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Critiques de Gipi (225)
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Vois comme ton ombre s'allonge

Vois comme ton ombre s’allonge est un roman graphique signé Gipi, traduit de l’italien par Hélène Daurriol-Remaud pour Futuropolis. J’avais aperçu cet album à la médiathèque et je ne savais pas du tout ce dont cela parlait, il n’y avait aucun résumé sur la quatrième de couverture, mais je l’ai emprunté car la couverture magnifique m’avait attiré.



Sur les réseaux sociaux littéraires ou les sites marchands, on retrouve tout de même un résumé proposé par l’éditeur :



" Sur une plage, un homme se sent mal. On appelle les secours, il est conduit dans une clinique spécialisée. On suspecte une schizophrénie subite, avec des attitudes obsessionnelles compulsives à orientation monothématique… L’homme, Silvano Landi, est un écrivain qui n’écrit plus. Un inventeur d’histoires qui vivait en écoutant des histoires et en en racontant à son tour. Un créateur de mondes qui n’est plus capable à présent que de dessiner sur une feuille la stylisation de deux obsessions : un arbre mort et une station-service. De les dessiner des centaines, des milliers de fois : un arbre mort et une station-service. "



Je dois dire que les premières pages m’ont déçu. Le style des dessins, très simples en apparence, n’avait rien à voir avec la couverture. C’est quelque chose que je n’aime généralement pas dans une bande dessinée, quand la couverture est d’un style très différent des illustrations intérieures.



Cependant, je dois préciser que le style évolue au fil de l’album. Il y a des pages dans un style complètement différent, plus proche de celui de la couverture. Gipi alterne ainsi les pages dans un style très sobre et dépouillé et d’autres avec un dessin plus travaillé et accessoirement plus à mon goût.



Le récit n’est pas forcément évident à suivre, nous suivons la vie d’un homme proche de la cinquantaine qui séjourne dans un hôpital psychiatrique après avoir été retrouvé dans un état de confusion sur une plage. Il dessine sans cesse la même chose : un arbre mort et une station-service. En parallèle, nous suivons un soldat italien -pendant la Grande Guerre, alors qu’il affronte la mort tout en écrivant à son épouse et à sa fille qui vient de naître.



J’ai un peu de mal à me faire un avis définitif sur cette bande dessinée. Certaines planches sont splendides, d’autres plus quelconques, et le récit est intéressant sans m’avoir totalement captivé. Je reste donc plutôt mitigé, tout en reconnaissance la qualité d’écriture et de dessin de l’auteur.
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La Terre des fils

Une des plus belles variations sur le thème « le jour d’après » qu’il m’ait été donnée de lire ; bouleversant.
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La Terre des fils

Un roman graphique d'une noirceur et d'une violence difficilement soutenable (pour moi en tout cas). Je suis passée rapidement sur certaines pages car les scènes de tortures et de mutilations, le désespoir, le manque d'amour, la traque humaine... bref trop de sujet qui me heurtent profondément dans ce livre sont réunis pour que j'adhère totalement à l'univers de l'artiste.

Nous sommes clairement dans une dystopie. Une apocalypse, un cataclysme, un effondrement... quelque-chose a eu lieu.. ce quelque-chose n'a pas de nom ni de transmission, ni d'histoire. Le lecteur prend le récit après et suit deux adolescents et leurs pères qui survivent pauvrement au bord de l'eau, chassant le chien et triant les poissons toxiques, vivant de maraude et de violence. Le père les élève à la dure, sans amour, sans tendresse et rédige chaque soir des notes mystérieuses dans un carnet noir.

Au décès de celui-ci, les deux fils partent en quête d'un lecteur potentiel (la sorcière, les jumeaux monstrueux) pour apprendre et décoder ce carnet et rencontre une foule de personnages monstrueux.

Car l'écriture et le langage se sont perdus, l'espoir avec a priori.

Le dessin sert parfaitement le propos. Mais l'ensemble est beaucoup trop désespéré pour moi.
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Paroles sans papiers

Onze ans déjà que cette BD existe, et on pourrait sans doute refaire le même tome aujourd'hui. Ou un tome encore plus gore, plus désespéré, plus moralisateur aussi... Un tome qui enfonce les portes ouvertes, ou qui ne va convaincre que les convaincus...



Ce livre part d'un bon sentiment. Montrer les engrenages de l'immigration clandestine, les désespoirs humains, les enjeux individuels, étaler les souffrances, expliciter les choix des gens qui migrent, ou l'absence de choix, car migrer, ce n'est pas juste une partie de plaisir... C'est prenant. C'est souvent fort et ancré dans un quotidien sordide. C'est émouvant et cela prend pas mal dans les tripes.



Mais les bons sentiments ne suffisent pas.



D'une part, on ne touche que les convaincus. Je ne vois pas vraiment le partisan du FN acheter ou même feuilleter un tel tome. Et même, ce beauf bas du front pourra toujours prétendre que les clandestins, vu qu'ils sont illégaux, n'ont "que ce qu'ils méritent"... C'est un discours connu. A qui s'adresse-t-il alors, s'il ne fait rien changer? Voilà une bonne question.



D'autre part, le discours est souvent moralisateur. C'est bobo-gaucho (je signale que je fais partie de cette catégorie aux yeux de beaucoup). On sent le jugement moral. On voit souvent poindre l'idée que penser autrement est anormal.



Enfin, j'aurais aimé un livre avec davantage d'imagination de la part des auteurs. Seule la contribution de Frederik Peeters sort du lot avec une mise en page et une scénographie très imaginative. le reste est fort conventionnel (mention bien pour Cyril Pedrosa et Alfred aussi). Pas spécialement dénué d'intérêt, mais passe-partout.



Je trouve que ce genre d'ouvrage rate un peu sa cible. Personnaliser le discours en montrant des destins, de l'humanité, en faisant preuve d'empathie, c'est faire une bonne partie du chemin. Mais il faut aussi être capable de convaincre, d'aller chercher les indécis, de contrer les arguments des "anti"... j'en demande beaucoup? Peut-être, mais l'humanité est à ce prix.
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La Terre des fils

Quand on ouvre cet ouvrage, on n' est pas séduit par le graphisme. Mais très vite ces traits qui semblent être fait au bic et sans travail préalable, donnent du mouvement et on arrive à apprécier pleinement les planches. La violence et les discours orduriers sont omniprésents mais c'est la fin du monde avec toutes les dérives présentes chez les êtres humains. Testez et faites vous une idée, je suis rentré assez vite dans l'histoire.
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La Terre des fils

Alors que l’apocalypse est venue à bout de notre planète, quelques rescapés tentent de survivre dans un environnement hostile et toxique. Parmi eux, un père qui a élevé ses deux fils à la dure, sans aucune démonstration d’amour, afin de les préparer à affronter le monde cruel dans lequel ils vivent.



Chaque jour, le père rédige secrètement des notes dans un cahier noir, Un contenu mystérieux pour les deux adolescents qui va attiser leur curiosité. Mais, les derniers hommes vivant encore sur terre sont pour la plupart analphabètes et parlent un langage rudimentaire. Les deux garçons, munis du précieux carnet, vont alors se lancer en quête d’une personne pouvant les aider à le déchiffrer.



Dans ce roman graphique, Gipi fait preuve d’un talent incroyable pour nous immerger avec un simple coup de crayon noir dans ce monde âpre et violent. Car les hommes sont devenus sans pitié et il faut se battre pour survivre dans ce contexte de fin du monde où les paysages désolés s’étendent à perte de vue.



Un récit qui met également en avant la relation père-fils, avec cet homme qui choisit de ne pas montrer son amour pour ses deux fils afin de les protéger. Une histoire dense mais rythmée qui se conclut avec une note d’espoir mais nous laisse avec un certain nombre de questions en suspens.



Un album singulier de par son ambiance sombre et son trait minimaliste qui nous entraîne dans un univers post-apocalyptique où les rares rescapés qui peuplent encore la planète sont des êtres primitifs, illettrés et dénués de sentiments. À travers la quête de deux adolescents, ce récit fort et addictif interpelle le lecteur quant à l’avenir de notre humanité.
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Bons baisers de la province

Un univers froid, malsain, des histoires de mafieux, des dialogues courts, pas vraiment intéressants. Les deux souvenirs racontés ne procurent pas de bien être, juste des vies de mecs louches.
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La Terre des fils

Dans un futur indéterminé, l’homme est en voie d’extinction. Deux frères essaient de survivre après la mort de leur père. Incapables de lire et d’écrire, Santo et Lino ont été élevés dans le culte de l’homme fort, qui ne doit pas montrer sa fragilité. Leur père ne leur a jamais dit qu’il les aimait dans le but de les endurcir. Il les a également exclus de toute forme de culture comme si cela était mal.



J’ai lu cet album pour la première fois, l’année dernière, dans le cadre du comité de lecteurs pour les Utopiales 2017 et finalement, il m’aura fallu plusieurs mois avant de me poser pour écrire cette chronique. Je n’ai pas tout de suite accroché, quelques pages ont été nécessaires pour me plonger dans l’œuvre. Celle-ci, bien que brute visuellement (utilisation du Noir et Blanc, réalisation à la plume, contours des cases irréguliers…) au premier abord, se révèle être très poétique, au bout du compte. J’avoue que je ne connaissais pas forcément les autres BD de cet auteur italien mais une fois plongé dans le récit, j’ai été séduit. Force est de constater que la maison d’édition, Futuropolis, appartenant à Gallimard, continue de privilégier la création d’auteur et les œuvres fortes.



Enigmatique sur les raisons qui ont mené ce monde à devenir post – apocalyptique, l’histoire nous conte plus la recherche effrénée de la connaissance oubliée qu’une aventure à la « Mad Max ». Même si le vocabulaire utilisé est assez pauvre (la plupart des personnages ne parlent pas correctement et ne savent ni lire ni écrire), le langage, l’écriture ainsi que la transmission de la connaissance tiennent une place très importante. Gian Alfonso Pacinotti dit Gipi matérialise la relation des protagonistes face à l’écriture de manière originale : après la mort du père et pendant plusieurs pages, l’auteur nous montre les pages d’un carnet, noircies d’une écriture illisible à l’instar de ce que regardent les fils n’ayant pas appris à lire. C’est assez déroutant et immersif comme procédé car on est tenté, nous aussi, de déchiffrer ces pages sans y parvenir et l’on peut aisément imaginer la frustration que doivent ressentir les deux frères.



La relation père-fils naturellement complexe tient également une place importante notamment par le biais de l’ainé des frères qui hait son père tout en étant fasciné par lui et par ce qu’il a écrit. Il va chercher à tout prix à se faire déchiffrer les pages en espérant obtenir les « clefs » nécessaires pour comprendre son géniteur. C’est un peu le moteur de cette quête qui va mener les 2 frères à explorer des contrées jusqu’à présent interdites par leur père et à faire la connaissance d’autres habitants (mutants cannibales, adorateurs du dieu tropkool…) de cette terre désolée et impitoyable.



Singulière par son histoire mais aussi dans sa mise en œuvre, cette bande-dessinée m’a interpellé. Graphiquement le trait de Gipi est à la fois simple et fouillé, notamment par l’utilisation de hachures afin de donner du volume aux cases. Cela donne une impression un peu brouillonne et sauvage. Ce trait rugueux et efficace, s’adapte assez bien à l’ambiance de l’œuvre comme pour marquer l’hostilité de ces territoires inhospitaliers. Pour compenser la violence et le sérieux du sujet, l’auteur a ajouté à la narration des touches d’humour par ci par là pour apaiser le lecteur et contraster avec la brutalité du récit. Enfin, bien que la tension dramatique soit à son comble pendant une bonne partie de l’histoire, cette BD se termine sur une note d’espoir, la promesse d’une vie nouvelle à reconstruire pour les 2 frères.


Lien : http://www.artefact-blog-bd...
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La Terre des fils

Cette terre des fils, elle est ravagée. Presque stérile. Et ils sont peu nombreux ceux qui la foulent encore après un cataclysme les ayant tous renvoyés à l’âge du fer. Eh oui, c’est encore une histoire de fin du monde...
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La Terre des fils

Bande dessinée dont l'histoire m'a un peu échappé. J'aurais du mal à expliquer ce que l'auteur a voulu me dire, me décrire comme univers. Par contre, le dessin, la mise en scène des cases sont superbes. Les personnages et les dialogues sont puissants et bien incarnés. C'est pour cela que je conseille cette lecture.
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La Terre des fils

Avis partagé. Un peu dépitée par les dessins très sombres, la violence, le langage, la dureté des rapports entre le père et ses deux fils. Un temps futur où les sentiments ne doivent pas être montrés au risque de perdre la vie pour cause de faiblesse. Cette BD de l’auteur italien a quelque chose que je n’arrive pas à exprimer. Je l’ai lu un soir et toute la journée du lendemain, elle n’a cessée de me trotter dans la tête. Est-ce dû aux relations parent/enfants qui remuent quelque chose en nous ? Donc, je dirai comme les petits j’aime et j’aime pas, mais comme je suis interpellée je mets 4 étoiles.
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La Terre des fils

Sur Terre, dans une zone rurale marécageuse, dans un futur plus qu'inquiétant, deux jeunes garçon vivent une époque cruelle et apocalyptique. Aux côtés d'un homme violent et mystérieux, ils obéissent, ils chassent, ils survivent. Auprès de cet homme, un père ? Ils ont défense de s'éloigner, éduqués de rien sauf de la certitude d'être seuls survivants sur une planète limitée. Mais un jour ils découvrent de nombreux cadavres pas très loin, et la visite de plusieurs hommes pour commercer...





La Terre des fils s'ouvre sur une impression d'apocalypse totale. Deux garçons quasiment nus, sorte d'êtres préhistoriques s'interpellant en ânonnant, sur une lande sans nom, marécageuse et infinie, dépeuplée, poisseuse et mortifère. A quelle époque sommes-nous ? Que font-ils et où vivent-ils ? Une impression déstabilisante très bien rendue par l'auteur. Et puis, des petits détails nous évoquent tout de même une vie contemporaine, mais extrêmement marginale. Puis il y a ce carnet griffonné quotidiennement par le "père", écrit que les enfants ne savent pas lire quand l'un des deux, assoiffé de reconnaissance de la part de cet homme sans tendresse, brûle de pouvoir lire. Quand le père meurt, il s'agira de sauvegarder cet objet si plain de promesses, et de trouver à le faire déchiffrer. Tâche difficile... Comme une analphabétisation générale qui serait l'emblème de l'apocalypse.



Un ouvrage poignant, avec peu de dialogue mais une forte intensité dans le graphisme des planches, des cases en noir et blanc qui contiennent tant de cruauté et de manques. Un album sur la fin de humanité, ou son début, on ne sait plus trop.... Très grande découverte !
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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La Terre des fils

« Sur les causes et les motifs qui menèrent à la fin, on aurait pu écrire des chapitre entiers dans les livres d’histoire.



Mais après la fin aucun livre ne fut plus écrit ».



Dans un paysage désolé et stérile, un père et ses deux fils survivent, sur une cabane lacustre, dans un univers post-apocalyptique où rien ne pousse, où l’on récupère les os humains, où l’on mange les chiens. Nulle tendresse du père envers ses deux fils, qui apparaissent dès les premières pages comme des êtres primitifs, l’un tondu, l’autre hirsute, qui n’échangent que quelques paroles utiles dans un langage pauvre. Pourtant ce langage à la syntaxe malmenée devient au fil des pages poétique. Seul le père possède le langage : il écrit dans un carnet, tandis que ses deux fils l’espionnent, sceptiques et hébétés. Dans cette œuvre sombre où l’amour a disparu, où l’humanité a disparu, c’est finalement le livre qui deviendra le centre de la quête des deux fils.



Le dessin de Gipi, crayonné noir sur blanc, sobre, a quelque chose d’urgent, de rapidement esquissé, de faussement naïf, qui sert parfaitement ce récit au bout de l’enfer.

Cernés par le lac, les deux fils ont interdiction de s’aventurer au-delà, et de toucher aux cadavres rejetés par le lac. Ils sont seuls, avec le voisin Anguillo et la sorcière. Plus loin vivent deux jumeaux « Grossetête » dont ils ne savent rien sinon qu’il ne faut pas s’en approcher.



Mais un jour, leur père ne rentre pas du lac. Une fois leur père disparu, son cahier, objet de fascination et de rejet, devient la quête du cadet : qu’est-il écrit dedans ? Et bien entendu, en sous-texte, est-ce que mon père m’aimait ? Tout au long de leur voyage initiatique, les fils découvrent et pratiquent aussi, au début, la barbarie du monde qui les entoure. Dans cet univers hostile, on songe au roman de Cormac Mac Carthy, The Road, qui se joue entre un père et son garçon et où l’univers extérieur à la relation apparaît, simplement suggéré, comme le décor totalement effrayant d’une humanité réduite à ses instincts les plus barbares, telles les communautés d’hommes rencontrées par Rick dans le comics Walking Dead.



Une figure féminine émerge cependant de ce cauchemar : la sorcière. Amie, amante, mère, guérisseuse, le voile n’est pas vraiment levé sur son identité, mais c’est le seul personnage apportant chaleur ou réconfort dans ce monde vicié et empoisonné. Avant de tomber malade, le père va la voir pour y chercher des remèdes, et de l’amour. Ses deux fils iront la trouver pour savoir que faire lorsque leur père ne revient pas du lac, pour savoir si elle sait lire, afin de les aider à percer le mystère des mots écrits dans le cahier. Des mots illisibles pour les fils mais illisibles aussi pour le lecteur : pas moins de dix pages du roman graphique sont noircies par cette écriture fine et délavée par l’eau du lac – ou par les pleurs du père.

Mais cette entrevue est interrompue par Les Fidèles. Horde terrifiante et glaçante, les Fidèles vénèrent le dieu Trokool, arborent des tee-shirts avec des smileys, et attendent les like de l’ « uberprêtre ». Êtres primitifs d’une ère post-technologique, ils se révèlent de véritables barbares, pratiquant viols, torture, esclavagisme. Mais la technologie a disparu : il ne reste que les mots, vides de sens, qui désignent alors des pratiques archaïques, et servent une pensée où la raison, la science froide a laissé la place à la superstition, l’absurde, la pensée magique. Vivant dans une usine dont on devine l’atroce production , on s’y sent comme aux dernières portes de l’enfer. Non sans ironie, Gipi affuble l’un des Fidèles d’un tee-shirt « Hotel California » : la mythique chanson dont, rappelons-le les paroles évoquent un lieu « qui peut être le paradis ou l’enfer », un lieu où « on est tous prisonniers de son plein gré », et qui se termine ainsi :



« And in the master’s chambers

They gathered for the feast

They stab it with their steely knives

But they just can’t kill the beast

Last thing I remember

I was running for the door

I had to find the passage back

To the place I was before

« Relax, » said the night man

« We are programmed to receive

You can check out any time

But you can never leave »



Cette référence nous invite peut-être à une interprétation de l’œuvre dense, sobre, puissante de Gipi. Qu’est-ce que la Terre des fils, sinon celle que nous voulons laisser à nos enfants ? Mais son récit n’est pas seulement une fable post-apocalyptique écologique. Elle nous rappelle aussi que ce qui compte, c’est l’amour et le livre. Or l’amour est dans le livre-cahier du père, et c’est finalement lui qui unit les deux frères et les sauve de l’enfer ; un enfer qui n’est pas seulement extérieur à nous, même s’il est ici figuré par les Fidèles, mais qui peut aussi être en nous : céder ou non à la déshumanisation et à l’instinct de violence. Comme la chanson le dit « they just can’t kill the beast ». La bête est en nous et on ne peut pas la fuir, mais on peut l’apprivoiser.
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La Terre des fils

Une histoire qui se situe dans un contexte post-apocalyptique, avec un père et ses deux fils qui sont quelques uns des survivants ? L'idée me plaisait énormément, et j'ai commencé cette lecture confiante. Le père refuse de raconter à ses fils comment était le Monde avant, et les deux enfants sont un peu brutaux. Nous rencontrons également d'autres personnages comme la Sorcière, Anguillo, les jumeaux Grossetête... le père semble se méfier de tous.



Les illustrations, entièrement en noir et blanc, font penser à des croquis, et parlent beaucoup d'elles-mêmes. Tant mieux, parce que les personnages sont plutôt taciturnes, ou utilisent un langage pas forcément très développé.



J'ai aimé suivre les frères et leur père dans leur quête quotidienne de survie, mais j'étais perturbée. Il n'y a rien qui est expliqué sur les origines de l'apocalypse, et surtout, rien qui me permettait de comprendre comment ils en étaient arrivés là... J'étais un peu frustrée. Mais surtout, j'ai eu du mal parce que la bande-dessinée a un côté très dérangeant.



En effet, les protagonistes font des choses qui sont répréhensibles dans le Monde tel que nous le connaissons, et cela leur paraît parfaitement normal, ce qui me mettait un peu mal à l'aise. C'est une histoire très sombre, et les dessins sans couleur, un peu hachurés, ne cessent de nous le rappeler.



Malgré les points positifs, je n'ai pas adhéré au synopsis. Il y a beaucoup de questions qui restent en suspens, et j'ai trouvé ça dommage. Nous en apprenons si peu... J'ai trouvé intéressant de voir comment l'auteur racontait le Monde et comment les choses pouvaient changer en un rien de temps, mais j'aurais aimé un autre traitement de l'histoire et de la psychologie des personnages.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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Vois comme ton ombre s'allonge

Les options graphiques sont ici très audacieuses, c'est ce qui a attiré ma curiosité. Certaines pages sont traitées en aquarelle, d'autre au trait noir sans couleur, les pages en couleur se réfèrent à des moment plus anciens, les passages au trait semblent se passer pendant la cure en hôpital psychiatrique du personnage, il est question de folie, mais voilà, je n'ai pas réussi à trouver un fil conducteur, même si j'aime ce genre de prises de risques chez les auteurs, là, je suis resté sur le bas côté, pour être franc, je n'ai pas compris grand chose et j'en ai même pas eu l'envie. Il reste quelques belles planches, quelques belles vignettes, mais je suis resté totalement en dehors de l'histoire.
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Notes pour une histoire de guerre

Trois adolescents livrés à eux-mêmes. Leur pays est en guerre. Pour s’en sortir, il faut montrer les dents, jouer des coudes et se débrouiller. Leur repaire, il est là-haut sur la colline. Les trois faisaient la loi, leurs propres lois, et vivaient de petits larcins. En bas, les villages sont en partie détruits par les bombes.

Un jour, alors qu’ils cherchent à vendre des pièces détachées de voiture, les garçons font la connaissance de Felix, un milicien trafiquant. Et là, c’est d’un tout autre business dont il va être question. Felix remarque les capacités de P’tit Killer dans lequel il se voit quand il était jeune. Le mercenaire va alors prendre les trois ados sous son aile et former P’tit Killer. Ce dernier va devenir son homme de main.

Gipi décrit un pays en guerre sous le regard de ceux qui sont à l’arrière des lignes. Il parle du quotidien des civils qui tentent de survivre en s’affranchissant des règles habituelles. Ces trois jeunes réinventent la vie à leur manière. Ils se déplacent dans des paysages en ruines, à l’affût du danger. Ils rejettent la peur et la terreur. Des gosses, ce ne sont rien d’autres que des gosses qui jouent aux adultes pendant que les adultes jouent à la guerre grandeur nature. Que savent ces gamins de leur patrie ? Que savent-ils des raisons du conflit ? Le scénario est silencieux à ce sujet, nous donnant l’impression d’un monde à la dérive.

... (la suite : https://chezmo.wordpress.com/2018/02/07/notes-pour-une-histoire-de-guerre-gipi/)
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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La Terre des fils

08/01/2018: bah à cette heure j sais pas si j ai aimé ou pas... conclusion bd à controverse.
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La Terre des fils

La fin du monde a eu lieu. Nous savons peu de choses sur les causes et les circonstances de cette apocalypse, même si, au fil des pages on s'en doute un peu... Parmi la poignée de survivants, il y a un père et ses deux garçons. Leur père prend le parti de les élever sans amour, sans sentiments humains, sans compassions, pour qu'ils puissent faire face au monde qui les attend. Mais les événements auxquels les garçons devront faire face les obligeront à ressentir des émotions qu'ils devront accepter pour mieux les maîtriser.

Gipi nous tord le bras pour regarder en face une lecture post-apocalyptique de notre monde.

La violence du dessin monochrome et saturé de hachures illustre parfaitement la violence du récit. Malgré cette atmosphère étouffante, je n'ai pas pu m'empêcher d'y voir de l'espoir.
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La Terre des fils

Des dessins magnifiques, un crayonné incroyable.

Deux garçons qui vivent reclus avec leur père dans un monde poste "apocalypse". Ils vont découvrir leur histoire !

Une belle bande dessinée, cependant très noire et sans véritable espoir.
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La Terre des fils

Et si le tsunami de récits post-apocalyptiques ayant déferlé en librairie ces dernières années nous rapprochait inexorablement de la fin du monde, de l'humanité ? Avec 'La Terre des fils', en voici encore un, comme un cri primal décrivant comment l'homme agit lorsqu'il redevient une bête, cette fois à travers le destin de deux fils n'ayant jamais connu "le monde d'avant" et tâchant de survivre.

Le grand talent de Gipi, c'est sa capacité à dire beaucoup avec une grande économie de moyen, du noir et blanc cru, des lignes qui s'entrecroisent et une grande précision de trait. C'est terriblement beau, discrètement inventif et surtout passionnant. Au final, voilà une BD qui donne envie d'en lire plus !
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