Citations de KeoT (31)
J'aurais pu me dire que je lui avais tapé dans l’œil, mais soyons réalistes, il voulait probablement plutôt m'avoir à l’œil... Ce qui semblait faire sens quand on confiait un job visiblement si important à un mec random en recherche de boulot, qu'on connaît juste pour être venu fourguer de l'ecsta dans sa boîte.
Un flash soudain. Quelque chose au début de la décennie précédente, à l'apogée de la domotique. Des objets connectées compromis pendant des mois sans que personne ne réalise : des caméras de surveillances et des grille-pains et n'importe quoi changés en robots de création de monnaie anonyme et virtuelle.
"Un déclic, je sursaute, un bond sur ma chaise. La porte s’ouvre, une silhouette entre, elle est floue derrière mon rideau de larmes. Je cille et ma vision se dégage, un mec en costard apparaît, sans cravate, col défait comme un commercial en pause, une carte du FBI attachée à une longue dragonne."
"Ce livre, mon ressenti ? C'est un peu moi devant toutes ses séries sur la technologie qui n'en comprends pas toute la portée, mais qui reste fasciner par un langage codé. Ses nouvelles abordent à leur manière et de la façon la plus froide, qui lui sied bien face à ses protagonistes manipulant la technologie, manipulée par elle et qui finissent par nous manipuler. Les dangers du futur ou le futur confort qui laissent plus de places qu'au bug ou piratage informatique voir marchander nos protections de données. Le business demeure un facteur et l'humain disparaît intégralement et je trouve que tout ça est superbement retranscrit."
Je m'en veux. Je sais pas exactement de quoi. D'avoir été du mauvais côté de la Force, d'avoir escroqué des gens avec un ransomware sur leur maison connectée toute neuve. De ne pas être l'héroïne prête à sacrifier son petit confort pour éviter une potentielle cyberattaque dévastatrice. Prête à perdre... quoi, la pseudo-normalité que j'ai retrouvée à la fac ? Que je devrais même pas avoir, d'ailleurs. Tout ce que je mérite, c'est une cellule et une combi orange.
En tout cas pour Domolockee, t-Sup m'a pas vendu du rêve pour rien. Ce truc à l'air meurtrier. Code super propre, soigné au millimètre, avec même une interface graphique pour gérer les paramètres si on veut, et la prise de contrôle à distance. OK, ça c'est vraiment grave flippant comme fonctionnalité. Je pense bien que ça doit pouvoir aider à mettre la pression pour décider les occupants d'une baraque à payer la rançon, si on commence à jouer avec le thermostat [...]
"Vous ne retournerez pas dans le vôtre. Vous ne serez pas désactivée. Vous serez libre d’agir, et nous de vous laisser faire ainsi, les systèmes tourneront pour vous, et nous serons votre mémoire."
"Toutes ces sessions de tchat chiffrées, ces login TOR, les souscriptions de proxy anonymiseurs, nous sommes d’accord, c’est bien toi, et pas ton logeur, comment… monsieur Davis ?"
Et presque une heure de passée. La magie d'internet pour aspirer le temps et le cerveau.
"Les flux d’images s’additionnent, à présent je sens quelques latences. Il y en a trop. Mes processeurs ne suivent plus le débit de traitement. Saturent. Inconfort inhabituel. Le Cœur ne semble s’apercevoir de rien."
"Enthousiasme. Curiosité. La grande bousculade autour des premiers paquets transmis. Les mises à jour suivent toujours le même ordre d’installation, mais la cohue se produit à chaque fois. Le switch reste en retrait, calme, il montre l’exemple."
Je baisse immédiatement la tête, des fois que ça serait quelqu'un que je connais.
Éviter les témoins...
Ça y est, les réflexes de criminelle.
Mais la sensation qui domine, c'est celle de tourner une page.
Reste à savoir laquelle.
Et surtout, ce qui va suivre.
"Quelque chose se passe, une variation de la lumière. Une sensation passagère, l’impression d’une immensité, d’un gouffre, d’une ancienneté qui dépasse, obnubile, écrase. Est-ce cela, le vertige"
C’est pas juste des ordis qu’il faut sécuriser, c’est le monde entier, vu que tout repose sur des systèmes informatiques maintenant
Mel m’a regardé droit dans les yeux. C’était fou comme on avait plus que jamais les mêmes, très bruns, cernés, un peu tristes.
Pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, tout ça, tout ça. Putain, c’est certain que j’avais pas voulu voir. C’est confortable, le déni.
— C’est ouf de te voir ici d’un coup, depuis le temps
.— Ah ça, ouais, c’est ouf. Moi aussi je dirais ça en me voyant, depuis le temps.
Le monde tourne.
Je sens une sorte de vide à l'intérieur de mon ventre, mes côtes, mon coeur.
Qui m'aspire.
C'est tout ce qui fait que le monde physique, c'est la merde à gérer. Trop de paramètres, trop de variables qu'on peut pas contrôler, genre ce foutu corps qui fait n'importe quoi.