C'est la nuit de Noël.
Un livreur de gelati désenchanté file dans son petit camion jaune entre l'Italie et l'Angleterre. Une hirondelle venue d'Afrique s'entête à voler vers le Nord dans le froid de l'hiver. Invisible, un troisième personnage avance dans la même direction à travers la neige. Il joue sa vie en secret.
Dans un conte de Noël qui ouvre le c?ur, Timothée de Fombelle imagine la rencontre miraculeuse de trois destins.
Extrait tiré de la lecture de Timothée de Fombelle à la Maison de la Poésie, le 17 novembre 2019.
Illustrations : Thomas Campi
Bruitages : Grégory Vincent
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Groïnk ! Groïnk ! Groïnk !
Grand-père : Hé bé... Déjà, il t'a adopté. Il a bon caractère, ce Mussolini.
Roméo : Hihi... Mussolini ?
Grand-père : Si. Pour un gros porc, j'ai pas trouvé meilleur nom.
-Je ne comprends pas qu'on puisse faire copain-copain avec un cochon puis le manger après! C'est sans doute à la guerre que tu as appris à faire des horreurs pareilles, hein, grand-père!
-Comparer la guerre avec la nourriture, ça, tu peux pas faire! On fait du cochon pour le manger!
-Je n'aime pas manger un cochon que je connais!
- [...] n'essaie pas d'en profiter pour m'embrasser.
- Quoi ?
- Les garçons, vous êtes tous comme ça. A vouloir embrasser les filles tout le temps.
- Pas moi.
- Promis ?
- Oui... [tandis qu'elle approche :] T'es pas si moche.
- Hmm... Tu sais parler aux filles, toi.
(p. 51)
- Hé, tu sais que t'as toujours pas essayé de m'embrasser ?
- Tu m'avais dit de pas le faire...
- Oui... Mais il ne faut pas toujours écouter ce que les filles racontent... Ils sont bêtes, les garçons.
(p. 92)
- Grand-père ...
- Hm ?
- Tu ris !
- Toujours quand je travaille le raisin.
- Pourquoi ?
- Ça me rappelle l'Italie. Et quand le vieux chiant pense à l'Italie, il est de bonne humeur ! C'est comme ça que tu m'appelles quand je suis pas là, no ? 'Le vieux chiant'...
- Non, non.
- Si o no ?
- Si...
- Bah. Moi, je t'appelle 'stupidino' même quand tu es là, alors...
- Ça veut dire quoi ? Jeune chiant ?
- Non, 'petit con'. Hahaha !... Tu sais, Roméo... Moi aussi j'ai été un 'stupidino'.
- Quand t'avais mon âge?
- Toute ma vie.
(p. 76-78)
- Vois-tu, Roméo, les choses sont souvent plus compliquées qu'on ne le croit...
Il suffit qu'on ait une petite vie discrète pour que les gens fassent comme si vous n'étiez pas là. Mais on existe, bon sang.
-On fait du cochon pour le manger !
-Je n’aime pas manger un cochon que je connais.
Très vite J'ai remarqué son sourire. Pas un sourire de politesse, non.
Le sourire d'un type heureux.
Le sourire ne me dérange pas habituellement. Au contraire, j'aime les gens qui sourient pour saluer, remercier...
Ce qui m'insupporte, c'est que ce type sourit sans raison.
Travailler comme fonctionnaire aux chemins de fer a des avantages, mais ne rend pas heureux.
Comment un type qui a la même vie que moi peut-il afficher un tel sourire? Ça m'echappe, Ça me révolte, Ça m'énerve!
"- A quoi ils servent tous vos bouquins ?
- A quoi ils servent....
.... Je ne sais pas. Peut-être à rendre la vie moins difficile."