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Critiques de L`Ajar (40)
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Vivre près des tilleuls

Vivre près des tilleuls est un très beau texte composé de fragments qui semblent issus de carnets intimes. Le sujet est grave : la mort d'un jeune enfant vécue par sa mère. Il se dégage de la lecture une forte impression d'authenticité, de sincérité totale. L'émotion est présente dans chaque ligne.



Et pourtant, le personnage, Esther Montandon, est le fruit de l'imagination d'un collectif littéraire, l'Ajar. 18 auteur∙e∙s de Suisse romande se sont mis au défi d'écrire un roman en une nuit. Les courts chapitres sont tous rédigés à la première personne. Chacun s'est mis dans la peau d' Esther Montandon. Le résultat est d'une cohérence bluffante.



Il y a beaucoup de poésie dans les scènes décrites. Ce sont différents moments de la vie d' Esther Montandon, de son quotidien. Avec une grande sensibilité, et une intensité d'émotion, sa maternité est évoquée, avec ses joies, et la vie débordante de la petite famille. L'accident est relaté sobrement. On sent la stupéfaction qui saisit la mère, la sorte d'irréalité de l'évènement, puis son intégration au quotidien. Il y a aussi de la révolte. Esther Montandon sombre dans l'alcool, tant la mort de son enfant lui est inacceptable. Elle va déménager, puis voyager, pour tenter d'échapper à la dépression.



L'ensemble est très crédible et d'une grande beauté. La musique ajoute du pathétique à la détresse du personnage, avec l'évocation de Summertime, du pianocktail de Vian et du jazz New Orleans.



L'Ajar a magnifiquement relevé le défi. Il prouve là que la littérature n'a pas besoin de vécu. L'émotion est au cœur de l'humain. L'écrivain a le pouvoir de la convoquer et de l'exprimer dans la fiction, même en collectif. Vivre près des tilleuls est un superbe roman, en soi, doublé d'une prouesse d'écriture inédite.

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Vivre près des tilleuls

Vincent König est le dépositaire des archives de l’écrivaine suisse Esther Montandon. En ouvrant par hasard une chemise classée « factures », il découvre des dizaines de pages noircies, qui composent un récit intime. Esther a donc tenu un « journal de deuil », dans lequel elle a pour la première fois évoqué la mort de sa fille Louise et l’aberrante « vie d’après ». Les souvenirs comme les différents visages de la douleur s’y trouvent déclinés avec une incroyable justesse. Ces carnets seront publiés sous le titre Vivre près des tilleuls.



Très belle découverte.

C'est un sujet dur ,sur le thème du deuil, la perte d'un enfant mais je le trouve très bien écrit.
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Vivre près des tilleuls

Ce livre écrit à plusieurs mains est joliment redigé et on ne s'aperçoit pas du tout qu'il s'agit d'une expérience d'écriture de plusieurs auteurs. On se plonge facilement dans la vie de cette femme qui a perdu son enfant et on comprend ses sentiments.

Je regrette juste que ce livre n'ait pas été plus long pour mieux connaître les pensées du personnage principal.
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Vivre près des tilleuls

Un livre très agréable sans qu'on puisse se dire pourquoi on le trouve si agréable à lire et bien que le sujet soit difficile.

Ce qui surprend le plus c'est l'unicité du texte alors qu'un collectif d'écrivains y a participé.
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Vivre près des tilleuls

On croyait que l’écrivaine suisse Esther Montandon n’avait jamais écrit sur la mort accidentelle de sa fille. Le dépositaire de ses archives y découvre pourtant des dizaines de feuillets d’un “journal de deuil” extrêmement précis, retraçant les mois ayant suivi le drame. Vivre près des tilleuls pourrait n’être qu’un texte subtil et touchant sur le deuil et la résilience : on s’en contenterait sans peine. Mais l’autre intérêt de ce texte est évidemment d’avoir été écrit par 18 jeunes romanciers suisses, membres de l’AJAR, qui prêtent leur voix à Esther Montandon. Une aventure collective originale sur laquelle le collectif revient dans une passionnante postface, qui révèle une partie des secrets de fabrication du texte et bouleverse nos préconceptions sur la notion d’auteur.
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Vivre près des tilleuls

A sa mort, les archives de l'écrivaine Esther Montandon reviennent à Vincent Konïg en charge d'en effectuer le tri. C'est par hasard qu'il ouvre cette enveloppe sensée contenir des "factures" mais qui recèle en réalité des pages et des pages de confidences sur le drame que celle-ci a vécu sans jamais en parler. Esther a perdu sa fille dans un terrible accident domestique et ne trouve qu'en l'écriture de ce journal le moyen de survivre à la douleur, aux remords, au deuil et les sursauts de vie qu'il peut malgré tout contenir, à ce chemin à travers lequel l'entourage peut parfois blesser sans le vouloir, à l'injustice et plus que jamais à la nécessité de continuer à avancer…



Ce livre est tout simplement un chef d'œuvre.

Sur la forme; il s'agit d'un collectif de dix-huit jeunes auteurs suisses qui n'ont connu ni le fait romancé (la perte d'un enfant) ni l'époque à laquelle le drame est sensé se dérouler (les années soixante). Le récit est court, pour autant, sa fluidité n'est a aucun moment rompu par la différence de style qui aurait pu naître de dix-huit plumes différentes. Une fois encore, l'écriture l'emporte sur la réalité et les conventions.

Sur le fond; la précision des sentiments décrits est subjuguante. Si l'on n'est pas renseigné sur ce superbe procédé d'écriture collective, nous pourrions croire tenir dans les mains le témoignage à vif d'une mère endeuillée. Une brillante performance littéraire. A lire absolument !
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Vivre près des tilleuls

Vivre près des tilleuls, petit bijou de littérature, signé par L'AJAR (Association de jeunes auteur-e-s romandes et romands) offre une sociologie du deuil basée sur un recueil d'impressions, de pensées et de souvenirs écrit par Esther Montandon dont la fille, Louise, est morte accidentellement en 1980. Elle allait avoir quatre ans.



Soixante-trois chapitres ou plutôt fragments se succèdent alors, pouvant faire une ligne ou aller jusqu'à deux ou trois pages. Esther confie ses états d'âme mais aussi la préparation concrète de la chambre de l'enfant à venir, un enfant désiré depuis dix ans : « une existence encore insoupçonnée occuperait cet espace. »

Le souvenir de son ventre rond qui attirait les regards, les mots des autres femmes puis l'accouchement : « Je l'ai expulsée, la douleur comme un ami intime me soufflant l'importance de l'instant… J'ai vu l'amour faire son apparition. »

Le temps passe trop vite. L'enfant grandit… Louise devient Louise et découvre l'espace puis les premiers mots arrivent et c'est Jacques qu'elle réussit à dire d'abord ce qui rend le père très fier. Dès sept mois, elle imitait les animaux.

De temps à autre, est noté qu'il manque un feuillet ou que le feuillet a été déchiré.

Louise veut une poupée noire qu'elle nomme Alice. Cela lui permet d'imiter sa mère, se montrant tendre et dure. « Petit être bien en chair », elle progresse vite mais le malheur arrive.

« L'enfance, c'est croire que la vie ne s'arrêtera jamais », cette phrase est très belle et traduit bien le malaise ressenti par le lecteur qui souffre avec la mère comprenant tout ce qu'elle éprouve, ce qu'elle ressent devant l'avis de décès, les amis trop prévenants, le choix des fleurs, la cérémonie donnant le chapitre le plus bref : « le pasteur chuinte. »

Les questions sur la foi, la religion sont inévitables et le temps pour émerger est long : « le chagrin est moins un état qu'une action… le chagrin est un engagement de tout l'être. »

Je suis très impressionné par la délicatesse, la précision de ces pages qui se suivent, s'enchaînent. Sur un sujet aussi délicat, aussi difficile, le travail collectif de ces dix-huit jeunes auteur-e-s de Suisse romande (photo ci-dessous) est admirable. En effet, il faut le dire car rien n'est caché, les dernières pages l'annoncent : « La fiction n'est pas le contraire du réel. »



Dans Vivre près des tilleuls, tout est inventé et pourtant tout est si vrai, si juste. Comme il est écrit, c'est « une déclaration d'amour à la littérature », une preuve, s'il en fallait, que le roman est absolument nécessaire pour comprendre le réel. L'AJAR l'a complètement réussi.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Vivre près des tilleuls

" La fiction n'est absolument pas le contraire du réel". C'est ce qu'affirme très justement le collectif d'auteurs , L'Ajar (pour rendre hommage aux différentes identités de Romain Gary), ayant écrit ce livre. Initiative originale et enthousiasmante, le résultat est fort positif.



Ce court roman se joue des codes habituels. Outre le fait qu'il est écrit à mains multiples, il mêle le vrai et le faux, puisqu'il présente le faux journal fragmenté d'une fausse romancière, exhumé des archives par un faux dépositaire, le tout écrit par de vrais auteurs...



Cela donne un texte très émouvant, authentique par son intensité, sa justesse. Car les notes retrouvées d'Esther, l'auteure, touchent à un drame terrible: la perte d'un jeune enfant, le deuil impossible, celui de la petite Louise.Les mots pour dire ou ne pas savoir dire le chagrin, le manque, sont rendus avec beaucoup de pudeur et de profondeur." Petit à petit, Louise se cache dans un coin de ma chambre, derrière des voiles blancs,loin de la vue de tous.Là, elle pourra continuer d'être ma fille."



Ce roman fait vibrer, on entre en résonance avec les pensées, la souffrance , d'Esther.Et on trouve magnifique l'osmose des auteurs, pour transcrire son ressenti.



Une bien belle expérience, qui prouve qu'il est possible d'associer des talents, de croire en " l'infiniment plus que moi, le tellement plus que nous"...
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Vivre près des tilleuls

Très réussi, ce livre écrit en collectif est étonnement d'un style très homogène, fluide et cohérent.



Pourtant, et probablement à cause d'un découpage en courts chapitres, l'écriture reste en surface, peinant à descendre dans les tréfonds de la douleur de la mère endeuillée.
Lien : http://noid.ch/vivre-pres-de..
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Vivre près des tilleuls

Oeuvre collective de l'Association des Jeunes Auteur(e)s Romand(e)s, Vivre près des tilleuls est construit comme une fausse vraie chronique d'une fausse vraie romancière, Esther Montandon.



Le roman traite d'un thème dramatique : la perte brutale d'une petite fille de trois ans, suite à un accident. Esther et son époux avaient mis longtemps avant de devenir enfin parents. Le récit à la première personne du singulier emprunte la vision de cette mère face aux tragiques aléas de la vie.



Pour autant, ni complaisance ni pathos. Le but n'est pas de faire pleurer dans les chaumières mais de dépeindre avec le plus de justesse ce deuil et le lourd travail qu'il sous-entend, le manque terrible.

Mission réussie pour ce collectif. Le ton sonne juste et l'ensemble forme un récit tout en délicatesse. Les émotions se diffusent avec finesse et sobriété, serties dans une écriture à la simplicité éloquente.  En dépit du drame, tout n'est pas d'une noirceur insondable. Et comme le dit elle-même Esther, on a encore le droit de rire même si l'on est figé dans la pierre.



Une très belle découverte que ce premier roman de l'association.
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Vivre près des tilleuls

Voilà un texte d'une grande beauté , au style épuré, pudique et saisissant, criant de vérité, lu d'une traite, sur le sujet douloureux du deuil , écrit par un collectif de très jeunes auteurs : l'AJAR .

L'écriture très touchante, succession de courts chapitres rythment la lecture et accentuent l'intensité émotionnelle .

Sur le fil sensible, ténu d'une intense douleur mesurée, c'est aussi un vibrant hommage au travail d'écriture : une véritable prouesse.

Tout en délicatesse et finesse, depuis les prémices de l'enfantement, la joie d'être mère à l'inénarrable arrachement du deuil d'un enfant et le ressenti de sa mère écrivaine !

Une femme brisée dans l'incapacité à vivre après l'inimaginable ......

Un texte original écrit à plusieurs voix au charme fou, nostalgique et ciselé , troublant de sensibilité, qui chavire le cœur et laisse son empreinte en nous !

Une ode à la littérature !

Merci à Marylin, mon amie de la Médiathéque .
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Vivre près des tilleuls

« La fiction n’est absolument pas le contraire du réel. »



A partir de ce postulat, ces jeunes auteurs se sont emparés du sujet périlleux de la perte d’un enfant pour créer les « notes » d’une écrivaine totalement fictive. Et ils prouvent qu’on peut écrire, inventer des personnages, rendre compte d’émotions et de sentiments sans jamais les avoir vécus. Mais n’est-ce pas le propre d’un romancier ? Un romancier qui n’écrit pas d’autofiction (un vrai romancier ! Il en existe encore… surtout à l’étranger…) le démontre dans chacun de ses romans. N’enfoncent-ils pas une porte ouverte ?



Ceci dit, leur texte est une réussite, il est épuré à l’extrême, travaillé pour ne jamais laisser libre cours au pathos. Il ne verse jamais dans la lourdeur des mots emprunts de chagrin. Il est juste. Chaque mot est pesé, calculé. C’est un texte à la fois sobre et pudique. Pas de débordements excessifs, pas de facilité d’écriture. Il ne joue pas sur la corde sensible du deuil.



Les chapitres sont courts, voire très courts. Ils sont un épisode de vie, une impression, un sentiment.



C’est un bel exercice littéraire. Cependant, je ne suis pas certaine qu’il laisse dans mon souvenir une empreinte durable. Et il n’a évidemment pas la densité d’un roman qui entre dans le vif du sujet et le développe. Ce texte ne fait qu’effleurer le sujet et même s’il est juste, il est bref ! Il faut le lire comme on lit un poème. C’est une fulgurance.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Vivre près des tilleuls

Un livre touchant.... qui se lit d'une traite car court et on est happé par le texte. Ce livre écrit par 18 auteurs différents n'en fait qu'un et d'une très belle manière. Belle réussite
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Vivre près des tilleuls

Ce roman est une sorte d'Ovni littéraire, une expérience littéraire très particulière car il a été écrit par 18 jeunes écrivains de Suisse romande formant le collectif l'AJAR (Association de jeunes auteur-e-s romandes et romands), un nom choisi en forme de clin d’œil à Romain Gary.



Ce roman nous est présenté comme la publication d'écrits retrouvés dans les archives de la romancière Esther Montandon.



Suite au décès accidentel de sa fille Louise le 3 avril 1960, Esther brûle ses manuscrits et n'a plus jamais écrit ensuite sur la perte de sa fille. Les carnets retrouvés dans les archives contiennent ses impressions, ses pensées et ses réactions après ce deuil.



Après avoir connu des difficultés pour enfanter pendant 10 ans, Esther vit intensément sa grossesse et définit la naissance comme "une rencontre entre deux animaux. L'un, sans défense, devant tout apprendre à l'autre. J'étais celle qui ne savait rien, elle était celle qui savait tout, mais nous ne parlions pas le même langage."

Mais à l'âge de trois ans Louise décède suite à un accident dont les détails ne sont que suggérés.



Dans de courts chapitres qui racontent les sentiments par lesquels elle passe, Esther explore toutes les facettes du deuil que son médecin compare à une mer à traverser.

Elle nous parle de son premier réflexe qui est de prévenir sa mère alors qu'elle est décédée depuis longtemps, du choix des fleurs pour le cercueil avec son envie de fleurs de toutes les couleurs pour la "gribouiller " comme elle gribouillait le papier, du besoin de se maquiller pour l'enterrement pour "tout juste avoir l'air vivante.", des journées enfermées chez elle, de la première sortie pour faire des courses, de la première incursion dans la chambre de Louise, du réconfort recherché dans une bouteille de vin, de l'impossibilité d'imaginer avoir un autre enfant et de sa colère quand son mari lui dit "refaisons un enfant".



Elle évoque son besoin de trouver refuge dans une maison où "Les murs ne suintent ni le chagrin ni le souvenir.", son impossibilité d'évoquer Louise en public pour ne pas provoquer de malaise, elle parle des dates anniversaire qui "ne célèbrent que ton absence" et de son incapacité à écrire un nouveau roman.



Des relations de couple qui se distendent, chacun restant muré dans son silence, des tentations de se noyer dans le lac...



"Le chagrin est un engagement de tout l'être, et je m'y suis jetée. On me dit de me reprendre, de faire des choses pour me changer les idées. Personne ne comprend que j'agis déjà, tout le temps. Le chagrin est tout ce que je suis capable de "faire"."

"Qu'on me rende la fille quelques années, quelques jours. Elle me manque."



Jusqu'à la postface où le pot aux roses est révélé on pense que cette romancière a existé alors que ce texte a été écrit par 18 personnes en une nuit. « Écrire un roman en une nuit, l'idée nous amusait et nous effrayait. Une auteur allait prendre vie sous nos yeux »



Ce carnet de deuil présente une qualité d'écriture égale malgré les changements d'auteurs. La perte de l'enfant unique est évoquée sans aucun larmoiement, aucune lamentation. Un texte très émouvant d'une grande justesse.



Avec cette expérience le collectif l'AJAR a pour objectif de contribuer au débat sur les frontières entre réel et fiction et montrer le pouvoir de la littérature sur le réel. "Nous avons pris conscience qu'un récit, pour s'incarner, n'a pas toujours besoin d'être en adéquation avec le vécu", "La fiction n'est absolument pas le contraire du réel" affirment les jeunes écrivains.






Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Vivre près des tilleuls

21 - Martine Magnin : Le principe de ce texte écrit à plusieurs plumes m’a un peu perturbée au début, mais j’ai vite oublié cette technique volontariste d’écriture au bénéfice d’une oeuvre bouleversante, sensible, d’une sobriété contenue, qui permet d’entendre chaque battement du coeur de cette maman en perte d’enfant. Ces flashes de sentiments et de souvenirs non chronologiques illustrent avec force cette douleur maximum qui défie tout logique. Le groupe Ajar a créé là une vraie oeuvre littéraire de fiction d’un réalisme total. Bravo et Merci aux 68 !

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Vivre près des tilleuls

Devenu dépositaire des archives de l’écrivaine suisse Esther Montandon, Vincent König découvre, en classant les cartons, une chemise intitulée « factures ». Or, aucune facture ne s’y trouve mais des pages manuscrites se révélant être un journal de deuil. L’auteure a en effet perdu au début des années 60 sa fille Louise alors âgée de quatre ans. Elle y raconte les moments de joie avec sa fille et surtout la vie ou plutôt survie après ce drame. Vincent König décide de regrouper ces écrits dans un recueil intitulé Vivre près des tilleuls. C’est cet ouvrage publié qu’on nous invite à lire… mais pas de Vincent et encore moins d’Esther : le roman n’est en effet pas l’œuvre d’Esther mais celle sortie tout droit de l’imagination, du brainstorming de dix-huit jeunes auteurs romands qui forment le collectif littéraire L’AJAR.



C’est cet exercice de style collectif qui est remarquable dans cette œuvre : comment peut-on réussir à écrire un « Je » qui est à la fois singulier et autre quand on est si nombreux à intervenir dans l’histoire ? Force est de constater que cet exercice est pleinement réussi car nous avons affaire à un récit sensible, délicat, qui ne verse à aucun moment dans le pathos. Et surtout, ces jeunes auteurs ont réussi le tour de force d’être constants, réguliers dans l’écriture. À aucun moment on ne ressent une différence de style. Une bien belle réussite. Un collectif à suivre de près.
Lien : http://www.babelio.com/livre..
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Vivre près des tilleuls

On retiendra tout d’abord la genèse de ce roman né à l’initiative du groupe de jeunes Suisses associés sous L’AJAR – Association de jeunes auteur-e-s romandes et romands. Depuis 2012 ses membres «partagent un même désir : celui d’explorer les potentialités de la création littéraire en groupe. Les activités de l’AJAR se situent sur la scène, le papier ou l’écran. Vivre près des tilleuls est son premier roman.

En préface ainsi qu’en postface, on nous explique comment l’idée a germé d’écrire un roman en une belle nuit d’été. Le chois d’une histoire, d’un personnage, d’un prénom…

« Nous avons d’abord dessiné la vie d’Esther Montandon. Une vie qui commence le 8 mai 1923, à La Chaux-de-Fonds et qui va conduire cette femme à embrasser une carrière d’écrivain. Mais, à quarante ans, devenue mère, Esther Montandon a la douleur de perdre sa fille. « Ce deuil était, pour nous, l’un des seuls événements capables de briser son parcours d’écrivaine – et de ménager, ainsi, une place pour ces fragments. »

Un scénario très habile qui donne à chacun des auteurs un cadre assez précis pour pouvoir participer à cette belle aventure, d’autant que le personnage de Vincent König permet de structurer le tout. C’est à lui que l’on confie le soin de gérer le fonds

Esther-Montandon, c’est-à-dire ce qui reste de « l’autodafé qu’elle a commis à la suite de la mort accidentelle de sa fille Louise, le 3 avril 1960. De cette tragédie, inaugurant dix ans de silence éditorial dans la vie de l’auteure, on ne trouve trace ni dans Trois grands singes ni dans Les Imperdables. Jamais Esther Montandon n’a écrit sur la perte de sa fille. C’est du moins ce que l’on a longtemps cru. »

Or voici qu’en mettant de l’ordre dans les cartons, on découvre des fragments de journal intime qui s’échelonnent de 1956, année de naissance de sa fille Louise aux deux ans qui suivent son décès, le 3 avril 1960.

Quelques pages magnifiques sur ce drame absolu que représente la perte d’un enfant vont suivre, comme nous le confirme Vincent König : « Rien n’a été épargné à l’auteure. Il ne faudrait pas pour autant en conclure que la joie est absente de ces pages. Fidèle à elle-même et malgré la blessure, Esther Montandon module patiemment, et avec obstination, une douleur qui n’appartient qu’à elle. Définitivement tragique et éternellement heureux, transfiguré par l’écriture, le souvenir de Louise s’inscrit désormais pleinement dans la littérature. »

La force de la littérature explose tout ai long de ces pages. L’imagination vient suppléer le vécu, la compassion nous faire partager la douloureuse épreuve que traverse Esther, racontant les jours heureux avec Louise, « Le corps d’une fillette, c’est ce que j’ai pu voir de plus beau. Et de plus intolérable. Ses boucles châtaigne, où j’aimais passer la main. Son nez minuscule, qu’elle avait en commun avec tous les enfants de son âge. Sa tête indolente, qu’elle balançait, légèrement penchée vers l’avant, pour dire non. Un non devant lequel on ne pouvait que céder. Ses bras dodus, ses jambes boudinées qui pendaient du haut tabouret. » puis les jours, les semaines, les mois qui suivent la mort de cet enfant.

«Le téléphone sur les genoux, je prépare mon texte. Maman, Louise a eu un accident cet après-midi. Elle est morte. Maman, j’ai une terrible nouvelle. C’est Louise, elle a eu un accident. Maman, Louise est tombée. On n’a rien pu faire. Écoute maman, ta petite-fille a fait une grave chute. Elle est morte. Louise est morte. Morte. Morte. Je répète le mot vingt fois dans ma tête. Je veux lui faire perdre son sens, le réduire à une syllabe creuse. Morte. Louise est morte. Je prends le combiné. Je compose le numéro. Je tombe sur mon père et réalise qu’il y a longtemps qu’on a incinéré maman.»

Puis, plus loin… « Ce soir, Louise dort en terre. Ce sera le cas pour tous les soirs à venir. Toutes les nuits du monde. (…) Ici repose Louise Montandon (1956-1960), notre fille bien-aimée. Jamais ma vue n’a porté si loin. À travers les allées, à travers les branches des tilleuls.

« Le chagrin est moins un état qu’une action. Les heures d’insomnie, puis le sommeil en plomb fondu sur les paupières, la prostration dans le noir, la faim qui distrait la douleur, les larmes qu’on ne sent plus couler : le chagrin est un engagement de tout l’être, et je m’y suis jetée. On me dit de me reprendre, de faire des choses pour me changer les idées. Personne ne comprend que j’agis déjà, tout le temps. Le chagrin est tout ce que je suis capable de faire. »

On pourrait dès lors recopier toutes les pages de ce trop court roman qui, comme l’écrivent ses auteurs multiples est aussi une puissante déclaration d’amour à la littérature : « Oui, nous avons mené cette aventure avec sérieux, travaillant avec acharnement à la justesse du texte, l’asséchant sans relâche, traquant toute complaisance. Au début, tout le monde y allait de son commentaire sur la mort, tout le monde prouvait le caractère définitif de son sentiment. C’était répétitif et lourd. Nous avions huilé ce qui devait être sec, poli ce qui devait être tranchant. »

On attend avec impatience la nouvelle production de L’AJAR !


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Vivre près des tilleuls

livre surprenant.

Sur la couverture j'avais lu que ce roman était écrit à 18, et pourtant une écriture sans changement de rythme, égale, qui m'a emportée.

un texte très émouvant d'une grande justesse.



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Vivre près des tilleuls

Des mots-maux face à la perte d'un enfant

Un premier roman très surprenant car on découvre que le nom inscrit sur la couverture est celui d’un collectif de plusieurs écrivains. Cela pourrait paraître un exercice de style, une sorte de jeu. Quand j’ai ouvert ce livre, j’ai vite oublié cela et je me suis laissé emporter par une belle écriture et par le portrait de cette jeune femme qui vient de perdre sa fille à l’âge de quatre ans. Un sujet dramatique mais que ce texte nous permet d’appréhender de façon paradoxalement douce : on est en pleine empathie avec cette femme. Une écriture fluide, poétique nous permet d’appréhender les sentiments face à ce drame. Les mots décrivent parfaitement les maux, malgré un drame si terrible, la vie quotidienne doit continuer, que l’on reste dans son appartement, dans le quotidien de la cuisine ou quand on essaie d’aller « tranquillement » faire des courses ou que l’on va se ressourcer dans la nature ou en voyage, pourquoi pas essayer de se reconstruire à Venise, même s’il neige et qu’il fait gris. Le fantôme de la petite fille plane dans les pages et restera sûrement en ma mémoire ainsi que celui de cette mère. Merci infiniment de m’avoir fait lire ce livre et je vais me renseigner sur ce collectif d’auteurs. A nouveau, un coup de cœur de cette magnifique sélection des 68premières fois.

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Vivre près des tilleuls

J'ai dévoré "Vivre près des tilleuls" en deux heures tant il m'a plu.

L'émotion est présente sans rentrer dans le pathos, le sujet de la perte d'un enfant est vraiment maitrisé. L'écriture est juste, fluide, impossible de déceler le changement de plume, L AJAR a réussi ici une belle oeuvre. Je le recommande sans réserve.
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