes filles, âgées de quinze ans, toutes deux blondes, toutes deux ayant les cheveux tressés avec grâce et couronnés d'une guirlande de pervenches. Leur visage était si poli, les traits en étaient si délicats, qu'elles ressemblaient plutôt à des anges qu'à des femmes. Elles portaient un petit habit de toile de lin, d'une blancheur éblouissante, et qui n'avait, depuis la ceinture jusqu'en haut, d'autres plis que ceux que leur donnait l'empreinte d'une taille élégante et d'une gorge arrondie par les mains de l'Amour ; le reste, en descendant, s'élargissait en forme de pavillon et leur descendait jusqu'aux pieds. La première portait d'une main des filets, et de l'autre un bâton ; l'autre avait une poêle sur son épaule gauche ; et sous le bras du même côté, un petit fagot et un trépied à la main : de la main droite elle portait un pot d'huile et un petit flambeau allumé. Le roi ne put voir sans étonnement deux si belles filles ; cependant il ne dit mot, impatient de voir à quoi aboutirait un semblable appareil.
Elles passèrent devant le roi, lui firent, avec timidité, une profonde révérence, et gagnèrent ensuite l'entrée du vivier. Elles posent à terre ce qu'elles portent, et s'étant munies, l'une du filet, l'autre du bâton, elles entrent dans l'eau et s'y plongent jusqu'au sein. Un des domestiques de Néri allume du feu, verse de l'huile dans la poêle, en attendant que les nouvelles naïades lui jettent du poisson. Il n'eut pas longtemps à attendre ; car, comme elles connaissaient les endroits, celle qui tenait le bâton eut bientôt fait entrer le poisson dans le filet que tenait sa camarade, et elles le jetaient au fur et à mesure qu'elles en prenaient, au domestique qui les mettait dans la poêle tout vivants. Les plus beaux furent jetés devant le roi, qui prenait beaucoup de plaisir à les voir frétiller, et qui, pour s'amuser davantage, en rejetait quelques-uns aux belles pêcheuses. Cette récréation dura autant qu'il fallait pour donner au cuisinier le temps de faire frire le poisson, qu'on servit ensuite comme un entremets aussi exquis et délicat que précieux pour la manière dont il avait été préparé. Les jeunes filles sortent enfin du vivier. L'eau, qui avait fortement attaché leurs habits sur leurs corps, en laissait voir tous les contours et toutes les parties. Elles repassèrent devant le roi, plus timides, parce qu'elles étaient plus belles. Chacun avait bien considéré, bien loué ces aimables nymphes ; mais elles ne firent sur personne une si profonde impression que sur le roi dont les yeux attentifs les avaient examinées avec tant de volupté, que rien n'eût pu l'arracher à une occupation si délicieuse. Lorsqu'elles ne sont plus devant lui, il s'en occupe encore, se rappelle leurs charmes, leurs grâces, leur touchant embarras ; il sent que l'amour se glisse insensiblement dans son coeur, mais il ne sait encore laquelle il préférera, toutes deux se ressemblent, toutes deux feraient son bonheur.
Après avoir rêvé pendant quelque temps, il demanda à messire Néri quelles étaient ces deux demoiselles. "Sire, répondit celui-ci, ce sont mes filles jumelles ; l'une se nomme Genèvre la belle, l'autre Iseul la blonde. Le roi vanta de nouveau leurs charmes et conseilla à Néri de les marier. Il s'en excusa sur la médiocrité de ses facultés.
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Là, des hêtres qui se dressent dans le ciel et tous les autres arbres qui allongent de leur Dürer 004.JPGfeuillae les ombres naissantes ; là, un sol recouvert d’herbes verdoyantes et diapré de fleurs aux milles couleurs, des sources limpides et des ruisselets d’argent qui jaillissent, dans un murmure charmant, de l’abondance des montagnes ; là, oiseaux au plumage coloré et branchages qui donnent écho à leur ramage et au flux d’une douce brise ; là, folâtreries d’insectes ; là, petit et gros bétail, là, maison du berger ou bien cassine, qui ne trouble aucune affaire domestique, et toutes choses pleines de tranquillité et de silence.
Ce spectacle ne captive pas seulement l’âme en repaissant l’oeil et l’oreille de ses merveilles, mais c’est sous son empire qu’à l’évidence l’esprit trouve le recueillement et que le génie, s’il lui arrive d’être las, recouvre son énergie et est poussé rudement vers le désir de méditer sur des questions sublimes et vers l’impatience de les mettre en oeuvre.
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es poètes habitent et ont habité les lieux solitaires, parce que ce n’est point dans les forums aux plaisirs, ni dans les palais, ni dans les théâtres, ni dans les capitoles ou sur les places, et encore moins à ceux qui fréquentent les lieux publics — qu’ils soient mêlés aux attroupements tapageurs de leurs concitoyens ou bien entourés d’un cercle de donzelles — qu’il est donné de méditer sur des questions sublimes...
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