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Critiques de Hippolyte (147)
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Incroyable !

Coup de cœur ! J’ai tout aimé dans ce roman graphique !

Le point de vue, celui d’un enfant de 11 ans, Jean-Loup.

L’époque, celle des années 80 (avant internet, pensez-y ou comme moi souvenez-vous, quand on devait aller chercher l’information dans les livres, dans les bibliothèques, et la copier sur des fiches/feuilles/cahiers).

Les problématiques psychologiques abordées, le trouble obsessionnel compulsif (TOC), le haut potentiel intellectuel, la dépression, l’isolement, les amis imaginaires.

L’approche, par l’humour, la voix off du narrateur, les détails qui font tout.

Le dessin comme les couleurs, très variés, majoritairement tout en douceur, parfois hyper précis (comme les fiches de Jean-Loup), dynamique et expressif, et coup de poing à la fin.

La mise en cases, avec l’art de montrer par le rapport d’échelle combien ce garçon se sent petit et perdu dans son environnement, désemparé, et de quel courage il fait preuve.

La fin, quelle fin… touchante, inattendue, forte.

Je ne connais pas la biographie des auteurs, mais je soupçonne une bonne part de vécu dans cette histoire. Je ne l’ai pas résumée, car elle est si belle et incroyable, qu’elle mérite qu’on la découvre en tournant les pages avidement comme je l’ai fait, 200 pages qui fondent comme un bonbon. Merveilleux.
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Incroyable !

Il était impossible que je ne vous parle pas de cet album pioché en bibliothèque. C’est en effet un petit bijou de tendresse. Nous sommes en Belgique, dans les années 1980. Jean-Loup est un jeune garçon, un peu différent, qui souffre de tocs, liés sans doute à sa solitude et à l’absence de sa mère. Lorsqu’il rentre de l’école, il se lance des défis d’enfant, compte et se donne des points, pour se motiver. Sa chambre est remplie de fiches sur différents sujets qui démontrent sa grande curiosité. Pour autant, il a aussi une incroyable imagination. Lorsque le jour des exposés arrive à l’école, il fascine ainsi son auditoire en improvisant sur la manière dont sont enterrés les morts de par le monde alors qu’il a oublié son premier et véritable sujet à la maison. Devant son succès retentissant, sa maitresse lui propose de participer au concours régional des exposés. C’est un défi pour Jean-Loup qui doit surmonter ses angoisses et ne peut pas compter sur son père, un véritable courant d’air. Heureusement, son parrain est là, qui prend le relais, à sa manière, touchante et désordonnée… Je suis rentrée à petits pas dans cette histoire. D’ailleurs, dans les premières pages, Jean-Loup est dessiné tout petit, comme une miniature. Mais peu à peu, tout ce que ce petit garçon particulier a à offrir prend de l’ampleur et voilà qui est très touchant. J’ai refermé cet album le coeur battant, séduite tout autant par ses dessins que par son histoire, admirative de l’intelligence de l’ensemble.
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Les Ombres

Fuir la misère. Fuir la guerre.

Fuir le Petit pays.

Fuir les "cavaliers sanguinaires" envoyés par le Grand pays voisin pour creuser, creuser, parce que "dans le sous-sol on y trouve quelque chose qui n’existe nulle part ailleurs."

Fuir parce que, là d’où on vient, il n’y a plus rien.

Traverser la frontière. Traverser le désert. Traverser la mer.

Être capturé par l’ogre dans son usine, où l’on fabrique "des jouets immondes pour les enfants de l’Autre monde."

Esclavage. Travail forcé. La peur, toujours.

Viol. Noyade. Faim. Épuisement.

Suivi jusqu’à l’Autre monde par la cohorte des ombres.

Les fantômes de ceux qu’il a perdus en nombre.

Devoir tout raconter pour se justifier.

Pour obtenir les papiers.

Entre "Là où vont nos pères" et "Humains, la Roya est un fleuve", cet album d’une incommensurable beauté retrace sur un mode onirique le parcours chaotique et tragique des migrants.

Sans rien épargner, sans rien oublier.

Pour ne pas les oublier.
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Incroyable !

"Incroyable !" est une BD étonnante, à la fois touchante et drôle.

Zabus et Hippolyte nous proposent de découvrir l'univers de Jean-Loup, 11 ans, livré à lui-même entre sa passion pour les informations insolites qu'il conserve sur fiches, une imagination particulièrement développée et des TOC plutôt envahissants.

On s'attache très vite à ce petit bonhomme malmené par la vie et pas vraiment aidé par son entourage. Agressé par le quotidien, étouffé par la peur, il chemine tant bien que mal.

Heureusement, quelques coïncidences et des rencontres inattendues vont l'aider à découvrir ce que l'existence peut avoir de magique. Incroyable !
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Les Ombres

Un bureau d'immigration dans un pays lambda ("Le Grand Pays"). Un jeune garçon est interrogé par un individu désabusé. D'où vient-il ? Pourquoi a t-il quitté son pays ? Quelle est son histoire ? La tentation de mentir est grande pour "réussir l'entretien" et être accueilli en terre d'abondance. Mais les ombres qui hantent son esprit le rappellent aux dures épreuves de l'exil qu'il a endurées : contrairement à ce qu'il a voulu croire, ce qui importe en réalité, n'est pas l'endroit où l'on va mais bien l'endroit d'où l'on vient... Ses parents, ses compagnons d'exil et enfin sa petite sœur ne sont désormais plus que des fantômes dont la mémoire ne peut être entachée par le mensonge. Soit, le garçon dira la vérité. Mais cette vérité a un prix. Un lourd tribu payé pour tenter de trouver "une vie meilleure'...



Si au départ, Les Ombres a été écrit par Vincent Zabus pour le théâtre afin d'aborder la question de l'exil forcé des africains, elles ont pris une dimension nouvelle avec la collaboration de Hippolyte pour l'album : le scénario a été creusé et réécrit et somptueusement mis en images par le dessinateur. Jeux de couleurs, univers fantasmagorique, décors contrastés, personnages irréels, Hippolyte plonge le lecteur dans un rêve (ou cauchemar) éveillé où ombres et fantômes font irruption dans des situations bien réalistes. Les dessins enfantins qui évoqueront sûrement à certains les démons de la mythologie japonaise de Miyazaki dans Le Voyage de Chihiro, prêtent à cette BD des allures de fable cruelle qui dénonce sans détours les contradictions de nos sociétés modernes et notre impuissance à résoudre les problèmes qui en découlent...



Cet album, paru en octobre 2013, mettait déjà en exergue les exodes de populations liés aux guerres et aux conflits politiques. Aujourd'hui, en 2015, ces problématiques sont plus que jamais d'actualité : non seulement le nombre d'exilés ne cesse d'augmenter mais en plus leur pays d'origine est de plus en plus diversifié, preuve de la complexité du sujet. Donc, à tous ceux qui ignorent ces problématiques, Les Ombres rappellent la situation inextricable des exilés : de culpabilité en cas de conscience, les candidats à l'exode vivent de terribles souffrances bien susceptibles de les éloigner d'eux-même. Bien que les témoignages réels sur le sujet ne tarissent pas, ce qui touche dans cet album, c'est qu'il expose de façon singulière par ses personnages déshumanisés et anonymisés, une histoire malheureusement plus courante que l'on ne veut bien le reconnaître...



Récit touchant s'il en est, Les Ombres sont une belle réussite de collaboration : adapter une pièce de théâtre au travail d'illustration est un beau défi que les deux compères ont relevé avec talent. Tant par le sujet abordé que par le travail d'illustration (que j'apprécie particulièrement), ce duo gagnant nous livre là un album de belle facture qui saura sensibiliser au problème (ou pas d'ailleurs) les esprits les plus rétifs...
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Les Ombres

Les dessins très figuratifs, restituent avec puissance la noirceur du monde dans lequel vivent ceux qui fuient des pays en conflits ou pauvres, dans l'espoir d'une vie meilleure ailleurs.

Il ne sont pas "beaux", mais sont très en harmonie avec le propos.



Cet ouvrage dénonce les inégalités, la cruauté humaine, et l'égoïsme des pays européens, en rendant hommage au "courage" (est-ce le bon mot pour ceux qui n'ont pas le choix ?) de ces migrants qui n'y sont pas désirés.

Sans attendre la postface de Vincent Zébus, le lecteur comprend qu'il sait ce que certaines d'entre elles ont vécu et qu'il ressent leurs difficultés.



























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La fantaisie des Dieux : Rwanda 1994

Patrick de Saint-Exupéry, journaliste au Figaro, est au Rwanda en 1994 pour couvrir les événements. En 2013, il y retourne avec le dessinateur Hippolyte. Les deux auteurs reviennent sur le génocide des Tutsis et le rôle de la France. Peu de textes mais des paroles marquantes. Les dessins naïfs, sans être convaincants, s'opposent à l'atrocité des faits. Un témoignage édifiant qui met en lumière une page sombre de l'histoire africaine et de la politique française.
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La fantaisie des Dieux : Rwanda 1994

En 1994 Patrick de Saint-Exupéry part comme reporter au Rwanda alors que les massacres de Tutsis par les Hutus sont à leur apogée. Les scènes de violence sont insoutenables, civils, femmes et enfants sont tués par milliers, il y aura plus de 800.000 morts en cent jours. Le massacre de plus de 4.000 Tutsis réfugiés dans une église est la scène emblématique de ce qui fut très tard reconnu comme un génocide.



Vingt ans après, Patrick de Saint-Exupéry choisit de témoigner par cette bande dessinée (après avoir écrit deux documentaires sur le sujet) pour toucher un maximum de lecteurs.



Le plus révoltant pour lui sera d’apprendre que c’est la France qui a formé les militaires Hutus, leur apprenant ainsi à tuer leurs compatriotes et mettant la France dans une position plus que délicate. Comment venir défendre les Tutsis alors qu’elle a armé les Hutus…



C’est cette ambivalence qui révolte le journaliste et le fait encore aujourd’hui témoigner sur ce génocide.



Les dessins magnifiques de Hippolyte, tout en douceur et en couleurs pastels, rendent encore plus violent le contraste entre la nature, magnifique, et les exactions sans nom des agresseurs.



Une bande dessinée à lire absolument.

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La fantaisie des Dieux : Rwanda 1994

Une BD nécessaire pour comprendre l'implication de la France dans le génocide au Rwanda. Assez saisissant. A lire.
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Le Murmure de la mer

Le murmure de la mer



Hippolyte

Les Arènes BD

...................................

Il est de retour depuis une semaine. "Ni tout à fait ici, ni tout à fait là-bas". Il écoute les infos, elles rebondissent sur lui. D'autres ont pris sa place mais même loin, même sans y être physiquement, il ressent les vibrations du navire. Hippolyte a partagé la vie de l'Ocean Viking, bateau de SOS Méditerranée, qui sauve des migrants en mer.



"Pour comprendre, il faut aller y voir."

Eté 2020, alors que le Covid change la vie, Hippolyte se voit proposer de rejoindre Marseille, Une place sur le navire lui est réservée. Mais tous les bâteaux sont à l'arrêt (pas les migrants). Il faudra attendre janvier 2021 pour partir, enfin. Le reste se passe de mots. L'émotion mais aussi la rigueur et la précision de ceux qui sauvent, les larmes et les sourires de ceux qui ont tout quitté.



Le dessin peut-il remplacer les mots ? Les belles aquarelles d'Hippolyte apportent douceur et respiration. Croquis pris sur le vif, extraits de carnets, photos, le contenu est riche et varié. Il raconte la vie sur le bateau, les membres d'équipage et dresse aussi les portraits touchants de ceux à qui ils ont tendu la main. Jessica, Aïcha, Aboubacar, Simplice, Nadine... On met des noms sur des visages.



30000 morts en Méditerranée depuis 2014, près de 40000 vies sauvées par SOS Méditerranée... Des chiffres... "Le murmure de la mer" replace les vies humaines au centre du débat. Il rend hommage à ceux qui sauvent et identifient ceux qui arrivent, par centaines, sur ces navires. Pour prendre conscience et ne pas oublier.
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Les Ombres

Ce titre est le parfait exemple du bienfait du challenge babelio (merci jamiK).

Sans ce dernier, je ne serai pas allé sur ce titre et je ne regrette pas d'avoir vécu cetle expérience de lecture.

Que cela soit par l'approche graphique du titre qui est une réelle proposition proche de l'onirisme, mais aussi par un scénario tellement proche de notre réalité.

Par la représentation des personnages, l'auteur évoque plusieurs générations, plusieurs peuples, plusieurs origines,... Mais il y a évidemment un propos fort, un message sur l'immigration, sur l'exil, sur le fait de quitter un foyer dans la peur et dans la violence.

Une réelle lecture coup de poing
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La fantaisie des Dieux : Rwanda 1994

Un choc. Impressionnant comme une "simple" BD peut marquer....

Là c'est violent et indispensable. Une première étape pour appréhender le génocide rwandais et la détestable position française. "Désabusé", je crois que c'est l'adjectif qui correspond à mon état d'esprit une fois la BD fermée.

Un témoignage fondamental.



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La fantaisie des Dieux : Rwanda 1994

Voilà près de trente ans s'est déroulé un génocide en Afrique.

Plus de 800 000 morts en cent jours !



Et la France, Mitterand, décidait de regarder ailleurs.



Témoin du génocide, Patrick de Saint-Exupéry raconte ici les événements, mis en dessins par Hippolyte. C'est dur et violent, voir parfois onirique quand les mots ne suffisent plus. Une brillante réussite en tant que bande dessinée, un choc comme témoignage.



Le récit d'une infamie
Lien : https://www.noid.ch/la-fanta..
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Incroyable !

On connaît les romans graphiques... Quand une BD s'étale en longueur, il est de bon ton de l'appeler "roman"... et fatalement vu qu'il est composé de dessins, c'est "graphique". Zabus et Hippolyte nous amènent une "poésie graphique"... Un concentré d'amour sur 200 pages... Arriver à concentrer quelque chose sur 200 pages... c'est un sacré tour de force.



Tout démarre d'une peau de banane, et cela se termine en eau de banane... Et au milieu, il y a Jean-Loup et son urne contenant les cendres de sa mère. Jean-Loup qui a besoin d'un sujet d'élocution et qui va aller demander au roi des Belges, Baudouin 1er. Pas facile évidemment d'avor une entrevue avec le roi. Mais Jean-Loup a ses entrées. Et de l'aide.



Il a dans sa poche une petite figurine représentant Baudouin lors de sa visite au Congo. Cette figurine chuinte un peu quand elle parle, mais ses conseils sont plutôt judicieux.



Le Big Bang... voilà un sujet intéressant. D'autant que l'idée du Big Bang est belge, fruit de la pensée d'un chanoine. Gerorges Lemaître, un proche d'Einstein.



Il vous vient sans doute un adjectif à la bouche... Incroyable. Incroyable que je m'en doute. Incroyable que nous pensions la même chose. Incroyable que la vie ait surgi. Incroyable, cette aventure sur une planète bleue dont nous pillons les ressources.



Ajoutez un humour typiquement belge, surréaliste, tout à fait débridé. Cela m'a fait penser aux BD de Fred dans les années 70 avec Philémon. Une BD bienvenue.



Incroyable est un concentré d'amour, de tendresse, d'empathie, d'ouverture d'esprit, d'espoir, d'opiniâtreté quand on suit Jean-Loup dans sa quête de vérité. Ne rien lâcher, aller de l'avant. Espérer. Vivre. Vivre est une expérience incroyable. Pourquoi se la gâcher avec des brouilles, des disputes, de mauvaises BD, des expériences négatives...? Alors, pour commencer à vivre du bon côté, lisez Incroyable... c'est ... incroyable.
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Incroyable !

Jean-Loup est un enfant un peu particulier. Il compte 1, 2, 3 en se tapotant le nez. Il se donne des objectifs et des règles pour traverser la rue en revenant de l’école. Il parle à une figurine du roi des Belges, et est tourmenté par ses illustres ancêtres. Il tient des fiches très précises et documentées sur des sujets aussi variés qu’improbables. Derrière ce débordement d’imagination et ce besoin de contrôle se cache une absence. Celle d’un père, qui est là sans jamais être vraiment présent. Et celle d’une mère…

Un concours d’exposé va obliger Jean-Loup à sortir de son environnement maîtrisé pour affronter ce qu’il maintient à l’écart.

J’ai beaucoup aimé ce roman graphique, au style graphique à la fois simple et poétique. Le thème abordé est touchant, avec ce petit garçon qui cherche à se protéger en se réfugiant dans un monde intérieur d’une richesse incroyable (!). Une belle réussite des auteurs, qui parviennent à mêler humour et émotion, tout en délicatesse.
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Incroyable !

Jean-Loup est un petit garçon solitaire aux nombreux tocs. Sa maman semble être dans une boîte de conserve, son papa l'oublie. Ça n'aide pas à être épanoui. Alors Jean-Loup se réfugie dans son imaginaire et dans ses fiches.



Au départ, c'est un peu surprenant et contemplatif, et puis on s'attache à ce petit bonhomme si triste à la vie compliquée. On le suit dans ses délires jusqu'à ce que des petites choses incroyables le transforment. Les illustrations ne sont pas exceptionnelles mais elles dégagent quelque chose d'intéressant.



C'est un roman graphique original et attendrissant.
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Brako : Nous ne serons plus jamais des enfa..

" Un pour tous, tous pour un "…

Les conneries qui reste du temps où on était obligé d'aller au bahut...

Pas sûr qu'on est tous compris de la même façon...

Regardez les trois là, avec leur sourire à la con posé sur leur tronche. Ils ont bien préparé leur coup tiens... Enfin, leur coup, leurs coups plutôt...



5...4... 3... 2... 1... Et c'crétin d'Marko qui jette une demi-douzaine de calibre sur la table pour fêter la nouvelle année... Et les deux autres qui regardent ma tronche. Celle du mec qui vient de comprendre qu'on allait l’entraîner dans une sale embrouille...

Et Medhi et Vato, les deux autres enfoirés qui sont là à changer de fringues comme si ils faisaient pas ça pour la première fois...

… Mais c'est vrai qu'ils font pas ça pour la première fois en plus !!

Marko, je comprends, il à toujours été une espèce de salopard que tout le monde admire tout en ayant les foies d'être le suivant dans sa ligne de mire... Sa ligne de mire, putain, si j'avais su...

Et Medhi ! Medhi Falzard à cause de ses futals à la con, il suit le mouvement alors qu'on l'a toujours connu que pour les petites magouilles dans le quartier.

Et puis surtout, y'a Vato. Faut croire que la boxe et l'amour de parents adoptifs, ça calme pas un mec...

Donc on est le 1er janvier et avec mes trois potes d'enfance, moi, Karnal, j'vais monter sur un braquage au fourgon blindé pour la première fois... Alors que eux, si on les écoute, c'est pas la première...



Depuis que Marko m'a réveillé ce matin en me collant un gun dans la bouche, je sens que l'année risque de mal commencer... : " Un pour tous " pour les galères... Et " tous pour un " pour s'en sortir ?... Pas sûr...





" Bienvenu dans mon monde, entre images et mots.

Ici, le bruit des balles grondent,

les pluies se mêlent aux larmes,

Mais la prose aura toujours le

Pouvoir de guérir les maux "

- Hamid Jemaï -

Cette dédicace a presque troué la couverture de l'album... Ecrite par le scénariste dont j'ai fait la rencontre...

Adaptation de son roman " Dans la peau d'un Youv ", cet album n'est, a priori, pas le genre qui entre dans mes choix. Pur produit de la campagne du Sud-Ouest, les écrits " made in banlieue " ne m'attirent pas d'habitude.

Mais parfois la curiosité est plus forte : J'ai ouvert par politesse, j'avoue. J'en parle ici par conviction. Ce n'est pas l'histoire de quatre gamins désœuvrés de ces zones sur laquelle l'actualité braque toujours ses lumières pour de mauvaises raisons. C'est l'histoire de quatre ados qui deviennent des adultes, avec les seules... armes qu'ils pensent être en droit d'utiliser pour briser leur condition...

Le travail graphique n'est pas totalement indifférent à mon immersion. Un rendu noir et blanc. Le noir des passe-montagnes et des armes. Le blanc de la neige et du fourgon... Et des rêves que conserve encore Karnal au bord du précipice où le conduise ses meilleurs potes...
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La fantaisie des Dieux : Rwanda 1994

Du 6 avril au 4 juillet 1994, le génocide rwandais a fait huit cent mille morts. Des Tutsis, éliminés par les Hutus alors au pouvoir. C'est le génocide le plus rapide de l'histoire mené par les extrémistes Hutus du Hutu Power. Patrick de Saint-Exupéry a couvert ce massacre, et en 2013, il retourne au Rwanda avec Hippolyte dessinateur de BD.



Cette BD reportage est un excellent moyen de revenir sur ce génocide dont on parle encore aujourd'hui et particulièrement cette année puisque des commémorations ont eu lieu et vont continuer pour ce sinistre anniversaire. Elle n'explique pas totalement pourquoi les Hutus ont massacré les Tutsis, il faudra aller chercher l'information ailleurs, même si elle explique la source de tous les maux. Elle revient sur le génocide, sur l'implication ou la non action de la France dans ce pays anciennement colonie belge. La France qui n'a pas beaucoup fait pour éviter le bain de sang, mais j'ai vu sur ce sujet (lundi 7 avril) l'excellente émission d'Arte, 28 minutes, dans laquelle il était clairement expliqué qu'aucun pays n'avait bougé, ni la France, ni la Belgique, ni les Etats-Unis, ou alors trop tard ! Bill Clinton, président de l'époque, disait même en 2012 que s'il avait mobilisé 10 000 hommes et convaincu d'autres pays d'en faire autant ils auraient pu sauver 300 000 vies ! "Un génocide, c'est d'abord du silence. Un silence étourdissant" (p. 82/83) est-il écrit en fin volume. C'est effectivement ce que je ressens. Je ne me souviens plus de la manière dont on parlait du Rwanda en 1994 (mais à la même période, j'avoue que je devais avoir la tête ailleurs, puisque ma fille est née le 4 juillet 1994, mon premier enfant). Je ne regardais déjà pas beaucoup la télévision, pas les journaux télévisés, ne lisais pas la presse. C'était tellement loin de nous, de moi ; j'ai comme beaucoup eu l'information du génocide, mais c'était si loin..., et puis, il y eut le choléra qui a déboulé : "Les caméras se sont braquées dessus. Sur ce choléra qui effaçait tout. Un vrai drame, pas un génocide. Une catastrophe naturelle. Oui, naturelle. Africaine, si africaine." (p.77)

La BD revient sur ce qu'a vu P. de Saint-Exupéry, Hippolyte le met en images ; tous deux rencontrent des rescapés, des témoins de l'époque qui racontent leur calvaire et la manière dont ils ont pu échapper à leurs bourreaux, quelques photos sont insérées pour rendre compte et donner de la réalité au propos et aux dessins. Très bien faite, cette BD est un reportage au cœur du pays. Hippolyte reproduit les paysages, les lieux aux couleurs chaudes, certaines planches sont totalement muettes et suffisent à la compréhension, d'autres expliquent par les mots des divers intervenants dans le conflit ou par une voix off, ceux qu'a récoltés P. de Saint-Exupéry. Des passages sont plus oniriques, permettant au lecteur de faire une pause, tout en lui rappelant l'immobilisme criant des politiques français (droite et gauche, c'est le temps de la cohabitation, sous Mitterrand), ou en résumant en quelques cases fortes ce qui aurait pu être trop explicatif.

La BD est un support parfait pour tout genre, humour, aventures, science-fiction, historique, ... et j'en passe plein, lorsqu'elle passe à des sujets très sérieux voire dramatiques, elle peut toucher peut-être encore plus qu'un roman ou qu'un -malheureusement- énième documentaire surtout lorsqu'elle est de très grande qualité, ce qui est le cas ici. Je ne rechigne jamais sur un bon vieil album drôle, mais j'avoue que lorsque la BD se fait reportage ou sociale (comme avec Efix, par exemple) ou aborde des thèmes actuels comme l'immigration avec Les ombres (déjà Hippolyte y dessinait), je trouve qu'elle prend une ampleur formidable et qu'elle peut parler à tous et ça me plaît terriblement.

Album instructif qui marquera sans aucun doute. A ne pas rater.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Les Ombres

Salle d'interrogatoire. Il doit tout raconter. Tout, tout, tout et ne pas mentir. Surtout ne pas mentir. Ce ne serait pas bien pour elles, pour les ombres, pour leur mémoire. Alors le récit commence.



Quelle bande dessinée d'exception ! Rares sont les œuvres qui bouleversent à ce point et sont aussi bien réussies. Tentons de rendre honneur à cette bande dessinée en exposant au mieux ses qualités.

Première impression quand on découvre l'ouvrage : voici une bande dessinée bien épaisse, aux pages soignées, à la finition parfaite. Nous avons pressenti que le voyage serait riche et qu'il serait impossible de décrocher nos yeux de l'ouvrage une fois plongé à l'intérieur. Et en effet ! Car dès que le récit commence, la subjugation suit. Les couleurs enivrent, les silhouettes captivent et l'atmosphère emporte. Nous évoluons alors au coude à coude avec l'étrange personnage principal qui narre sa terrible aventure en compagnie de sa petite sœur. Au fil du récit, des références aux contes apparaissent : tel un petit Poucet qui rencontre l'ogre ou tel Pinocchio qui croise le marionnettiste, notre petit bonhomme surmonte mille épreuves. Mais le conte est parfois aussi très réaliste et cruel et l'émotion survient vite. Certaines pages, splendides, sont de véritables œuvres d'art qui accompagnent la naissance des émotions jusqu'à leur explosion. Et la fin survient... la dernière page se referme mais le voyage partagé reste bien présent dans la mémoire. Les personnages croisés restent avec nous, telles des ombres posées sur notre épaule.

Voici un voyage onirique, merveilleux et intensément riche comme il en existe peu et qui marque en profondeur et pour longtemps.

Indéniablement une œuvre magistrale.
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Incroyable !

Le titre de l'oeuvre est bien trouvé car il est complètement adapté pour décrire ce titre.

Le trait, la couleur, tout est réuni pour faire rentrer le lecteur dans un univers proche de l'onirique. On est dans une oeuvre remplie de poésie et de justesse, c'est la mise en avant de la difficulté de l'enfance, de trouver sa place dans la famille et d'y exister, ainsi que dans notre environnement. De mélanger notre monde, garder notre bulle identitaire intacte pour ne pas se perdre, mais aussi de faire accepter aux autres notre personnalité.

Je me suis attaché à Jean-Loup, je me suis reconnu dans Jean-Loup et l'oeuvre n'en est que plus marquante.

Des thématiques fortes comme la dépression, la solitude, la différence, les TOC, mais c'est tellement bien traité !
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