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Critiques de L`Ajar (40)
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Vivre près des tilleuls

Vivre près des tilleuls est un très beau texte composé de fragments qui semblent issus de carnets intimes. Le sujet est grave : la mort d'un jeune enfant vécue par sa mère. Il se dégage de la lecture une forte impression d'authenticité, de sincérité totale. L'émotion est présente dans chaque ligne.



Et pourtant, le personnage, Esther Montandon, est le fruit de l'imagination d'un collectif littéraire, l'Ajar. 18 auteur∙e∙s de Suisse romande se sont mis au défi d'écrire un roman en une nuit. Les courts chapitres sont tous rédigés à la première personne. Chacun s'est mis dans la peau d' Esther Montandon. Le résultat est d'une cohérence bluffante.



Il y a beaucoup de poésie dans les scènes décrites. Ce sont différents moments de la vie d' Esther Montandon, de son quotidien. Avec une grande sensibilité, et une intensité d'émotion, sa maternité est évoquée, avec ses joies, et la vie débordante de la petite famille. L'accident est relaté sobrement. On sent la stupéfaction qui saisit la mère, la sorte d'irréalité de l'évènement, puis son intégration au quotidien. Il y a aussi de la révolte. Esther Montandon sombre dans l'alcool, tant la mort de son enfant lui est inacceptable. Elle va déménager, puis voyager, pour tenter d'échapper à la dépression.



L'ensemble est très crédible et d'une grande beauté. La musique ajoute du pathétique à la détresse du personnage, avec l'évocation de Summertime, du pianocktail de Vian et du jazz New Orleans.



L'Ajar a magnifiquement relevé le défi. Il prouve là que la littérature n'a pas besoin de vécu. L'émotion est au cœur de l'humain. L'écrivain a le pouvoir de la convoquer et de l'exprimer dans la fiction, même en collectif. Vivre près des tilleuls est un superbe roman, en soi, doublé d'une prouesse d'écriture inédite.

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Vivre près des tilleuls

Ce livre écrit à plusieurs mains est joliment redigé et on ne s'aperçoit pas du tout qu'il s'agit d'une expérience d'écriture de plusieurs auteurs. On se plonge facilement dans la vie de cette femme qui a perdu son enfant et on comprend ses sentiments.

Je regrette juste que ce livre n'ait pas été plus long pour mieux connaître les pensées du personnage principal.
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Vivre près des tilleuls

Vivre près des tilleuls est le premier roman d'un jeune collectif d'auteurs romands crée en Janvier 2012. Comme précisé sur la 4ème de couverture, ses membres partagent un même désir: celui d'explorer les potentialités de la création littéraire en groupe. Les activités de l'AJAR se situent sur la scène, le papier ou l'écran. Il faut partie de la sélection des 68 premières fois.



"Ce soir, Louise dort en terre. Ce sera le cas pour tous les soirs à venir. Toutes les nuits du monde. Je le consigne ici. Cela ne change rien. Il le faut".



Ce court roman, qui s'apparente à un récit intimiste du deuil d'une mère, se lit d'une traite et ne vous prendra guère plus d'une heure et demi. Il renferme 127 pages pour 63 brefs à très brefs chapitres et vous coûtera 13€. Mais détrompez-vous, le rapport qualité/prix est très fort! Cette intrigue va vous nouer le cœur, vous prendre aux tripes et surtout sacrément vous surprendre.



Je ne déflorerai rien de l'histoire, car elle mérite vraiment d'être découverte sans à priori. Ce que je dirai, c'est que j'ai été littéralement bluffé et totalement convaincu. Je suis admiratif par la puissance et la maîtrise des auteurs.



"Le sang de ma fille en étoile sur le trottoir palpitait dans le printemps, les tulipes sans doute en nourrissaient leur bulbe. Le sang de ma fille s'est éteint lorsque, de guerre lasse, je l'ai regardé droit dans les yeux"



Réduit le plus souvent à l'essentiel, les chapitres se dégustent sans modération.L'écriture est superbe, si belle, si fluide, si talentueuse. Alternant le présent et le passé, elle nous permet de nous immiscer à l'intérieur de la vie d'un couple de parents qui passent du bonheur ultime au drame le plus abject. Tout a l'air si simple: pas de fioriture, pas de pathos, pas de larmoiement, ni de complaintes ou lamentations... et pourtant un style touchant, émouvant et qui marque profondément. Les mots sont justes, subtilement choisis, les phrases sont expressives et visuelles.



"Le chagrin est moins un état qu'une action. Les heures d'insomnie, puis le sommeil en plomb fondu sur les paupières, la prostration dans le noir, la faim qui distrait la douleur, les larmes qu'on ne sent plus couler : le chagrin est un engagement de tout l'être, et je m'y suis jetée. On me dit de me reprendre, de faire des choses pour me changer les idées. Personne ne comprend que j'agis déjà, tout le temps. Le chagrin est tout ce que je suis capable de faire."



On referme ce livre troublé, bouleversé. Tout semble si réaliste, si vrai: on vit au côté de la petite Louise, on la voit, on la touche, on ressent les émotions de sa mère (que cela soit la joie ou l'infini tristesse, le deuil...), on souffre avec elle, on voit les paysages. C'est un merveilleux exercice de style quelque part dans lequel tout est parfaitement bien décrit.



"Avec le temps, peut-être, j'obtiendrai une petite victoire contre ce 3 avril qui a taché, comme une perle d'encre s'écrasant sur un buvard, toutes les autres dates de mon calendrier. Ce 2 août où tu m'as dit maman pour la première fois. Ce 8 mai où tu m'as offert pour mon anniversaire un dessin de la famille-je dépassais Jacques de deux bonnes têtes. Ce 14 décembre sans neige, l'année de tes deux ans, qui a commencé par un effroi terrible-j'ai cru, pendant quelques minutes, qu'on t'avait enlevée dans la foule du marché de Noël à Saint-François- mais s'est terminé par des chatouilles et des rires interminables dans le lit. Ta première dent de lait. Le jour où tu as mangé un litchi. La nuit sous les étoiles au Creux du Van. et puis aujourd'hui, ce 4 octobre. Ces dates anniversaires me sont insupportables. Elles ne célèbrent plus que ton absence. Avec hargne, avec défi, ou dans ce calme qui ressemble à la lassitude, je déchire chaque matin un feuillet du calendrier. Avec le temps, peut-être, je trouverai le moyen de rendre à la joie le jour de ta naissance."



Même s'il ne plaira pas à tout le monde (pour certain(e)s, prévoyez la boite de mouchoirs à proximité), je ne peux que vous conseiller ce petit roman si émouvant et d'une grande justesse. Je tire mon chapeau au collectif d'auteurs pour cette superbe performance.



"La fiction n'est absolument pas le contraire du réel".



4,5/5




Lien : https://alombredunoyer.com/2..
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Vivre près des tilleuls

livre surprenant.

Sur la couverture j'avais lu que ce roman était écrit à 18, et pourtant une écriture sans changement de rythme, égale, qui m'a emportée.

un texte très émouvant d'une grande justesse.



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Vivre près des tilleuls

J'ai dévoré "Vivre près des tilleuls" en deux heures tant il m'a plu.

L'émotion est présente sans rentrer dans le pathos, le sujet de la perte d'un enfant est vraiment maitrisé. L'écriture est juste, fluide, impossible de déceler le changement de plume, L AJAR a réussi ici une belle oeuvre. Je le recommande sans réserve.
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Vivre près des tilleuls

Devenu dépositaire des archives de l’écrivaine suisse Esther Montandon, Vincent König découvre, en classant les cartons, une chemise intitulée « factures ». Or, aucune facture ne s’y trouve mais des pages manuscrites se révélant être un journal de deuil. L’auteure a en effet perdu au début des années 60 sa fille Louise alors âgée de quatre ans. Elle y raconte les moments de joie avec sa fille et surtout la vie ou plutôt survie après ce drame. Vincent König décide de regrouper ces écrits dans un recueil intitulé Vivre près des tilleuls. C’est cet ouvrage publié qu’on nous invite à lire… mais pas de Vincent et encore moins d’Esther : le roman n’est en effet pas l’œuvre d’Esther mais celle sortie tout droit de l’imagination, du brainstorming de dix-huit jeunes auteurs romands qui forment le collectif littéraire L’AJAR.



C’est cet exercice de style collectif qui est remarquable dans cette œuvre : comment peut-on réussir à écrire un « Je » qui est à la fois singulier et autre quand on est si nombreux à intervenir dans l’histoire ? Force est de constater que cet exercice est pleinement réussi car nous avons affaire à un récit sensible, délicat, qui ne verse à aucun moment dans le pathos. Et surtout, ces jeunes auteurs ont réussi le tour de force d’être constants, réguliers dans l’écriture. À aucun moment on ne ressent une différence de style. Une bien belle réussite. Un collectif à suivre de près.
Lien : http://www.babelio.com/livre..
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Vivre près des tilleuls

« La fiction n’est absolument pas le contraire du réel. »



A partir de ce postulat, ces jeunes auteurs se sont emparés du sujet périlleux de la perte d’un enfant pour créer les « notes » d’une écrivaine totalement fictive. Et ils prouvent qu’on peut écrire, inventer des personnages, rendre compte d’émotions et de sentiments sans jamais les avoir vécus. Mais n’est-ce pas le propre d’un romancier ? Un romancier qui n’écrit pas d’autofiction (un vrai romancier ! Il en existe encore… surtout à l’étranger…) le démontre dans chacun de ses romans. N’enfoncent-ils pas une porte ouverte ?



Ceci dit, leur texte est une réussite, il est épuré à l’extrême, travaillé pour ne jamais laisser libre cours au pathos. Il ne verse jamais dans la lourdeur des mots emprunts de chagrin. Il est juste. Chaque mot est pesé, calculé. C’est un texte à la fois sobre et pudique. Pas de débordements excessifs, pas de facilité d’écriture. Il ne joue pas sur la corde sensible du deuil.



Les chapitres sont courts, voire très courts. Ils sont un épisode de vie, une impression, un sentiment.



C’est un bel exercice littéraire. Cependant, je ne suis pas certaine qu’il laisse dans mon souvenir une empreinte durable. Et il n’a évidemment pas la densité d’un roman qui entre dans le vif du sujet et le développe. Ce texte ne fait qu’effleurer le sujet et même s’il est juste, il est bref ! Il faut le lire comme on lit un poème. C’est une fulgurance.
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Vivre près des tilleuls

Ce roman est une sorte d'Ovni littéraire, une expérience littéraire très particulière car il a été écrit par 18 jeunes écrivains de Suisse romande formant le collectif l'AJAR (Association de jeunes auteur-e-s romandes et romands), un nom choisi en forme de clin d’œil à Romain Gary.



Ce roman nous est présenté comme la publication d'écrits retrouvés dans les archives de la romancière Esther Montandon.



Suite au décès accidentel de sa fille Louise le 3 avril 1960, Esther brûle ses manuscrits et n'a plus jamais écrit ensuite sur la perte de sa fille. Les carnets retrouvés dans les archives contiennent ses impressions, ses pensées et ses réactions après ce deuil.



Après avoir connu des difficultés pour enfanter pendant 10 ans, Esther vit intensément sa grossesse et définit la naissance comme "une rencontre entre deux animaux. L'un, sans défense, devant tout apprendre à l'autre. J'étais celle qui ne savait rien, elle était celle qui savait tout, mais nous ne parlions pas le même langage."

Mais à l'âge de trois ans Louise décède suite à un accident dont les détails ne sont que suggérés.



Dans de courts chapitres qui racontent les sentiments par lesquels elle passe, Esther explore toutes les facettes du deuil que son médecin compare à une mer à traverser.

Elle nous parle de son premier réflexe qui est de prévenir sa mère alors qu'elle est décédée depuis longtemps, du choix des fleurs pour le cercueil avec son envie de fleurs de toutes les couleurs pour la "gribouiller " comme elle gribouillait le papier, du besoin de se maquiller pour l'enterrement pour "tout juste avoir l'air vivante.", des journées enfermées chez elle, de la première sortie pour faire des courses, de la première incursion dans la chambre de Louise, du réconfort recherché dans une bouteille de vin, de l'impossibilité d'imaginer avoir un autre enfant et de sa colère quand son mari lui dit "refaisons un enfant".



Elle évoque son besoin de trouver refuge dans une maison où "Les murs ne suintent ni le chagrin ni le souvenir.", son impossibilité d'évoquer Louise en public pour ne pas provoquer de malaise, elle parle des dates anniversaire qui "ne célèbrent que ton absence" et de son incapacité à écrire un nouveau roman.



Des relations de couple qui se distendent, chacun restant muré dans son silence, des tentations de se noyer dans le lac...



"Le chagrin est un engagement de tout l'être, et je m'y suis jetée. On me dit de me reprendre, de faire des choses pour me changer les idées. Personne ne comprend que j'agis déjà, tout le temps. Le chagrin est tout ce que je suis capable de "faire"."

"Qu'on me rende la fille quelques années, quelques jours. Elle me manque."



Jusqu'à la postface où le pot aux roses est révélé on pense que cette romancière a existé alors que ce texte a été écrit par 18 personnes en une nuit. « Écrire un roman en une nuit, l'idée nous amusait et nous effrayait. Une auteur allait prendre vie sous nos yeux »



Ce carnet de deuil présente une qualité d'écriture égale malgré les changements d'auteurs. La perte de l'enfant unique est évoquée sans aucun larmoiement, aucune lamentation. Un texte très émouvant d'une grande justesse.



Avec cette expérience le collectif l'AJAR a pour objectif de contribuer au débat sur les frontières entre réel et fiction et montrer le pouvoir de la littérature sur le réel. "Nous avons pris conscience qu'un récit, pour s'incarner, n'a pas toujours besoin d'être en adéquation avec le vécu", "La fiction n'est absolument pas le contraire du réel" affirment les jeunes écrivains.






Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Vivre près des tilleuls

Pourquoi ce livre?



L’Ajar, l’Association des jeunes auteurs romands, a produit avec Vivre près des tilleuls un roman étonnant. Écrit à 36 mains, il est le résultat d’une exploration collective de l’écriture et de la création. Avec l’objectif « d’encourager et d’offrir une visibilité à la création littéraire de la nouvelle génération » d’auteurs romands (moins de trente ans pour la plupart), l’Ajar avance à visage découvert dans l’univers de la littérature, se jouant de la supercherie comme des codes éditoriaux établis.



Un premier aspect qui m’a plu :



Bien qu’écrit par un collectif d’auteurs, Vivre près des tilleuls est avant tout un roman au sens propre du terme, au style homogène, qui ne laisse rien paraître de son processus de création. Le récit à la première personne du deuil d’Esther Montandon, auteure suisse du XXe siècle, est émouvant. Les brefs chapitres, intenses, traduisent parfaitement sa douleur et son sentiment de perte. L’avant-propos, qui informe le lecteur que le roman qu’il tient entre les mains est LE manuscrit retrouvé d’Esther Montandon, ajoute à l’émotion et jette un éclairage nouveau sur la carrière de la romancière aujourd’hui oubliée.



Un second aspect qui m’a plu :



L’Ajar a l’intelligence de jouer avec le pseudonyme de Romain Gary pour actualiser le mythe de l’écrivain omniscient, qui sans cesse désire se réinventer et renaître de ses propres cendres. Toutefois, à la différence du célèbre romancier français, l’Ajar ne cache rien de son jeu. Et plutôt que de publier un banal ouvrage collectif de jeunes romanciers qui auraient écrit, chacun de son côté, une courte nouvelle vite lue et vite oubliée, ses auteurs se sont amusés à imaginer un objet qui révèle la puissance de la littérature et la vérité de la fiction.



Un aspect qui m’a moins plu :



Une fois le processus de création connu, qu’est-ce qui est encore possible pour le groupe de jeunes auteurs? Une fois le canular révélé, quelle confiance le lecteur peut-il accorder à l’Ajar? En fait, l’artifice ajarien révèle à la fois les limites de l’écriture collective et le probable succès individuel de ses membres, vu la qualité du roman. L’étonnement que suscite la lecture n’est-elle qu’un éblouissement? En ce sens, la fragilité du processus créatif s’inscrit au cœur même du projet et peut, pour certains lecteurs, représenter une réelle déception.

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Vivre près des tilleuls

Il m’est des livres difficiles à commencer, des livres dont je relis les premières pages pour m’imprégner du sens. Il en est d’autres dans lesquels je plonge la tête la première pour n’en ressortir, essoufflée, qu’au point final. ″Vivre près des tilleuls″ fait partie de ces derniers.

La lecture du prologue m’a happée et je suis allée au bout d’une traite, sans respirer, avec avidité. Ce petit opus, 119 pages et 63 chapitres – très courts, donc, entre trois mots et trois pages – raconte l’histoire d’un deuil.

Mais pourquoi ai-je tant aimé cet ouvrage ? Les qualités d’écriture n’y sont pas étrangères : petites phrases harmonieuses d’une simplicité presque enfantine, dignes d’une rédaction en école élémentaire, jolis mots entrelacés, ″chapitre 41 : Le pain lève sur le rebord de la fenêtre. L’eau bout dans la grande casserole pour le sirop de sureau. La porte du balcon est entrouverte sur le soir, l’attrape-mouche bouge dans la brise, on entend les engoulevents et les voitures″. C’est pur, clair, léger et tellement beau. Et je ne parle pas du plaisir de découvrir au détour d’une réflexion des mots tirés du vocabulaire suisse – des catelles de la cuisine aux courses à la ″Migros″ - appris au fil du temps grâce à un fils travailleur frontalier.

J’ai beaucoup aimé également le sujet : le douloureux deuil d’une mère, Esther Montandon écrivain, évoquant la mort de sa fille Louise et la difficulté à vivre les jours d’après. La manière dont il est traité, avec une sensibilité hors du commun, une retenue émouvante, un grand sens du respect de soi et des autres en fait un récit à la fois émouvant, poignant mais aussi empli d’amour. Ce n’est jamais larmoyant, toujours empreint de douceur et du rire des souvenirs joyeux.

Et la postface est arrivée, qui m’a complètement ébaubie. Sans vouloir divulguer quoi que ce soit à ceux qui, comme moi, refusent toute information sur un livre avant d’en prendre connaissance, je dirai que j’ai été ″bluffée″ par les circonstances dans lesquelles a été écrit ce roman. C’est une aventure fabuleuse, curieuse, inouïe, une histoire d’amitié, un défi incroyable, une idée brillante qui m’a laissée bouche bée, éberluée, fascinée. Découvrir cet ouvrage c’est entrer dans un monde particulier où la fiction ne s’avère pas obligatoirement le contraire du réel. En un mot… ou plusieurs, c’est une incroyable réussite, un véritable coup de cœur pour ce qui me concerne.

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Vivre près des tilleuls

Sélectionnée pour ma première participation à masse critique, j’étais ravie de recevoir mon livre et remercie les éditions Flammarion.

Le livre est fin, 120 pages, très aéré avec de nombreux chapitres de quelques lignes ou quelques pages.

J’ai été happée par ce livre qui vous tient grâce à sa remarquable écriture, précise, ciselée, lumineuse. Vivre près des tilleuls est un recueil de notes de l’écrivain Esther Montandon écrites suite à la perte de sa petite fille.

Or pour aller plus loin dans cette critique. Je suis face à un dilemme. Expliquer ce qu’est l’Ajar et l’exercice sublime qui a accouché de ce livre au risque de divulgâcher la fin (comme disent les canadiens ) ou laisser le suspense. ..

Il me semble que ce livre prend une dimension exceptionnelle quand on sait qu’il a été écrit en une nuit par 18 jeunes écrivains romands qui n’ont jamais expérimenté l’enfantement ou la perte d’un enfant.

Les descriptions font preuve de sensibilité, virtuosité, maturité … d’expérience … Le débat et la démonstration sont là. Une œuvre littéraire n’a pas besoin d’avoir été vécue pour être sublime et … vérité :

Citation page 121 :

Alors que le débat sur les frontières – poreuses – entre le réel et la fiction continue d’occuper l’espace littéraire, ce livre tout en empruntant la forme de notes qui jalonnent un cheminement personnel, se revendique comme une totale fiction.

Témoignage des auteurs à Julien Burri, journaliste à l’Hebdo : « nous nous sommes rendu compte à quel point la littérature n’avait pas nécessairement besoin d’autobiographie, ni de solitude.»

Le thème du livre, soit la mort d’un enfant vécue par sa mère, alors qu’elle n’avait pas été expérimentée par l’auteur a suscité des discussions avec Flammarion. «La controverse violente entre Camille Laurens et Marie Darrieussecq, la première déniant à la seconde le droit d’écrire sur la perte d’un enfant sans l’avoir vécu, est toujours présente dans le milieu littéraire, raconte Daniel Vuataz. Seul, aucun de nous, qui n’avons perdu d’enfant, n’aurait écrit ce livre. Mais la somme de nos expériences nous a donné l’élan nécessaire. »

Outre l’enfantement et la perte d’un enfant les thèmes sont là : l’écriture par un groupe, la dimension entre le réel et la fiction et l’écriture d’événements non autobiographiques.



L’AJAR (petit clin d’œil à Emile) nous a concocté un merveilleux petit livre que je recommande chaudement.
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Vivre près des tilleuls

Non seulement " Une femme qui n'a jamais existé peut être l'auteure d'un livre qu'elle n'a pas écrit ", mais surtout dix-huit jeunes auteur-e-s suisses peuvent réussir le pari d'écrire ensemble un récit de pure fiction sur un thème qu'ils n'ont pas vécu eux-mêmes, la perte d'un enfant, à une époque, les années soixante, qu'ils n'ont pas connue étant tous nés entre 1982 et 1992.

« Vivre près des tilleuls » ou comment faire magistralement la preuve que l'écriture n'a pour limite que celle de l'imagination et de l'audace des écrivains.



Pari gagné grâce à un récit court et sobre, d'une vérité, d'une justesse et d'une unité de ton tout à fait impressionnantes pour le collectif L'Ajar, association de jeunes auteur-e-s romandes et romands créé en 2012 pour explorer la création littéraire en groupe. Toute référence à Emile Ajar, célèbre pseudo de Romain Gary, semble donc fortuite puisque le sigle a sa propre signification…Je ne peux m'empêcher cependant de voir ici malgré tout un astucieux clin d'oeil à leur illustre homonyme dans leur façon d'écrire ensemble pour le compte d'un auteur de leur invention, Esther Montandon, poussant même le raffinement jusqu'à lui créer une page Wikipédia.

Evidemment, on ne manquera pas de s'interroger sur leurs procédés d'écriture, et j'avoue être curieuse de leurs éventuels interviews en cette rentrée littéraire - j'imagine ( et j'espère ) déjà les 18 sur le plateau de la Grande Librairie par exemple.



Originalité donc de la forme, mais le fond, puissant, a une qualité littéraire indéniable qui m'a plue, c'est bien l'essentiel.

Revenons au livre. L'avant-propos avertit du contenu de l'ouvrage : « Un recueil d'impressions, de faits, de pensées et de souvenirs. Une petite sociologie du deuil », il trace un rapide portrait d'une femme écrivain, Esther Montandon, auteur réelle - mais bien fictive - de ce parcours douloureux de mère.

De courts et denses chapitres égrènent ensuite à la première personne du singulier ses réflexions intimes, chagrin, incompréhension, douleur, bêtise involontaire de l'entourage, éloignement…bien sûr, mais aussi les petites lucarnes de souvenirs heureux, les sursauts de vie qui accompagnent toute tragédie. L'ensemble aboutit à un témoignage très maitrisé, peut-être un peu trop par moment, mon seul petit bémol pour ce parcours de deuil.



« Le temps s'épaissit…L'espace se réduit. »

« C'est à la façon d'une libellule qui frôle les eaux dormantes que je me déplace dans le quotidien. Je reste à la surface des choses pour ne pas souffrir, je ne m'approche de rien. »



Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup apprécié ce « premier roman » de L'Ajar et j'espère qu'ils ne s'arrêteront pas en si bon chemin, près des tilleuls…

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Vivre près des tilleuls

" La fiction n'est absolument pas le contraire du réel". C'est ce qu'affirme très justement le collectif d'auteurs , L'Ajar (pour rendre hommage aux différentes identités de Romain Gary), ayant écrit ce livre. Initiative originale et enthousiasmante, le résultat est fort positif.



Ce court roman se joue des codes habituels. Outre le fait qu'il est écrit à mains multiples, il mêle le vrai et le faux, puisqu'il présente le faux journal fragmenté d'une fausse romancière, exhumé des archives par un faux dépositaire, le tout écrit par de vrais auteurs...



Cela donne un texte très émouvant, authentique par son intensité, sa justesse. Car les notes retrouvées d'Esther, l'auteure, touchent à un drame terrible: la perte d'un jeune enfant, le deuil impossible, celui de la petite Louise.Les mots pour dire ou ne pas savoir dire le chagrin, le manque, sont rendus avec beaucoup de pudeur et de profondeur." Petit à petit, Louise se cache dans un coin de ma chambre, derrière des voiles blancs,loin de la vue de tous.Là, elle pourra continuer d'être ma fille."



Ce roman fait vibrer, on entre en résonance avec les pensées, la souffrance , d'Esther.Et on trouve magnifique l'osmose des auteurs, pour transcrire son ressenti.



Une bien belle expérience, qui prouve qu'il est possible d'associer des talents, de croire en " l'infiniment plus que moi, le tellement plus que nous"...
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Vivre près des tilleuls

Ce livre aurait pu être celui d'Esther Montandon, un recueil de ses pensées écrit essentiellement après le décès de sa fille Louise. Fragments de vie qui s'enchaînent dans un ordre approximatif, ce livre est composé d'une soixantaine de chapitres, très courts, parfois même inachevés. On tourne les pages, rapidement, le cœur éraillé par la perte de cet enfant dont Esther ne se remettra probablement jamais.

En créant le personnage d'Esther, l'AJAR signe un premier roman émouvant qui est bien plus qu'une simple histoire de deuil : c'est une déclaration d'amour à la littérature.
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Vivre près des tilleuls

Oeuvre collective de l'Association des Jeunes Auteur(e)s Romand(e)s, Vivre près des tilleuls est construit comme une fausse vraie chronique d'une fausse vraie romancière, Esther Montandon.



Le roman traite d'un thème dramatique : la perte brutale d'une petite fille de trois ans, suite à un accident. Esther et son époux avaient mis longtemps avant de devenir enfin parents. Le récit à la première personne du singulier emprunte la vision de cette mère face aux tragiques aléas de la vie.



Pour autant, ni complaisance ni pathos. Le but n'est pas de faire pleurer dans les chaumières mais de dépeindre avec le plus de justesse ce deuil et le lourd travail qu'il sous-entend, le manque terrible.

Mission réussie pour ce collectif. Le ton sonne juste et l'ensemble forme un récit tout en délicatesse. Les émotions se diffusent avec finesse et sobriété, serties dans une écriture à la simplicité éloquente.  En dépit du drame, tout n'est pas d'une noirceur insondable. Et comme le dit elle-même Esther, on a encore le droit de rire même si l'on est figé dans la pierre.



Une très belle découverte que ce premier roman de l'association.
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Vivre près des tilleuls

très touchant, on ne sent pas 18 pattes mais bien une seule qui nous fait partagé de beau sentiment. Le sujet est bien emmené, merveilleusement traité. Bravo, j'ai eu plein d'émotion lors de cet lecture.
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Vivre près des tilleuls

A sa mort, les archives de l'écrivaine Esther Montandon reviennent à Vincent Konïg en charge d'en effectuer le tri. C'est par hasard qu'il ouvre cette enveloppe sensée contenir des "factures" mais qui recèle en réalité des pages et des pages de confidences sur le drame que celle-ci a vécu sans jamais en parler. Esther a perdu sa fille dans un terrible accident domestique et ne trouve qu'en l'écriture de ce journal le moyen de survivre à la douleur, aux remords, au deuil et les sursauts de vie qu'il peut malgré tout contenir, à ce chemin à travers lequel l'entourage peut parfois blesser sans le vouloir, à l'injustice et plus que jamais à la nécessité de continuer à avancer…



Ce livre est tout simplement un chef d'œuvre.

Sur la forme; il s'agit d'un collectif de dix-huit jeunes auteurs suisses qui n'ont connu ni le fait romancé (la perte d'un enfant) ni l'époque à laquelle le drame est sensé se dérouler (les années soixante). Le récit est court, pour autant, sa fluidité n'est a aucun moment rompu par la différence de style qui aurait pu naître de dix-huit plumes différentes. Une fois encore, l'écriture l'emporte sur la réalité et les conventions.

Sur le fond; la précision des sentiments décrits est subjuguante. Si l'on n'est pas renseigné sur ce superbe procédé d'écriture collective, nous pourrions croire tenir dans les mains le témoignage à vif d'une mère endeuillée. Une brillante performance littéraire. A lire absolument !
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Vivre près des tilleuls

Chargé des archives de l’auteure suisses Esther Montandon, Vincent König tombe par hasard sur une liasse (classée dans une chemise portant la mention « factures ») de feuillets personnels évoquant sa fille et le deuil qui a suivi sa mort. Vivre près des tilleuls est leur retranscription…

Il est donc ici question de deuil mais avant d’y parvenir, Esther se remémore les quelques années qui ont précédées le décès de Louise, les difficultés d’enfanter, de la joie inespérée qui a finalement suivie pour elle et Jacques. Suit alors un enchaînement de souvenirs, d’évènements anodins de la vie de famille, des sensations, des odeurs, des couleurs, des moments de tendresse et d’inquiétude qui jalonnent la vie de mère.

Mais la joie est de courte durée, car Luise décède 3 ans plus tard. L’annonce et l’évocation de ce mot « morte » au chapitre 13 (un signe ???) font prendre au récit un tournant, douloureux mais bien moins larmoyant que ce qu’on aurait pu penser. Les obligations qui s’en suivent, la vie qui s’émiette, le manque, la vie qu’il faut continuer à vivre, l’entourage qu’il faut supporter (avec ses indélicatesses) …
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Vivre près des tilleuls

C'est l'histoire d'Esther Montandon, écrivaine suisse à travers ses archives retrouvées par hasard dans une chemise classée « factures ».

C'est un récit intime, de l'attente de son bébé à venir jusque 2 ans après la mort de sa petite Louise.



C'est poignant, cela prend au tripes, cela renvoie à mon état de maman.

Les mouchoirs ne doivent pas être loin de nous lors de cette lecture, qui est rapide (127 pages) mais si intense.

J'ai été happée par le récit, la douleur indicible d'Esther, son journal de deuil.

Si je ne m'étais pas renseignée sur l'Ajar, jamais je n'aurai imaginé qu'Esther Montandon n'eut pas existé. Tout est fictif, jusqu'à une page wikipédia!



C'est un coup de maître, bravo à ces jeunes auteurs, 18 mains qui n'en font qu'une, et quelle plume !

Hommage magistrale à la littérature.
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Vivre près des tilleuls

Vincent König se voit confier les archives de l’écrivaine Esther Montandon. Il y découvre par hasard des écrits évoquant la mort de sa fille Louise et sa vie d’après. Ceux-ci sont regroupés sous le titre « Vivre près des tilleuls ».

Esther vit ce deuil impossible, ce chagrin insurmontable et cette souffrance vécus isolés de tous par incompréhension ou souhait.

Récit court, sobre, juste ; qui ne nous fait pas ressentir cette tristesse de la perte d’un être cher.

De courts chapitres, voir même très courts (1 ligne!).

Une impression de réalité pour cette écrivaine Esther qui finalement n’est que fiction.

Belle maîtrise de l’AJAR.

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