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Citations de Chrétien de Troyes (285)


Il est bien hardi, celui qui ose se targuer d'un exploit dnt autrui ne le loue, sans apporter de preuves. Il y a une grande différence entre le mauvais et le preux: le mauvais, en face du danger, parle de lui abondamment, cherchant à abuser les gens qu'il tient pour des sots; le preux, au contraire, est fâché d'entendre ses mérites. Néanmoins j'accorde au mauvais qu'il n'a point tort de se vanter, car il ne trouve personne qui mente à sa place. S'il ne se loue, qui le louera?
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Tous les métiers exigent effort, courage et expérience : à ces trois conditions, on peut tout savoir.
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Il prit appui sur sa lance et contem­pla la res­sem­blance qu’il y décou­vrait : le sang uni à la neige lui rap­pelle le teint frais du visage de son amie, et, tout à cette pen­sée, il s’en oublie lui-même.
Sur son visage, pense-t-il, le rouge se détache sur le blanc exac­te­ment comme le font les gouttes de sang sur le blanc de la neige.
Plongé dans sa contem­pla­tion, il croit vrai­ment voir, tant il y prend plai­sir, les fraîches cou­leurs du visage de son amie qui est si belle.
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Il est bien connu de partout que les malheurs surviennent aux hommes de bien, à ceux qui persistent dans l'honneur et la vaillance.
La lâcheté, la honte, la paresse ne risquent pas la chute, elles ne le peuvent !
Mais les bons, c'est leur destin que de tomber.
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Un coup d'épée cicatrise et guérit
très vite, dès qu'un médecin s'en occupe ;
mais la plaie d'Amour empire
d'autant plus qu'elle est près de son médecin.
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Le combat fut rude et féroce,
Mais je n’ai pas envie d’en raconter plus,
C’est perdre son temps, à mon avis.
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Pourquoi dit-on dans l’Evangile :
« Cache tes bienfaits à ta main gauche ? »
La gauche, dans la tradition,
Veut dire l’ostentation
Qui vient d’hypocrite fausseté.
Et la droite, que veut-elle dire ?
La charité, qui de ses bonnes œuvres
Ne se vante pas, mais qui se cache,
Si bien que personne ne le sait,
Sinon Celui qui a nom Dieu et Charité.
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Maintenant les voeux de Lancelot sont exaucés : la reine a accueilli sa compagnie et son plaisir puisquill la tient entre ses bras et qu'elle entre ses bras le tient. Alors le jeu leur est si doux, si bon, du baiser et de la caresse qu'il leur arriva sans mentir une joie et une merveille telle que jamais encore on n'en entendit ou n'en vit de pareille. Mais toujours par moi sera tue parce qu'en un conte elle ne doit pas être dite. Oui, le conte nous tait et cache de toutes les joies la plus exquise et la plus délicieuse.
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Alors elle se prépare et arrange ses affaires;
loin de s'attarder ni de perdre un seul instant,
elle se mit en route et fit si bien qu'elle arriva à la cour
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Dame, vous avez entre les mains la clef ainsi que l'écrin où est emprisonnée ma joie, mais vous ne le savez pas.
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pris dans ses pensées comme un être sans force ni défense vis-à-vis de l'Amour qui le gouverne. Et dans ces pensées il en vient au point où il perd toute notion de lui-même, il ne sait plus s'il est ou s'il n'est pas, il n'a plus ouvenir de son nom, il ne sait s'il est armé ou non, il ne sait où il va, il ne sait d'où il vient, toute chose s'est effacée de sa mémoire, hormis une seule, et pour celle-là il a mis toutes les autres en oubli. À celle-là seule il pense si fort qu'il n'entend, ne voit ni n'écoute rien.

Chrétien de Troyes
Le Chevalier de la Charette
ou Le Roman de Lancelot
Traduction de Charles Méla
avec la collaboration de Catherine Blons-Pierre
Romans de la Table Ronde
Classiques de poche
p. 288
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On finit par se lasser d'un confort qui dure trop longtemps. On goûte bien davantage un petit bonheur longtemps désiré qu'un grand bonheur dont on profite sans l'avoir attendu.
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Le jeune homme entend, mais sans les voir,
ceux qui arrivent à vive allure.
Il s'en émerveille et se dit: "Sur mon âme,
elle a dit vrai, madame ma mère,
quand elle m'a dit que les diables
sont la plus effrayante chose du monde!
Elle a dit encore, pour m'enseigner,
qu'il faut, pour eux, se signer.
Mais non! Jamais je ne ferai le signe de croix,
je n'ai pas besoin de cet enseignement.
Au contraire! Je serai si prompt à frapper le plus fort
d'un des javelots que je porte
que, certes, n'approchera de moi
aucun des autres, j'en suis sûr!"
Voilà ce que se dit à lui-même
le jeune homme, avant de les voir.
Mais quand il les vit tout en clair,
au sortir du bois, à découvert,
quand il vit les hauberts étincelants,
les heaumes clairs et brillants
[et les lances et les écus,
choses qu'il n'avait jamais vues],
quand il vit le vert et le vermeil
reluire en plein soleil,
et l'or, et l'azur et l'argent,
il trouva cela vraiment beau et noble
et s'écria: "Doux Seigneur, mon Dieu, pardon!
Ce sont des anges que je vois là!
C'est vraiment grand péché de ma part,
et bien mauvaise action
d'avoir dit que c'était des diables.
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Un ange descendit du ciel avec une épée flamboyante d'une toise de long, et Mordrain s'arrêta tout coi sous la parole qu'il entendit: "Mordrain! Tes péchés sont si lourds que tu n'en seras délivré aucun jour de ta vie. Tes plaies ne se guériront pas; elles dureront, toujours ouvertes et tu resteras sans mourir, jusqu'au jour où viendra le Chevalier aimé de Jésus-Christ, confessé de tous ses péchés, qui te soulagera de tes fautes, et tu mourras entre ses bras. D'ici à ce jour-là, tu resteras couché entre deux draps, et tu ne goûteras nulle viande que tu ne désireras même pas, mais seulement le Pain de Vie."
Le roi Mordrain est resté dans son lit, sans en sortir ni jour ni nuit, il y aura trois cents ans cet été.
Quelques-uns disent que ce chevalier-là, dont je vous parle, est déjà sur la terre, et que même il a commencé la Quête du Graal et de la Sainte Lance. Le roi Mordrain sera guéri de tous ses maux quand Dieu les réunira tous les deux.
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Les enchantements de Bretagne : Yvain, Lancelot et les fées » Introduction de Philippe Walter
Philippe Walter, spécialiste des mythologies chrétiennes et de l’imaginaire médiéval nous décrit la création simultanée de ces deux romans et ce qui fait d’eux des témoignages exceptionnels du patrimoine mythique chrétien, folklorique et antique. Il nous éclaire sur la signification de ce monde merveilleux à travers les grands symboles de chaque récit. Pour Yvain, la clé du roman est le lion : il représente la fierté, la bravoure, et permet à Chrétien de Troyes d’exalter la vie, au contraire des traditions chevaleresques prônant la fatalité. La clé du récit de Lancelot est la charrette, symbole à plusieurs facettes qui implique le sacrifice de l’honneur, le passage à un autre monde et le rite initiatique de héros.

Philippe Walter conclut son introduction en comparant les deux visions du héros incarnées par Yvain et Lancelot : d’un côté, le champion de toutes les causes, de l’autre le héros qui poursuit une mission intérieure au caractère plus spirituel.
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Un regard clair et rieur brille sur le visage du jeune sauvage. Aucun de ceux qui le voient ne croit qu'il ait toute sa raison ; pourtant tous, en le regardant, lui trouvent de la beauté et de la noblesse.
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Les choses que l'on cueille en passant n'ont pas la douceur ni la saveur de celles dont on paie le prix. (Le Livre de Poche, p.1084)
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Molt est qui ainme obeïssanz,
Et molt fet tost et volentiers,
La ou il est amis antiers,
Ce qu'a s'amie doie plaire.
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Amour et Haine peuvent voisiner dans le même vaisseau. Il est bien étonnant que deux sentiments si contraires puissent avoir même demeure. Non, cela ne peut être car ce serait source de noise dès que l'une aurait reconnu l'autre.
Mais pensons qu'il n'y a point de bâtiment qui ne renferme plusieurs étages, loges et chambres.
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Apparition du Graal et importance de questionner l’inconnu, v. 4368-4429 :
Que qu’il parolent d’un et d’el,
Uns varlés d’une cambre vint,
Qui une blance lance tint,
Empoignie par emmi leu ;
Si passa par entre le feu
Et cil ki sor le lit séoient,
Et tout cil ki laiens estoient
Virent la lance et le fer blanc :
S’en ist une goute de sanc
Del fer de la lance el somet,
Et, jusqu’à la main au varlet,
Couloit cele goute vermelle.
Li varlés voit cele mervelle,
Qui laiens ert noviaus venus ;
Si s’est del demander tenus
Coment celle chose avenoit ;
Que del casti li souvenoit
Celui ki chevalier le fist,
Ki li ensegna et aprist
Que de trop parler se gardast ;
Et crient, se il le demandast,
C’on le tenist à vilounie ;
Pour çou ne le demanda mie.
Atant dui varlet à lui vinrent,
Qui candelers en lor mains tinrent
De fin or ouvret à chisiel ;
Li varlet estoient moult biel,
Qui les candelers aportoient ;
En cascun candelles ardoient,
X candoiles à tout le mains.
Un graal entre ses II mains
Une demoisièle tenoit
Qui avoec les varlés venoit,
Bièle, gente et acesmée ;
Quant ele fu laiens entrée
Atout le graal qu’ele tint,
Une si grans clartés i vint
Que si pierdirent les candoiles
Lor clarté com font les estoiles
Quant le solaus liève ou la lune ;
[…]
Ensi come passa la lance,
Par devant le lit s’en pasèrent
Et d’une cambre en l’autre entrèrent ;
Et li varlés les vit passer
Et n’osa mie demander
Del graal, qui on en servoit ;
Que tous jors en son cuer avoit
La parole au preudome sage ;
Si crient que il n’i ait damage,
Pour çou qu’il a oï retraire
C’ausi bien se puet-on trop taire
Com trop parler à la foïe.

Traduction perso :
Tandis qu’ils parlaient de ci et de ça, un valet arriva d’une chambre. Il tenait une lance blanche, empoignée par son milieu. Ainsi il passa entre le feu et ceux qui étaient assis sur le divan. Et tous ceux qui étaient là virent la lance et le fer blanc : il en sortit une goutte de sang et cette goutte vermeille coula depuis le fer de la lance en son extrémité jusqu’à la main du garçon. Le jeune homme vit cette merveille, mais il était nouveau venu ici. Aussi s’est-il tenu de demander comment cette chose se faisait, car il avait le souvenir de celui qui le fit chevalier et qui lui enseigna à se garder de trop parler. Et c’est pour cela que, croyant que si il posait des questions on le tiendrait pour mal éduqué, il ne posa pas de question. C’est alors que dix valets vinrent à lui qui tenaient dans leurs mains des chandeliers d’or travaillé et coupé finement. Ils étaient bien beaux, ces jeunes garçons qui apportaient les chandeliers. Sur chacun brûlaient plusieurs chandelles, dix chandelles au moins. Une jeune fille belle, digne et élégante venait avec les valets, elle tenait un graal entre ses deux mains. Quand elle fut entrée dans la pièce, avec le graal qu’elle tenait, une si grande clarté en vint que les chandelles perdirent aussitôt leur clarté, comme le font les étoiles quand le soleil se lève, ou la lune. […] Tout comme était passée la lance, ils passèrent devant le divan et entrèrent dans la pièce voisine. Et le jeune homme les vit passer et n’osa aucunement demander au sujet du graal, qui on allait servir. Il avait toujours eau cœur les paroles du sage vénérable. Cependant, on peut craindre qu’il y ait malheur, parce qu’il a entendu exposer qu’on peut aussi bien trop se taire que trop parler.
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