Citations de Chrétien de Troyes (285)
Elle se rendit auprès de la reine, en disant :
« Au nom du ciel, madame, dans votre intérêt et dans le nôtre, je vous demande de me dire, si vous le savez, le nom de ce chevalier, afin de lui venir en aide.
— Dans ce que vous me demandez, mademoiselle, fait la reine, je ne vois rien d'hostile ni de méchant, tout au contraire. Lancelot du Lac, c'est le nom du chevalier, que je sache.
— Mon Dieu, j'en ai le sourire au cœur et je retrouve la vie ! » fait la jeune fille.
Elle saute en avant et l'interpelle à haute voix, si fortement que tous l'entendent :
« Lancelot, retourne-toi et regarde qui est là, les yeux fixés sur toi ! »
Quand Lancelot entendit son nom, il fut prompt à se retourner.
Le Chevalier, à pied et sans lance,
S'avance vers la charrette
Et voit sur les limons un nain
Qui, en bon charretier, tenait
Dans sa main une longue baguette.
Et le Chevalier dit au nain:
Nain, fait-il, pour Dieu, dis-moi tout de suite
Si tu as vu par ici
Passer ma dame la reine.
Le nain perfide et de vile extraction
Ne voulut point lui en conter des nouvelles,
Mais se contenta de dire: Si tu veux monter
Sur la charrette que je conduis,
D'ici demain tu pourras savoir
Ce qu'est devenue la reine.
Sur ce, il a maintenu sa marche en avant
Sans attendre l'autre l'espace d'un instant.
Le temps seulement de deux pas
Le Chevalier hésite à y monter.
Quel malheur qu'il ait hésité, qu'il eût honte de monter,
Et qu'il ne sautât sans tarder dans la charrette!
Cela lui causera des souffrances bien pénibles!
Prêtez-moi le coeur et l'oreille car la parole se perd si le coeur n'entend pas.
Ton chagrin n'est qu'une joie et ton malheur est un bonheur à côté du mal qui me ronge et me détruit. Quand on est habitué à vivre dans le plaisir et la joie, un petit malheur semble plus insupportable qu'à quelqu'un d'un peu endurci par la vie.
Le chevalier de la charette s'est enfoncé dans ses pensées comme un homme qu'Amour gouverne entièrement au point de le rendre sans force et sans défense.
La demoiselle par la main
Emmène Monseigneur Yvain
Là où il est très chèrement tenu.
Lui craint d'être mal reçu,
Et s'il le croit, c'est naturel.
Sur un grand coussin vermeil,
Ils trouvent la dame assise.
Grand peur, je vous l'assure,
Messire Yvain a eu à l'entrée
De la chambre où ils ont trouvé
La dame qui ne lui disait rien.
Ce silence l'effraya fort :
Il fut de peur si ébahi
Qu'il pensa bien être trahi ;
Et il se tint debout loin d'elle
Jusqu'au moment où la pucelle
Lui dit : « Qu'elle aille au diable
Celle qui apporte à une dame
Un chevalier qui ne s'en approche pas
Et qui n'a ni langue, ni bouche,
Ni esprit qui lui permette de penser
Et de commencer à parler ! »
Ils se rendent leurs coups avec rage comme s'ils respectaient un contrat.
Quand je vis l'air clair et pur, de joie je fus tout assuré. Et je vis amassés sur le pin des milliers d'oiseaux. Le croit qui veut : il n'y avait branche ni feuille qui n'en fût couverte. C'était bien l'arbre le plus beau !
Quand je vis l'air clair et pur, de joie je fus tout assuré. Et je vis amassés sur le pin, des milliers d'oiseaux. Le croit qui veut : il n'y avait branche ni feuille qui n'en fût couverte. C'était bien l'arbre le plus beau ! Doucement les oiseaux chantaient chacun en son langage. Très bien leurs chants s'entraccordaient.
De leur joie je me réjouis. j'écoutais jusqu'au bout leur office. Jamais je n'ouïs si belle musique. Nul homme ne peut en ouïr tel chant si plaisant et si doux que je crus en rêver folie !
Epée : c'est l'arme des chevaliers par excellence ; longue d'environ 1 m, elle pèse à peu près 2 kg, pour une lame de 9cm de large ; son pommeau contient souvent des reliques.
P. 35
Le Graal est chose si sainte
Et lui si pur esprit
Qu’il ne lui faut pas autre chose
Que l’hostie qui vient dans le Graal.
Il est resté ainsi douze ans,
Sans sortir de sa chambre
Où tu as vu entrer le Graal.
Mais Amour, enfermé dans le coeur, l'exhorte et l'invite à monter tout de suite dans la charrette. Amour le veut, alors il y saute, car peu lui importe la honte, puisque c'est l'ordre et la volonté d'Amour.
Les jeunes gens porteurs des candélabres
Etaient d’une grande beauté.
Sur chaque candélabre brûlaient dix chandelles pour le moins.
D’un graal tenu à deux mains
Etait porteuse une demoiselle,
Qui s’avançait avec les jeunes gens,
Belle, gracieuse, élégamment parée.
[…]
Le jeune homme les vit passer
Et il n’osa pas demander
Qui l’on servait de ce graal,
Car il avait toujours au cœur
La parole du sage gentilhomme.
J’ai bien peur que le mal ne soit fait,
Car j’ai entendu dire
Qu’on peut aussi bien trop se taire
Que trop parler à l’occasion.
La lâcheté, la honte, la paresse
Ne risquent pas la chute, elles ne le peuvent !
Mais les bons, c’est leur destin que de tomber.
Il n'est pas possible d'aimer sans devenir prisonnier de celle qu'on aime.
Le corps s'en va, le cœur séjourne.
Un homme de bien ne doit pas vanter sa bravoure pour mieux relever son exploit : l'exploit se suffit à lui-même.
Tandis qu’ils parlaient de choses et d’autres,
Un jeune noble sortit d’une chambre,
Porteur d’une lance blanche
Qu’il tenait empoignée par le milieu.
Il passa par l’endroit entre le feu
Et le lit où ils étaient assis,
Et tous ceux qui étaient là voyaient
La lance blanche et l’éclat blanc de son fer.
Il sortait une goutte de sang
Du fer, à la pointe de la lance,
Et jusqu’à la main du jeune homme
Coulait cette goutte vermeille.
Ils suivirent le droit chemin jusqu'au déclin du jour et arrivent au pont de l'Épée vers le soir après l'heure de none. Au pied de ce terrible pont, ils sont descendus de leurs chevaux et ils voient l'eau traîtresse, noire et bruyante, violente et lourde, aussi laide et épouvantable que si c'était le fleuve du diable, et si dangereuse et profonde qu'il n'est nulle chose dans le monde entier, si elle tombe, qui ne s'y perde comme dans la mer salée. Et le pont qui la franchit est différent de tous les autres, tel qu'il n'y en aura jamais de pareil. Jamais ne fut, si vous me le demandez, si funeste pont ni mauvaise planche. Fait d'une épée fourbie et blanche était ce pont au-dessus de l'eau glacée, une épée robuste et solide qui avait deux lances de long. De chaque côté, l'épée était fichée dans un grand poteau. Nul ne risquait de tomber parce qu'elle aurait cassé ou plié, car elle était de si bonne facture qu'elle pouvait porter une lourde charge.
L’oie avait été atteinte au cou et elle perdit trois gouttes de sang qui se répandirent sur la neige blanche, telle une couleur naturelle.
Elle n’avait pas été blessée au point de rester à terre et de laisser à Perceval le temps d’arriver jusqu’à elle.
Elle avait donc repris son vol et Perceval ne vit que la neige foulée, là où l’oie s’était abattue, et le sang qui apparaissait encore.
Il prit appui sur sa lance et contempla la ressemblance qu’il y découvrait : le sang uni à la neige lui rappelle le teint frais du visage de son amie, et, tout à cette pensée, il s’en oublie lui-même.
Sur son visage, pense-t-il, le rouge se détache sur le blanc exactement comme le font les gouttes de sang sur le blanc de la neige.
Plongé dans sa contemplation, il croit vraiment voir, tant il y prend plaisir, les fraîches couleurs du visage de son amie qui est si belle.
Perceval passa tout le petit matin à rêver sur ces gouttes de sang, jusqu’au moment où sortirent des tentes des écuyers qui, en le voyant ainsi perdu dans sa rêverie, crurent qu’il sommeillait.
Ah, beau monsieur ! Est-il vrai que vous êtes Erec, le fils de Lac ? " " C'est bien ce que je suis ", dit-il. Alors l'hôte fut très ravi et dit : " Nous avons effectivement entendu parler de vous dans ce pays. Maintenant, je pense d'autant plus à vous, car vous êtes très vaillant et courageux. Rien maintenant ne vous sera refusé par moi. A ta demande, je te donne ma belle fille. » Puis, lui prenant la main, il dit : « Tiens, je te la donne. »