Télé-réalité ? L'absurdité même de l'humanité condensée en un peu plus de trois quarts d'heure. Emissions de décoration ? Le refuge des femmes condamnées à considérer leur maison comme le reflet d'un quelconque succès. Sport en direct et analyses ? Il suffirait de prendre l'enthousiasme de ces milliards de fanatiques de sports et de le transformer en intérêt écologique pour que la planète redevienne propre en une saison. Séries humoristiques ou dramatiques ? Il suffisait de sortir dehors, de voir le monde comme il était pour rire de notre stupidité ou de pleurer notre déchéance. Si la religion pouvait être autrefois considérée comme l'opium des peuples, la télévision était son digne successeur depuis le milieu de XXème siècle.
Rien ne peut s'opposer à son joug. L'entité est une véritable reine dans cette nature sauvage et stérile, dominée par le froid et la désolation.
Elle relève la tête, veut s'assurer qu'elle n'est pas victime d'une hallucination.
Une horloge surdimensionnée est accrochée au mur. Une horloge comme Izabelle n'en a jamais vu. Une horloge au cadran humain.
Un homme, ou plutôt le cadavre d'un homme, est fixé en son centre.
Pour passer le temps, Samuel sortit son paquet de cigarettes de sa poche et s’apprêtait à s’en allumer une lorsque la trop volubile dame l’avertit, tout en coupant des tomates : — S’cusez-moi, mon beau monsieur, mais on a plus le droit de fumer en-dedans, asteure… Je le sais, c’est ben triste, mais je voudrais pas pogner d’amende !

En fait, l'ancien sergent-détective ne manquait pas seulement d'empathie ; il avait même du dédain pour la pitié. Selon lui, ce sentiment construit de toutes pièces par la civilisation et la culture judéo-chrétienne n'était que le reflet de l'égoïsme sans bornes de l'homme occidental. Pour lui, la pitié n'était qu'un moyen politiquement correct de se satisfaire de notre situation actuelle face aux difficultés d'autrui. Faire preuve de pitié et de charité, c'était donner au prochain pour en fin de compte se sentir bien, se donner à soi-même. C'était pour ne pas feeler cheap si on ne donnait rien aux miséreux. Si nous étions véritablement capables de pitié et de charité, si ces sentiments étaient vraiment innés chez l'être humain, alors notre monde ne serait pas ravagé par la pauvreté et la famine, problèmes qui pourraient être réglés en un claquement de doigts grâce aux fortunes des puissants du 1%. Les robineux, quant à eux, profitaient de ces faux sentiments pour acquérir de l'aide qu'ils pourraient eux-mêmes s'offrir en se bougeant un peu le cul.
C'était du moins l'avis définitif de Jacques, et c'était la raison pour laquelle il ne donnait jamais rien aux plus démunis, le mépris le gagnant chaque fois qu'il croisait un clochard qui lui tendait une main creuse en quête de monnaie. Il ne tomberait pas dans le piège, il n'encouragerait pas ce suicide social latent.

Trop de pourritures vivaient dans le luxe, la débauche et le pouvoir sans que personne ne puisse les atteindre pour qu’un concept comme le karma puisse réellement exister, du moins dans une seule et même vie. Ça ne devait être que de la malchance. La prochaine fois, c’était assuré, il gagnerait un bon pactole.
Chaque fois que les dettes l’avaient submergé, il était parvenu à dénicher un bon plan pour s’en sortir. Ça ne pouvait être qu’un signe. S’il persistait, il finirait bien par se remplir les poches une bonne fois pour toutes et il dirait adieu à son quotidien nullissime. Dans les faits, Danny n’avait pas vraiment à se plaindre : un emploi qui payait correctement et qui le mettait en valeur, une jolie femme qui ne demandait qu’à lui offrir son affection, un appartement plutôt bien dans le secteur Beauport qui aurait rendu jaloux n’importe lequel de ses amis d’enfance… Pour un gars qui avait grandi dans un des pires quartiers de la ville, il s’en était très bien sorti. Le problème, c’était que malgré tout, cela ne lui suffisait pas. Il considérait qu’il stagnait depuis des années alors que son potentiel pouvait lui permettre de « gravir encore plus d’échelons ». Il ne voulait plus d’un « bon travail » ; il rêvait de ne plus travailler du tout. Il ne voulait plus d’une femme ; il rêvait de baiser qui il désirait, quand ça lui plaisait, homme ou femme.
Le temps est un notion abstraite, conceptualisée par l'Homme afin de faciliter son existence. Nous savons tous les deux que cet objectif n'a été atteint qu'à moitié ; si les mesures du temps peuvent nous aider à cultiver nos terres, à communiquer, à prévoir quand naîtra un enfant ou encore à fêter de futiles anniversaires, elles sont aussi associées à un effet pervers. L'Homme contemporain en est totalement dépendant. Angoisse, stress et ennui chronique en sont aussi parfois des conséquences. Sans montres, sans calendriers, sans date, sans heures, notre civilisation s'écroule. Pour le meilleur ou pour le pire. Le temps nous rappelle constamment notre mortalité.
Peu ou pas de préliminaires. Elle mouillait abondamment de toute façon. Pénétration violente, farouche, sans temps mort, sans ondulation sensuelle du bassin. Pas de passion, que du sexe. Il s’était régalé à s’enfouir la tête au creux de l’abondante poitrine de sa partenaire tandis qu’elle le chevauchait jusqu’à l’orgasme. Sa finale à lui s’était déroulée comme il l’avait imaginé quelques heures plus tôt : éjaculation libératrice alors qu’elle enserrait sa verge empli de salive et de sueur autour de ses deux meilleurs atouts. Ils ne s’étaient pas embrassés une seule fois. Jacques avait bien essayé, mais Nina l’avait repoussé. Rancœur sentimentale, sans doute.
Hook avait beau manquer d’empathie à l’égard des autres — une qualité normalement essentielle à tout policier —, il n’était pas non plus du genre à s’apitoyer sur son sort et son passé. Il s’agissait d’autre chose, de quelque chose de plus… général. La jeunesse en soi, dans son ensemble. Sa naïveté, son insouciance, son ingratitude, sa stupidité, sa cruauté, son matérialisme, sa joie éphémère… et ses représentants, des semi-hommes et des semi-femmes inutiles, toujours « en développement », jamais prêts à temps. On attend à la fois tout et rien de leur part. Ils croient que le monde leur appartient, s’illusionnent sur leur avenir.

Série des contes fantastiques découverte grâce à une amie, et je la remercie !
Car sinon je serai passée à côté de cette série de réécritures des contes de notre enfance version gore.
La mention "pour un public averti" sur la couverture se comprend dès la lecture des premiers chapitres : soit ce livre sera perçu comme une perle d'originalité et de gore par les amateurs du genre, soit il passera pour une réécriture vulgaire et dégoutante à la limite du supportable.
Quelque soit notre camp, ce livre ne nous laissera pas indifférent.
Pour ma part, je fais partie de la première catégorie : celle qui a trouvé l'idée excellente de réécrire des contes connus de tous mais en les tournant en horreur.
On retrouve dans ce Peter Pan les personnages du conte d'origine : Pan, Clochette, Wendy, Hook le capitaine crochet, et l'île de Neverland.
On a même droit à un passage faisant clin d’œil à La petite fille aux allumettes. Jusqu'ici tout va bien... sauf que l'on découvre au fur et à mesure de l'histoire que, bien que les personnages aient des similitudes physiques ou mentales avec les personnages du conte d'origine, en réalité ici ce ne sont pas les mêmes.
Ces personnages sont réunis autour de différents thèmes : le syndrome de Peter Pan, la violence, la pédophilie, la drogue, le cannibalisme, tout cela grâce à une intrigue prenante du début à la fin.
Le profil psychologique de chacun est très travaillé. Les dialogues sont parfois, drôles, parfois très crus, parfois les deux, mais c'est justement le parti pris de l'auteur afin de casser les codes du conte classique.
A dévorer (sans mauvais jeu de mots).