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Citations de Erckmann-Chatrian (189)


Dans l’après-midi du même jour, Waldhorn vint me dire que nous étions engagés à faire de la musique aux noces de Lotchen Omacht, la fille du meunier de Bergheim ; qu’il y avait le trombone Zaphéri de Guebwiller, Coucou-Peter et son neveu Mathis, pour la contrebasse et le violon, et moi pour la clarinette ; qu’il tâcherait d’avoir un tambour à Zellemberg, et que s’il n’en trouvait point, le « watchman » Brügel consentirait volontiers à remplir cette partie, moyennant trois francs la soirée.
Nous partîmes ensemble à la nuit. Et comme les noces durèrent deux jours, je ne revins à Eckerswir que le samedi suivant, vers dix heures du matin. J’avais gagné mes six écus, ce qui naturellement me mettait de bonne humeur.
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Le corbeau s’était posé sur la traverse de la fenêtre. Non, je ne crois pas avoir jamais vu de physionomie plus railleuse ; son grand bec se retournait légèrement de travers, et son œil brillait comme une perle. Il fit entendre un second couac ironique, et se mit à peigner son aile de deux ou trois coups de bec.
Mon oncle ne soufflait mot, il était comme pétrifié.
Hans reprit son vol, et maître Zacharias, se tournant vers moi, me regarda quelques secondes.
« L’as-tu reconnu ? me dit-il.
– Qui donc ?
– Le diable !...
– Le diable !... Vous voulez rire ? »
Mais l’oncle Zacharias ne daigna point me répondre, et tomba dans une méditation profonde.
Depuis ce jour, maître Zacharias perdit toute sa bonne humeur. Il essaya d’abord d’écrire sa grande symphonie des Séraphins, mais n’ayant pas réussi, il devint fort mélancolique ; il s’étendait tout au large dans son fauteuil, les yeux au plafond, et ne faisait plus que rêver à l’harmonie céleste.
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Le père Raphaël Manque, un respectable bourgeois de Phalsbourg, président de notre club, prononça sur ces choses un discours désolé, disant que Marat, Fréron, Desmoulins et d’autres gazetiers abominables, en dénonçant tout le monde, en représentant Lafayette, l’ami de Washington, comme un traître, et Bailly, le président des états généraux au Jeu de paume, comme un imbécile, étaient cause de tout ; qu’à force de vous exciter et de vous agacer, ces gens vous faisaient perdre la tête, et qu’il ne fallait qu’un instant de colère pour causer les plus grands malheurs.
Voilà comment il expliquait l’affaire. Mais la joie de nos ennemis nous montrait que c’était bien autrement grave et que cela partait de plus haut.
En même temps commençaient les assemblées primaires pour nommer les députés de la législative ; la liste des citoyens actifs était affichée à la mairie ; et nous autres citoyens passifs, qui ne payions pas la valeur de trois journées de travail en contributions directes, nous n’avions pas le droit de voter comme en 89 ! pourtant nous payions vingt fois plus en contributions indirectes, sur le vin, l’eau-de-vie, la bière, le tabac, etc. ; nous étions des citoyens plus actifs par notre travail et notre dépense que les avares qui mettent toutes leurs économies en biens-fonds.
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Le comte de Nideck lui-même !
Le comte de Nideck, – que je croyais mourant, – revêtu d’une énorme peau de loup, dont la mâchoire supérieure s’avançait en visière sur son front, les griffes sur ses épaules, et dont la queue traînait derrière lui sur les dalles.
Il portait de ces grands souliers formés d’un cuir épais cousu comme une feuille roulée ; une griffe d’argent serrait la peau autour de son cou, et, dans sa physionomie, sauf le regard terne, d’une fixité glaciale, tout annonçait l’homme fort, l’homme du commandement : le maître !
En face d’un tel personnage, mes idées se heurtèrent, se confondirent. La fuite n’était pas possible. J’eus encore la présence d’esprit de me jeter dans l’embrasure de la fenêtre.
Le comte entra, regardant la vieille, les traits rigides. Ils se parlèrent à voix basse, si basse qu’il me fut impossible de rien entendre, mais leurs gestes étaient expressifs : la vieille indiquait le lit !

Hugues Le Loup
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Je vous ai raconté les misères du peuple avant 1789 : la masse d’impôts qu’on nous faisait supporter ; le compte rendu de Necker, où l’on apprit qu’il existait un gros déficit tous les ans ; la déclaration du parlement de Paris, que les états généraux avaient seuls le droit de voter les impôts ; les tours de Calonne et de Brienne pour avoir de l’argent ; les deux réunions de notables, qui refusèrent d’imposer leurs propres biens ; et finalement, quand il fallut payer ou faire banqueroute, la convocation des états généraux à Versailles, après cent soixante-quinze ans d’interruption.
Je vous ai dit que nos députés avaient l’ordre écrit d’abolir les barrières intérieures, qui gênaient le commerce ; les maîtrises et jurandes, qui gênaient l’industrie, les dîmes et droits féodaux, qui gênaient l’agriculture ; la vénalité des charges et offices, contraire à la justice ; les tortures et autres barbaries, contraires à l’humanité ; et les vœux des moines, contraires aux familles, aux bonnes mœurs et au bon sens.
Voilà ce que demandaient tous les cahiers du tiers état.
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L'ouvrage fait découvrir le système de la conscription par tirage au sort institué par la Révolution et maintenu par Napoléon Bonaparte, qui l'a utilisé pour saigner à blanc des générations entières de jeunes français.
Il couvre la campagne qui suit la campagne de Russie et se conclut par la défaite de Leipzig puis la retraite vers la France.
Cet ouvrage, publication pour la jeunesse oblige, ne fait qu'effleurer certaines pages délicates, et le jeune héros survit à l'épreuve. Mais comme cette époque devient lointaine, l'ouvrage devient très instructif même pour les adultes, d'autant que l'ouvrage semble avoir été écrit entre 1835 et 1855, c'est-à-dire que les témoins dont les histoires ont inspiré les auteurs sont de première main puisqu'ils sont contemporains des événements.
La bataille de Waterloo est traitée dans un ouvrage séparé.
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Les Kabyles ne bâtissent pas comme nous le long des rivières, ils nichent sur les montagnes ; leurs femmes aiment mieux faire quatre ou cinq kilomètres tous les jours, pour descendre à la vallée avec leurs cruches, chercher de l’eau, et les hommes aiment mieux descendre et remonter mille fois avec leurs charges d’huile, de fruits et de légumes, que de se fier à nous. Je me suis même laissé dire qu’ils ne se sont jamais fiés à personne, ni aux anciens Romains, ni aux Arabes, ni aux Turcs ; ils ont toujours eu plus de confiance dans leurs rochers que dans la parole des généraux.
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Mais il ne faut jamais désespérer de rien, et nous devions avoir à Tizi-Ouzou des distractions auxquelles j’étais loin de m’attendre. Avant d’arriver au bordj, nous eûmes le plaisir de rencontrer la belle fontaine construite par les Turcs, pendant leur occupation ; elle est à gauche, en contre-bas de la route, entourée d’une solide maçonnerie à fleur de terre et recouverte de deux magnifiques saules pleureurs. On ne peut voir d’eau plus fraîche, plus limpide ; et ces deux grands saules qui se penchent, laissant tomber leurs longues feuilles pâles, sont d’un effet admirable.
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C'est ainsi que l'accord se rétablit entre la tante Grédel et M.Goulden. Depuis, elle venait nous voir aussi souvent qu'autrefois. Moi, j'allais tous les jours à l'arsenal, et je travaillais à la répartition des batteries. A midi sonnant, je rentrais dîner. A une heure, je repartais jusqu'à sept heures. J'étais à la fois soldat et ouvrier, dispensé des appels, mais accablé d'ouvrage. Nous espérions que je resterais dans cette position jusqu'à la fin de la guerre, si par malheur elle commençait, car on était sûrs de rien.
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… je veux être homme ; je prêcherai la paix, la fraternité, la justice ! Ah ! Mes amis, disait-il, nous souffrons par notre propre faute. Qu'avons-nous fait de l'autre côté du Rhin depuis dix ans ? De quel droit voulions-nous imposer des maîtres à ces peuples ? Pourquoi n'échangions-nous pas nos idées, nos sentiments, les produits de nos arts et de notre industrie avec eux ? Pourquoi n'allions-nous pas les trouver en frères, au lieu de vouloir les asservir ? Nous aurions été bien reçu ! Qu'ils ont dû souffrir, les malheureux, pendant ces dix années de violence et de rapine !... Maintenant ils se vengent … et c'est justice !...

2173 - [Le Livre de poche n° 5075, p. 287]
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Pourquoi fatigué le ciel de nos gémissements ? Pourquoi redouter l'avenir ? Tout cela ne dure qu'une seconde ; nos plaintes ne comptent pas plus que le soupir de la cigale en automne : est-ce que ses cris empêchent l'hiver d'arriver ? Ne faut-il pas que les temps s'accomplissent, que tout meure pour renaître ? Nous sommes déjà morts, et nous sommes revenus ; nous mourrons encore, et nous reviendrons. Et les montagnes, avec leurs forêts, leurs rochers et leurs ruines, seront toujours là pour nous dire : « Souviens-toi ! Souviens-toi ! Tu m'as vu, regarde encore, et tu me reverras dans les siècles des siècles ! »

2158 - [Le Livre de poche n° 5075, p. 273/274]
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… chacun se disait : « Qu'est-ce que les hommes, pour se détruire ainsi, pour se tourmenter, se déchirer, se ruiner ? Que sont-ils fait pour se haïr ? Et quel est l'esprit, l'âme féroce qui les excite, si ce n'est le démon lui-même ? »

2155 – [Le Livre de Poche n° 5075, p. 201]
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Tel est le caractère des hommes ; pourvu qu'ils soient contents, la misère des autres les touche peu.
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La vision de cette nuit singulière me paraît signifier que si la terre, les vergers, les prairies ne passent pas, les propriétaires passent !... Chose qui fait dresser les cheveux sur la tête si on y réfléchit sérieusement.
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Kasper, me dit-il à l'oreille, te voilà riche ! Jusqu'à présent, tu n'as poursuivi que de vains fantômes... L'amour, les plaisirs et les arts ne sont que de la fumée... Il faut être bien fou pour s'attacher à la gloire... Il n'y a de solide que les terres, les maisons et les écus placés sur première hypothèque... Renonce à tes illusions...
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 Combien vous dois-je ? Demanda Karl en bouclant son sac sur ses épaules et en prenant son bâton.
- Vous me devez une prière à la chapelle de l'abbaye Saint Blaise, dit l'homme d'un accent étrange... une prière pour l'âme de mon fils Melchior le pendu... et une autre pour sa fiancée... Génovéva la folle !
- C'est tout ?
- C'est tout. 
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J'aurais voulu lui faire comprendre qu'un véritable artiste est aussi quelque chose de respectable ; que ses oeuvres traversent parfois les siècles et font l'admiration des générations futures, et qu'à la rigueur, un tel personnage peut bien valoir un conseiller, y compris la perruque.
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- Combien vous dois-je ? Demanda Karl en bouclant son sac sur ses épaules et en prenant son bâton.
- Vous me devez une prière à la chapelle de l'abbaye Saint Blaise, dit l'homme d'un accent étrange... une prière pour l'âme de mon fils Melchior le pendu... et une autre pour sa fiancée... Génovéva la folle !
- C'est tout ?
- C'est tout. 
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Ces lanciers étaient des polonais, les plus terribles soldats que j'aie vus de ma vie , et pour dire les choses comme elles sont, nos amis et nos fréres. Ceux-lâ n'ont pas tourné casaque au moment du danger, ils nous ont donné jusqu'â la derniére goutte de leur sang.. et nous , qu'est ce que nous avons fait pour leur malheureux pays ? ... quand je pense à notre ingratitude, cela me crêve le coeur !
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Voila à quoi la discipline terrible de Napoléon avait réduit tous ces vieux capitaines : ils obéissaient comme des machines et ne s'inquiétaient de rien autre, dans la crainte de dèplaire au maître !...
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