![Paroles sans papiers par Gipi Paroles sans papiers](/couv/sm_cvt_Paroles-sans-papiers_586.jpg)
Lecture jeune, n°125 - À l’initiative d’Alfred, de David Chauvel et de Michaël Le Galli, Lorenzo Mattotti, Gipi, Jérôme Jouvray, Cyril Pedrosa, Kokor, Brüno, Pierre Place, Frederik Peeters et Alfred lui-même, dans une démarche engagée, ont mis en mots et en images les témoignages de sans-papiers aux parcours de vie brisés. Neuf auteurs de bandes dessinées pour dire, en neuf récits, l’exil, la douleur et la perte. Mais ici, chaque histoire est unique et bouleversante. Les raisons du départ sont économiques, politiques ou militaires, l’errance est dramatique et parfois fatale, puis chacun tentera de subsister comme il peut : Rosalie se prostitue, Brahim l’étudiant vit caché, Malika et sa famille connaissent les centres de rétention… Cet ouvrage militant dresse un panorama nécessaire des histoires des immigrés en France : « Je ne suis pas né exilé. Je le suis devenu » affirme José Muñoz qui signe l’introduction. Un dossier documentaire sur l’immigration en France complète utilement le propos. Hélène Sagnet
Commenter  J’apprécie         00 ![S. par Gipi S.](/couv/sm_C_S_4911.jpg)
Lecture jeune, n°121 - Gipi consacre son dernier ouvrage à son père décédé. Comment parvient-il à évoquer cet homme, que nous dit-il de lui et de leur relation ? Il compose un voyage au fil de ses propres souvenirs et d’histoires racontées par son père. Ainsi le lecteur est-il transporté de la Seconde Guerre mondiale vécue par les parents de Gipi à l’enfance de l’auteur. Une fois encore, l’artiste italien nous livre avec talent une histoire, celle de son père. La raconter semble être une façon pour lui de revivre et de comprendre la relation qui fut la leur. Il interroge par ailleurs les notions de mémoire et de transmission : qu’est-ce que le souvenir ? Les instants racontés sont-ils les instants vécus ? Il installe peu à peu le lecteur dans une forme d’incertitude nécessaire à son propos. L’ouvrage se distingue des précédents par une narration totalement éclatée. Pas de repères ici, on passe d’une époque à l’autre, d’un souvenir à l’autre au gré des mots et des sensations. La poésie et la force de l’écriture en sont renforcées. La gamme chromatique se fait aussi plus douce et chaleureuse qu’à l’accoutumée : « J’ai souhaité des couleurs accueillantes pour les personnages », explique l’artiste. S. est un ouvrage intime et exigeant, dont la réflexion tend à l’abstraction. Il est à proposer à de très bons lecteurs. Hélène Sagnet
Commenter  J’apprécie         00 ![Baci dalla provincia, Tome 2 : Ils ont retr.. par Gipi Baci dalla provincia, Tome 2 : Ils ont retr..](/couv/sm_CVT_Les-Innocents-T2--Ils-ont-retrouve-la-voiture_4981.jpg)
Lecture jeune, n°119 - Le téléphone sonne. « Ils ont retrouvé la voiture. J’ai pas compris. Bien sûr que t’as compris ». Ainsi commence la nuit de deux hommes qui vont devoir résoudre une histoire débutée sept ans plus tôt. Peu de choses en somme. Une affaire sérieuse à régler imagine-t-on, et entre-temps, des discussions sur Dieu ou la qualité de la nourriture américaine. Qui sont ces hommes ? Jamais nommés, ils sont « l’homme calme », « l’homme qui croit en Dieu » et à tour de rôle « l’homme qui a le pistolet ». Gipi démontre une nouvelle fois son sens étonnant de la narration. Tout ici sert le récit. Nous sommes plongés dans une histoire qui a commencé sans nous et dont on ne sait quasiment rien. Mais l’intrigue se construit, à l’économie, et le suspens affleure. Le procédé narratif est singulier et impose un rythme : dialogues au rasoir des cases et style indirect reprenant ces derniers en dehors. Les aquarelles gris-bleu installent l’ambiance de cette nuit froide et pluvieuse, oppressante et sans fin. Les cadrages enfin, inventifs et surprenants, nous captivent et nous entraînent jusqu’au dénouement de cette nuit fatale. Une fois encore, nous ne pouvons que vous inviter à découvrir l’univers de cet artiste de talent. ? Hélène Sagnet
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