Citations de Erckmann-Chatrian (189)
L'Empereur n'aime que la guerre ! Il a déja versé plus de sang pour donner des couronnes à ses fréres, que notre grande Révolution pour gagner les Droits de l'Homme.
La guerre ! ... ceux qui veulent la guerre, ceux qui rendent les hommes semblables à des animaux féroces, doivent avoir un compte terrible àrégler là-haut !...
On aurait cru que la vie des hommes ne coûtait rien.
Les moines font leur métier...Quand on n'a rien, qu'on ne produit rien et qu'on ne gagne rien, il faut mendier ou voler pour vivre. On fait alors de la mendicité une vertu chrétienne, et quand la mendicité ne suffit pas, eh bien, on tâche de happer le héritages du prochain.
C'est à cet état d'abrutissement que les a réduits la caste de leurs prêtres, toujours avec les vainqueurs, jamais avec les vaincus; soutenant l'envahisseur dès qu'il avait le dessus, partageant avec lui le pouvoir et ses jouissances; invoquant Dieu pour asservir davantage les victimes et leur ôter le courage de se révolter, de reconquérir leur indépendance, leur dignité.
Le père Schmitt regardait Scipio d'un air attendri; on voyait qu'il lui rappelait le bon temps de son régiment.
- Oui, fit-il au bout de quelques instants, c'est un vrai chien de soldat. Mais reste à savoir s'il connaît la politique, car beaucoup de chiens ne savent pas la politique.
En même temps, il prit un bâton derrière la porte et le mit en travers, en criant :
- Attention au mot d'ordre!
Scipio se tenait déjà prêt.
- Saute pour la République! cria le vieux soldat. Et Scipio sauta par-dessus le bâton, comme un cerf.
- Saute pour le général Hoche!
Scipio sauta.
- Saute pour le ri de Prusse!
Mais alors Scipio s'assit sur sa queue d'un air très ferme, et le vieux bonhomme se mit à sourire tout bas, les yeux plissés, en disant :
- Oui, il connaît la politique... hé! hé! hé! Allons... arrive!
Il lui passa la main sur la tête et Scipio eut l'air très content.
- Fritzl, me dit alors le père Schmitt, vous avez un chien qui vaut son pesant d'or; c'est un vrai chien de soldat.
Quelle différence d'un professeur à un autre ! Et que de reconnaissance on devrait avoir pour l'homme instruit et sympathique qui vous a donné son âme entière, le fruit de son expérience et de son travail, pour développer en vous quelques germes heureux, espérant pour toute récompense obtenir un souvenir... et peut-être un regret après sa mort.
Les années de collège de Maître Nablot.
Chose bizarre et parfois digne de remarque, les hommes de bon sens n'ont jamais rien inventé; ce sont des fous qui ont fait jusqu'ici toutes les grandes découvertes.
La lunette de Hans Schnaps
Tu sais, Georges, ce que vaut une vache pour nous autres paysans; avec une vache à l'étable, on a du lait, du beurre, du fromage, tout le nécessaire de la vie; une vache c'est l'aisance, deux c'est presque la richesse. Jusqu'alors nous avions pu vendre et faire ainsi quelques sous; maintenant il allait falloir tout acheter dans ces temps de disette, où l'ennemi s'engraissait de notre misère.
Ah! quel affreux passage!... Ceux qui viendront après nous ne s'en feront pas même une idée.
Ainsi parlait le petit bonhomme, avec cette voix pointue des gens qui ne font rien et qui critiquent ceux-là qui font quelque chose. (p.110 - France Loisirs)
Le fanatisme religieux rend les hommes pires que les derniers des animaux.
Le village de Djéma-Sahridj est peut-être un des plus beaux de l’Algérie ; on ne s’en douterait pas en le regardant de la vallée, car des rochers se hérissent tout autour ; mais arrivé au haut, c’est un paradis terrestre ; plus de cinquante sources bouillonnent aux environs, et dans ce pays de soleil brûlant, l’eau c’est tout, c’est l’abondance, la richesse.
Les hommes sont comme des pendards vis-à-vis les uns des autres ; quand ils trouvent un nid plein de jeunes, ils n’y laissent que des plumes et du sang.
On raconte toujours que dans les grandes occasions le soleil se voile, que la terre tremble, et d’autres histoires pareilles, pour marquer l’horreur de la nature, à cause de la mauvaise conduite des gens !
Moi, tout ce que je peux dire, c’est que le temps s’était remis au beau, et que les alouettes chantaient comme à l’ordinaire.
Voilà l’existence du soldat… on arrive sans penser à rien… deux grands yeux vous entrent dans le cœur… on voudrait rester… ; mais la trompette sonne… En route !…
On ne se disait ni bonjour ni bonsoir ! Je crois que ces gens-là nous méprisent, car ils passent auprès de nous sans même nous jeter un coup d’œil.
Le vrai soldat est fait pour se battre, quand la patrie l’ordonne, et ne se fourre pas dans des affaires véreuses.
Parlez haut, monsieur, s'écria-t-il, que tout le monde vous entende ! Lorsqu'il s'agit d'honneur et de patrie, personne n'est de trop en France, les femmes s'y entendent aussi bien que nous.
2168 - [Le Livre de poche n° 5075, p. 279]
Il y a pourtant des jours où l'on est bien heureux d'être au monde. Ah ! s'il n'y avait jamais ni pestes, ni guerres, ni famines, -- si les hommes pouvaient s'entendre, s'aimer et se secourir, -- s'il ne s'élevait d'injustes défiances entre eux, -- la terre serait un vrai paradis !