Joe Shuster : Un rêve américain

C'est un comics assez particulier qui va nous raconter l'histoire personnelle et authentique des créateurs du fameux Superman. Il faut savoir que ce personnage mythique a été crée en janvier 1933 par le scénariste américain Jerry Siegel et le dessinateur canadien Joe Schuster alors qu'ils habitaient tous deux à Cleveland.

Jerry et Joe venaient d'un milieu assez modeste mais ils avaient pour eux beaucoup de créativité. Malheureusement, ils ont vendu leur création à une société Detective Comics qui a fortement abusé par la suite de ce personnage. Cela a généré des bénéfices énormes rendant multimillionnaires les éditeurs alors que les deux créateurs ont vécu dans la misère.

Certes, il y eu un contrat juridique mais ce dernier était largement déficitaire pour les auteurs qui n'ont pas bénéficié du succès de leur personnage. C'est assez frustrant de se voir dépossédé de sa création.

Superman fut en effet l'une des franchises médiatiques les plus rentables du XXe siècle, mais ses créateurs Jerry Siegel et Joe Shuster n'avaient pas droit à des redevances ni au contrôle créatif, puisqu'ils ont renoncé à leurs droits d'auteur, n'ayant pas prévu ce succès spectaculaire.

Certes, c'est détective Comics qui a permis l'éclosion et par conséquent le succès de ce personnage à travers le monde. Mais bon, cela ne fait pas tout.

Ce comics est là pour nous parler d'argent et d'une certaine injustice ayant touché les créateurs de ce super-héros qui ont été trahi. Il faut savoir que tout est parti du Superman. Il y eu Batman et Spiderman par la suite ainsi qu'une multitude de super-héros qui ont été des variations de Superman. Cependant, il reste le super-héros de bandes dessinées le plus vendu de tous les temps.

Il faut savoir que dans les années 30, les comics n'étaient pas aussi rentables et populaires qu'aujourd'hui. Il a fallu la Seconde Guerre Mondiale pour donner un coup d'accélérateur à la bande dessinée américaine en pleine mutation.

Jerry et Joe ont d'ailleurs été les précurseurs du genre comics. La création de Superman fut même l'événement fondateur qui a donné naissance à l'industrie du comics book en donnant du travail à des milliers de dessinateurs, scénaristes, éditeurs et cadres divers.

A vrai dire, j'ignorais tout de cette histoire et le fait d'en savoir un peu plus renforce ma culture en matière de bande dessinée. le comics est une composante assez importante de ce phénomène. D'ailleurs, le récent succès de Marvel et de DC Comics depuis une décennie prouve tout l'intérêt qu'il y a dans les aventures des super héros.

Il y a une sérieuse critique du rêve américain qui peut se transformer en cauchemar même pour des créateurs de génie. Superman défend pourtant la vérité, la justice et cet idéal américain. C'est le défenseur des causes justes ce qui constitue un sérieux paradoxe avec la réalité.

Bref, il y a une exploration en profondeur de ce milieu carnassier du monde de l'édition et des hommes d'affaire sans état d'âme. A noter que ce conflit de droit d'auteur va se terminer en 1975 à l'époque où la Warner allait exploiter Superman au cinéma avec comme tête d'affiche un certain Marlon Brando.

Nous avons là une bibliographie sérieuse tout à fait passionnante à découvrir d'urgence.

New York, le Queens, 1975. Allongé sur un banc, un monsieur d'un certain âge se fait doucement secouer par un policier qui, gentiment, lui propose de venir manger avec lui dans un diner. Lorsqu'il lui demande ce qu'il faisait dans la vie, il est surpris d'apprendre qu'il dessinait. Aussitôt, il lui demande un dessin. Ce que le vieil homme s'empresse de faire, malgré les années passées et sa vue qui a bien baissé. Superman apparaît alors au grand plaisir du policier qui lisait ses albums plus jeune. C'est alors que l'homme lui confie que c'est lui et son ami, Jerry, qui ont inventé le personnage. le policier veut comprendre son histoire et savoir pourquoi il vit dans la rue aujourd'hui...

Tout le monde connait évidemment Superman. Mais peut-être un peu moins les noms de Joe Shuster et Jerry Siegel, ses papas. Aussi, le journaliste Julian Voloj a-t-il décidé de nous raconter leurs histoires au coeur de cet impressionnant album. Avec Thomas Campi au dessin, il retrace, depuis leur enfance à Cleveland jusqu'aux jours d'errance de Joe, en passant par leur idée de Superman, leur premier contrat, l'émergence mais aussi la concurrence des comics et super-héros, leur parcours chaotique. Extrêmement documenté et riche, captivant de bout en bout, l'on découvre des moments touchants, des hommes passionnés, des anecdotes incroyables mais aussi l'univers capitaliste impitoyable, à savoir comment Joe et Jerry se sont fait avoir en vendant, pour une bouchée de pain, leur héros et s'en sont retrouvé dépossédés. Une oeuvre graphique passionnante, intelligente, empreinte de sensibilité et abondante (pas moins de 170 pages, auxquelles l'on rajoutera 20 pages de notes de l'auteur, détaillant les références utilisée dans sa rédaction). Graphiquement, Thomas Campi aborde différemment le présent et le passé. Un trait plus encré et des couleurs plus criardes pour le premier, un style rétro et des couleurs profondes (un peu à la Hopper) pour le second. de magnifiques planches élégantes et délicates.
Une oeuvre remarquable !

Affamé, endormi sur un banc de Cleveland, Joe Shuster, dessinateur créateur de Superman, rêve de Loïs, l'héroïne de Superman. Il est réveillé par un policeman, qui l'invite à manger et à qui il raconte son histoire.
C'est cette histoire que conte cette immense, par la qualité, biographie des deux créateurs du superhéros Superman, Joe Shuster et Jerry Siegel (auteur).
On pourrait dire une BD, un livre graphique bien sûr mais eu égard au fait qu'il y a une préface, une postface, un recueil de notes de l'auteur pratiquement page par page, fruit d'un travail de recherche minutieu, comme le dit Julian Voloj, ainsi qu'une bibliographie sélective, on peut concevoir qu'il s'agir bien d'une biographie dessinée, certes, mais une biographie quand même.
Tout au long de leur vie, Joe et Jerry, défendirent leurs droits sur le personnage de Superman, débordés qu'ils étaient sur leur droite comme sur leur gauche par des Batman, Captain America, Marvel et Wonderwoman, entre autres, mais aussi et surtout par les requins de l'édition qui eurent tôt fait de s'approprier Superman en ne leur laissant que des miettes et, puis, plus rien.
Joe, pour son malheur aura la vue baissante et sa main gauche, celle avec laquelle il dessine, défaillante, à tel point qu'il devra faire appel à deux dessinateurs payés sur son salaire.
De malheur en malheur, de galère en galère, ils ne récupéreront leurs droits qu'en 1975, auprès de la Warner, lors de la sortie du film Superman.
Ils vivront, sinon dans l'aisance, au moins sans souci d'argent.
Les auteurs en profitent, au cours de cette longue période, pour tirer le portrait des Etats Unis, de l'antisémitisme primitif aux partis nazi en Europe comme en Amérique, puis la chasse aux communistes et enfin la responsabilité des comics dans les crimes et délits commis dans le pays.
Le graphisme est impeccable, les couleurs remarquables. Un certain flou dans le dessin apporte beaucoup de profondeur et l'élégance rappelle une autre époque où être bien habillé était un minimum dans le respect de soi et des autres (on voit sur la couverture Joe dessiner en chemise cravate ). Autre temps...
Je me dois d'être honnête et écrire que c'est en lisant la critique de Catilina38 que l'envie m'est venue de lire ce bouquin. Merci donc.

Lien : https://www.babelio.com/livr..

L'album comprend 158 planches, une préface, une post-face du scénariste expliquant le projet et une vingtaine de pages de références et citations de différentes cases de l'album. Il s'agit d'un véritable roman graphique qui n'est pas lié à l'éditeur DC mais lancé par Julian Voloj qui a recruté l'italien Thomas Campi pour l'occasion. La dimension documentaire est évidente et c'est ce qui rend l'album passionnant, avec la post-face qui détaille l'enquête du scénariste et l'aspect très documenté du livre. L'ouvrage a été lu en numérique, je ne peux donc commenter la fabrication par l'éditeur français Urban.

Deux jeunes américains installés avec leurs familles à Cleveland vont inventer un mythe en même temps qu'un genre éditorial dont la popularité est aujourd'hui mondiale: Superman et les super-héros! le récit est fait au travers du dessinateur, jeune juif dont la famille a émigré récemment au Canada et qui rêve de faire de la BD. On apprend comment son ami Jerry Siegel invente Superman et son histoire, comment ils parviennent dans un premier temps à vivre de leur création avant de constater qu'ils se sont fait manipuler par un éditeur cupide qui les laissa ensuite dans une quasi-misère!…

Comme souvent c'est le graphisme qui m'a fait venir à cet album improbable, et c'est l'histoire qui m'a passionné! Une histoire humaine, les auteurs derrière le mythe. La chronique d'une époque, l'Amérique des années 30-40, le monde de l'édition de comics de l'intérieur, où l'on croise certains Stan Lee ou Bob Kane, où l'on apprend mille détails peu connus sur la réalité de ces héros de l'imaginaire (comme après exemple le fait que Bob Kane co-créa Batman en s'accaparant toute la gloire, auteur qui avait les pieds sur terre et que le dessinateur Campi n'hésite pas à comparer à son Joker…). C'est une histoire dramatique que l'on lit. Après les premières années de jeunes rêveurs, très vite la réalité des froids capitalistes les rattrape et les écrase: on leur vole leur création par un contrat trop vite signé, qui cède l'intégralité de la propriété du personnage à l'éditeur, de façon perpétuelle! de jeunes naïfs ont commis l'erreur de leur vie et alors que le créateur de Batman et d'autres auteurs aujourd'hui réputés deviennent rapidement très riches, eux passent une vie de rigueur, Siegel hanté par ce vol et Shuster rattrapé par des problèmes de santé et de vue. Ce n'est finalement que grâce à la sortie du film de Richard Donner et de l'argent que le studio Warner s'apprêtait à engranger que les deux auteurs sont finalement reconnus comme les créateurs de Superman et mis hors du besoin, à soixante ans passés… Une histoire incroyable que personnellement je ne connaissais absolument pas et qui donne beaucoup de précisions sur le fonctionnement d'un monde éditorial qui n'a sans doute pas tellement changé de l'autre côté de l'Atlantique. La question du droit d'auteur est essentielle et la situation chez l'Oncle Sam explique la fréquence des rappels des auteurs des personnages, chose moins courante chez nous.

Côté dessins Campi aborde deux techniques entre le récit de Shuster et l'époque récente. le scénariste souhaitait représenter la vieille Amérique de l'Age d'Or dans un graphisme proche des tableaux de Hopper et son dessinateur y parvient parfaitement en offrant des planches très belles, colorées et esthétiques. L'élégance très rétro nous immerge dans une époque utopique où les valeurs semblaient simples et raccord avec l'idéal d'auteurs perdus dans leurs imaginaires. Résultat de recherche d'images pour "joe shuster campi"L'album nous montre aussi beaucoup de références qui ont permis d'aboutir à Clark Kent ou à Superman: Harold Loyd, les immeubles de l'époque, Moïse et les BD pulp de science fiction de l'époque… mais aussi des planches originales très rares des autres créations du duo.

L'album est gros mais se lit d'une traite, passionnant de bout en bout en nous présentant autant la démarche créative, l'amitié de deux gamins des années 30, le marché du comics et l'argent qu'il génère… on a le sentiment d'avoir absorbé une histoire du comic américain aussi facilement que le visionnage d'un documentaire animalier. le travail de Julian Voloj a du être très conséquent et accouche d'un grand album que je vous invite très vivement à vous procurer, que vous soyez amateur de comics ou non.
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